Ce mode opératoire de création monétaire est l’œuvre d'une entreprise criminelle hautement organisé qui a été dénoncé par les présidents Abraham Lincoln, John Fitzgerald Kennedy et aujourd'hui par le candidat, Ron Paul...
Politique-économie
Gigès, le mystérieux inventeur de la monnaie métallique
Gigès, le mystérieux inventeur de la monnaie métallique
Les plus anciennes pièces de monnaie métallique, marquant peu à peu le changements définitif (pour le monde entier sauf aux Amériques, où les peuples ont continué leur économie spécifique jusqu'à l'arrivée des envahisseurs et culture dévastatrice) de l'économie de l'Humanité, passant de la dernière économie créée (le troc) aux échanges par monnaie de substitution, toujours pratiqués de nos jours, ont été découvertes en Turquie, dans l'ancien Royaume de Lydie (ou Méonie pour Homère). Les Lydiens (aussi connus comme les Lud par les Egyptiens et Assyriens) était un peuple indo-européen descendant de Lydos, fils d'Attis d'après Homère. Quand on sait qu'Attis est en fait un Dieu très connu, d'origine Phrygienne (qui dominaient les Lydiens au début) et que l'on retrouve sous le nom d'Adonis chez les Grecs et Romain ou Tammuz chez les Hindoux, on devine que les origines mêmes de ce peuple sont aménagées. Et ce n'est pas mieux pour leur Roi Gigès, qui a régné (d'après la science officielle mais avec une fourchette temporelle) de entre 708 et 687 avant Jésus-Christ, sa mort étant entre 680 et 648 avant Jésus-Christ...
Crésides d'argent, attribuée à Crésus-5ième siècle av JC
Il était appelé Gugu par les Assyriens, et serait à l'origine des traditions bibliques sur Gog, prince de Magog (c'est-à-dire en assyrien mā(t) Gugu : « pays de Gygès »). En fait, on ne sait pas vraiment comment il est arrivé au pouvoir car les sources sont rares (donc à fiabilité resteinte) et divergent complètement... :
Selon Hérodote (né vers 484 avant notre ère et mort vers 420 - donc 250 ans après environ), Gygès était à l'origine le fils d'un des gardes et le confident du tyran Candaule, (ou Sadyate, ou encore Myrsile), roi très légendaire descendant d'Héraclès (Hercule), qui était un roi vantard qui ne cessait de vanter la beauté de sa femme. Ne supportant pas que Gygès puisse douter des charmes de son épouse, Candaule lui donne l'ordre de tout faire pour la voir nue et constater sa vérité. Après avoir refusé car pensant que c'est indigne, Gygès finit par céder et se cache dans la chambre royale au bon moment pour admirer le déshabillage de la Reine. Mais celle-ci le découvre sans le laisser paraître. Elle a compris que le roi ne peut être que l'auteur de cette indignité et décide de se venger de cet outrage. Elle convoque Gigès le lendemain et lui fait le chantage suivant : soit il assassine Candaule, devient son époux et le nouveau Roi, soit il est exécuté... Gigès n'a pas trop le choix, poignarde le Roi et s'empare du trône de Sardes, capitale de la Lydie...
Mais selon Platon (né en 424/423 av. J.-C., mort en 348/347 av. J.-C. - donc 300 ans après environ), Gygès n'était qu'un simple berger lydien à l'origine, qui faisait paître son troupeau lorsqu'un violent orage fit s'affaisser une colline. Il s'y aventura et découvrit un énorme cheval de bronze dans les flancs duquel étaient pratiquées des portes (Cheval qui rappelle un peu le célèbre Cheval de Troie de part sa description !). Après avoir ouvert ces portes, Gygès aperçut à l'intérieur du cheval le squelette d'un géant portant au doigt un anneau d'or. Il se saisi de cet anneau, se le passa au doigt (il n'était pourtant pas à priori un géant !), et, sans dire un mot de son aventure, il alla rejoindre les autres bergers du voisinage. Par hasard, il remarqua que, à chaque fois qu'il tournait sa bague vers l'intérieur, il devenait invisible de tous, tout en gardant la faculté de voir et d'entendre ce qu'il se passait autour de lui. Dès qu'il retournait la bague en sens inverse, il redevenait visible. Après avoir essayé les pouvoirs de son anneau par plusieurs expériences, il se rendit au palais et séduisit la reine. Il complota avec elle la mort du roi, le tua et s'empara du trône...
Alors que pour Nicolas de Damas, d'après Xanthos de Lydie (200 ans après estimés), Gygès était en fait un jeune prince (de quel royaume ?) devenu favori à la cour du roi de Lydie (qu'il appelle Sadyatte). Alors que Gygès escorte Tudo, la nouvelle fiancée du roi, il en tombe éperdument amoureux et essaie de la séduire. Le roi, mis au courant de l'inconduite de son protégé veut le mettre à mort. Mais Gygès, prévenu par une servante, s'introduit dans la chambre du roi, qu'il poignarde dans son sommeil. Il prend alors le pouvoir, conforté par l'oracle de Delphes, puis épouse Tudo...
La version de Plutarque est encore plus lointaine (46 après JC) et offre encore moins de certitude. « Hercule, après avoir tué Hippolyte, lui enleva, avec le reste de son armure, une hache dont il fit présent à Omphale. Les rois de Lydie successeurs d'Omphale la portèrent depuis comme un ornement sacré, jusqu'à Candaule, qui, se souciant peu de cette marque de dignité, la fit porter par un de ses courtisans. Lorsque Gygès se révolta contre ce prince et lui déclara la guerre, Arsélis, roi des Myléens, vint avec des troupes au secours du rebelle, tua Candaule et l'officier qui portait la hache. »
Encore plus mystérieux sur ce Roi mythique, c'est sous son règne que le Royaume de Lydie parvient à son apogée. Il étend son Empire en profitant de l'inactivité des Cimmériens et Assyriens au dépend des villes grecques d'Asie Mineure, s'empare et attaque plusieurs grandes villes et région, dont la Troade. Il se serait fait tuer lors d'une bataille contre les Cimmériens. Notons que Le philosophe Phanias d'Érèse dit qu'avant son règne, Apollon Pythien n'avait ni or, ni argent...
Et pourtant, c'est bien de ces dates du début du 6ième siècle avant J.C. et dans cette petite région à l'Ouest de la Turquie qu'ont été découvertes ces premières pièces de monnaie en alliage spécial, de l'Electrum, extrait du fleuve Pactole...
Gygès créa donc sa propre dynastie (avec notamment Allyate II dont une bataille sera arrêtée par... une éclipse de Soleil ( 28 mai 585 av. J.-C.) ! et le dernier de la dynastie... le très célèbre Crésus ! On comprend mieux avec tout ce cheminement pourquoi Crésus (né en 596 av. J.-C., fils d'Alyatte II, est un roi de Lydie, ayant régné d'environ 561 à environ 547 av. J.-C.) est devenu le symbole de la richesse et de l’opulence... grâce à la monnaie inventée par son mystérieux aïeul !
C'est donc bien une invention soudaine amenée par et pour l'intérêt d'un seul roi (qui sort d'où ce génie inventif ?) qui, petit à petit, convaincra tous les Rois et Seigneurs (vu les résultats de la dynastie amenant Crésus !) d'adapter (pour leur seuls biens évidemment) ce nouveau système économique...
Mais quand est-il de Gog et Magog, cités dans les origines de la Lydie et de son peuple ?
" le couple « Gog et Magog » avait dès son premier usage biblique un sens de fléau mythique et infernal. C’est ainsi, qu’on les associe par la suite, à l’ensemble des invasions barbares déferlant sur l’Europe. Leurs représentations se retrouvent bientôt en Angleterre, où les géants « Gog et Magog » personnifient les « barbares » autochtones combattant Brutus, le premier roi légendaire des Bretons. Ils sont aujourd’hui considérés comme les gardiens mythiques de Cité de Londres. Saint Ambroise affirme que Gog signifie Goth. Isidore de Séville considérait les Gètes-Goths comme la progéniture de Gog et Magog. "
" Ce nom désigne soit une personne, soit une peuplade, soit une réalité géographique (pays ou ville). Sous la plume du prophète Ézéchiel, les peuplades païennes de Gog et Magog vivent « au nord du Monde », et représentent métaphoriquement les forces du Mal. Magog (en hébreu מגוג, en grec Μαγώγ) est un nom qui apparaît 5 fois dans la Bible et 2 fois dans le Coran.
" La Bible nous parle en fait de deux guerres de Gog et Magog. Si l’une d’entre elles est encore très lointaine, l’autre est au contraire fort proche ! Le prophète Ézéchiel, dans les chapitres 38 et 39 de son livre, annonce avec beaucoup de détails une guerre conduite contre Israël par Gog, le chef du pays de Magog.
Le Livre de l’Apocalypse parle aussi d’une seconde guerre de Gog et Magog, qui se produira tout à la fin du règne millénaire de Jésus-Christ sur la terre. Voici ce que l’apôtre Jean écrit à ce sujet: “ Heureux et saints ceux qui ont part à la première résurrection ! La seconde mort n’a point de pouvoir sur eux; mais ils seront sacrificateurs de Dieu et de Christ, et ils régneront avec lui pendant mille ans. Quand les mille ans seront accomplis, Satan sera relâché de sa prison. Et il sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre, Gog et Magog, afin de les rassembler pour la guerre ; leur nombre est comme le sable de la mer. Et ils montèrent sur la surface de la terre, et ils investirent le camp des saints et la ville bien-aimée. Mais un feu descendit du ciel, et les dévora. Et le diable, qui les séduisait, fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, où sont la bête et le faux prophète. Et ils seront tourmentés jour et nuit, aux siècles des siècles. "
" Voici ce qu’a dit le prophète:
“La parole de l’Eternel me fut adressée, en ces mots: Fils de l’homme, tourne ta face vers Gog, au pays de Magog, vers le prince de Rosch, de Méschec et de Tubal, et prophétise contre lui! Tu diras: Ainsi parle le Seigneur, l’Eternel: Voici, j’en veux à toi, Gog, prince de Rosch, de Méschec et de Tubal! Je t’entraînerai, et je mettrai une boucle à tes mâchoires; je te ferai sortir, toi et toute ton armée, chevaux et cavaliers, tous vêtus magnifiquement, troupe nombreuse portant le grand et le petit bouclier, tous maniant l’épée; et avec eux ceux de Perse, d’Ethiopie et de Puth, tous portant le bouclier et le casque; Gomer et toutes ses troupes, la maison de Togarma, à l’extrémité du septentrion, et toutes ses troupes, peuples nombreux qui sont avec toi! Prépare-toi, tiens-toi prêt, toi, et toute ta multitude assemblée autour de toi! Sois leur chef! Après bien des jours, tu seras à leur tête; dans la suite des années, tu marcheras contre le pays dont les habitants, échappés à l’épée, auront été rassemblés d’entre plusieurs peuples sur les montagnes d’Israël longtemps désertes; retirés du milieu des peuples, ils seront tous en sécurité dans leurs demeures. Tu monteras, tu t’avanceras comme une tempête, tu seras comme une nuée qui va couvrir le pays, toi et toutes tes troupes, et les nombreux peuples avec toi” (Ézéchiel 38: 1-9).
Cette prophétie est très précise. Elle donne une liste bien définie de divers peuples, qui viendront envahir Israël des quatre points cardinaux, de l’est, du sud, de l’ouest et du nord. Elle précise également quand se produira cette invasion: lorsque le peuple d’Israël, longtemps dispersé entre plusieurs peuples, sera revenu, après bien des jours, sur les montagnes d’Israël, et sera en sécurité dans ses demeures. Le verset 12 précise même que ce peuple d’Israël sera installé dans “des ruines maintenant habitées, un peuple recueilli du milieu des nations, ayant des troupeaux et des propriétés, et occupant les lieux élevés du pays.”
Ces indications précises ne peuvent donc concerner que notre époque actuelle, qui a vu, après presque deux mille ans d’exil parmi les nations, le peuple d’Israël revenir relever des villes en ruines, et rebâtir son pays longtemps déserté et dévasté. Au moment où ce peuple se croira en sécurité dans ses demeures, une coalition de peuples fondra brutalement sur lui, dans le but de le détruire. Quels sont donc ces peuples nommés dans cette prophétie? Gog est sans doute le nom d’un chef, d’un “prince”, tandis que Magog désigne le pays sur lequel règne ce prince. Beaucoup d’exégètes, notamment Juifs, pensent que Gog est un terme générique qui désigne tout ennemi du peuple de Dieu, et que Magog désigne son pays.
C’est possible. Cependant, compte tenu de la précision de cette prophétie, les meilleurs commentateurs sont parvenus à identifier le pays de Magog comme une région de l’Asie Mineure. En effet, Gog étant aussi “prince de Rosch, de Méschec et de Tubal,” et “Méschec et Tubal” ayant été identifiées comme des régions de la Turquie occidentale et orientale, il est probable que le pays de Magog soit aussi une région voisine. “Rosh” n’a pas été identifié comme une région particulière, mais il s’agit aussi d’un mot hébreu qui signifie “tête” ou “chef”. Gog, prince de Rosh, serait donc le “chef des princes” de ces régions. On a soutenu aussi que Rosh pouvait désigner la Russie, Méschec désignant Moscou, et Tubal désignant la ville russe de Tobolsk. Toutefois, ces interprétations ne résistent pas à un examen sérieux, car ces noms désignent plutôt des régions de l’Asie Mineure dont les appellations sont connues, et sont très proches des termes hébreux employés par Ézéchiel.
Par exemple, Méschec se rapproche de Mushki, ancienne Phrygie, à l’ouest de la Turquie actuelle. Tandis que Tubal doit plutôt désigner l’antique Tabal, à l’est de la Turquie. Gomer désigne une partie de la Turquie centrale. Togarma concerne une région de la Turquie orientale.
Toutes ces régions, Méschec (à l’ouest), Gomer (au centre), Tubal et Togarma (à l’est), ainsi que Magog, concernent donc l’ensemble de la Turquie actuelle. Ce sont les régions qui font partie de “l’extrémité du septentrion” mentionnée par Ezéchiel. Ezéchiel mentionne encore trois autres pays proches: la Perse, l’Ethiopie, et Puth. La Perse n’est autre que l’Iran actuel. L’Ethiopie biblique n’est pas l’Ethiopie moderne, mais plutôt le Nord-Soudan actuel, au sud de l’Egypte. Quant à Puth, il s’agit de la Libye.
" Puis je vis un grand trône blanc, et celui qui était assis dessus. La terre et le ciel s’enfuirent devant sa face, et il ne fut plus trouvé de place pour eux. Et je vis les morts, les grands et les petits, qui se tenaient devant le trône. Des livres furent ouverts. Et un autre livre fut ouvert, celui qui est le livre de vie. Et les morts furent jugés selon leurs œuvres, d’après ce qui était écrit dans ces livres. La mer rendit les morts qui étaient en elle, la mort et le séjour des morts rendirent les morts qui étaient en eux; et chacun fut jugé selon ses œuvres. Et la mort et le séjour des morts furent jetés dans l’étang de feu. C’est la seconde mort, l’étang de feu. Quiconque ne fut pas trouvé écrit dans le livre de vie fut jeté dans l’étang de feu. Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n’était plus. Et je vis descendre du ciel, d’auprès de Dieu, la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, préparée comme une épouse qui s’est parée pour son époux ” (Apoc. 20: 6 – 21: 2).
" Ce qui est clair, c’est que cette guerre ne peut pas se produire pendant la période de la Tribulation. En effet, Ezéchiel décrit un peuple d’Israël se croyant en paix et en sécurité dans ses demeures. Or nous savons que la Tribulation comprendra deux périodes très distinctes de trois ans et demi chacune. Pendant la première période, l’Antichrist, qui aura pris les rênes d’un pouvoir mondial, favorisera Israël, qui le reconnaîtra comme le Messie. Il autorisera la reconstruction du Temple de Jérusalem, et instaurera dans le monde une relative prospérité. Au milieu de la Tribulation, il s’introduira dans le Temple pour se faire reconnaître comme Dieu, instaurant ainsi l’abomination de la désolation. Les Juifs ouvriront les yeux, et commenceront alors à être massacrés, jusqu’à la fin de la Grande Tribulation, lors de la bataille finale d’Armageddon, juste avant le retour du Seigneur Jésus sur la terre pour y régner pendant mille ans. Or Ezéchiel prophétise que la brutale invasion des quatre pays coalisés sera stoppée de manière surnaturelle, non pas par les forces armées israéliennes, comme cela avait été le cas jusqu’ici, au cours des précédentes guerres israélo-arabes, mais par une intervention surnaturelle directe du Dieu d’Israël !
Page du Beatus de Facundus, manuscrit enluminé du XIe siècle, Gog et Magog apparaissent dans la tranche du milieu, à gauche du faux prophète (grand personnage tenant un livre). Ici le sens géographique de « Magog » est absent. (http://commons.wikimedia.org/wiki/File:B_Facundus_246v.jpg)
“C’est pourquoi prophétise, fils de l’homme, et dis à Gog: Ainsi parle le Seigneur, l’Eternel: Oui, le jour où mon peuple d’Israël vivra en sécurité, tu le sauras. Alors tu partiras de ton pays, des extrémités du septentrion, toi et de nombreux peuples avec toi, tous montés sur des chevaux, une grande multitude, une armée puissante. Tu t’avanceras contre mon peuple d’Israël, comme une nuée qui va couvrir le pays. Dans la suite des jours, je te ferai marcher contre mon pays, afin que les nations me connaissent, quand je serai sanctifié par toi sous leurs yeux, ô Gog! Ainsi parle le Seigneur, l’Eternel: Est-ce toi de qui j’ai parlé jadis par mes serviteurs les prophètes d’Israël, qui ont prophétisé alors, pendant des années, que je t’amènerais contre eux? En ce jour-là, le jour où Gog marchera contre la terre d’Israël, dit le Seigneur, l’Eternel, la fureur me montera dans les narines. Je le déclare, dans ma jalousie et dans le feu de ma colère, en ce jour-là, il y aura un grand tumulte dans le pays d’Israël. Les poissons de la mer et les oiseaux du ciel trembleront devant moi, et les bêtes des champs et tous les reptiles qui rampent sur la terre, et tous les hommes qui sont à la surface de la terre; les montagnes seront renversées, les parois des rochers s’écrouleront, et toutes les murailles tomberont par terre. J’appellerai l’épée contre lui sur toutes mes montagnes, dit le Seigneur, l’Eternel; l’épée de chacun se tournera contre son frère. J’exercerai mes jugements contre lui par la peste et par le sang, par une pluie violente et par des pierres de grêle; je ferai pleuvoir le feu et le soufre sur lui et sur ses troupes, et sur les peuples nombreux qui seront avec lui. Je manifesterai ma grandeur et ma sainteté, je me ferai connaître aux yeux de la multitude des nations, et elles sauront que je suis l’Eternel” (Ezéchiel 38: 14-23).
Ezéchiel ajoute aussi qu’il faudra sept mois aux Israéliens pour enterrer tous les cadavres ennemis dans la vallée de Hamona, et sept ans pour récupérer et détruire ou recycler toutes les armes et tous les équipements abandonnés. Il est donc impossible que ces événements se passent pendant la Tribulation. A la rigueur, la fin de ces sept ans de récupération du butin pourrait peut-être coïncider avec la première moitié de la tribulation, mais en aucun cas avec la seconde moitié, lorsque les Juifs seront pourchassés par l’Antichrist. Ce qu’il est capital de comprendre, c’est que le Dieu d’Israël sera reconnu dans le monde entier comme le grand Vainqueur de ce conflit. Cela signifie que ce sera probablement la fin de l’Islam en tant que grande religion mondiale. "
" L’une des conséquences les plus importantes de cette guerre, c’est qu’elle favorisera directement la prise de pouvoir mondiale de l’Antichrist. Contrairement à ce qu’annoncent à tort certains milieux chrétiens, l’Antichrist ne s’élèvera pas du monde islamique, en la personne du Mahdi, ni du monde Hindou, en la personne du “Seigneur Maitreya.” Ces deux personnages pourront se manifester dans leurs régions respectives d’influence, mais leur fonction sera de préparer la venue du véritable Antichrist. L’Antichrist est “l’homme du péché,” le “fils de la perdition.” Il n’y a que deux hommes, dans toute la Bible, qui soient appelés “fils de la perdition”: Judas (Jean 17: 12), et l’Antichrist (2 Thes. 2: 3). A l’image de Judas, le traître, l’Antichrist doit donc être, non pas un Musulman ni un Hindou, mais un disciple de Christ, avant de Le renier. Pour pouvoir séduire les Juifs, il doit aussi être impérativement, sinon un Juif de religion, du moins un descendant du Roi David.
Conformément aux prophéties de Daniel 2: 37-45, l’Antichrist doit provenir de l’un des dix “orteils” (pays) de l’ancien Empire Romain reconstitué, c’est-à-dire de l’un pays de l’actuelle Union Européenne. Comme l’annonce la Bible, il doit être un “prince” appelé à devenir roi (Daniel 11: 36). Il devrait donc surgir de l’une des familles royales d’Europe. Il doit aussi être la “bête” qui “monte de la mer” (Apoc. 13: 1). Cette bête doit être semblable à un léopard, avec des pieds comme ceux d’un ours, et une gueule comme celle d’un lion (Apoc. 13: 2). Il est la “petite corne” (Daniel 7: 8 et 8: 9) qui doit s’élever du milieu des dix cornes de la bête. Il doit enfin recevoir sa puissance du dragon rouge (Apoc. 13: 2).
Comme l’a souligné le chercheur chrétien américain Clinton Ortiz, qui fut l’un des premiers à s’intéresser à l’identité de l’Antichrist, tous ces symboles bibliques figurent intégralement sur le blason et les armes du Prince de Galles, dont le symbole national est justement le dragon rouge. En outre, la famille régnante de Grande-Bretagne prétend descendre directement du Roi David. De plus, le souverain de la Grande-Bretagne est le seul au monde à être également le Chef d’une Eglise dite chrétienne, l’Eglise Anglicane. C’est actuellement une Eglise apostate, qui a renié le Seigneur Jésus, et qui revient progressivement dans le giron de la Papauté. Nous devons donc suivre attentivement ce qui ne manquera pas de se produire au décès de la Reine Elizabeth II, âgée actuellement de 85 ans. Constitutionnellement, le prince Charles, héritier de la couronne, ne devrait pas accéder au trône, étant divorcé et remarié à une divorcée. Sauf à modifier la constitution britannique, le trône devrait donc passer directement au fils aîné du Prince Charles, le Prince William. Celui-ci est né de 21 juin 1982, jour du solstice d’été, jour le plus long de l’année, et jour marqué aussi par une rare éclipse de soleil. D’après les astrologues officiels, un grand prince serait né ce jour-là. Quand on connaît les penchants de la famille royale de Grande-Bretagne pour les pratiques occultes et son implication dans la Franc-Maçonnerie, on ne peut que suivre avec intérêt la carrière de ce jeune prince. De l’ordre très noble et très secret de la Jarretière, créé au XIV° siècle, et dont le Prince William est le millième chevalier, dépendent toutes les grandes sociétés secrètes et occultes du monde.
L’accession du Prince William au trône de Grande-Bretagne ne marquerait pas nécessairement le début du règne de l’Antichrist sur le monde. Mais elle permettrait de mettre en valeur une personnalité de plus en plus séduisante et charismatique. N’oublions pas que le but suprême de Satan, au travers de l’Antichrist, est de se faire reconnaître et adorer comme Dieu, au milieu de la Tribulation, dans le Temple reconstruit à Jérusalem (2 Thes. 2: 4). Ce n’est qu’à ce moment-là que l’Antichrist sera complètement possédé par l’esprit de Satan, et qu’il deviendra véritablement la Bête sanguinaire de l’Apocalypse. Or, actuellement, l’incessant et insoluble conflit israélo-arabe, ou plutôt judéo-musulman, empêche la reconstruction de ce Temple. Toute tentative en ce sens soulèverait immédiatement contre Israël l’ensemble des peuples musulmans, qui se lanceraient immédiatement dans une djihad sans merci contre les Juifs et leurs alliés! Il faut donc que la puissance de l’Islam soit anéantie, avant que l’Antichrist puisse s’imposer sur le monde. Or, quand le Dieu d’Israël interviendra Lui-même, de manière évidente et surnaturelle, pour détruire les puissantes forces armées de quatre pays musulmans, au moment même où ils envahiront une nouvelle fois le pays d’Israël, il ne s’agira plus d’une simple victoire militaire, comme pour les précédentes guerres d’Israël!
Mais toutes les nations, et en particulier les nations musulmanes, verront que leur dieu, Allah, n’a pas été capable, une nouvelle et dernière fois, de les défendre ni de leur donner la victoire, alors que le Dieu d’Israël S’est manifesté avec puissance et gloire pour écraser les armées de l’Islam.
Comme le dit Ezéchiel:
“Je manifesterai ma grandeur et ma sainteté, je me ferai connaître aux yeux de la multitude des nations, et elles sauront que je suis l’Eternel” (Ezéchiel 38: 23). Si l’ensemble des nations, et tout particulièrement les nations musulmanes, réalisent que le seul vrai Dieu est le Dieu d’Israël, ce sera la fin du dieu de l’Islam. Cette guerre de Gog et Magog devrait donc marquer la fin de l’Islam en tant que grande religion mondiale. Même si les dirigeants actuels qui dominent les grands pays musulmans essayent de se maintenir au pouvoir, leurs peuples ne l’accepteront plus, et se débarrasseront de ces dirigeants. Cela profitera directement au futur Antichrist qui, nous le savons, doit se présenter comme le Messie d’Israël. D’ailleurs, les Juifs associent la manifestation du Messie à la guerre de Gog et Magog.
La défaite des armées islamiques, et l’abandon de l’Islam en tant que religion officielle de nombreux peuples, permettra à l’Antichrist de régler l’épineux problème du Moyen-Orient. Il pourra alors confirmer les accords de paix déjà conclus entre Israël et ses voisins Arabes et Palestiniens. Il est d’ailleurs possible que les lieux saints actuels de l’Islam situés sur le Mont du Temple, c’est-à-dire la Mosquée d’El Aqsa et le Dôme du Rocher, soient détruits par le Seigneur au cours de la guerre de Gog et Magog. Cela permettrait une reconstruction immédiate du Temple, dès la fin de cette guerre. Il est encore un événement capital qui doit être intégré dans cette perspective, c’est celui de l’enlèvement de l’Eglise de Jésus-Christ. Cet enlèvement, précédé de la résurrection de tous les “morts en Christ,” et par la transformation en un clin d’œil des “vivants en Christ,” a été clairement annoncé par l’apôtre Paul (1 Cor. 15: 50-57 et 1 Thes. 4: 13-18).
L’enlèvement de l’Eglise ne peut que se produire avant le début de la Tribulation de sept ans. Car ce sera un événement soudain, qui interviendra au moment “où nous n’y penserons pas” (Matthieu 24: 44).
Carte du monde ayant Jérusalem comme centre. Le pays de Gog correspond au no 5 1.
Le Seigneur Jésus Lui-même a comparé l’époque de l’enlèvement à celles de Noé et de Lot, avant les déluges d’eau et de feu. “Ce qui arriva du temps de Noé arrivera de même à l’avènement du Fils de l’homme. Car, dans les jours qui précédèrent le déluge, les hommes mangeaient et buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche; et ils ne se doutèrent de rien, jusqu’à ce que le déluge vînt et les emportât tous: il en sera de même à l’avènement du Fils de l’homme. Alors, de deux hommes qui seront dans un champ, l’un sera pris et l’autre laissé; de deux femmes qui moudront à la meule, l’une sera prise et l’autre laissée. Veillez donc, puisque vous ne savez pas quel jour votre Seigneur viendra” (Matthieu 24: 37-42). “Ce qui arriva du temps de Lot arrivera pareillement. Les hommes mangeaient, buvaient, achetaient, vendaient (? - conceptions trop modernes et romaines de toute évidence), plantaient, bâtissaient; mais le jour où Lot sortit de Sodome, une pluie de feu et de soufre tomba du ciel, et les fit tous périr. Il en sera de même le jour où le Fils de l’homme paraîtra. En ce jour-là, que celui qui sera sur le toit, et qui aura ses effets dans la maison, ne descende pas pour les prendre; et que celui qui sera dans les champs ne retourne pas non plus en arrière. Souvenez-vous de la femme de Lot. Celui qui cherchera à sauver sa vie la perdra, et celui qui la perdra la retrouvera. Je vous le dis, en cette nuit-là, de deux personnes qui seront dans un même lit, l’une sera prise et l’autre laissée; de deux femmes qui moudront ensemble, l’une sera prise et l’autre laissée. De deux hommes qui seront dans un champ, l’un sera pris et l’autre laissé” (Luc 17: 28-36).
Notez bien que ce n’est qu’après que Noé fut entré dans l’arche, et que Lot fut sorti de Sodome, que les déluges d’eau et de feu s’abattirent sur la terre de l’époque de Noé, et sur la Sodome de l’époque de Lot. Et, dans les deux cas, les hommes ne se doutèrent de rien jusqu’à la fin, mais continuèrent à vaquer à leurs occupations quotidiennes.
“Pour ce qui concerne l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ et notre réunion avec lui, nous vous prions, frères, de ne pas vous laisser facilement ébranler dans votre bon sens, et de ne pas vous laisser troubler, soit par quelque inspiration, soit par quelque parole, ou par quelque lettre qu’on dirait venir de nous, comme si le jour du Seigneur était déjà là. Que personne ne vous séduise d’aucune manière; car il faut que l’apostasie soit arrivée auparavant, et qu’on ait vu paraître l’homme du péché, le fils de la perdition, l’adversaire qui s’élève au-dessus de tout ce qu’on appelle Dieu ou de ce qu’on adore, jusqu’à s’asseoir dans le temple de Dieu, se proclamant lui-même Dieu. Ne vous souvenez-vous pas que je vous disais ces choses, lorsque j’étais encore chez vous? Et maintenant vous savez ce qui le retient, afin qu’il ne paraisse qu’en son temps. Car le mystère de l’iniquité agit déjà; il faut seulement que celui qui le retient encore ait disparu. Et alors paraîtra l’impie, que le Seigneur Jésus détruira par le souffle de sa bouche, et qu’il anéantira par l’éclat de son avènement. L’apparition de cet impie se fera, par la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers, et avec toutes les séductions de l’iniquité pour ceux qui périssent parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. Aussi Dieu leur envoie une puissance d’égarement, pour qu’ils croient au mensonge, afin que tous ceux qui n’ont pas cru à la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice, soient condamnés. Pour nous, frères bien-aimés du Seigneur, nous devons à votre sujet rendre continuellement grâces à Dieu, parce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut, par la sanctification de l’Esprit et par la foi en la vérité” (2 Thes. 2: 1-13).
Les deux derniers signes qui doivent se produire, avant notre réunion avec le Seigneur, sont donc les suivants: il faut que l’apostasie arrive auparavant, et que nous ayons d’abord vu paraître le “fils de la perdition.” Nous sommes actuellement en pleine apostasie, aucun Chrétien fidèle ne peut le nier. La plupart des grandes églises chrétiennes ont renié le Seigneur Jésus-Christ, en ce sens qu’elles ont rejeté l’autorité suprême de Sa Parole, dont elles ont retranché tout ce qui les gênait, et à laquelle elles ont rajouté toutes leurs traditions humaines. Quant au “fils de la perdition,” s’il doit effectivement s’élever du sein de la famille royale de Grande-Bretagne, nous le verrons paraître bientôt. Et nous l’avons d’ailleurs vu paraître, en ce sens que nous vivons à son époque, qu’il est vivant maintenant, et qu’il est prêt à se manifester. La seule chose qui peut encore l’empêcher de se manifester dans toute sa puissance est justement la présence sur la terre de l’Eglise fidèle du Seigneur Jésus, dans laquelle réside le Saint-Esprit, qui est “Celui qui retient” encore l’Antichrist. Il se peut que cet “homme de péché” accède à son trône avant que l’Eglise soit enlevée. Mais il ne pourra pas étendre son règne au monde entier tant que l’Eglise sera sur la terre. En conclusion, voici ce à quoi nous devrions nous attendre, dans les mois et les années qui viennent:
L’apostasie doit s’étendre toujours plus. Les Chrétiens fidèles deviendront de plus en plus isolés, et devront se regrouper dans de petites assemblées, loin de l’apostasie régnante. L’Antichrist doit paraître, sous la forme de l’accession au trône de Grande-Bretagne d’un homme qui, plus tard, se manifestera pleinement comme “l’homme du péché.” Toujours vers cette même époque, mais sans que l’on puisse indiquer un moment précis, la guerre de Gog et Magog doit être brutalement déclenchée contre Israël par une coalition menée par quatre pays islamiques: la Turquie, l’Iran, le Soudan et la Libye. Cette guerre doit se terminer par une intervention soudaine et surnaturelle du Dieu d’Israël, qui anéantit les armées ennemies “sur les montagnes d’Israël.” Toutes les nations le reconnaissent, et l’Islam disparaît en tant que religion mondiale puissante.
L’Antichrist profitera de cette situation mondiale chaotique pour étendre son influence, et pour prendre des initiatives mondiales de plus en plus remarquées pour leur intelligence, leur sagesse, et leur humanisme, notamment pour le règlement des conflits, en particulier celui du Moyen-Orient. Il se posera en “Homme de Paix.” L’enlèvement de l’Eglise peut se produire à tout moment, avant ou après l’accession au trône de cet impie, mais probablement après cette accession, et sans doute même après la guerre de Gog et Magog. Toutefois, comme nous ne connaissons ni le jour ni l’heure de l’enlèvement, nous devons veiller en permanence, afin de ne jamais être surpris. Dès que l’enlèvement de l’Eglise se sera produit, commencera la période des sept années de la Tribulation. Cette Tribulation s’achèvera par la grande bataille d’Armageddon, en Israël, dans les plaines de Megiddo, lorsque l’Antichrist et ses armées voudront définitivement détruire Israël. Mais c’est alors que se produira le retour en gloire de Jésus-Christ, pour régner pendant mille ans sur cette terre, en compagnie de Son Eglise.
Alors s’accomplira cette prophétie de Zacharie:
“Voici, le jour de l’Eternel arrive, et tes dépouilles seront partagées au milieu de toi. Je rassemblerai toutes les nations pour qu’elles attaquent Jérusalem; la ville sera prise, les maisons seront pillées, et les femmes violées; la moitié de la ville ira en captivité, mais le reste du peuple ne sera pas exterminé de la ville. L’Eternel paraîtra, et il combattra ces nations, comme il combat au jour de la bataille. Ses pieds se poseront en ce jour sur la montagne des oliviers, qui est vis-à-vis de Jérusalem, du côté de l’orient; la montagne des oliviers se fendra par le milieu, à l’orient et à l’occident, et il se formera une très grande vallée: une moitié de la montagne reculera vers le septentrion, et une moitié vers le midi. Vous fuirez alors dans la vallée de mes montagnes, car la vallée des montagnes s’étendra jusqu’à Atzel; vous fuirez comme vous avez fui devant le tremblement de terre, au temps d’Ozias, roi de Juda. Et l’Eternel, mon Dieu, viendra, et tous ses saints avec lui. En ce jour-là, il n’y aura point de lumière; il y aura du froid et de la glace. Ce sera un jour unique, connu de l’Eternel, et qui ne sera ni jour ni nuit; mais vers le soir la lumière paraîtra. En ce jour-là, des eaux vives sortiront de Jérusalem, et couleront moitié vers la mer orientale, moitié vers la mer occidentale; il en sera ainsi été et hiver. L’Eternel sera roi de toute la terre; en ce jour-là, l’Eternel sera le seul Eternel, et son nom sera le seul nom. Tout le pays deviendra comme la plaine, de Guéba à Rimmon, au midi de Jérusalem; et Jérusalem sera élevée et restera à sa place, depuis la porte de Benjamin jusqu’au lieu de la première porte, jusqu’à la porte des angles, et depuis la tour de Hananeel jusqu’aux pressoirs du roi. On habitera dans son sein, et il n’y aura plus d’interdit; Jérusalem sera en sécurité” (Zacharie 14: 1-11). "
Extraits de " La guerre de Gog et Magog " de Henri Viaud-Murat. - http://pleinsfeux.org/la-guerre-de-gog-et-magog/#.UlM0I1NBDQs
Notons également la théorie Gog-Magog sur l'intervention forte de la Russie, dont voici deux versions assez nettes : http://blogs.christianpost.com/guest-views/debunking-the-russia-war-of-gog-and-magog-myth-8754/ + http://www.israel-flash.com/2012/04/judaisme-revelation-d%E2%80%99ezechiel-chapitre-38-34-gog-et-magog/#axzz2h5JFpAdX
De gauche à droite : une pièce de Lydie 6ième siècle Av JC, une statère trouvée à Marseille datée du 5ième siècle Av JC - la monnaie métallique s'est vraiment répandue très vite de ce tout petit royaume !! (un mystère complet), des pièces ioniennes très anciennes, probablement de Lydie.
Comme quoi, en partant des premières pièces de monnaie métalliques crées par l'Homme (ou son tentateur/aliens/élites ?), on se retrouve en pleine apocalypse et fin des temps... certainement pas un hasard... et bien de quoi juger la plus grande partie de l'Humanité ! Mais attention, l'invention de la monnaie métallique n'est pas l'invention de l'intérêt sur des prêts, ou de l'usure : ce sont bel et bien les Sumériens (aidés par leurs Dieux Annuakis ?) qui ont inventé (ou leurs propres ancêtres) la monnaie virtuelle et scripturale en premiers, ainsi que le prêt et les intérêts sur les prêts, des systèmes de comptabilité très sophistiqués : pouvez-vous réaliser que ce qu'ils ont inventé en 2800 AVANT JC n'a été redécouvert qu'au Moyen-Age en Italie du nord ? Voici un autre article très éducateur sur la question : http://curieux.morenon.fr/ZCu01.html
Un calculi sumérien - l'équivalent d'une lettre de créance !
Notez qu'on trouve des historiens et autres qui affirment que ce sont les Grecs anciens qui ont inventé la monnaie métallique, dès le 7ième siècle Avant JC, car les datations semblent bien confirmer que c'est plutôt du côté de la Turquie, envahie par la Grèce certes, mais héritière comme toute l'ancienne Mésopotamie des connaissances avancées des Sumériens... De plus, les Lydiens sont-ils vraiment assimilables à un peuple grec...? non.
Exemple de monnaie primitive grecque (monnaie dite "archaïque" frappée à Thèbes, en Béotie vers 480-460 avant JC. 12.18 grammes. Cliquez ici pour voir plus de photos et d'explications sur les plus anciennes monnaies grecques
Les monnaies des origines n'étaient que de petits lingots de métal estampillés assez sommairement. L'exemple ci-dessus est déjà une monnaie d'un stade avancé.
YH : Cet article, créé en 2013 à l'origine, semble un peu "prémonitoire" ou tout au moins "révélateur", s'accordant bien aux réalités de notre société de 2015... on y parle de Magog comme étant la Turquie ou plus probablement encore la Mésopotamie ou la Perse (Irak ou Iran)... mais ce qu'il se passe de nos jours avec Isis et l'EI pourrait tout aussi bien coïncider ! Attention donc...
Yves Herbo-S,F,H, - MPSA - © 2013-2015
Le troc ancien: un leurre créé par les économistes modernes ?
Le troc ancien : un leurre créé par les économistes modernes ?
Adam Smith est un philosophe et économiste écossais des Lumières, ces derniers étant très affiliés à la franc-maçonnerie, apparue au même moment. Il reste dans l’histoire comme le père des sciences économiques modernes, dont l'œuvre principale, publiée en 1776, La Richesse des nations, est un des textes fondateurs du libéralisme économique.
Voici une interview parue début février 2020 de l'économiste Michel Ruimy, professeur à Escp-Europe et à Sciences Po. C'est bien sûr sujet à débats, en commençant par se poser des questions primaires, voir ingénues : les anciens peuples (des chasseurs-cueilleurs au néolithique, voir jusqu'à la création de la monnaie d'échange il y a presque 3000 ans) avaient-ils une idée consciente de la signification même d'une quelconque "économie" ? Ne voulons-nous pas absolument prêter à nos ancêtres notre propre modèle de pensée et d'organisation ? Notre propre individualisme, égo, violence, notions de nations-tribus et notions de familles et formatages organisés par l'éducation et société ?
Quel était l'intérêt pour l’économiste Adam Smith de placer historiquement le troc avant la monnaie ? Était-ce une erreur ?
Michel Ruimy : L’idée d’Adam Smith selon laquelle le troc a été le précurseur de la monnaie c’est-à-dire que la monnaie a été inventée pour surmonter les difficultés du troc, est tendancieuse. En effet, cette technique d’échange attribuée aux sociétés primitives est largement remise en cause par les anthropologues (Humphrey, Ingham, Mauss).
Nulle part dans le monde il n’a été possible de trouver une société qui fonctionnait strictement sur ces bases. Il a même été possible, à travers l’exemple des sociétés amérindiennes, de prouver que le troc et l’échange marchand n’y étaient pas présents avant l’arrivée des Européens. Plus encore, ces sociétés ont déployé diverses pratiques sociales et justifications symboliques afin de réduire l’incidence des rapports marchands dans leur organisation sociale et ce, avant, pendant et après la colonisation européenne.
Pourtant, la vision : « Avant la monnaie, il y avait le troc » fait autorité dans les sciences économiques et dans la conscience collective. Si cette phrase, maintes fois entendues, se révèle un mythe, elle est loin d’être anodine. Cette allégorie est l’élément-clef des économistes classiques pour fonder leur théorie de la valeur. Notre conception moderne de valeur de la monnaie en découle directement.
L’entreprise de Smith se révèle donc être un projet normatif issu de la société marchande libérale. Au vu de certains dysfonctionnements, un renversement de cette position serait souhaitable et permettrait d’élargir l’univers des possibles pour nos sociétés marchandes occidentales.
Était-il conscient de porter le contre mythe du communisme primitif et matriarcat primitif ?
Lire la suite ci-dessous :
Crises en séries : retour sur 2009
Crises en séries : retour sur 2009 - UP 2012 - pour ne pas oublier... toujours en cours...
Début 2012 : Toutes les prévisions et avertissements émis depuis le début des années 2000 se concrétisent effectivement... Si vous avez le courage (mais aussi si vous voulez vérifier par vous-mêmes la complicité évidente de TOUTE la classe politique et même les raisons de ces crises fabriquées de toutes pièces historiquement...), ce film de plus de deux heures (qui regroupe toute une série) de 2009 commentant et expliquant les tenants et aboutissements des données des années précédentes nous mène assez facilement à notre actualité d'aujourd'hui et celle à venir : car contrairement à ce que l'on veut vous faire croire, tout est bien prévu depuis longtemps, et ce ne sont pas les Gouvernements qui décident, aussi bien dans leurs pays respectifs que mondialement...
Les banquiers mondiaux préparent l’Apocalypse
vendredi 13 novembre 2009
(Source : Denissto)
La reprise actuelle est un leurre : que les marchés décident de rebondir une dernière fois jusqu’en début 2010 ou de s’effondrer maintenant ne dépendra en rien de la pseudo reprise que vendent les ânes a listes et experts de tout poil... les banquiers cosmopolites préparent une magnifique crise en 2010 pour ruiner les classes moyennes de tout l’occident, et imposer leur "nouvel ordre mondial". Les ingrédients sont mis en place et la trappe s’ouvrira quand ils décideront. c’est a la face du monde et publiquement qu’ils envoient paître les élus ! les républiques, les démocraties ne sont plus que des ploutocraties........le peuple n’en a cure , il ne réclame que des jeux et du pain... Denissto
sources alternatives : http://www.dailymotion.com/relevance/search/FALL+OF+THE+REPUBLIC
patientez un peu lors du chargement de la vidéo... FALL OF THE REPUBLIC version integrale sous-titree in Activism & Non-Profit | View More Free Videos Online at Veoh.com
D'autres preuves récentes ? facile ! :
Un ancien de Lehman Brothers aux commandes de l'économie espagnole
LEMONDE.FR avec AFP | 21.12.11 | 20h43 • Mis à jour le 22.12.11 | 14h19
"Le conservateur Mariano Rajoy, nouveau chef du gouvernement espagnol, a nommé mercredi 21 décembre Luis de Guindos, ancien président de la banque Lehman Brothers pour l'Espagne et le Portugal, au poste de ministre de l'économie.
Agé de 51 ans, l'ancien secrétaire d'Etat à l'économie (2002-2004) occupera, au sein du nouveau gouvernement de droite, un poste-clé, chargé de mener un programme économique exigeant, mêlant austérité et réformes, afin de redresser un pays menacé de récession et frappé par un chômage record. Principal objectif : rassurer les marchés financiers, toujours sceptiques face à la santé financière de l'Espagne qui ne parvient pas à s'extirper de la crise de la dette.
Le nouveau ministre de l'économie a déjà fait part de son point de vue sur la future réforme du secteur bancaire espagnol : "La moitié du système financier a besoin d'une deuxième vague de restructuration", a-t-il dit, plaidant aussi pour la création d'une "bad bank", qui regrouperait les mauvais actifs immobiliers des banques dans une structure gérée par l'Etat."
Autrement dit : des banquiers américains (dont Lehman Brothers) ont volontairement déplacé leurs problèmes financiers sur d'autres banques et Etats, provoquant volontairement une crise majeure, et ceux qui en sont les victimes donnent des postes clés aux mêmes banquiers pour les aider à enfoncer encore plus le clou sur le dos de la majorité et continuer... mais bien sûr c'est normal et personne ne dit rien... de plus, vous remarquerez que c'est exactement ce qui est prévu et dit en 2009 qui est appliqué en 2011/2012 : les Etats (la France va faire de même avec Dexia) va utiliser l'argent de ses concitoyens, arraché à coups de taxes "sociales" et autres, pour transférer la totalité des "problèmes" des banquiers privés dans des banques gérées par le "public" et nationalisées...
Les banques et les agences de notation sont les dictateurs de l'Occident
Spécialiste du Moyen-Orient, Robert Fisk file la comparaison entre le "printemps arabe" et le mouvement des "indignés". Il s'en prend violemment aux banquiers et aux agences de notation qui agissent en propriétaires des pays et des peuples, aidés par des gouvernements veules et des journalistes soumis. Un point de vue roboratif.
(Extraits) :
"Ecrivant depuis cette région [le Moyen-Orient] qui produit plus de clichés au centimètre carré que n'importe quelle autre, je devrais peut-être y réfléchir à deux fois avant de déclarer que je n'ai jamais lu autant de foutaises, autant de débilités absolues que ce que j'ai pu voir au sujet de la crise financière mondiale.
Et puis non, je ne m'abstiendrai pas. J'ai le sentiment que le journalisme censé traiter de l'effondrement du capitalisme a atteint de nouveaux tréfonds que même le Moyen-Orient ne peut surpasser en termes de soumission sans frein à ces institutions et à ces "spécialistes" de Harvard qui ont justement contribué à déclencher tout ce désastre criminel."
(...) "Ce qui a poussé les Arabes à descendre par dizaines de milliers, puis par millions dans les rues des capitales du Moyen-Orient, c'est une dignité revendiquée, ainsi que le refus d'admettre que les dictateurs locaux et leurs familles étaient de fait les propriétaires de leurs pays. Les Moubarak, Ben Ali et autres Kadhafi, les rois et émirs du Golfe (et de Jordanie) et les Assad s'imaginaient tous qu'ils jouissaient de l'usufruit de l'ensemble de leurs nations. L'Egypte appartenait à Moubarak Inc., la Tunisie à Ben Ali & Cie (et à la famille Traboulsi), la Libye à Kadhafi & Fils, et ainsi de suite. Les martyrs arabes contre la dictature sont morts pour prouver que ces pays appartenaient à leurs peuples.
Et c'est là que réside le vrai parallèle avec l'Occident. Les mouvements de protestation visent effectivement le monde des affaires – une cause tout à fait juste – et les "gouvernements". En revanche, ce qu'ils ont découvert, un peu tard, certes, c'est que depuis des décennies, ils ont foi dans une démocratie frauduleuse : ils votent sagement pour des partis politiques, qui confient ensuite leur mandat démocratique et le pouvoir du peuple aux banques, aux cambistes en produits dérivés et aux agences de notation, qui peuvent tous compter sur une coterie répugnante et malhonnête de "spécialistes" venus des meilleures universités et des "cabinets de consultants" des Etats-Unis, lesquels entretiennent la fiction qui veut que l'on soit confronté à une crise de la mondialisation plutôt qu'à une énorme arnaque pour flouer les électeurs.
Les banques et les agences de notation sont devenues les dictateurs de l'Ouest. Comme les Moubarak et les Ben Ali, elles croyaient – et continuent de croire – qu'elles étaient les propriétaires de leurs pays. Les élections qui leur donnent le pouvoir sont aujourd'hui aussi factices – à cause de la couardise et de la collusion des gouvernements – que celles auxquelles les Arabes ont été obligés de participer décennie après décennie afin de sacrer leurs propres propriétaires nationaux. Goldman Sachs et la Royal Bank of Scotland sont désormais les Moubarak et les Ben Ali des Etats-Unis et du Royaume-Uni, chacun engloutissant la richesse du peuple sous forme de primes et de bonus bidons offerts à leurs patrons sans pitié, animés d'une cupidité infiniment supérieure à ce que pouvaient imaginer leurs frères en dictature arabes, pourtant rapaces."
(...) " Je n'ai pas attendu Inside Job, de Charles Ferguson [ce documentaire sorti en 2010 revient sur les origines et les responsabilités de la crise financière de 2008], diffusé au début du mois sur BBC2 – même si ça m'a aidé – pour savoir que les agences de notation et les banques américaines sont interchangeables, que leur personnel passe sans heurt des agences aux banques et au gouvernement des Etats-Unis. Les gars des agences (presque toujours des gars, d'ailleurs) qui ont attribué un triple A aux prêts hypothécaires à risque et aux produits dérivés aux Etats-Unis ont désormais entrepris de dépecer – par le biais de leur influence délétère sur les marchés – les nations d'Europe en menaçant de dégrader, voire de supprimer, ces mêmes notes qu'ils avaient attribuées si généreusement à des délinquants avant le krach aux Etats-Unis. D'ordinaire, je considère que la retenue suffit généralement à l'emporter dans une discussion. Mais là, foin de sous-entendus, qui sont ces créatures dont les agences de notation font aujourd'hui plus peur aux Français que Rommel en 1940 ?
Pourquoi mes camarades journalistes ne me le disent-ils pas ? Comment se fait-il que la BBC et CNN – oh mon Dieu, et même Al-Jazira – traitent ces bandes de criminels comme d'inébranlables institutions du pouvoir ? Pourquoi n'y a-t-il aucune enquête – Inside Job a ouvert la voie – sur ces magouilleurs scandaleux ?"
Les Arabes, au moins, ont commencé à se débarrasser de ces absurdités. Mais que les manifestants de Wall Street fassent de même, et ils se transforment en "anarchistes", en "terroristes" sociaux des rues des Etats-Unis qui osent exiger que les Bernanke [président de la Fed] et les Geithner [ministre des Finances américain] passent devant les tribunaux comme Hosni Moubarak. Nous, en Occident – nos gouvernements –, avons créé nos dictateurs. Mais contrairement aux Arabes, nous ne pouvons pas y toucher...
Début décembre, Enda Kenny, le taoiseach [Premier ministre] irlandais, a solennellement déclaré à ses concitoyens qu'ils n'étaient pas responsables de la crise dans laquelle ils se retrouvaient. Ce qu'ils savaient déjà, bien sûr. Ce qu'il ne leur a pas dit, c'est qui en était à l'origine. Ne serait-il pas temps que lui et ses collègues Premiers ministres de l'Union européenne nous le disent ? Et nos journalistes aussi ? "
Il est évident que cette année 2012 est une année-charnière dans ce plan orchestré depuis longtemps. Comme les banquiers comptent évidemment sur une augmentation des taxes et prix pour que les Etats et public puissent rembourser les dettes créées par les manipulations des mêmes banquiers, tous les gouvernements (et partis politiques "traditionnels") sont au garde-à-vous pour aider cette mafia financière grâce aux plans de rigueurs... mieux : ces mêmes-banquiers sont nommés ou se retrouvent sur des listes électorales pour participer activement à cette escroquerie évidente... et dans tous les pays...
YH : 2015 : Regardez ce qu'il se passe avec la Grèce et les plans d'austérités, les ponctions faites sur le dos des gens sans arrêt par les différents partis politiques (quels qu'ils soient) au pouvoir à tour de rôle depuis cette escroquerie mondiale qui consiste à enlever aux peuples leur souveraineté financière pour la remettre entre les mains de la mafia bancaire mondialiste privée... les années se suivent et se ressemblent, avec des "crises" artificielles et régulières depuis les années 80... et ce n'est pas fini, loin de là, car les peuples aveugles ne voient rien et sont coincés avec de fausses différences entre des partis politiques semblables qui ne remettent tout simplement pas du tout le système en cause, mais l'accompagnent à tour de rôle... pourquoi changer une escroquerie qui fonctionne si bien, n'est-ce pas ?...
Et il y a aussi toujours des naïfs qui croient les hommes politiques (et les médias vendus) quand ils leur affirment que les Grecs (par exemple) sont entièrement responsables de leurs dettes et de crééer des difficultés à l'Europe et aux autres pays : ce sont les lois et accords passés en faveur des pouvoirs financiers privés par TOUS les gouvernements traitres successifs des pays européens et américains qui sont seuls responsables...
Yves Herbo , MPSA, 01/2012, up 06-2015
Démocraties bafouées ou fausses démocraties...
Démocraties bafouées ou fausses démocraties...
Par la loi Pompidou-Giscard d'Estaing du 3 janvier 1973, la Banque de France a abandonné son rôle de service public.
Toutes les études sérieuses historiques le confirment : la plupart des Etats du monde, qu'ils soient démocraties ou non, ont cédé aux chimères d'un système économique "libéral" (juste une étiquette) qui permettait un accroissement de richesses énormes pour quelques nantis et familles déjà riches, au détriment de la majorité, et tout en maintenant l'illusion d'un système démocratique où le peuple décidait du pouvoir donné... La réalité est de plus en plus difficile à dissimuler étant donné que tous les événements de ces 40 dernières années correspondent bel et bien aux plans définis (et connus!) depuis la fin des années 60. Y compris les "crises" économiques multiples (combien depuis les années 70 ?) de ce système instable (mais arrangeant pour les besoins de ces familles) depuis des décennies... Aujourd'hui, la Chine a plus ou moins réussit à battre la 1ère puissance économique au monde (les USA) grâce à ses propres armes : le capitalisme (système stupide, dictatorial et contradictoire pour des Etats basés historiquement sur l'Egalité !) et la possession de biens partout dans le monde... La Grèce voit tous ses pans économiques et stratégiques (chemins de fer, ports, etc...) être rachetés à bas prix par la Chine et ses moyens énormes, et ce n'est que le début... Il serait temps que les citoyens du monde "libre" (mais ce n'est qu'une illusion : tout le monde travaille en fait pour les Banksters ! - ceux qui détiennent réellement les banques assistés des mêmes pour lesquels vous votez sans arrêt, qui sont corrompus dès que l'engagement politique mène à une profession, qui sont sans arrêt mêlés à des affaires de détournements de fonds ou de pouvoirs, et qui sont tous d'accord (quel que soit le Parti !) pour maintenir les choses et le système tel qu'il est) ouvrent les yeux et réalisent qu'ils oeuvrent, travaillent et cotisent eux-mêmes pour un monde pervers et corrompu.
Je suis tout à fait d'accord avec cet article :
http://rustyjames.canalblog.com/archives/2011/07/31/21711686.html
George Pompidou, ancien Directeur Général de la Banque Rotschild, a retiré à la France son pouvoir régalien de battre monnaie.
Article 25 : « Le Trésor public ne peut plus présenter de ses propres effets à l'escompte de la Banque de France. ».
Désormais, le Trésor Public ne peut plus emprunter directement à la Banque de France à un taux d’intérêt faible ou nul.
Résultat: La mainmise des banques privées dans le financement des états.
NB: Le Federal Reserve Act voté aux Etats-Unis le 23 décembre 1913 est l’équivalent de la loi de 1973.
Explications de V. Giscard d’Estaing (qui a fait signer le président Pompidou, déjà malade et qui décédera d'ailleurs peu de temps après, en 1974... ce qui a arrangé tout le monde politique en fait...). Mais il ne faut pas oublier que Mr Pompidou était... un banquier ^^...
VGE justifie l'adoption de cette loi en remarquant que cette démarche s'était imposée dans tous les grands pays au moment de sa promulgation ; est-ce pour autant que la mesure est judicieuse ? Les faits nous démontrent aujourd’hui que ce n'était pas le cas !!!
Il rappelle par ailleurs que le système de prêt d'une banque centrale à l'Etat est générateur d'inflation : ceci est vrai mais soulignons que l'inflation est un mécanisme qui, s'il pénalise les placements financiers, avantage néanmoins les emprunteurs... ainsi, l'augmentation des prix est compensée par une augmentation des salaires (mais pas pour tous, puisque les mêmes élites ont fait en sorte que les masses soient divisées : Branches par métiers, négociations par entreprises, syndicats souvent complices, etc...) ; la part d'un emprunt à taux fixe pèse donc de moins en moins sur le budget du ménage à mesure que l'on approche du terme du remboursement.
Notons que le poids de la dette publique consécutive à cette loi oblige à une politique d'austérité (depuis 1973 ! : vous avez compris pourquoi, dès les "Socialistes", vous avez eu droit a des prélèvements "sociaux" - CSG-CRDS, forfait hospitalier, etc..., qui ont continué avec le retour des "Gaullistes" qui en ont inventé d'autres (et c'est pas fini si vous écoutez les "responsables" au pouvoir ...)) avec toutes les conséquences qui en découlent (chômage, précarité, dégradation de la qualité des services publics, vente du patrimoine national et des mêmes services publics au privé, etc...). Si inflation il y a, elle n'est, aujourd'hui, plus compensée par l'augmentation des salaires ; ceux-ci tendent à stagner, voire, dans certains cas, à régresser ! L'inflation, soi-disant combattue par cette loi, était un moindre mal, comparée aux ravages qu'elle a, depuis, engendrés !
Enfin, la dernière partie de sa réponse consiste à soigneusement éviter la question cruciale des intérêts versés aux organismes financiers privés et de se borner à rappeler que le capital emprunté, qu'il soit celui de la Banque de France ou bien des banques privées se doit d'être remboursé. Evidemment emprunter aux banques privées a des taux supérieurs a la Banque de France ce n'est pas une volonté d'endetter un pays , le "père" de l'Europe a bien travaillé a la chute de la France (et de la même Europe) dans le piège mondialiste et libéral des initiés.....milliardaires...
Une démocratie n'en est plus une quand la corruption est telle qu'on ne peut plus faire confiance à aucun responsable de l'Etat ou même à des prétendants aux titres via des élections... quand certains font voter les morts (voir les rapports officiels sur certaines élections françaises et certains jugements), bafouant toute démocratie ou encore quand on ne tient pas compte de référendums ou de l'avis de ceux qu'on est censé représenter (voir la constitution européenne manipulée) par exemple. Impossible de faire également respecter une réelle démocratie quand les citoyens "volontaires" pour s'impliquer dans la vie politique d'un pays se voient octroyer des avantages illégitimes et même une profession en final très rémunératrice et bien au-delà de ce qui devrait être donné (et qui ne l'est pas pour les associations par exemple, qui sont autant (sinon plus car souvent à buts non lucratifs, elles) volontaires pour apporter leur contribution à la société qu'un homme politique actuel (et passé)... Sans oublier que ce sont bel et bien les médias (détenus par les mêmes !) qui font bel et bien élire l'un des 3-4 prétendants principaux (qui protègent tous dans les faits le système actuel !) aux élections, car les gens ne voient et n'entendent pratiquement qu'eux ^^...
L'une des premières choses à faire donc serait de considérer les charges liées à l'Etat ou au pouvoir politique comme du volontariat, comme les associations, et donc de n'assurer à tous ces élus que le logement et un train de vie normal suivant des indices de coûts de vie connus et sans avoir le droit d'avoir un enrichissement personnel ou familial pendant la durée du mandat : tous ces salaires, du maire au Président ne devraient donc pas être très loin du SMIC dans la mesure ou les logements et toutes charges et nourritures sont inclus dans la rémunération et qu'ils n'ont pas à dépenser plus que la moyenne du peuple, alors qu'ils sont volontaires...
Je signale aussi au passage qu'un pays comme la Belgique a pu se passer de "gouvernement" et de ces hommes politiques (qui ne connaissent d'ailleurs souvent pas le rôle du ministère ou du poste gagné !) pendant un an et demi déjà... C'est dire si les millions d'euros donnés à ces gens chaque mois partout dans le monde pour le même type de "professionnels" pourraient déjà être économisés pour les "dettes" publiques (qu'ils ont eux-mêmes créé !)...
S'ils étaient un peuple libre, les français demanderaient et obtiendraient le jugement et condamnation de Mr Giscard d'Estaing et de ses complices politiques (qui continuent la même politique, quel que soit le "parti" (juste des étiquettes !) pour haute trahison. Et exigerait une annulation complète de cette loi de 1973 au profit des banques privées et redonner au Trésor Public la possibilité d'emprunter à taux minimal ou zéro à la Banque de France... pour commencer... ils devraient également exiger la nationalisation de tout le système financier : ce pouvoir est trop important pour le laisser aux mains d'individus (mafieux) et du privé... il doit être redonné au peuple dans son ensemble, donc à l'état.
Yves Herbo, MPSA, 06-2015
Parodie d'émission boursière, toujours d'actualité
Parodie d'émission boursière, toujours d'actualité
Cela faisait un moment que je n'avais pas vu cette parodie d'émission boursière des Inconnus, qui commence par un jeu vidéo de combat suivi d'un entretien avec un banquier qui vous expliquera se qu'il adviendra du "gnougnou" que vous placeriez dans ses coffres, et ça me fait toujours autant rire, me rappelle certains banquiers ou commerçants peu scrupuleux... :
Yves Herbo, S,F,H, 07-2012, up 05-2015
MONEY un film qui rend compte de la crise du système bancaire
MONEY un film qui rend compte de la crise du système bancaire
L'association Réséda est composée de quelques journaliste indépendants indignés de la manière dont la « grande » presse rend compte de la crise du système bancaire, monétaire et financier. Elle a donc décidé de monter une série de vidéos à partir de personnalités non « orthodoxes », afin de mieux comprendre la situation actuelle.
Elle prépare en outre, avec une société coopérative de production, un DVD qui reprendra le même thème avec pour objectif de le vendre à des télés et de l'utiliser comme support dans des réunions militantes.
Pour aider à la réalisation d'un futur film, devenez souscripteurs en envoyant une participation d'un multiple de 10 euros (chèque libellé à l'ordre de l'association Réséda) :
Association Réséda
Appartement 6
11/13 Boulevard Jeanne d'Arc
95 100 ARGENTEUIL
Pour plus d'informations, écrivez à :
reseda.association@laposte.net
Source : http://rustyjames.canalblog.com/
2012/2015
Dette, crise, chômage : qui crée l'argent ?
Dette, crise, chômage : qui crée l'argent ?
" La monnaie fait partie de notre quotidien. Elle est au cœur de nos économies : elle permet les échanges des biens et des services. Pourtant, personne ne sait vraiment qui la fabrique, ni comment elle fonctionne. En partant de ce que tout le monde connait, ce document explique les fondements des systèmes monétaire et bancaire, et en décrypte certaines conséquences. Car c'est bien l'incompréhension du système monétaire par la majorité des citoyens, des journalistes, des politiciens et de nos élites au sens large, qui permet à la finance et aux banques de régner sans entraves.
Ce document citoyen n'a aucune couleur politique. Par des exemples simples, didactiques, il décrit les mécanismes bancaires peu connus, énonce des faits et matérialise des liens avec les principaux enjeux de notre temps. Il débouche sur une critique des systèmes financier, politique et médiatique, et se termine par des objectifs et alternatives fondamentaux pour le monde de demain.
Avec la supervision de deux spécialistes du domaine que sont Gérard Foucher et André Jacques Holbecq, tous deux auteurs de nombreux ouvrages sur le système monétaire, ainsi que des analyses techniques précises comme celle de Jean Bayard, Gabriel RABHI a mit à profit ses compétences en imagerie. La sélection des informations et des principes à exposer, leur simplification sans induire d'erreurs, ainsi qu'une orientation critique de la création monétaire a nécessité six mois de travail. "
par Gabriel RABHI
A diffuser largement sous toute forme utile. A faire publier par les blogs et les sites de réinformation. D'autres vidéos, extraits, informations, bibliographie et liens : http://www.inter-agir.fr
Notions abordées :
La monnaie centrale / la monnaie scripturale / la banque centrale / les banques commerciales privées / le mythe du troc / le crédit à l'époque Sumérienne / l'invention de la monnaie / la monnaie papier et les orfèvres / la couverture partielle des dépôts / la monnaie fiduciaire / lien états - banques / le cours légale / conversion entre monnaie scripturale et centrale / définition d'un dépôt bancaire / transfert intra-bancaire / transfert interbancaire / le règlement bancaires / la compensation / les chambres de compensation / la disparition potentiel des dépôts / le trésor public / le risque systémique / les actifs / les créances / actifs financier, actifs matériels / bilan financier / bilan d'une banque / dépôts au passif / créances à l'actif / la monétisation / le crédit bancaire / la création monétaire ex-nihilo / destruction monétaire / le risque de contrepartie / la circulation de la monnaie / la masse monétaire / la croissance / un système de Ponzi / évolution exponentielle de la masse monétaire / les agrégats monétaires / variation des agrégats monétaires / le refinancement / prise en pension de titres par la banque centrale / le marché interbancaire / l'effet domino / crise de liquidité / crise de 2008 / les saisies bancaires / le sauvetage bancaire / l'assouplissement quantitatif / notions des endettements / l'usure / la concentration des richesses / rôle de la banque centrale / évasion fiscale / l'état et les marchés financiers / les intérêts de la dette / la planche à billet / inflation et déflation / l'hyperinflation / lien entre forces armées et monnaie / la réserve fédérale américaine / la banque des règlements internationaux / démocratie / aristocratie / oligarchie / le gouvernement représentatif / finance et médias / l'union européenne / le lobbying / la destruction de la planète / la décroissance / l'esclavage par la dette / la création de monnaie centrale / la monnaie du futur / intérêt général et intérêt particulier / la dictature parfaite / le conditionnement des peuples / le prêt à penser / les solutions et alternatives.
Un point de vue très réaliste et que j'approuve entièrement. Une autre notion que je développe grâce à mes recherches sur les anciennes civilisations et même celles des "chasseurs-cueilleurs" : contrairement à nos concepts actuels (très limités par notre jeune civilisation), il n'existe pas que deux solutions, l'argent (ou la monnaie d'échange) et le troc... il y a au moins une troisième solution, pratiquée pendant des dizaines, voir des centaines de milliers d'années, le communautarisme naturel disant qu'on ne se donne pas à soi-même, qu'on ne s'échange pas à soi-même, quand on considère qu'on fait vraiment partout d'un tout et d'une réelle communauté, d'un même peuple... juste une question de mentalité et d'organisation, en fait. Mentalité et organisation détruites et oubliées à cause... de l'égoïsme et de la corruption, bien sûr..., engendrés par l'invention de la monnaie, puis rapidement du commerce, il y a quelques millénaires maintenant ^^...
Yves Herbo Relai, MPSA, 2015
Entretien avec Pierre Jovanovic : apocalypse
Entretien avec Pierre Jovanovic : apocalypse
Pierre Jovanovic nous montre en quoi la crise financière actuelle peut être mise en relation avec les textes de l'Apocalypse, et comment cette mise en lumière permet de comprendre la chute à venir du Vatican et du système financier.
Il dresse un portrait de la crise économique en Europe, montre en quoi les médias traditionnels ont complètement abandonné leur rôle, et comment seul un véritable réveil des peuples pourra enrayer cette descente aux enfers.
Site officiel : http://www.avantgardeeconomique.fr
Page Facebook : http://www.facebook.com/Avantgardeeco...
Si vous avez aimé cet entretien vidéo, vous pouvez nous soutenir pour d'autres entretiens à venir : http://avantgardeeconomique.blogspot.fr/
Yves Herbo : Je ne partage pas obligatoirement les conclusions ni les liens "apocalyptiques" mentionnés, mais mes propres recherches historiques et constatations de visu concluent aux mêmes issues (qui se réduisent de plus en plus). Nous vivons dans un système économique qui donne l'illusion à la minorité qui maîtrise ses rouages qu'il fonctionne bien : ils en vivent et s'arrangent (par héritage, nominations hiérarchiques, politique...) pour en conserver le pouvoir. Ils ont pu "acheter" la souveraineté de la totalité des Etats mondiaux en les menaçant de faillite totale, de "couper" les robinets que ces Etats leur ont vendu ou de les endetter tellement que les personnalités au pouvoirs locaux sauteront... dans le même temps, ils se sont faits nommer (rarement élus mais aussi) aux postes-clés cadenassant les flux économiques dans le monde entier et ont corrompu les autres. Ils possèdent déjà une influence énorme sur les agences de notation ou de contrôles "indépendantes" (qui ne le sont pas du tout), et peuvent n'importe comment influencer tant les bourses, les cours, les monnaies, les agences de notation de par leurs propres décisions financières : accorder ou non des prêts et jouer avec leurs taux... la constatation est pourtant simple : ce système cours de crise en crise depuis qu'il existe et n'a jamais vraiment fonctionné que pour une minorité de citoyens du monde : il est tant d'en changer complètement. Pour le faire fonctionner, cette minorité triche depuis des décennies impunément, au détriment de la majorité, et se sert d'une oligarchie locale principalement pour se maintenir et agir. Oligarchie car quand une partie de la population suit des règles et lois, textes différents du reste de la majorité des citoyens, cette partie de population ne peut plus être considérée comme faisant partie du peuple : c'est une oligarchie assimilable à la noblesse d'antan. Tout comme la majorité des dirigeants politiques mondiaux viennent de cette oligarchie de fonctionnaires ne suivant pas les mêmes règles que le citoyen "normal", eux-mêmes convaincus que le système "fonctionne" puisqu'ils obéissent aux dirigeants financiers et en tirent bénéfices... c'est comme ça qu'on retrouve des ministres incapables de savoir combien gagne réellement les plus pauvres français et les smicards, ni même la moyenne des salaires... En fait, le système utilise principalement l'escroquerie, le mensonge et le chantage pour fonctionner et c'est tellement flagrant que cela devient hypocrite de la part des grands médias de l'ignorer encore et toujours. Et les Etats (quel que soit le parti au pouvoir depuis des décennies, et le FN est une illusion aussi, c'est évident, tout comme la majorité de la "gauche", "extrême-gauche", "droite" ou "extreme-droite" : ces termes sont des étiquettes interchangeables et trompeuses...) sont malheureusement complices et/ou sous chantages. A ce sujet, une sortie de l'UE ne changera strictement rien quand aux économies des pays concernés : cela n'empêche pas les Goldman Sachs, FMI et autres banquiers de réclamer les dettes qu'ils ont créées eux-mêmes artificiellement... et même si la Banque de France peut affirmer pouvoir assumer par exemple les dettes de la France, ce n'est pas le cas des autres pays, et même pour la France, il serait illusoire de compter sur l'aide des endetteurs pour ne pas mettre des bâtons dans les roues là où il faut, aux moments idéaux...
Les preuves de ces escroqueries multiples politiciennes pour convaincre les gens de rembourser des dettes qu'ils n'ont pas eux-mêmes, avec l'aval des gouvernants : fausse crise du pétrole de 1974 (chantage de l'OPEP), fausses promesses et mensonges de retraites garanties à 60 ans si cotisations (contrat rompu sans référendum et on triche en augmentant les durées de cotisations, les taux de cotisations avec l'accord de chambres syndicales complices en majorité), fausses réductions du temps de travail et donc sur la création d'emploi liée, revente à 49% de la chaîne de production énergétique française (EDF-GDF, nucléaire...) au privé (malgré les promesses d'après guerre et grâce au nucléaire de baisses du coût de l'énergie pour les propriétaires citoyens français - et même le versement de dividendes à l'époque à chaque français ! (hum)...)... par exemples...
Yves Herbo MPSA 2014-2015
Jacque Fresco : un système monétaire obsolète 2-
Jacque Fresco : un système monétaire obsolète - 2)
Le projet de l'américain Jacque Fresco sis dans la commune de Venus en Floride : The Venus Project. Ce projet offre non seulement de nombreux points de vue, constatations des réalités passées et présentes sur notre économie semblables aux miens, ainsi que des propositions très intéressantes (et toujours discutables) pour y remédier, pour trouver une solution, pour l'Humanité. Cette page présente plus le projet Venus en lui-même par rapport à la première page.
II)
The Venus Project prône une vision dont le but est d’établir une nouvelle civilisation mondiale, durable et différente de tous les systèmes sociaux existants. Bien que cette description soit grandement condensée, elle repose sur des années d’études et de recherches réalisées par de très nombreuses personnes dans plusieurs disciplines scientifiques.
Il y est proposé une nouvelle approche holistique et dédiée aux préoccupations humaines et environnementales. C’est une vision réalisable d’un meilleur futur, adapté à l’époque dans laquelle nous vivons tout en étant pratique et accessible, permettant ainsi d’assurer un avenir positif pour tous les peuples du monde.
The Venus Project en appelle à l’adoption d’une approche simple pour la refonte d’une culture dans laquelle les anciens maux que sont la guerre, la pauvreté, la faim, la dette, les dégradations environnementales et les souffrances humaines inutiles sont considérés non seulement comme évitables, mais aussi totalement inacceptables.
L’un des principes du « Projet Venus » est d’œuvrer à déclarer toutes les ressources de la Terre comme étant l’héritage commun de tous les peuples du monde. Les demi-mesures n’entraîneraient qu’une perpétuation du même ensemble de problèmes inhérents au système actuel.
Historiquement, le changement se produit à un rythme lent. Des groupes successifs de dirigeants incompétents ont remplacé ceux qui les avaient précédés, mais les problèmes sociaux et économiques sous-jacents persistent, car les systèmes de valeurs essentiels demeurent inaltérés. Les problèmes auxquels nous faisons face aujourd’hui ne peuvent pas être résolus politiquement ou financièrement parce qu’ils sont hautement techniques par nature. Il n’y a d’ailleurs sûrement pas assez d’argent disponible pour financer les changements nécessaires, mais il y a plus de ressources que nécessaire. C’est pourquoi The Venus Project préconise la transition d’une société monétaire vers la réalisation, à terme, d’une Économie mondiale Basée sur les Ressources.
Elle est consciente que la transition depuis notre culture actuelle, politiquement incompétente et obsolète, vers cette société nouvelle et bien plus humaine, nécessitera un véritable bond en avant, tant en matière d’idées que dans l’action.
Ce qu'il pense de l'argent et du système monétaire
Des objectifs dynamiques
Il est courant de lire et d’entendre les commentateurs dans nos médias de masse parler du nombre de problèmes sociaux auxquels nous faisons face, comme le réchauffement de la planète, la destruction de l’environnement, le chômage, la criminalité, la violence, la pauvreté, la faim et l’explosion démographique. Pourtant, est-il fréquent d’entendre parler de plans réalisables pour atténuer bon nombre de ces difficultés ? Tandis que la critique de la société est facile, l’identification et la résolution de ses problèmes le sont beaucoup moins.
The Venus Project est un véritable plan destiné à la création d’une nouvelle civilisation qui se reposerait sur les préoccupations humaines et la préservation environnementale.
Les plans de The Venus Project offrent à la société un plus large éventail de choix s’appuyant sur le potentiel de la science orienté vers une nouvelle ère de paix et de développement durable pour tous. Grâce à la mise en œuvre d’une économie basée sur les ressources et l’application au système social d’une multitude de technologies innovantes et respectueuses de l’environnement, les propositions de The Venus Project réduiront considérablement la criminalité, la pauvreté, la faim, le nombre de sans-abris et de nombreux autres problèmes à la fois urgents et communs à l’ensemble de la planète.
L’un des éléments essentiels des découvertes de The Venus Project provient du fait qu’une grande partie des comportements dysfonctionnels de notre société découlent directement de l’environnement déshumanisant que constitue le système monétaire. À cela s’ajoute l’automatisation qui remplace le travail humain par les machines. Il s’en suit, finalement, que la plupart des gens n’ont plus les moyens d’acheter les biens et services qui sont produits.
The Venus Project propose un système dans lequel l’automatisation et la technologie seraient intelligemment intégrées au sein d’une conception socio-économique holistique dont les principales fonctions seraient de maximiser la qualité de vie plutôt que les profits. Ce projet introduit également un ensemble de valeurs pratiques et réalisables.
C’est aussi en parfait accord avec les aspects spirituels et les idéaux trouvés dans la plupart des religions à travers le monde. Ce qui distingue le Projet Venus à part, cependant, est qu’il propose de traduire ces idéaux dans une réalité de travail.
The term and meaning of a Resource-Based Economy was originated by Jacque Fresco. (vostfr)
Première étape
La première phase des plans à long terme du Projet Venus est déjà en cours. Jacque Fresco, futuriste, inventeur, designer industriel et fondateur du Projet Venus et sa associés Roxanne Meadows ont achevé la construction d’un centre de recherche de 21 acres à Vénus, en Floride, pour aider à présenter les propositions de The Venus Project. Vidéos, CD, affiches, brochures, des modèles, des rendus et des livres, comme « Le meilleur que l’argent ne peut pas acheter: Au-delà de la politique, de la pauvreté, et la guerre », ont été créés pour aider à sensibiliser sur ce projet et ses nombreuses propositions.
Seconde étape
La deuxième étape consiste en la création d’un film de grande longueur, qui mettra en vedette le travail des innovations du projet proposé, en réunissant le monde entier. Le film va apporter à ses téléspectateurs une vision positive d’une société pacifique dans laquelle tous les êtres humains forment une famille unie sur la planète Terre – une civilisation où tous les peuples sont engagés dans la poursuite d’une meilleure compréhension du monde qu’ils partagent. Ce film est conçu pour être une expérience divertissante et informative pour les adultes comme pour les enfants.
Troisième étape
Afin de tester ses concepts et ses propositions, The Venus Project travaille à la construction d’une ville/centre de recherche expérimentale. Les objectifs pour la plupart des technologies initiales et des constructions ont déjà commencé à voir le jour. Des efforts de collecte de fonds sont en cours pour contribuer à la construction d’une ville expérimentale qui serait consacrée à accomplir les objectifs de The Venus Project, qui sont :
Réaliser la déclaration des ressources de la Terre comme étant l’héritage commun de tous les peuples ;
Transcender les frontières artificielles qui séparent arbitrairement les peuples.
Remplacer les économies monétaires nationalistes par une Économie mondiale Basée sur les Ressources ;
Contribuer à la stabilisation de la population mondiale grâce à l’éducation et à un choix libre en matière de régulation des naissances ;
Préserver et restaurer l’environnement naturel dans la mesure de nos capacités ;
Repenser nos villes, nos systèmes de transports, nos industries agricoles et nos installations industrielles afin qu’ils soient énergétiquement efficaces, propres, et capables de répondre convenablement aux besoins de toute la population ;
Dépasser progressivement les entités corporatives et les gouvernements (locaux, nationaux ou supranationaux) en tant que moyens de gestion sociale ;
Partager et appliquer l’ensemble des nouvelles technologies au service de toutes les nations ;
Développer et utiliser des sources d’énergie renouvelables et propres ;
Fabriquer des produits de la plus haute qualité possible au bénéfice de tous les peuples du monde ;
Effectuer des études d’impact environnemental avant la construction d’un grand projet, quel qu’il soit ;
Encourager toutes formes de créativité et de motivation dans la mesure où elles sont employées dans un projet constructif ;
Dépasser le nationalisme, la bigoterie et les préjugés par le biais de l’éducation ;
Éliminer tout type d’élitisme, technique ou autre ;
Arriver à des méthodologies par des recherches minutieuses plutôt que des opinions aléatoires ;
Améliorer la communication dans les écoles afin que notre langage soit pertinent vis-à-vis des éléments physiques du monde ;
Fournir non seulement les nécessités de la vie, mais aussi des défis qui stimulent l’esprit et valorisent l’initiative individuelle plutôt que l’uniformité ;
Enfin, préparer les gens intellectuellement et émotionnellement aux changements et aux défis qui nous attendent.
Adjacent à la ville expérimentale, un parc à thème est également prévu afin que les visiteurs puissent se divertir et s’informer au sujet des possibilités de modes de vie écologiquement durables prévus par The Venus Project. Il mettra en exergue les maisons intelligentes, la promotion d’un degré d’efficacité énergétique élevé, des systèmes de transports non polluants, une technologie informatique de pointe et un certain nombre d’autres innovations qui constituent autant de valeur ajoutée à la vie de toute la population, et ce, dans un laps de temps très court.
Une ville circulaire serait en elle-même une phase transitoire et pourrait évoluer d’une société semi-coopérative financière vers une économie basée sur les ressources. Cela pourrait être le prototype d’une série de villes qui seraient construites dans divers endroits à travers le monde. Le rythme des avancées dépendra de la disponibilité des fonds levés durant les premiers stades et des personnes qui s’identifient avec, participent aux et soutiennent les objectifs et les orientations de The Venus Project.
Au fur et à mesure que ces nouvelles communautés se développent et deviennent plus largement acceptées, elles peuvent très bien constituer le terreau d’une nouvelle civilisation, suivant de préférence un processus d’évolution plutôt que de révolution.
Personne ne peut prédire le futur. Nous ne pouvons qu’extrapoler les informations et les tendances actuelles. La croissance de la population, l’évolution technologique, les conditions environnementales planétaires et les ressources disponibles sont les principaux critères pour l’établissement de projections.
Il n’existe aucune philosophie ou aucun point de vue, soient-ils religieux, politiques, scientifiques ou idéologiques qui ne suscitent pas de débats. Nous sommes certains, cependant, que les seuls aspects de The Venus Project qui peuvent sembler menaçants sont purement issus de projections.
The Venus Project n’est ni utopique, ni orwellien, et ne reflète pas non plus les rêves impraticables d’idéalistes. Il présente des objectifs qui sont à la fois à notre portée et qui ne nécessitent que l’application intelligente de ce que nous connaissons déjà. Les seules limites sont celles que nous nous imposons.
Conférence complète Jacque Fresco à Paris 12/09/2010
Organisation supportrice en France :
Association Civilisation 2.0 - http://www.civilisation2.com
Sources : https://www.thevenusproject.com/en/store/official#!/~/product/category=1360103&id=5501756
https://www.thevenusproject.com/fr/about/resource-based-economy
Yves Herbo-MPSA, 05-02-2015
Jacque Fresco : un système monétaire obsolète 1-
Jacque Fresco : un système monétaire obsolète - 1)
Ceci est un extrait de la présentation du projet de l'américain Jacque Fresco sis dans la commune de Venus en Floride : The Venus Project. Ce projet offre non seulement de nombreux points de vue, constatations des réalités passées et présentes sur notre économie semblables aux miens, ainsi que des propositions très intéressantes (et toujours discutables) pour y remédier, pour trouver une solution, pour l'Humanité. Une autre page présentera plus le projet Venus en lui-même.
I)
Un système monétaire obsolète
Le système monétaire s'est développé il y a des siècles. Tous les systèmes économiques du monde : le socialisme, le communisme, le fascisme et même le système tant vanté de libre entreprise perpétuent la stratification sociale. L'élitisme, le nationalisme et le racisme s'appuient essentiellement sur la disparité économique. Tant qu'un système social utilise l'argent ou le troc, les peuples et les nations chercheront à maintenir l'avantage concurrentiel économique qui, s’il ne peut être accompli par des moyens commerciaux, le sera par le biais d'interventions militaires. Nous utilisons encore ces mêmes méthodes arriérées.
Notre système monétaire actuel n'est pas apte à fournir un niveau de vie élevé pour tous, pas plus que d'assurer la protection de l'environnement, parce que la motivation principale est le profit. Des stratégies telles que la réduction des effectifs et les rejets de déchets toxiques augmentent les marges bénéficiaires. Avec les avancées en matière d'automatisation, de cybernétique, d'intelligence artificielle et de sous-traitance, les personnes seront toujours davantage remplacées par des machines. Par conséquent, de moins en moins de personnes seront capables d'acquérir des biens et des services alors que notre capacité à produire une abondance continuera d'exister.
Nos systèmes politiques et économiques actuels sont dépassés et incapables d'exploiter les véritables avantages des nouvelles technologies pour le bien commun, et d'aller outre les injustices qui nous sont imposées. Bien que notre technologie soit en plein essor, nos modèles sociaux sont restés relativement statiques. En d'autres termes, le changement culturel n'a pas suivi le rythme du changement technologique. Nous avons désormais les moyens de produire des biens et services en abondance pour tous.
Malheureusement, de nos jours, la science et la technologie ont dévié de l'objectif du bien commun au profit d'intérêts personnels et du gain monétaire par le biais de l'obsolescence planifiée parfois qualifiée de « retrait conscient d'efficacité ». Par exemple, le département de l’Agriculture des États-Unis, dont la fonction présumée est de mener des recherches sur les moyens d'obtenir le meilleur rendement par hectare, reverse en fait de l'argent aux fermiers pour qu'ils ne produisent pas à plein rendement. Le système monétaire tend à freiner l'application de ces méthodes dont nous savons qu'elles serviraient au mieux les intérêts de la population et de l'environnement.
Dans un système monétaire, le pouvoir d'achat n'est pas lié à notre capacité de produire des biens et services. Par exemple, pendant une dépression économique, il y a des ordinateurs et des DVDs dans les rayons des magasins et les parcs automobiles sont pleins, mais la plupart des personnes n'ont plus le pouvoir d'achat pour les acquérir. La Terre reste la même ; c'est simplement les règles du jeu qui sont obsolètes et qui créent conflits, privations et autres souffrances humaines inutiles.
Un système monétaire est en fait un dispositif destiné à contrôler le comportement humain dans un environnement aux ressources limitées. Aujourd'hui, l'argent est utilisé pour réguler l'économie ; non pas en faveur de la population dans son ensemble, mais pour ceux qui contrôlent la richesse financière des nations.
Une Économie Basée sur les Ressources
Tous les systèmes socio-économiques, indépendamment de la philosophie politique, des croyances religieuses ou des coutumes sociales, dépendent en définitive des ressources naturelles, à savoir un air et une eau purs, des terres arables, la technologie et le personnel nécessaires pour maintenir un haut niveau de vie.
Plus simplement, une économie basée sur les ressources utilise les ressources existantes plutôt que de l'argent, elle fournit une méthode équitable pour répartir ces ressources de la manière la plus efficace pour toute la population. C'est un système dans lequel tous biens et services sont disponibles sans utilisation d'argent, de crédits, de troc ou toute autre forme de dette ou de servitude.
Les ressources terrestres sont abondantes. Aujourd'hui, nos pratiques de rationnement des ressources par le biais de méthodes monétaires sont à la fois non appropriées et contre-productives à notre survie. La société moderne a accès à des technologies avancées et peut produire de la nourriture, des vêtements, des habitations, des soins médicaux ainsi qu'un système d'éducation efficace. Elle est également en mesure de développer un approvisionnement illimité d'énergies renouvelables et non polluantes, telles que la géothermie, le solaire, l'éolien, l'énergie marémotrice, etc. Tout le monde peut profiter dès aujourd'hui d'un haut niveau de vie, disposant de toutes les infrastructures qu'une civilisation prospère peut offrir. Ceci peut être accompli grâce à l’application intelligente et humaine de la science et de la technologie.
Afin de mieux comprendre ce qu'est une économie basée sur les ressources, considérez le fait que la disparition totale de l'argent dans le monde ne nous empêcherait pas de construire tout ce dont nous avons besoin pour satisfaire la plupart des besoins humains, dans la mesure où les terres arables, les usines, le personnel et les autres ressources étaient laissés intacts. Les gens n'ont pas besoin d'argent. Ils ont en revanche besoin de satisfaire la plupart de leurs besoins. Dans une économie d'abondance basée sur les ressources, l'utilisation de l'argent perdrait de sa pertinence. Les ressources, la fabrication et la distribution des produits seraient les seuls prérequis.
Si tout le monde avait accès à l'éducation et aux ressources sans étiquette de prix, le potentiel humain ne connaîtrait pas de limites. Bien que cela soit difficile à imaginer, même les personnes les plus riches d'aujourd'hui vivraient beaucoup mieux dans une société basée sur les ressources, comme celle que The Venus Project propose. Aujourd'hui, les classes moyennes vivent mieux que les rois d'antan. Dans une économie basée sur les ressources, tout le monde vivrait mieux que les milliardaires d'aujourd'hui.
Dans une société basée sur les ressources, la mesure du succès reposerait sur l'accomplissement de ses quêtes personnelles plutôt que sur l'acquisition de richesses, de propriété et de pouvoir.
C'est à nous de choisir
Le comportement humain est sujet aux mêmes lois que tout autre phénomène naturel. Nos coutumes, nos comportements et nos valeurs ne sont que des sous-produits de notre culture. Personne n'est né dans l'avidité, les préjugés, le sectarisme, le patriotisme et la haine ; ce sont des modèles de comportement acquis. Si l'environnement n'est pas modifié, les mêmes comportements se reproduiront indéfiniment.
Aujourd'hui, la plupart des technologies nécessaires à l'aboutissement d'une économie globale basée sur les ressources existent. Si nous choisissons de nous conformer aux limites de notre système économique basé sur l'argent, il est très probable que nous continuerons à vivre avec ses conséquences inévitables : guerres, pauvreté, faim, carences, crimes, ignorance, stress, peur et inégalités. D'autre part, si nous adoptons le concept d'une économie basée sur les ressources à l'échelle mondiale, que nous en apprenons davantage à ce sujet et que nous partageons nos connaissances avec nos proches et notre entourage, nous aiderons l'humanité à évoluer et à s'extraire de l'état dans lequel elle se trouve actuellement.
Jacque Fresco - 1999, les prévisions : Ce que le nouveau millénaire nous réserve [VOstFR]
Organisation supportrice en France :
Association Civilisation 2.0 - http://www.civilisation2.com
Sources : https://www.thevenusproject.com/en/store/official#!/~/product/category=1360103&id=5501756
Yves Herbo-MPSA, 13-01-2015
Economie : mémoires d'un piège - 3
Economie : mémoires d'un piege-3
Des confirmations historiques, des aveux (de culpabilité et d'impuissance) des politiques et économistes... il suffit de lire la presse entre les lignes pour s'en rendre compte... 2012, c'est peut-être aussi (enfin !) la révélation d'un système qui a trop (mal) duré...
FED : Fraude Extrêmement Dangereuse... la BCE, c'est pire
Ce mode opératoire de création monétaire est l’œuvre d'une entreprise criminelle hautement organisé qui a été dénoncé par les présidents Abraham Lincoln, John Fitzgerald Kennedy et aujourd'hui par le candidat, Ron Paul...
«L'État et les banques, les dessous d'un hold-up historique» par Myret Zaki et Etienne Chouard
La Fonderie Kugler présente deux conférences de décembre 2011 en partenariat avec le journal bimensuel La Cité (http://www.lacite.info/) - (http://www.usinekugler.ch/)
Myret Zaki, rédactrice en chef adjointe du magazine Bilan, «L'État, otage du secteur financier»
Étienne Chouard, professeur d'Économie-Gestion à Marseille, chercheur indépendant, «Enjeux pour le peuple du contrôle public de l'État et de la banque». Pour y accéder directement : http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&list=UUuqKwvlBmW_Z...
Modération par Fabio Lo Verso de La Cité
En complément à la conférence de Myret Zaki, un article qui revient sur les convives du dîner du 8 février 2010 :
http://blogs.mediapart.fr/blog/netmamou/030112/un-diner-de-malfrats-pour-mett...
Un autre article sur les agences de notations : Qui se cache derrière Standard & Poor's : http://www.abadinte.com/2011/12/qui-se-cache-derrire-standard-poors/
En complément à la conférence d'Etienne Chouard, une analyse qui questionne l'importance de la "loi de 1973" : http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/12/29/la-loi-pompidou-giscard-rothsc...
La réponse point par point d'Etienne Chouard : http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2011/12/30/178-analyse-...
Transcription écrite de la conférence réalisée par le blog creersamonnaie / (merci à eux:) http://creersamonnaie.over-blog.com/article-crise-financiere-grecque-origine-...
Yves Herbo relai, Sciences, Faits, Histoires, 2011 up 13-12-2014
Economie : mémoires d'un piège - 2
Economie : mémoires d'un piège - 2
1 dollar américain
La politique monétaire de la Fed expliquée (VOSTFR) par matbeeno
Tout d'abord une petite video très amusante mais qui explique assez bien certaines choses...
Rappel : il y a quatre ans... :
"Un investisseur respecté compare la dette des USA à une fraude pyramidale"
(Source : afp) 10 et 11/2010
"WASHINGTON - Le directeur général du fonds obligataire américain Pimco, Bill Gross, l’un des plus grands créanciers privés de l’Etat fédéral, a comparé mercredi la dette publique des Etats-Unis à une gigantesque fraude pyramidale.
Dans sa lettre mensuelle sur les perspectives d’investissement, M. Gross a comparé cette dette à l’escroquerie inventée par l’Italo-Américain Charles Ponzi, condamné en 1920 après avoir leurré des investisseurs avec des rendements qu’il payait grâce à l’arrivée d’autres investisseurs. Le financier new-yorkais Bernard Madoff a été condamné en juin 2009 à 150 ans de prison pour avoir mené une escroquerie de ce type pendant plusieurs décennies.
"La dette publique, en réalité, a toujours eu des ressemblances avec une escroquerie à la Ponzi. A ceci près que les Etats-Unis ont, parfois, remboursé leur dette nationale, mais il y a toujours eu ce postulat que tant qu’on pouvait trouver des créanciers pour rembourser les emprunts anciens, et en acheter de nouveaux, le jeu pourrait continuer indéfiniment", a-t-il affirmé.
"Maintenant, toutefois, la croissance étant mise en doute, il semble que la Fed a poussé la logique de Charles Ponzi un peu plus loin", a-t-il poursuivi, en référence au nouveau programme d’achats de titres de dette publique que s’apprête à lancer la banque centrale américaine. "La Fed, dans les faits, est en train de dire aux marchés de ne pas s’inquiéter de nos déficits budgétaires, et qu’elle sera l’acheteur de premier et peut-être de dernier ressort", a interprété M. Gross.
"Je vous le demande : y a-t-il jamais eu de chaîne de Ponzi plus éhontée ? Non, jamais. Celle-là est tellement unique qu’elle exige un nom nouveau. Je l’appelle la chaîne de Sammy, en l’honneur de l’Oncle Sam et des hommes politiques (ainsi que des citoyens) qui nous ont conduit à ce moment critique de l’Histoire", a-t-il écrit.
M. Gross, un investisseur qui aurait beaucoup à perdre si le monde venait à douter de la capacité des Etats-Unis à rembourser leur dette, critique régulièrement la classe politique américaine, incapable selon lui de montrer du sérieux dans la réduction du déficit budgétaire.
De nombreuses voix se sont élevées aux Etats-Unis et ailleurs depuis plusieurs semaines pour tenter de dissuader la Fed d’injecter de nouvelles liquidités dans le système financier américain, de peur que cette création monétaire ne nuise à la stabilité de l’économie mondiale.
Les critiques envers la Fed d'une autre "voix respectée dans la communauté financière", selon la chaîne d'information financière CNBC, le président du fonds GMO Jeremy Grantham, attiraient également l'attention.
Dans une lettre trimestrielle aux investisseurs, il a comparé la politique monétaire des Etats-Unis à un film d'horreur "incroyablement terrifiant".
"Coller à une politique de taux bas, employer l'assouplissement quantitatif [politique de création monétaire pour stimuler l'activité, ndlr], doper délibérément les prix des actifs, ignorer les conséquences de l'éclatement des bulles spéculatives, et montrer un refus total d'apprendre de ses erreurs, a fait de la politique de la Fed une contribution largement négative à la fabrication d'une économie saine, stable, avec un emploi solide", a-t-il avancé.
Dans une note illustrée d'une fausse affiche de film d'horreur intitulé "Le Retour de la Fed Vivante" en allusion au célèbre "Retour des morts-vivants", M. Grantham a rappelé qu'il critiquait la Fed depuis 15 ans, plaidant pour que sa mission se concentre uniquement sur la stabilité des prix et du système financier, en délaissant la lutte contre le chômage..."
Le pied de nez des banques centrales
jeudi 4 novembre 2010
(Source : Forum Monétaire de Genève)
La Fed a finalement décidé de créer ex nihilo 600 milliards de dollars US de dette supplémentaire pour acheter les obligations d'Etat US et autres actifs toxiques encore détenus par les banques US. Ce qui a eu des effets contradictoires sur les marchés en faisant baisser les métaux précieux, les obligations d'Etat US et le dollar US contre l'euro (sans toutefois que le double top à 1,4160 sur l'euro/dollar US ait été cassé en cloture) mais pas contre le yen japonais ou le franc suisse, tout en faisant légèrement monter les actions US mais fortement monter les actions chinoises (sur lesquelles nous avons des positions à la hausse). La hausse des-dites actions chinoises étant logique puisque l'essentiel de cette nouvelle liquidité ira s'investir finalement non pas aux USA mais en Asie. Un pied de nez aux électeurs US qui viennent de se prononcer pour la diminution de la dette publique US. Pendant ce temps, la BCE, elle-aussi, achète les obligations irlandaises et autres, un autre pied de nez aux gouvernements européens cette fois-ci, qui ont décidé la diminution de leurs déficits publics. Sans compter que la Banque d'Angleterre fait la même chose avec les dettes anglaises. Autrement dit, les banques centrales font ce qu'elles veulent, sans tenir compte de la volonté des populations ou des gouvernements.
Tout cela se terminera mal. D'autant que ces achats de dettes au moyen de la planche à billets n'empêcheront pas les défauts de paiement étatiques à venir, ni les économies occidentales de rester pour la plupart d'entre elles en récession. A court terme, la situation européenne (Suisse et Allemagne exceptées) est plus grave que l'Américaine. Parce que l'administration Obama est désormais hors d'état de nuire, ce qui stoppera tout nouveau dérapage de la politique budgétaire US même si la politique monétaire US reste encore hors de tout contrôle, et parce que le Quantitative Easing européen finira par déraper dans l'inconnu, puisque plusieurs Etats du Club Med ou “PIIGS” de la zone euro sont loin d'avoir atteint le pire de leur dérive budgétaire comme de leur endettement, sans parler des banques européennes qui devront un jour provisionner les mauvaises dettes publiques qu'elles détiennent à leur valeur réelle qui lentement mais surement se rapproche de zéro.
Il faut attendre quelques jours pour voir comment les marchés vont réagir et tirer quelques conclusions opératives de la pagaille actuelle, d'autant que la guerre des monnaies pourrait avoir été relancée à quelques jours de la réunion du G20 qui promet d'être plus tendue que jamais parce que les pays émergents submergés par les liquidités occidentales nouvellement créées n'entendent pas en subir les conséquences en terme de surévaluation artificielle de leurs monnaies et autres actifs. Contrairement aux déclarations lénifiantes du FMI et du G20, c'est le chacun pour soi qui prévaut et la guerre des monnaies se terminera en guerre commerciale. L'on pourra alors remercier Bernanke et Trichet d'en avoir été les initiateurs. Et d'avoir fini par couler l'amorce de stabilisation économique mondiale, qui est à mettre au crédit des efforts des pays émergents que l'on remercie en les étouffant un peu plus.
Contrairement à une croyance générale, l'institut d'émission des Etats-Unis est, en fait, une machine à fabriquer de l'argent détenue par un cartel bancaire privé, qui gagne d'autant plus que les taux sont élevés. Mine de rien, il imprime des dollars à bon marché et les revend plus cher.
L'institut d'émission des Etats-Unis, appelé aussi « Réserve fédérale » ou « FED », revient constamment en point de mire lorsque le monde financier international se demande, anxieux, s'il va modifier son taux directeur ou non.
L'abréviation FED se rapporte au « Board of Governors of the Federal Reserve System », c'est-à-dire à la conférence des gouverneurs du « Federal Reserve System » érigé il y a 93 ans.
Il s'agit non pas d'une banque centrale traditionnelle, mais de la réunion de cinq banques privées régionales tout d'abord, de douze banques actuellement, disséminées aux Etats-Unis, habilitée chacune à porter le nom de Federal Reserve Bank, un petit nombre d'initiés seulement sachant à qui elles appartiennent.
Un seul point est certain : elles n'appartiennent pas à l'Etat. Néanmoins, elles exercent les fonctions d'un institut d'émission de l'Etat.
Elles prennent leurs décisions au sein du Federal Reserve Board, dont le président les représente à l'extérieur et dont les séances ont lieu à Washington dans leur propre et imposant monument historique. La plus importante de ces banques privées est la Federal Reserve Bank of New York, qui contrôle l'énorme place financière de cette ville.
Privilèges d'une machine à fabriquer de l'argen
Ce cartel de banques privées dispose de privilèges incroyables, dont trois doivent être soulignés :
- En imprimant des dollars, la FED convertit à moindres frais du papier sans valeur en dollars et prête ceux-ci aux Etats-Unis ainsi qu'à d'autres Etats et à d'autres banques contre reconnaissances de dettes.
Au cours de son histoire, le cartel a donc créé des milliards de créances à partir du néant et encaissé des intérêts en permanence, ce qui lui assure un profit annuel atteignant des milliards.
Ainsi, aucun gouvernement américain ne doit se faire des soucis à propos du déficit budgétaire, tant que ces messieurs en complet sont à ses côtés et - tel est le cas du financement des guerres durant la présidence de Bush - mettent en branle la planche à billets en cas de besoin.
- Le privilège des intérêts permet à la FED de fixer elle-même les taux et il est évident qu'elle a le plus grand intérêt à encaisser les plus hauts intérêts possibles. Les taux atteignent donc un niveau souvent particulièrement élevé et occasionnent périodiquement des crises - ce qui est le cas actuellement [2007] et donne l'occasion à la FED d'intervenir ultérieurement comme sauveur.
Les intérêts opèrent en permanence une ponction sur le pouvoir d'achat des citoyens américains en faveur des banquiers de la FED, par les intérêts des crédits comme par les impôts transformés en intérêts dus à la FED en raison de l'énorme service de la dette publique.
Modifiant constamment les taux d'intérêt, la FED change les conditions cadres de la plus grande économie du globe et de la plus importante bourse des actions, celle de Wall Street, qui, principale bourse du monde, diffuse des signaux en direction des autres bourses.
- Pour être en mesure de résoudre les crises bancaires, la FED gère les réserves monétaires de ses banques membres (rémunérées à raison de 6% par année), qu'elle remet à disposition du système bancaire lors de l'éclatement d'une de ces crises.
Actuellement [2007], la FED s'efforce de prévenir, en fournissant à maintes reprises des liquidités aux banques, une crise financière mondiale causée par le krach du système de financement immobilier américain. Comme de nombreuses banques américaines de crédit hypothécaire ont sagement lié leurs crédits à des papiers-valeurs et transmis ainsi leurs problèmes à des banques européennes, celles-ci ont commencé aussi à vaciller.
Mais c'est la FED et son ancien président, Alan Greenspan, qui ont provoqué cette crise. En abaissant rapidement et dramatiquement les taux d'intérêt - après avoir porté le taux directeur jusqu'au niveau exorbitant de 6% -, et avoir approvisionné l'économie américaine excessivement en liquidités, Greenspan avait tenté, à partir du 3 janvier 2001, d'enrayer la plus forte chute boursière depuis 50 ans.
Au 25 juin 2003, le taux directeur était tombé à son niveau minimal de 1%, ce qui avait permis aux banques d'octroyer des crédits aux taux extrêmement bas et ce qui avait fait tomber de nombreuses familles dans le « piège du crédit », les incitant à acheter des logements à crédit, à des conditions auxquelles elles ne pouvaient faire face qu'à des taux bas.
Crise provoquée par la FED
A la fin du cycle des taux d'intérêt, Greenspan avait provoqué une situation qui avait déclenché une avalanche.
En effet, la FED a majoré douze fois de 0,25% son taux directeur, du 30 juin 2004 au 29 juin 2006, le portant alors à 5,25%. Il dépasse ainsi de 525% le taux fixé il y a quatre ans !
Les taux fixés pour les crédits hypothécaires sont montés en conséquence et ont atteint un niveau que toujours davantage de familles ne peuvent pas supporter. Comme la propension à épargner est actuellement négative aux Etats-Unis, que la plus grande partie de la population doit recourir au crédit et que les carnets d'épargne ne jouent guère de rôle, la crise s'accentue.
Vu que, depuis l'année précédente, toujours davantage de bailleurs de fonds hypothécaires sont - tout comme leurs clients - en retard dans leurs paiements à d'autres banques, le système bancaire est en crise, celle-ci ayant atteint un point culminant en août 2007, lorsque la FED et la Banque centrale européenne (BCE) n'ont pu stabiliser le système que par plusieurs injections de liquidités.
La crise des liquidités bancaires s'est immédiatement répercutée sur la bourse, qui réagit généralement de manière sensible aux variations de taux de la FED. En effet, la hausse des taux rend les titres à intérêt fixe plus attrayants que les actions, freine l'économie, est donc un poison pour la bourse et abaisse les cours des actions. Ainsi a commencé septembre 2007...
Les motifs des banques de la FED
Pour comprendre la manière d'agir et les motifs de la FED, qui paraissent parfois curieux, il faut jeter un coup d'oil sur l'histoire de l'institut d'émission.
La proposition d'établir une banque centrale est due au banquier allemand Paul Warburg.
La crise financière et bancaire déclenchée en automne 1907 par la faillite de Knickerbocker Trust Co. et la situation menaçante de Trust Company of America a mis en péril 243 banques, car aucune institution n'était en mesure de mettre temporairement des fonds à leur disposition pour surmonter leurs difficultés de paiement.
Dans un discours prononcé peu de mois auparavant à la Chambre de commerce de New York, le banquier John Pierpont Morgan avait prévu par hasard cette crise et appelé à fonder une banque centrale. La crise se prêtait à merveille au soutien de cette revendication. Par la suite, Morgan a joué un rôle essentiel, à l'arrière-plan, dans la réalisation du projet.
Initialement copropriétaire de la banque Warburg de Hambourg, Paul Warburg avait épousé en 1893, lors d'un séjour aux Etats-Unis, la fille de Salomon Loeb, de la banque new-yorkaise Kuhn, Loeb & Co., qui a fait de lui et de son frère Felix des partenaires de la banque (fusionnée en 1977 avec Lehman Brothers).
Pourvu généreusement par la Banque Kuhn Loeb d'un salaire annuel de 5 millions de dollars, Paul Warburg s'est occupé uniquement, pendant les six ans qui ont suivi la crise bancaire, d'une « réforme bancaire » tendant à ériger une banque centrale d'après le modèle de la Banque d'Angleterre, laquelle appartenait alors à des banquiers privés.
Ce faisant, il a été soutenu par le sénateur Nelson D. Aldrich, beau-père du premier héritier milliardaire américain, John D. Rockefeller junior, connu comme porte-parole du banquier J.P. Morgan au Congrès des Etats-Unis.
Conspiration au yacht-club de Jekyll Island
En novembre 1910 finalement, un groupe de personnes triées sur le volet s'est rassemblé, sous prétexte d'une excursion de chasse, dans un wagon de chemin de fer aux jalousies fermées du yacht-club que possédait le banquier J.P. Morgan à Jekyll Island, en Géorgie.
Lors de cette réunion secrète, taxée ultérieurement de conjuration, Paul Warburg, représentant de Kuhn Loeb et d'autres banques ainsi que deux banquiers de J.P. Morgan, représentant aussi les intérêts du groupe Rothschild, et deux du groupe Rockefeller ont décidé d'aider le sénateur Aldrich à rédiger en neuf jours un projet de loi que le Républicain vaniteux entendait présenter en son nom au Congrès.
Il s'agissait non pas d'une banque centrale, mais seulement d'une société privée nationale de réserve dont plusieurs comptoirs devaient être disséminés aux Etats-Unis et dans lesquels des banques affiliées volontairement devaient déposer des réserves monétaires de crise.
En raison de ses relations bien connues avec le centre financier et boursier de Wall Street, Aldrich a échoué, la majorité méfiante des députés voyant à juste titre dans son projet un plan tendant à assurer à un cercle restreint de banquiers puissants et liés les uns aux autres une position dominante et, partant, la possibilité de réaliser des profits énormes dans l'économie américaine.
Les requins de Wall Street ne se sont évidemment pas découragés et ont profité des élections présidentielles de 1912 pour faire élire le candidat démocrate Woodrow Wilson, qu'ils ont soutenu massivement sur le plan financier.
Pendant la lutte électorale, il s'est fait passer pour un adversaire du « Wall Street Money Trust » et a promis au peuple un système monétaire exempt de main-mise des banquiers internationaux de Wall Street. En fait, la conception de la banque centrale a été élaborée par le groupement qui semblait avoir perdu la partie.
En tout cas, les Schiff, Warburg, Kahn, Rockefeller et Morgan avaient misé sur le bon cheval.
Sous le titre de « Federal Reserve Act » qui dissimule sa portée et qui prétendument réduit à néant le projet de banque centrale formulé par Wall Street, ils ont déversé le 23 décembre 1913 sur des députés démocrates des mieux disposés et avec le soutien du président Wilson, un projet de loi très peu modifié et ont requis l'approbation du Congrès alors que de nombreux députés non informés prenaient déjà leurs vacances de Noël et que très peu avaient lu le texte du projet.
Le plus grand cartel du monde
Les rares députés qui ont perçu la nature de ce jeu pervers n'ont guère pu se faire entendre. Avec sagesse, le conservateur Henry Cabot Lodge senior a prévu « une inflation énorme de moyens de paiement » et que « la monnaie d'or serait noyée dans un flux de papier-monnaie non échangeable ».
Après le vote, Charles A. Lindbergh senior, le père du célèbre aviateur, a déclaré au Congrès : « Cette loi établit le cartel le plus important au monde [.] et légalise ainsi le gouvernement invisible de la puissance financière [.]. Il s'agit du projet de loi Aldrich déguisé [.]. La nouvelle loi provoquera de l'inflation tant que le cartel le souhaitera [.]. »
Lindbergh avait raison, comme le prouve le « privilège du dollar ». Avant l'établissement du Système fédéral de réserve, des banques privées avaient déjà imprimé des billets. Dans les années soixante du XIXe siècle, il y avait encore 8000 sortes de billets, émises par des « State Banks » privées avec l'autorisation de l'Etat. A partir de 1880, 2000 banques pourraient avoir encore émis leurs propres billets. Depuis 1914, le chiffre s'est limité à la douzaine de banques privilégiées.
Quand le président Abraham Lincoln a eu besoin d'argent, en 1861, pour financer la guerre civile et que les crédits des banques Rothschild, financiers traditionnels des guerres, lui sont devenus trop chers, il a éludé le privilège des banques privées et fait imprimer un billet d'Etat, le « Greenback ». Il ne devait pas survivre longtemps à cette démarche téméraire. En 1865, il a été assassiné par un tireur isolé, abattu lui-même lors de sa fuite...
Le successeur de Lincoln, Andrew Johnson, a suspendu l'impression de billets pour des raisons inexplicables.
Le prochain président qui a voulu redonner à l'Etat le monopole de l'impression de billets a été John F. Kennedy.
Tentative de Kennedy de priver la FED de son pouvoir
Peu de mois avant son assassinat, John F. Kennedy a été semoncé par son père Joseph dans le salon ovale de la Maison Blanche. « Si tu le fais, ils te tueront ! »
Mais le président ne s'est pas laissé dissuader. Le 4 juin 1963, il a signé l'acte exécutif numéro 111 110, abrogeant ainsi l'acte exécutif 10289, remettant la production de billets de banque dans les mains de l'Etat et privant en grande partie de son pouvoir le cartel des banques privées.
Après que quelque 4 milliards de dollars en petites coupures nommées « United States Notes » eurent déjà été mises en circulation et alors que l'imprimerie de l'Etat s'apprêtait à livrer des coupures plus importantes, Kennedy a été assassiné le 22 novembre 1963, soit 100 ans après Lincoln, par un tireur isolé abattu lui-même plus tard.
Son successeur s'appelait Lyndon B. Johnson. Lui aussi a suspendu l'impression de billets pour des raisons inexplicables. Les douze banques fédérales de réserve ont retiré immédiatement les billets Kennedy de la circulation et les ont échangés contre leurs propres reconnaissances de dette.
Grâce à son monopole de production illimitée d'argent, le cartel bancaire du Système fédéral de réserve dispose d'une énorme machine à fabriquer de l'argent, qui lui permet de gagner énormément.
Qui se cache derrière ce système est un secret bien gardé. Car il faut distinguer entre les banques propriétaires et les simples banques membres, qui déposent des réserves monétaires pour, le cas échéant, être sauvées par la suite.
Il y a quelques années, la Federal Reserve Bank of New York a publié les noms de ces banques membres, qui n'ont par ailleurs aucun droits. La rémunération annuelle de leurs dépôts se chiffre à 6%. Mais le niveau de leurs parts est tenu secret comme les noms des propriétaires des banques fédérales de réserve, initialement trois, aujourd'hui quatorze.
Critique après le krach de 1929
Paul Warburg a refusé la présidence du Federal Reserve Board en 1910, alors que ce juif allemand à l'accent prononcé, juste avant le début de la guerre contre l'Allemagne, venait d'acquérir la nationalité des Etats-Unis. Toutefois, il devint membre du Conseil d'administration et du puissant Council on Foreign Relations, qui passe encore aujourd'hui pour le berceau des politiciens américains et des banquiers de la FED.
Les efforts qu'il a déployés pendant de longues années pour fonder l'institut d'émission américain lui ont valu non seulement de l'argent et des honneurs dans la haute finance, mais aussi la pire expérience de sa vie. En 1928, il a exigé sans succès une limitation de la circulation monétaire afin de freiner la spéculation boursière qui rappelait la ruée vers l'or. Mais ceux qui étaient disposés à l'entendre sont restés rares ; on le nommait la Cassandre de Wall Street.
Après le krach d'octobre 1929, il devint la cible de ceux qui avaient perdu leur patrimoine. Des rumeurs, des brochures et des articles de presse l'ont décrit, lui qui avait tenté d'entraver les catastrophes financières, comme « l'auteur non américain » de la panique boursière d'alors. On a pu lire que « Paul Warburg avait prêté avec sa bande de l'argent au Système fédéral de réserve afin de mettre en mains juives les finances américaines et d'exploiter l'Amérique jusqu'à son épuisement. » De telles légendes se sont poursuivies jusqu'à la Seconde Guerre mondiale...
Aigri par ces attaques, il est décédé en 1932. En 1936-1937, les cours des actions ont baissé de 50%, en 1948 de 16%, en 1953 de 13%, en 1956 de 13%, en 1957 de 19%, en 1960 de 17%, en 1966 de 25% et en 1970 de 25%. Ont suivi le krach d'octobre 1987, les chutes de cours de 1990, 1992 et de 1998 ainsi que, finalement, la forte baisse d'avril 2000 à mars 2003 et la crise actuelle qui a commencé en août/septembre 2007 et dont les effets sont incertains. (YH : malgré de nouveaux mensonges (électoraux pour certains) sur une "nette" reprise en 2009, on voit ce que ça donne à fin 2011... et c'est de pire en pire en 2014... ce système n'a JAMAIS fonctionné... sauf pour la mafia... ).
Aujourd'hui, on répand le bruit - mais ne le confirme pas - que le groupe bancaire Rockefeller détient 22% des actions de la Federal Reserve Bank of New York et 53% de tout le Système fédéral de réserve. Principal acquéreur de bons du Trésor des Etats-Unis, la Banque du Japon possèderait 8% de ces actions. On attribue 66% aux banques purement américaines et 26% aux vieilles banques européennes (dont 10% aux banques Rothschild).
Source : « International » III/2007 [revue trimestrielle autrichienne de politique internationale]
(Traduction Horizons et débats, N°1/2, 14 janvier 2008)
Ce qui suit est une interview de Ron Supinski, Directeur des relations médiatiques pour la Reserve Fédérale (FED) de San-Francisco, extrait du Livre jaune N°7.
Journaliste : M. Supinski, mon pays contrôle-t-il le Federal Reserve System ?
M. Supinski : Nous sommes un bureau qui représente le gouvernement.
J. : Ce n’est pas ma question. Est-ce-que mon pays contrôle ce système ?
S. : C’est un bureau du gouvernement qui a été créé par le Congrès.
J. : Le Federal Reserve System est-il une entreprise ?
S. :Oui.
J. : Mon gouvernement tient-il un inventaire des actes du Federal Reserve System ?
S. : Non, ce sont les banques associées qui le font.
J. : Les banques associées sont-elles des sociétés privées ?
S. :Oui.
J. : Les billets de la Federal Reserve Bank sont-ils nantis ?
S. : Oui, par les biens de la Federal Reserve Bank, mais principalement par le pouvoir du Congrès de répartir les impôts sur les citoyens.
J. : Vous disiez - par le pouvoir d’encaisser les impôts - c’est ce qui garantit les billets de la Federal Reserve Bank ?
S. : Oui.
J. : A combien s’élève la totalité des biens de la Federal Reserve Bank ?
S. : La San Francisco Bank possède 36 milliards $ d’actifs.
J. : En quoi consistent ces actifs ?
S. : De l’or de la Federal Reserve Bank, et des garanties d’Etat.
J. : Quel est le taux d’une once d’or dans ses livres ?
S. : Je n’ai pas l’information, mais la San Francisco Bank possède 1.6 milliards $ en or.
J. : Voulez-vous dire que la Federal Reserve Bank de San Francisco possède 1.6 milliards $ en or, en tant que banque, le solde de cette fortune sont les garanties d’État ?
S. : Oui.
J. : Où la Federal Reserve se procure-t-elle les billets ?
S. : Ils sont autorisés par le Trésor.
J. : Combien la Federal Reserve paie-t-elle un billet de 10 $ ?
S. : De 50 à 70 cents.
J. : Combien payez-vous un billet de 100.000 $ ?
S. : Le même montant, de 50 à 70 cents.
J. : 50 cents pour 100.000 $, c’est un profit énorme.
S. : Oui.
J. : La Federal Reserve Bank paie 20,60 $ pour une valeur nominative de 1.000 $, c’est-à-dire un peu plus de 2 cents pour une facture de 100.000 $, est-ce correct ?
S. : C’est bien cela.
J. : La Federal Reserve Bank n’utilise-t-elle pas les billets qu’elle paie 2 cents l’unité pour racheter les obligations d’État au gouvernement.
S. : Oui, mais c’est aussi plus que cela.
J. : Dans l’ensemble, c’est ce qui se produit.
S. : Oui, dans l’ensemble c’est vrai.
J. : Combien de billets de la Federal Reserve Bank sont-ils en circulation ?
S. : II y en a pour 263 milliards $, mais nous ne pouvons rendre compte que pour un faible pourcentage.
J. : Où sont passés les autres billets ?
S. : Enterrés sous les matelas des gens, et l’argent de la drogue.
J. : Depuis que les dettes sont payables en billets de la Federal Reserve Bank, comment pourrait-on rembourser 4.000 milliards $ de dettes publiques avec la totalité des billets en circulation ?
S. : Je ne sais pas.
J. : Si le gouvernement fédéral récoltait chaque billet en circulation, serait-il mathématiquement possible de rembourser ces 4.000 milliards $ ?
S. : Non.
J. : Est-ce correct si je dis que pour 1 $ de dépôt dans I’une banque affiliée, 8 $ pourraient être prêtés, avec assez de marge politique ?
S. : A peu près 7 $.
J. : Corrigez-moi si je me trompe, mais ce seraient 7 $ de la Federal Reserve Bank qui n’ont jamais été mis en circulation. Mais je dirais, par manque de vocabulaire, créés à partir de rien, les crédits et les 2 cents de valeur numéraire n’ont jamais été payés. En d’autres termes, les billets de la Federal Reserve Bank n’étaient pas réellement imprimés et créés, seulement générés comme entrée comptable et prêtés avec intérêt. Est-ce correct ?
S. : Oui.
J. : Est-ce la raison pour laquelle il n’y a que 263 milliards $ en circulation ?
S. : C’est en partie la raison.
J. : Est-ce que j’interprète bien quand je dis que la loi qui a été votée en 1913 a transféré le pouvoir de frapper la monnaie du Congrès à une société privée. Et mon pays emprunte maintenant ce qui devrait être notre argent à la Federal Reserve Bank, plus les intérêts. Est-ce correct - les dettes ne pourront jamais être remboursées - sous le régime monétaire que nous avons ?
S. : Dans le fond, oui.
J. : Je sens là un piège, pas vous ?
S. : Désolé, je ne peux pas répondre à cette question, je travaille ici.
J. : Les comptes de la Federal Reserve Bank ont-ils été vérifiés ?
S. : Ils sont vérifiés.
J. : Pourquoi y-a-t-il une résolution (No 1486) pour une vérification complète des livres par la GAO, et pourquoi la Federal Reserve Bank fait-elle de la résistance ?
S. : Je ne sais pas.
J. : La Federal Reserve Bank régule-t-elle la valeur de ses billets, et les taux d’intérêt ?
S. : Oui.
J. : Expliquez-nous comment le système de la Federal Reserve Bank peut être constitutionnel, si seul le Congrès a le pouvoir constitutionnel de frapper la monnaie, de la diffuser et de réguler sa valeur (Article 1, section 1 et 8) ? II n’est écrit nulle part dans la Constitution que le Congrès a le droit de transférer un pouvoir constitutionnel à une société privée, ou bien ?
S. : Je ne suis pas un expert en droit constitutionnel, mais je peux vous conseiller notre département juridique.
J. : Je peux vous le confirmer, j’ai lu la Constitution. Elle ne permet pas le transfert d’un pouvoir à une société privée. N’est-il pas spécifié que tous les pouvoirs appartiennent à l’État et aux citoyens, pas à une personne privée ? Est-ce valable pour une entreprise privée ?
S. : Je ne pense pas, mais nous avons été créés par l’Assemblée constituante.
J. : Etes-vous d’accord avec moi si je vous dis que c’est notre pays et que ce devrait être notre argent, comme le dit la Constitution ?
S. : Je comprends ce que vous dites.
J. : Pourquoi devrions-nous emprunter notre argent à une société privée qui nous demande en plus des intérêts ? N’est-ce pas la raison pour laquelle nous avons fait une révolution, devenir un peuple souverain avec des droits propres ?
S. : (ne veut pas répondre).
J. : Est-ce-que ce sujet a été contrôlé par la Cour constitutionnelle ?
S. : Je crois qu’il y a une jurisprudence à ce sujet.
J. : Y a-t-il eu des cas devant la Cour suprême ?
S. : Je pense que oui, mais je ne suis pas sûr.
J. : La Cour suprême n’a-t-elle pas confirmé à l’unanimité dans le A.L.A. (Schlechter Poultry Corp. vs US, et Carter vs. Carter Coal Co.) par décret que la corporation est une délégation anticonstitutionnelle du pouvoir législatif ? C’est une délégation législative sous sa forme la plus choquante ; en soi, ce n’est pas une délégation envers un groupe, une corporation ou une société officielle, qui régule de façon désintéressée sans doute ce qui est commun, et de façon intéressée les affaires privées d’une personne. (Carter vs. Carter Coal Co.)
S. : Je ne sais pas, mais allez donc voir notre département juridique.
J. : Le système monétaire actuel n’est-il pas un château de cartes qui DOIT s’écrouler, parce que les dettes ne pourront jamais être remboursées ?
S. : II semble que oui. Je peux vous dire que vous connaissez bien le sujet et que vous voyez clair. Cependant, nous avons une solution.
J. : Quelle est cette solution ?
S. : La carte de débit.
J. : Parlez-vous de I’EFT Act (Electronic Funds Transfer) ? N’est-ce pas inquiétant quand on connaît la capacité des ordinateurs ? II donnera à l’État et à ses délégations, la Federal Reserve Bank inclue, des informations comme : "Vous étiez à la pompe à essence à 2H30, vous avez acheté pour 10 $ d’essence sans plomb à 1,41 $ le gallon. Puis vous avez été au supermarché à 2H58, vous avez acheté du pain, de la viande et du lait pour 12,32 $, et à 3H30 vous êtes allé à la pharmacie où vous avez acheté des médicaments pour 5,62 $". En d’autres termes, vous sauriez quand et où nous allons, combien a payé le grossiste et combien de bénéfice il a fait. Avec ce système EFT vous sauriez tout sur nous. N’est-ce pas inquiétant ?
S. : Oui, c’est surprenant.
J. : Je sens un piège énorme qui a roulé notre Constitution dans la farine. Ne payons-nous pas une contribution énorme sous forme d’impôts sur le revenu à un consortium privé de banques ?
S. : Je n’appelle pas cela une contribution, ce sont des intérêts.
J. : Les banques en question ne sont-elles pas assermentées pour défendre la Constitution vis-à-vis d’ennemis de l’intérieur ou de l’extérieur ? La Federal Reserve Bank n’est-elle pas un ennemi de l’intérieur dans ce cas précis ?
S. : Je ne dirais pas cela.
J. : Nos fonctionnaires de la Federal Reserve Bank sont coupables de favoritisme personnel, ils détruisent notre Constitution, ce qui est une trahison. La peine de mort n’est-elle pas le châtiment pour une trahison ?
S. : Je pense que oui.
J. : Merci pour les informations et le temps que vous nous avez accordés, si je pouvais je vous dirais d’entreprendre les démarches nécessaires pour vous protéger vous et votre famille, et retirer votre argent des banques, avant que le système ne s’effondre. Moi je le ferai.
S. : La situation n’est pas bonne.
J. : Puisse Dieu être miséricordieux pour les esprits qui sont derrière ces actions anticonstitutionnelles et criminelles que l’on appelle Federal Reserve Bank. Si les masses toutes puissantes se réveillaient et comprenaient ce tour de passe-passe, elles ne le prendraient pas pour un grain de sable. C’était un plaisir de parler avec vous et je vous remercie pour votre disponibilité. J’espère que vous suivrez mon conseil avant que tout ne s’effondre.
S. : Malheureusement, cela ne se présente pas bien.
J. : Passez une bonne journée et merci encore.
S. : Merci pour votre appel.
Source : « International » III/2007 [revue trimestrielle autrichienne de politique internationale]
(Traduction Horizons et débats, N°1/2, 14 janvier 2008)
(Source : Aleth/NewsOfTomorrow)
YH : Notez bien que tout ce qui est dit ci-dessus est toujours valable en ce moment même...
Yves Herbo-MPSA-Mémoires d'un Piège-03-12-2014
Economie : mémoires d'un piège - 1
Economie : mémoires d'un piège - 1
1 dollar américain
La catégorie Politique/Économie va s'enrichir d'une rubrique Mensonges Politiques. Elle présentera des articles, vidéos et interviews concernant les données historiques accumulées au fil du temps et jusqu'à demain (l'Histoire n'étant pas uniquement tournée vers le passé mais une science liée au Temps dont les implications sont obligatoirement présentes et futures). Il s'agit donc bien d'une accumulation de preuves concernant non seulement la réalité d'un système corrompu à grande échelle, mais aussi de la réalité d'une volonté bien organisée, historiquement et volontairement, pour en arriver là où le monde se retrouve actuellement. Il s'agit aussi de mémoires car le renouvellement des sites et pages internet fait que de nombreux liens, références et sources disparaissent au fil du temps. Des documents gênants ou témoignages contestés peuvent aussi être supprimés (pour des raisons x), ce qui peut être dommageable parfois pour l'Histoire et la réalité des faits, ou son approche globale.
Les pouvoirs publics, tant mondiaux que nationaux, relayés par des médias aux ordres en grande majorité ou détenus par des individus très impliqués dans la finance, ne se privent pas pour prendre leurs concitoyens pour des imbéciles : ils feignent d'être surpris par cette "nouvelle crise" de la dette publique, après celle des "subprimes" en 2007 puis de la chute (également annoncée plusieurs années avant) de grands comptes américains (Lehman Brothers...) en 2008 (rappelons ici que les USA ont bien nationalisé un grand groupe, pour le sauver - Freddie Mac et Fannie Mae (FHLMC)).
Chaque concitoyen du monde peut heureusement, s'il fait un peu d'effort et est un peu curieux de comprendre pourquoi, à peine né, il se retrouve prit dans un système qui lui fait passer en moyenne les vingt premières années de sa vie à accumuler (ou pas) des données d'ordre générale (pas toujours exactes et souvent accompagnées de postulats du même ordre), puis soit se spécialiser encore quelques années ou entamer, peu souvent dans le métier où son talent individuel est mis à contribution, une carrière (ou non) pour récupérer un outil nommé argent qui lui permettra (peut-être) de construire sa vie. Et ceci pendant les 45 à 50 ans suivant (si pas de problèmes de santé ou autre avant) avant de reperdre souvent pendant ses vingt dernières années (si tout va bien) tout ce qu'il a apprit... on parle aussi beaucoup de l'allongement de la durée de la vie, mais on oublie de dire que 90% de cet "allongement" de la vie consiste à la passer son temps avec des bouteilles à oxygène pour pouvoir respirer ou en des allez-retour incessants dans les hôpitaux... Internet est un formidable outil de communication et permet à chacun de faire ses propres recherches. Il permet aussi d'éclairer fortement les mensonges (par omission ou non) des politiciens et devrait un tant soit peu ouvrir les yeux à ceux qui croient encore en ces individus qui sont plus liés aux cercles d'influences que compétents.
Voilà tout d'abord une vidéo de moins de 8 minutes qui date de plus de 3 ans. Des citations et déclarations de l'époque de la crise des subprimes, mais on y parle aussi des dette publiques bien sûr. D'autres documents plus anciens prouvent sans conteste que TOUS les gouvernements mondiaux n'ont absolument pris aucune mesure réelle pour empêcher quoique ce soit d'arriver, aussi bien au niveau de l'Euro que du surendettement des États, et ceci depuis au minimum le début des années 2000... Je parle donc bien d'une volonté, d'un désir d'en arriver à cet état où se trouve le monde à fin 2011...
Des citations à caractère religieux peuvent être parfois inclues dans certaines vidéos ou certains articles. Il ne s'agit pas d'incitation ou même de défiance, mais tout simplement de citations informatives. Et n'oublions pas que politique et économie sont parties intégrantes de tous les textes religieux : on y parle d'argent, de marchants et de pouvoirs, de rois et de pauvres... et ceci dans absolument tous les textes religieux du monde.
1996 : des premières alertes sont émises très officiellement par des responsables sérieux auprès des pouvoirs publics mondiaux. Ne me dites pas que tous ces hommes et femmes politiques, dans tous les pays du monde, dont c'est le métier qui les faits vivre, qui sont élus depuis, ou qui se présentent aux élections, n'ont pas été prévenus et ne sont pas au courant depuis des années de ce qui se passait. Ne me dites pas qu'ils n'avaient pas prévu que, de toute façon, ce sera au peuple de se serrer la ceinture pendant que les initiés s'engraisseront avant, pendant et après : ils en font obligatoirement partie...
Comment les mafias gangrènent l’économie mondiale
"Réunis récemment à Genève, sept juges européens lançaient un appel angoissé à la coopération entre les gouvernements pour tenter de contenir une menace mortelle pour les démocraties. Dans un gigantesque partenariat, le crime organisé, appuyé par les pouvoirs politiques et les multinationales de la finance et des affaires, pénètre progressivement tous les secteurs de l’économie mondiale, imposant ses systèmes de corruption en se jouant de la légalité des États. Lesquels se laissent peu à peu gangrener."
A l’ère de la mondialisation des marchés, le rôle du crime organisé dans la marche de l’économie reste méconnu. Nourrie des stéréotypes hollywoodiens et du journalisme à sensation, l’activité criminelle est étroitement associée, dans l’opinion, à l’effondrement de l’ordre public. Tandis que les méfaits de la petite délinquance sont mis en vedette, les rôles politiques et économiques ainsi que l’influence des organisations criminelles internationales ne sont guère révélés à l’opinion publique.
Bourse de Paris
Les sanglants affrontements entre gangs rivaux dans les rues de Chicago appartiennent à la « belle époque » des années 30. Dans la période d’après-guerre, les syndicats du crime ont progressivement gagné en respectabilité, en se comportant de plus en plus en entreprises ordinaires. Depuis lors, le crime organisé est solidement imbriqué dans le système économique. L’ouverture des marchés, le déclin de l’Etat-providence, les privatisations, la déréglementation de la finance et du commerce international, etc., tendent à favoriser la croissance des activités illicites ainsi que l’internationalisation d’une économie criminelle concurrente.
Selon l’Organisation des Nations unies (ONU), les revenus mondiaux annuels des organisations criminelles transnationales (OCT) sont de l’ordre de 1 000 milliards de dollars, un montant équivalent au produit national brut (PNB) combiné des pays à faible revenu (selon la catégorisation de la Banque mondiale) et de leurs 3 milliards d’habitants. Cette estimation prend en compte tant le produit du trafic de drogue, des ventes illicites d’armes, de la contrebande de matériaux nucléaires, etc., que les profits des activités contrôlées par les mafias (prostitution, jeux, marchés noirs de devises...). En revanche, elle ne mesure pas l’importance des investissements continus effectués par les organisations criminelles dans la prise de contrôle d’affaires légitimes, pas plus que la domination qu’elles exercent sur les moyens de production dans de nombreux secteurs de l’économie légale."
Un chef Yakuza parle :
Plus récemment, en août 2011, il y a les intéressantes déclarations d'un chef de famille Yakuza, la mafia japonaise. Les travailleurs japonais apprécieront l'aide apportée par la mafia aux gouvernements conservateurs... :
"Il est exceptionnel qu'un chef mafieux lève ainsi le voile sur ses activités. Pourquoi l'a-t-il fait pour L'Expansion ? Parce que notre façon d'aborder le sujet - sous un angle économique - lui a plu. Pas de sensationnalisme ici : les yakuzas sont bien une réalité économique dans l'archipel, avec plus de 80 000 hommes regroupés en "familles", à la manière des mafias siciliennes. Le clan Inagawakai, dont Kumagai est l'un des boss, est une véritable entreprise criminelle. Sans doute l'homme veut-il aussi rétablir certaines vérités. Il le dira plusieurs fois durant l'entretien : "Il y a beaucoup de fantasmes et d'exagération médiatique" autour des yakuzas. On les voit toujours plus forts, toujours plus riches. "C'est plutôt la tendance inverse", affirme-t-il. Selon lui, les 22 clans yakuzas recensés au Japon sont en déclin. La "faute" à l’État nippon, qui, dit-il, a déclaré la guerre à la mafia il y a deux ans.
Rappel des faits : le 17 avril 2009, le maire de Nagasaki est assassiné en pleine rue par un yakuza. Qualifié de "défi à la démocratie" par le Premier ministre de l'époque, ce crime scelle la rupture du "contrat" qui liait l'Etat et les yakuzas. Pour comprendre comment une telle tolérance a pu exister, il faut revenir quelques décennies en arrière. Après la Seconde Guerre mondiale, d'abord, lorsque l'Etat japonais recourt aux yakuzas pour lutter contre les gangs chinois et coréens qui gangrènent le pays. Dans les années 60, ensuite, quand la pègre brise les grèves ouvrières avec la bénédiction du parti conservateur.
L’État étant neutralisé, la "pieuvre" nippone peut déployer ses tentacules. Racket, jeux, trafic de shabu (amphétamines), prêts usuraires, prostitution... Les mafias s'enrichissent. En 2004, un économiste, Takashi Kadokura, évalue leur trésor de guerre à plus de 6 milliards d'euros ! Adulés, admirés, les yakuzas s'affichent dans les soirées de la jet-set, l'argent coule à flots. Trop d'arrogance ? En 1992, une loi, dite "antigang", est votée pour réduire l'influence et la visibilité des yakuzas. Mais il faudra attendre dix-sept ans pour qu'elle entre en vigueur."
(environ 9 milliards d'euros)
C'est le chiffre d'affaires estimé des 22 familles yakuzas, avec leurs 80 900 membres.
Source: "Yakusa" de Jérôme Pierrat et Alexandre Sargos, Flammarion, 2005.
"Fini, donc, les grands raouts dans les palaces tokyoïtes, la mafia nippone se fait discrète - même si elle a toujours pignon sur rue. En même temps, elle cherche de nouveaux relais de croissance. Quel meilleur moyen, pour se développer, que de prendre pied dans l'économie traditionnelle ? Ces dernières années, les principaux clans yakuzas ont donc largement investi certains secteurs, comme la construction, la Bourse et l'immobilier. Selon les estimations de la police japonaise, plus de la moitié des revenus mafieux viendraient aujourd'hui du commerce "légal". Alors, qui sont vraiment les yakuzas ? Businessmen ou gangsters ? Les deux, en fait. On le constate à la lecture des statistiques : sur les 80 900 membres, 42 300 ont un statut d'"associés". Ils ne sont pas tatoués, comme les "vrais" yakuzas, mais ils gravitent autour de l'organisation. "Ils sont experts en finance, en droit... La moitié du clan Inagawakai, soit 4 800 personnes, est constituée d'associés", explique Masatoshi Kumagai.
Les yakuzas pourront-ils longtemps encore réinjecter leurs profits dans l'économie "blanche" ? Rien n'est moins sûr. Pour survivre, estime Masatoshi Kumagai, ils doivent faire évoluer leur business model. Cet ancien tueur à gages s'y prépare. Déjà, il a trouvé des parades. Confidences d'un boss.
Masatoshi Kumagai est l'un des rares chefs yakuzas à étendre ses activités au-delà des frontières nippones.
Avec sa pochette rose et ses lunettes de marque, on le prendrait presque pour un homme d'affaires classique. Mais il y a ce regard, pénétrant, presque dérangeant. Et ce tatouage que l'on devine sous la montre en or... A 50 ans, Masatoshi Kumagai est l'un des parrains d'Inagawakai, le deuxième clan yakuza japonais.
Né à Sendai, il voulait, dit-il, devenir policier. Mais son destin chavire le jour où il aide l'un de ses amis à se venger de voyous qui l'ont passé à tabac. "Il m'avait nourri, à un moment de ma vie où je mourais de faim. Je ne pouvais pas le laisser tomber." La rixe tourne mal, il se fait arrêter, a les honneurs de la presse locale. "Après, je n'ai plus eu le choix, je devais continuer dans cette voie", raconte-t-il. Il devient yakuza, et montre de telles aptitudes que l'"oyabun", le chef suprême de l'organisation, le prend directement sous son aile."
"Les yakuzas ont-ils été touchés par la crise?
" Ce qui nous a surtout affectés, c'est le changement d'attitude des autorités japonaises à notre égard. Jusqu'en 2009, nous pouvions exercer nos activités, il y avait une tolérance du pouvoir. Certes, il existait des lois antiyakuzas, comme celle de 1992, mais il n'y avait pas de vrai contrôle. A partir de 2009, tout a changé. Affaibli par la crise, le gouvernement s'est mis à nous combattre. C'était pour lui un moyen de faire remonter sa cote de popularité. Du coup, la réglementation est devenue très contraignante. Et les policiers n'ont plus du tout d'indulgence à notre égard. "
Quel a été l'impact de cette "déclaration de guerre" de l'Etat japonais sur le business mafieux?
Certaines de nos activités sont en perte de vitesse. Le racket, par exemple. Désormais, un commerçant qui donne de l'argent à un clan yakuza en échange de sa "protection" peut être inquiété par la police. La première fois, il reçoit un avertissement. S'il continue à payer, il aura affaire à la brigade antigang et écopera d'une lourde peine. On lui confisquera son droit d'exploitation. Dans certains secteurs où les yakuzas sont traditionnellement bien implantés, comme le BTP, il est aussi de plus en plus difficile de faire du business. Ainsi, des sociétés détenues par des yakuzas ne peuvent plus répondre à des appels d'offres.
Vous pouvez le faire de façon indirecte, via des sociétés écrans...
Nous avons des liens avec certains groupes de bâtiment et de travaux publics, je ne vous dirai pas le contraire. Mais ces montages sont complexes à réaliser. Il y en a de moins en moins.
Les yakuzas sont-ils toujours très actifs dans la sphère financière?
Là aussi, notre présence faiblit. Longtemps, les yakuzas ont pu influer sur les cours boursiers, parce que nous avions les informations avant tout le monde. Ce n'est plus le cas. Les derniers grands scandales financiers l'ont montré, les yakuzas n'ont plus "l'exclusivité" en matière de délit d'initié. Il n'y a plus vraiment de frontières entre le monde légal, celui des traders, et le monde illégal, celui des yakuzas.
Envoyez-vous toujours des perturbateurs dans les assemblées générales des grands groupes pour déstabiliser le management?
Des sokaya ? Non, il n'y en a presque plus. La police a interdit cette pratique.
A vous entendre, les yakuzas sont en train de disparaître...
Leur influence diminue, ils doivent se faire de plus en plus discrets. [Masatoshi Kumagai se tourne brusquement vers l'interprète, il semble contrarié] J'ai l'impression que vous ne me croyez pas. D'autres yakuzas mettraient un point d'honneur à vous affirmer que tout va bien. Moi, je veux être honnête avec vous. Les yakuzas sont en perte de vitesse, je vous le garantis. Bien sûr, il reste quelques gros business, comme la drogue, mais les yakuzas ne gagnent plus autant d'argent qu'avant. Les chiffres que l'on trouve dans la presse - quelques centaines de millions d'euros, voire des milliards - sont exagérés.
Qu'allez-vous faire pour enrayer ce déclin?
Ma réponse n'engage que moi, je ne pense pas que d'autres chefs yakuzas vous diraient la même chose. Nous vivons depuis 2009 une profonde mutation. Depuis leurs origines, les yakuzas se sont toujours développés localement. Aujourd'hui, à cause de la crise économique et du contrôle strict de l'Etat, il faut aller chercher de nouveaux business à l'étranger. Mais c'est d'autant plus difficile que nous n'avons jamais tissé de liens avec d'autres milieux mafieux, que ce soit à Taïwan, à Hongkong ou au Vietnam.
Dans quels pays cherchez-vous à vous développer? Et dans quel type d'activité?
Principalement en Asie. J'interviens dans des "deals" qui sont réalisés entre des partenaires installés dans différents pays, notamment la Chine et la Corée du Sud. Je sers d'intermédiaire. J'investis également dans des entreprises asiatiques. Récemment, je suis entré dans le capital de casinos, à Macao. C'est très difficile à faire, je suis le seul Japonais à y être parvenu. De façon plus générale, je ne connais pas d'autres chefs yakuzas qui partent ainsi à la conquête de l'étranger. Moi, ça fait longtemps que je regarde au-delà des frontières.
Quel type de réseau activez-vous pour décrocher ces contrats?
J'ai toutes sortes de contacts, dans des sociétés officielles comme dans le "milieu". Ce qui est rassurant, c'est que les yakuzas ont toujours une bonne image à l'étranger. Je reviens de Harbin [dans le nord-est de la Chine]. Là-bas, les gangsters se tatouent et s'habillent comme nous le faisions il y a trente ou quarante ans ! C'est plutôt de bon augure. Les liens que nous tissons avec eux aujourd'hui nous permettront d'investir demain.
Quel est le chiffre d'affaires des clans les plus puissants?
Personne ne le connaît vraiment, même au plus haut niveau des organisations. Chaque "famille" a sa propre activité - prêts usuriers, stupéfiants, salles de jeu, business légal... Et, au sein des familles, chacun des membres fait, en plus, son propre business, qu'il garde secret. Il est trop dangereux de le divulguer. Les ennemis sont partout. En ce qui me concerne, je ne dis pas à mes hommes ce que je fais...
Comment les yakuzas sont-ils perçus dans la société japonaise? Leur image a-t-elle changé?
Les gens n'ont plus peur de nous. Les autorités non plus. Le risque, pour nous, c'est d'être totalement rejetés et de disparaître. Pour éviter une telle issue, nous devons revenir aux valeurs morales qui nous ont forgés, le ninkyodo,(l'entraide). Il nous faut absolument améliorer notre image - ne serait-ce que pour rester attractifs.
Le déclin - relatif - des yakuzas favorise-t-il l'émergence de nouvelles organisations criminelles?
Oui. Dans certains endroits, qui étaient auparavant tenus par les yakuzas, on voit apparaître de nouveaux groupes criminels, notamment étrangers, qui agissent de plus en plus sourdement, et qui échappent à tout contrôle. Si nous n'étions pas aussi surveillés par les autorités, nous pourrions enrayer ce mouvement... (...)"
extraits de et par : Jérôme Chatin, Charles Haquet, Jérôme Pierrat, Bertrand Monnet
Yves Herbo, MPSA, 2014-11 - A suivre
Un monde sans argent 5
Suite des pages : Page-1.html , Page-2.html , Page-3.html , Page-4.html
Le plus grand mystère de l'empire d'Inca est son économie étrange
Pendant les quinzième et seizième siècles, l'empire Inca était le plus grand que l'Amérique du Sud avait jamais connu. Centré au Pérou, il s'est étendu à travers les cîmes des montagnes des Andes et vers le rivage en bas, incorporant les régions de Colombie, du Chili, de Bolivie, de l'Equateur, de l'Argentine d'aujourd'hui et du Pérou - toutes reliées par un vaste réseau "autoroutier" dont la complexité a été rivalisée dans le Vieux Monde. Riches en produits alimentaires, textiles, or et coca, les Incas étaient des maîtres de la construction de villes mais n'ont néanmoins jamais eu aucun argent. En fait, ils n'ont eu aucun marché financier du tout.
L'empire d'Inca pourraît être la seule civilisation avancée dans l'histoire qui n'ait eut aucune classe de commerçants, et aucun commerce de quelque sorte dans ses limites. Comment ont-ils faits ?
Beaucoup d'aspects de la vie inca demeurent mystérieux, en partie parce que nos connaissances de la vie inca viennent des envahisseurs espagnols qui effectivement en ont témoignés. Célèbre, le conquérant Francisco Pizzaro a dirigé juste quelques hommes pour une défaite incroyable de l'armée inca au Pérou en 1532. Mais le vrai coup est venu rudement une décennie avant cela, quand les envahisseurs européens ont inconsciemment lâché une épidémie de variole que quelques épidémiologues croient qu'elle a pu avoir tué autant que 90 pour cent du peuple inca. Notre connaissance de ces événements, et notre compréhension de la culture inca de cette ère, venue juste de quelques observateurs - en grande partie des missionnaires espagnols, et un prêtre métis et historien des Incas appelé Blas Valera, qui était né au Pérou deux décennies après la chute de l'empire d'Inca.
Richesse sans argent
Les documents des missionnaires et de Valera décrivent l'Inca comme principalement des constructeurs et des planificateurs de terres, capables d'une agriculture extrêmement sophistiquée de montagnes et des villes - et de bâtiments correspondants. La société inca était si riche qu'elle pouvait se permettre d'avoir des centaines de personnes qui se sont spécialisées en prévoyant les utilisations agricoles des secteurs nouvellement conquis. Ils ont construit des fermes en terrasses sur les flancs de montagnes dont les cultures - des pommes de terre et du maïs aux arachides et à la courge - ont été soigneusement choisis pour prospérer dans les températures moyennes des différentes altitudes. Ils ont également cultivé des arbres pour garder le terrain végétal mince en bon état. Les architectes inca étaient également doués, concevant et soulevant d'énormes pyramides, les irriguant avec les usines hydrauliques sophistiquées comme celles trouvées à Tipon, et créant d'énormes temples comme Pachacamac avec des retraites de montagnes comme Machu Picchu. Les concepteurs avaient l'habitude d'utiliser un système de cordes nouées pour faire les mathématiques nécessaires pour construire sur des pentes.
Mais, en dépit de toute leur productivité, les Incas géraient et contrôlaient sans argent ou marchés. Dans The Incas: New Perspectives, Gordon Francis McEwan écrit :
" À seulement quelques exceptions trouvées dans des régimes politiques côtiers incorporés à l'Empire, il n'y avait aucune classe marchande dans la société Inca, et le développement de la richesse individuelle acquis par le commerce n'était pas possible… quelques produits considérés essentiels par les Incas ne pouvaient pas être produits localement et ont dû être importés. Dans ces cas plusieurs stratégies ont été utilisées, comme établir des colonies dans des zones spécifiques de production pour les marchandises particulières ou permettre le commerce de longue distance. La production, la distribution, et l'utilisation des marchandises étaient centralement commandées par le gouvernement des Incas. Chaque citoyen de l'empire publiait ses nécessités de la vie hors des entrepôts de l'état, y compris la nourriture, ses outils, ses matières premières, et habillements, et sans besoin de ne rien acheter. Sans magasins ou marchés, il n'y avait aucun besoin de devises ou d'argent standard, et il n'y avait nulle part pour dépenser de l'argent ou pour acheter ou commercer pour des besoins.
Ainsi les Incas se sont engagés dans le commerce, mais seulement avec des étrangers - pas entre eux.
Le secret de la grande richesse des Incas a pu avoir été leur fiscalité peu commune. Au lieu de payer des impôts en argent, chaque inca était mobilisable pour fournir du travail à l'état (et donc à la collectivité). En échange de ce travail, il leur était donné les nécessités de la vie.
Naturellement, tout le monde ne devait pas payer l'impôt du travail. Les nobles et leurs cours étaient exempts, de même que d'autres membres importants de la société inca. Dans un autre caprice de l'économie inca, les nobles qui étaient morts pouvaient encore posséder la propriété et leurs familles ou directeurs de domaine pouvaient continuer à amasser la richesse pour les nobles morts. En effet, le temple de Pachacamac était fondamentalement un domaine bien géré qui « a appartenu » à un noble inca mort. C'est un peu comme si les Incas étaient parvenus à inventer l'idée des corporations-pour le peuple en dépit de n'avoir pratiquement aucune économie de marché
Nourriture, sans marchés
Une des questions en suspens pour les scientifiques et les historiens qui étudient les Incas est pourquoi cette culture riche et sophistiquée, s'est développée scientifiquement et culturellement, sans jamais inventer les marchés. Une possibilité est qu'il était si difficile de maintenir la vie dans leur environnement que toutes leurs innovations étaient tournées autour de l'agriculture plutôt que vers les sciences économiques. En d'autres termes, l'Empire Inca a été optimisé pour empêcher la famine plutôt que pour stimuler le commerce. (YH : mais l'environnement n'a pas changé depuis... l'explication n'est pas convaincante...)
Il y a quelques années, un groupe d'archéologues a prélevé des échantillons de noyaux dans la vallée de Cuzco au Pérou, et a trouvé des preuves de milliers d'années d'agriculture dans le secteur, y compris la production animale, très probablement des lamas. Dans un papier récapitulant leurs résultats, l'archéologue A.J. Chepstow-Vigoureux et son équipe ont proposé que les Incas aient focalisé leurs établissements autour de la production alimentaire et gestion technologiques et culturelles de terres, plutôt que des économies de marché. Ceci a pu avoir été nécessaire dans une région où les sécheresses avaient vraisemblablement éliminé une civilisation précédente (les Waris), et où les fluctuations du climat étaient un risque constant. La montée de l'Empire d'Inca a coïncidé avec une période de stabilité relative du climat, mais les peuples dans le secteur étaient bien conscients du fait que ce charme tempéré pouvait finir à tout moment."
Chepstow-Vigoureux et ses collègues écrivent :
" L'échelle de la manipulation et de la transformation anthropologiques du paysage dans les Andes sud-centrales semble avoir augmenté après 1100 après J.C, probablement en réponse à un contexte climatique qui était relativement chaud, sec et essentiellement stable. Le développement de la technologie irriguée principale de terrassement a pu avoir été de plus en plus nécessaire dans ces régions pour optimiser les tombées saisonnières de l'eau, permettant de ce fait la production agricole à des altitudes plus élevées. Les résultats de ces stratégies étaient une plus grande sécurité à long terme de nourriture et la capacité d'alimenter de grandes populations. De tels développements ont été exploités par les Incas de la vallée de Cuzco, qui émergeaient en tant qu'ethnie dominante de la région dès 1200. Un excédent agricole sain a soutenu leur potentiel économico/politique, leur permettant de subjuguer d'autres États indépendants locaux et de centraliser effectivement la puissance dans la région de Cuzco vers 1400.
Ainsi comment devenez-vous un Empire dominant un continent sans argent liquide ? Dans le cas des Incas, il est probable que les technologies que leur ont accordé l'excédent agricole (les matériaux supplémentaires de nourriture et de textile, de mines) les ont aidés dans le renforcement de l'expansion de l'empire. La nourriture était leur pièce de monnaie ; le travail pur a structuré leur économie. (YH : mais on découvre aussi que, au fur et à mesure du temps, le moindre village a fini par lui-même cultiver en terrasses le moindre lot de terre possible, limitant finalement le besoin d'échanges, donc de "monnaie"... la nourriture perdait donc sa valeur d'échange, sauf pour les cités haut-perché dans les montagnes, à cultures limitées)
Certains ont argué du fait que l'Empire Inca était l'état socialiste idéal, alors que d'autres l'ont appelé une monarchie autoritaire. En vérité, les Incas ont probablement créé un empire comme beaucoup d'autres. Ses chefs ont été distraits par les guerres civiles et querelles fratricides parmi la noblesse. Et ses esclaves et travailleurs ont construit les œuvres rêvées par les ingénieurs civils précolombiens. Ce qui est remarquable est que ces preuves suggèrent que ces esclaves et travailleurs aient été probablement bien nourris. Peut-être plus remarquable, dans notre ère où les marchés sont associés à la civilisation, est l'idée qu'un empire pourrait réaliser tellement de choses sans dépenser jamais un dixième de dollar...
http://io9.com/archeology/ traduction Yves Herbo
Nous ne pouvons donc que constater qu'effectivement, une civilisation assez récente, s'étant étendue pendant des centaines d'années (et si on ajoute les Mayas et autres Olmèques, ça fait même des milliers d'années), n'a pas eu besoin d'argent pour exister et prospérer... avant l'arrivée des maladies et précisément la soif de l'or et de l'argent amenées par les conquistadors... et que cela a aussi très probablement été le cas pour nombres d'anciens empires ou cités-états avant l'invention de l'argent... Maintenant, d'autres découvertes scientifiques non mentionnées dans cet articles peuvent aussi suggérer d'autres théories sur les raisons de la non-utilisation d'un contrôle économique via la monnaie, pourtant connue : on sait par exemple que les Incas connaissaient parfaitement la roue mais qu'aucun char, charrette ou autre prouvant son utilisation quotidienne n'a été trouvé (officiellement et peut-être grâce aux conquistadors d'ailleurs) à ce jour : seuls des figurines ou "jouets" ou objets religieux (ou non) de petites dimensions ont été trouvés, porteurs de roues et d'essieux, et uniquement dans des tombes. Et pourtant il y a des routes énormes et très longues. Donc les Incas connaissaient la roue mais ne l'utilisaient qu'en de rares occasions (peut-être juste pour le transport des pierres en fait, ou celui des nobles ?), ils connaissaient aussi l'argent (via leur commerce avec l'étranger - il y a eu de longues périodes de paix entre les guerres, comme partout), mais ne l'utilisaient pas non plus... Tout cela dénote plus une volonté d'ensemble et réaliste : le non-besoin réel de ces "apports" car il y avait mieux... et non pas liée à une contrainte ou crainte connue depuis toujours par le climat et volcanisme de ces régions (toujours habitées pour la plupart).
Le troc, l'échange, par l'entremise du Maïs ou des denrées propres aux régions est la seule explication logique trouvée par la majorité des économistes modernes pour expliquer un fonctionnement si long sans moyen intermédiaire comme l'argent. Les listes de denrées et d'objets trouvés en quantité, associées à un système de comptage, ont été attribuées selon notre propre logique à un système de troc et de gestion économique liés comme le nôtre à la notion d'échange : gestion d'entrées et de sorties des stocks d'un magasin en fonction de la demande et de la production, les producteurs amenant leur production en échange de productions d'autres producteurs. Les spécialistes ont tenté de déduire le "prix" ou la "valeur" d'une nourriture par rapport à l'autre ou de tel outil, pierre précieuse, sans grand succès. La déduction la plus commune est que le maïs était la monnaie de base, en tant que principale nourriture cultivée et commune à la plupart des peuples et civilisations présentes dans toutes ces régions.
YH : Une autre déduction (que je me permets allègrement) serait qu'en fait, toutes ces listes et ces comptes ne soient bien que ça, et rien d'autre. Une gestion de stock centralisée, effectivement. Car est-il vraiment logique de continuer pendant des centaines d'années ou plus, à s'échanger du maïs et des outils contre du maïs, du travail contre du maïs ? Une autre possibilité, plus facile et logique dans l'esprit local est que les Rois pré-colombiens (ou leurs professeurs ?) aient privilégié la suppression de l'échange, du troc, au contraire. Comment ? C'est très simple : la notion d'échange comporte obligatoirement au minimum deux individus : il suffit donc de considérer son royaume et ses sujets comme une seule et même entité. On ne peut s'échanger à soi-même. Et d'adapter un système centralisé dans lequel toute les productions (et idées, inventions, arts) sont gérées en fonctions des demandes, nécessités et plaisirs (du roi d'abord puis de ses sujets dans ces cas). Il y a bien centralisation dans des grands magasins des différentes denrées amenées par les villes et villages et établissement de listes de stocks/productions/prévisions chiffrés (astrales aussi d' ailleurs), et aussi des listes de "courses" de la part des familles qui amènent leur propre production (qui doit répondre aux demandes chiffrées du magasin central). Chaque talent contribue à la communauté et les choix de métier des citoyens sont respectés si leur talent ou efforts contribuent à la communauté. Pareillement, les créateurs, artistes et "ingénieurs", chercheurs, sont censés apporter innovations ou plaisirs, joies, réflexions à la communauté (les prêtres de l'époque bénéficiant de ce type d'approche), et leur utilité suffit à ce qu'ils puissent faire leur liste de fournitures régulièrement également. Nul besoin d'argent donc pour faire fonctionner un tel système, d'autant plus que certains rois n'ont pas hésité à utiliser la force et leurs troupes (nombreuses et bien nourries) pour s'assurer que le système fonctionne à leur avantage (et celui des nobles et famille auxquels il déléguait ses provinces).
Et si les Mayas et autres peuples amérindiens ont été assez intelligents pour le faire, il n'y a aucune raison pour qu'on ne réfléchisse pas à une éventuelle erreur avec la création et main-mise de l'argent sur le fonctionnement de la société. Cet outil (éventuellement nécessaire ou accompagnateur d'une certaine évolution (assez négative vu les dégâts) de l'intellect humain) qu'est l'argent n'est pas une finalité pour le genre humain ni un moyen définitif de faire fonctionner une société moderne. En suivant ce modèle de centralisation des productions et distributions mais en le faisant contrôler de façon démocratique et égalitaire, on ne peut que constater qu'il y a une possibilité d'organisation libérée du détournement des vraies valeurs occasionné par l'utilisation d'une valeur fictive (et définie tout aussi fictivement) par un simple courant, un flux interne à notre société : pas d'échanges mais des courants d'approvisionnements et de consommations : ce que nous faisons actuellement mais non pas pour rendre service à la société consciemment et avec plaisir, mais uniquement pour avoir de l'argent, ce qui ne dépend même pas obligatoirement de nos propres talents ou possibilités physiques ou intellectuelles à l'heure actuelle, mais uniquement si quelqu'un (un autre humain patron par exemple, votre banquier) peut lui-même tirer de l'argent de notre simple existence... Évidemment, le principal effort à faire est sur le mental et la façon de voir les choses et aussi bien sûr une forte remise en cause de la notion de "commerce" et de "profit" financier (ou pouvoir) individuel... mais c'est bel et bien l'avenir de la planète (et donc de toute l'humanité) qui est en jeu et en péril. Notamment à cause de cette mauvaise mentalité, ces mauvaises valeurs liées à la croissance à tout prix, à cette idiotie de vouloir toujours plus...
Yves Herbo pour MPSA - 16-11-2014
Un monde sans argent 4
Suite des pages : Page-1.html , Page-2.html , Page-3.html
Une publication récente sur l'effondrement de la civilisation Maya apporte certains éléments intéressants tant du point de vue historique que celui de l'économie qui est ici le sujet principal... Jusqu'à présent, la théorie la plus acceptée pour expliquer l'effondrement apparemment rapide de la civilisation maya et de sa disparition politique et économique est celle de catastrophes volcaniques et séismiques assorties de sécheresses répétitives, mais les preuves décelées dès la période du 9ème siècle après J.C. (les Mayas n'étaient déjà plus une civilisation dominante quand les Conquistadores sont arrivés au 16ème siècle) montrent déjà un changement négatif assez important, suite aux bouleversements des routes commerciales de l'obsidienne notamment :
Le succès du livre de Jared Diamond, Effondrement, montre à quel point la précarité des civilisations humaines intrigue. Un exemple : les Mayas. Après avoir occupé pendant plusieurs millénaires une vaste portion de l'Amérique centrale, du Sud du Mexique jusqu'au Honduras, ils ont disparu avec l'arrivée des conquistadors espagnols au cours du XVIe siècle. Mais bien avant cette invasion, vers 900, la civilisation maya a connu un grave déclin qui a touché en premier lieu les cités des Basses-Terres. Des anthropologues de l'université de l'Illinois et du Muséum Field, basés à Chicago (États-Unis), s'intéressant à cette période de transition brutale, ont reconstruit les routes de commerce de l'obsidienne, une roche volcanique très utilisée par les Mayas (qui ne maîtrisaient pas la métallurgie). À partir de procédés utilisés pour l'analyse des réseaux sociaux, ils ont suivi l'évolution des échanges de cette pierre : elle indiquerait des changements économiques et politiques plus profonds, allant à l'encontre de la théorie selon laquelle cet effondrement serait dû uniquement à des bouleversements écologiques.
Cette roche volcanique noire, l'obsidienne, nous renseigne sur la chute de la civilisation maya.
L'étude américaine se fonde sur des échantillons d'obsidienne retrouvés sur une centaine de sites mayas, datant de 250 à 1520. La composition chimique des roches (obtenue par spectrométrie de fluorescence X ou analyse chimique par activation neutronique) permet de remonter au lieu de leur extraction. Les archéologues ont notamment identifié trois gisements mayas à San Martín Jilotepeque, El Chayal et Ixtepeque, dans les hauteurs guatémaltèques, qui auraient irrigué une grande partie du marché de l'obsidienne pendant les périodes dites classique et postclassique.
Pour chaque période, les archéologues ont déterminé les relations commerciales entre les différents sites en mesurant la similarité des approvisionnement en obsidienne via un indice, le coefficient de similarité de la matrice Brainerd-Robinson, utilisé en archéologie pour comparer deux ensembles de données (ici les proportions d'obsidienne des différentes carrières). Le graphe reliant les sites entre eux fait ainsi apparaître des "factions" rassemblant les sites s'approvisionnant aux mêmes sources, selon une représentation très visuelle utilisée pour l'étude des réseaux sociaux.
Il apparaît que, si pendant la période classique (250/300–800), la quasi totalité de la zone est arrosée par l'obsidienne extraite dans les mines d'El Chayal, le marché se diversifie à la période classique terminale (800–1050), avec l'apparition de différentes "factions" commerciales. Parmi elles, une filière mexicaine, témoignant de l'ouverture d'une route commerciale au nord du Yucatán , et l'émergence du gisement d'Ixtepeque qui irrigue principalement les régions côtières, comme au niveau de la baie de Chetumal . "La fréquence de l'obsidienne d'Ixtepeque augmente de façon significative sur les sites occupés pendant les périodes classique et terminale, détaille l'étude. À San José (au Belize), par exemple, la fréquence de l'obsidienne d'Ixtepeque est passé de 13 % à 27 %." Cette distinction entre les régions intérieures, qui dépendent des routes partant des mines d'El Chayal, et les zones côtières, alimentées par un réseau de transport fluvial depuis Ixtepeque, se poursuit pendant la période postclassique ancien (1050–1300), alors que certaines cités mayas ont déjà périclité. Enfin, la situation commerciale pendant la période postclassique tardif (1300–1520) devient plus éclatée, avec cinq "factions" d'approvisionnement distinctes, avant l'effondrement définitif de la civilisation maya.
Le site de Copán, situé à l'ouest du Honduras actuel, a été abandonné vers 820.
Pour les anthropologues américains, le résultat marquant est que " l'essor du commerce côtier aux dépens des routes intérieures a commencé avant la chute urbaine et démographique des Basses-Terres mayas ". Sans suggérer que le changement des routes commerciales ait causé à lui seul l'effondrement de la civilisation maya, il précède nettement ces transformations plus globales. Ce bouleversement de la structure économique régionale a donc pu, en toute hypothèse, contribuer à la réorganisation interne entre les centres urbains des Hautes-Terres et les régions côtières du Yucatán qui a suvi. L'étude des réseaux commerciaux de l'obsidienne, qui doit être confirmée par une analyse similaire des échanges de chaille ou de jade, met ainsi à mal la théorie selon laquelle un changement climatique soudain serait responsable du déclin démographique de cette civilisation mésoaméricaine. Reste, pour percer le secret des Mayas, à comprendre maintenant pourquoi ils ont modifié leurs réseaux commerciaux...
Source : M. Golitko et al., Complexities of collapse: the evidence of Maya obsidian as revealed by social network graphical analysis , Antiquity, 23 mai 2012.
via : http://blog.science-infuse.fr/post/Effondrement-maya-sur-la-route-de-l-obsidienne
Personnellement, en me fiant aux autres faits historiques et aux autres découvertes concernant les Mayas (et encore très récemment à Calakmul !), je dirai qu'il me paraît évident qu'un évènement important s'est passé au 9ème siècle et que les premières routes déservant certaines cités Mayas en denrées importantes ont été coupées, obligeant ces dernières à tenter de se débrouiller localement (cultures en terrasses étendues) ou à entrer en guerre contre d'autres cités (alliées ou non) pour survivre. Ces coupures de routes ou arrêts de livraisons ont perduré et augmenté avec le temps jusqu'à l'éclatement et la division totale d'une civilisation qui étaient composées de Cités-Etats créées par la même tribu d'origine, solidaire et unie tant que les circuits commerciaux étaient assurés par une faction (ou des "spécialistes"), qui a tenté de diversifier ses entrées de matières (ou y a été obligée) mais de ce fait à créé une ou plusieurs autres factions de "spécialistes" (se concurrençant ? - nouveau en économie pour les mayas !). La localisation de ces nouvelles mines (détenues donc pas de nouvelles factions) et la facilité pour le transport des pierres par eau fait que les régions côtières sont privilégiées par rapport aux régions intérieures, un déséquilibre inexistant avant se créé entre régions...
Calakmul
L'explication paraît logique mais bien des questions demeurent : si une Cité voit soudainement son circuit d'approvisionnement disparaître ou diminuer, on imagine que les responsables de celle-ci vont tâcher de s'arranger pour aller chercher eux-mêmes ce qu'on ne leur livre plus... ce qu'aucune n'a réussie si on regarde la suite... mystère donc sur ces coupures de routes ou de non livraisons de matières premières, alors précisémment qu'il y a une augmentation (à priori !) des-dites matières premières... dans d'autres régions. Juste une décision d'une faction commerciale qui a décidé de ne plus livrer certaines régions, ou d'un roi local ? Ou est-ce la disparition de ceux qui pouvaient transporter régulièrement et facilement ces matières premières très lourdes (l'obsidienne !) des mines côtières jusqu'aux hautes montagnes ?
Certains archéologues disent autre chose : les mayas, à leur arrivée dans la région, auraient apparemment rencontré un peuple venu des étoiles, installé depuis un moment sur les lieux (et imprégnant de leur savoir les précédents peuples rencontrés) et ils auraient passé des accords avec ce peuple. Ce seraient eux qui leur auraient appris les mathématiques, l'astronomie et l'architecture, et les aidaient à transporter les lourdes pierres faites pour durer le long des routes pavées construites. Ils leur ont aussi appris comment créer une économie vraiment commune et dans l'intérêt de tous sans exacerber la notion de propriété privée. Une société sans monnaie locale mais juste ses ressources et son esprit de partage au début, initiée par cette rencontre. Ces données sur la rencontre avec cette civilisation probablement extra-terrestre ont réellement été écrites par les mayas, découvertes il y a peu et décrites dans un rapport des archéologues Adriana I. Sanchez Lopez et José Agustin Anaya Cancino. Que s'est-il passé ensuite ? Si on suit ce qu'il s'est passé en Mésopotamie et en particulier à Sumer, on a des traces indiquant qu'une civilisation ou des "dieux" nouveaux a inspiré les Sumériens, les Annunakis, et a assez probablement influencé l'humanité pour que soit créé un moyen d'échange facile à contrôler : l'argent, la monnaie, apparu comme par hasard juste en-dessous des ruines de Sumer... a l'inverse donc de cette civilisation d'Amérique Centrale qui connaissait le principe de la monnaie (les échanges avec d'autres civilisations sont prouvées et ils se faisaient à l'aide de bijoux ou de denrées et pierres rares) mais ne l'appliquait pas chez elle... d'après les gravures découvertes et leurs amis des étoiles, les mayas devaient être les guides de l'humanité pour des millénaires... mais une suite d'évènements inconnus fait que la civilisation maya disparue presque d'elle-même avant d'être achevée par les Espagnols... et l'arrivée de l'argent imposé de force très rapidement aux Incas et Mayas survivants... la victoire des Annunakis sur un autre peuple de l'espace ou d'une autre dimension (les deux théories se sont rejointes question possibilité scientifique à mon avis), celui qui aidait le mieux l'Humanité ?... quoiqu'il en soit, les amis des Mayas sont partis (en guerre contre les Annunakis, qui avaient déjà été chassés par Guilgamesh (le précédent "Jésus") 3000 ans plus tôt, et qui avaient alors pris la direction de l'Egypte ?) et ne sont jamais revenus, contrairement à leurs dires... La civilisation des mayas a survécu à ce départ (prévu et des robots/aliens sont peut-être restés sur place pour continuer à aider les mayas) mais elle s'est transformée en olligarchie aristocratique, privilégiant ceux qui étaient en rapport direct avec les frères de l'espace (devenant des "dieux" avec le temps et leur non-retour), créant des honneurs sanguins et des rois d'un côté, des prêtres de l'autre, issus de ceux qui étaient les étudiants des aliens, un peuple mi-soldat mi-paysan pour le reste. Néanmoins, l'idée générale enseignée par les aliens perdurera jusqu'au bout quant à l'organisation commune de la société maya : travailler en commun pour un objectif et des bénéfices communs, et non individuels (sauf pour l'Elite rendue individualiste, et c'est ce qui provoquera tôt ou tard l'écroulement de l'édifice). Autrement dit, la défection de cette société, si elle a un responsable, ne peut être dûe qu'à une rupture de ce contrat par une de ces élites, et non par le peuple dans lequelle cette idée de partage est demeurée. On peut imaginer qu'au 9ième siècle, les dernières machines servant au transport (je rappelle que les mayas connaissaient le principe de la roue, voir les jouets trouvés dans plusieurs tombes...) sont tombées en panne (ou que les derniers aliens sont partis ou sont morts) et que l'alimentation des cités en denrées ont chuté complètement... les stocks amassés éventuellement en prévision et en attendant le retour des alliés a été épuisé, le peuple a douté des "dieux", ils avaient perdu certaines connaissances avec le temps, etc...
Cette notion de circuits de distributions est très importante donc pour la survie d'une civilisation à long terme, en voici une preuve éclatante. On constate même qu'une économie utilisant un seul contrôle de tous les circuits de distribution a pu survivre des millénaires (et la civilisation des Incas est encore plus explicite on le verra, puisque encore plus centralisée que celle des Mayas), alors que l'ajout de plusieurs autres centres de décision (y inclus individuel probablement) à entraîné sa chute sur quelques centaines d' années... Je signale que notre propre civilisation a suivi le même processus de "libéralisation" des circuits de distributions, plus lentement, mais on peut considérer que l'avènement du capitalisme moderne, puis du libéralisme correspond au même type de choc négatif que celle qui a mené à sa fin celle des mayas : la perte de la maîtrise des circuits de distributions par un pouvoir (démocratique, olligarchique ou tyranique, peu importe) entraîne obligatoirement la perte du bénéfice commun du service rendu, ce bénéfice revient à celui qui maîtrise le ou les circuits en question... c'est la même chose d'ailleurs en ce qui concerne la maîtrise de la monnaie ou tout autre service... les Etats représentent les peuples, et bien, dites-vous bien que les français, comme la grande majorités des peuples de la planète, ont accepté depuis longtemps de ne plus gérer l'argent qui leur sert à vivre, mais ont délégué cette gestion à d'autres, dont ils n'ont pas le contrôle... quant aux circuits de distributions ? regardez l'Energie - primordiale pour le peuple français comme tous les autres, qui a déjà payé de ses impôts depuis des dizaines d'années la création de ces circuits (EDF-GDF, etc...), achats de terrains, recherches, etc pour posséder une sécurité et, en tant que propriétaire, voir logiquement les coûts et mêmes bénéfices tomber un jour... mais étrangement, ces circuits de distributions importants sont également revendus au privé (bientôt à la Chine ? - je plaisante à peine), il y a à peine quelques dizaines de mois... A méditer donc sur les réels objectifs de vos chers "dirigeants" quels qu'ils soient d'ailleurs...
A suivre pour l'Economie Inca dont nous connaissons mieux l'organisation.
Yves Herbo pour MPSA - 12-11-2014
Un monde sans argent 3
Mausolée Olmèque
Suite des pages : Page-1.html , Page-2.html
Avant de nous pencher un peu plus sur les économies des dernières civilisations d'amérique latine et centrale, les plus connues, celles des Mayas et des Incas, qui sont peu différentes à leurs apogées respectives, nous allons tout de même tenter d'estimer la durée de cet interval durant lequel des communautés humaines se sont débrouillées autrement qu'avec de la monnaie fabriquée exprès pour. Je vais aussi continuer à chercher des traces d'artéfacts, notamment ceux qui auraient survécus aux Conquistadors et religieux espagnols qui ont fondu tout l'or et l'argent trouvé à l'époque (voir tous les métaux transportables en barres), et brûlés tous les aspects et objets ne correspondant pas à leur idée de ce que devait être le monde (et ne comprenaient pas) et ses habitants : de bons chrétiens (maléables si possible).
La toute première civilisation connue :
Difficile de répondre à cette question car plusieurs sociétés et civilisations réparties à des endroits très éloignés peuvent revendiquer la place. Le manque de données et de datation de beaucoup d'endroits et de pièces archéologiques amplifie peut-être le fait qu'il n'y a pas un mais plusieurs groupes, tribus ou peuples qui aient émergé ou débarqué (certains des plus anciens objets trouvés sont près des côtes) à peu près à la même époque.
L'amérique Centrale :
La présence de l'homme au Mexique est attestée il y a 30.000 ans grâce aux peintures rupestres trouvées ; ils vivent de cueillette et de chasse.
La culture la plus importante d’Amérique du Sud de cette époque est la culture Viscachani.
Les viscachanis ont vécus avec les grands animaux de cette époque comme le mastodonte (mammouth), le mégathérium (paresseux géant) et le smilodon (tigre aux dents de sabre) mais aussi des cerfs et des camélidés (guanacos et vigognes) qu'ils chassaient. Certains de ces animaux ont évolué mais la plupart n’ont pas survécus et ont disparus environ 10 000 ans avant notre ère.
La population, alors nomade fuyant les conditions climatiques du nord, arriva dans les Andes. Ces hommes s’installèrent définitivement dans cette zone développant une première culture de la période lithique. Les pointes en pierre sont de type feuille de laurier et sont travaillées par percussion. Elles servaient pour la chasse comme pointe de lances.
Par après ils développèrent l’art de la pêche et des embarcations en Totora. Ces pratiques se trouvent encore aujourd’hui sur le lac Titicaca et sur les côtes du Pacifique. On pense que les Urus sont des descendants des Viscachanis car c’est un peuple lacustre, dépendant de la pêche et d’autres ressources produites par le lac comme la Totora...
Vers 7.500 av JC, un bouleversement climatique transforme les grands espaces de prairies en désert inculte et oblige ces nomades à se déplacer au sud vers les endroits plus humides. Vers 4.000 av JC, un événement capital se produit qui va entraîner la sédentarisation des populations : l’acclimatation du maïs.
Le plus ancien objet de pierre taillé a été découvert près de la ville de Durango, au nord-ouest du Mexique, et peut être daté sans trop de doutes de 10 000 avant J. C.
Le plus ancien maïs découvert provient d'un lieu nommé Bat Cave, au sud du Mexique (2 500 av. J.C.)
Durant l'ère suivante (1 500 av. J.C. - 800 av. J.C.), les habitants de l' Amérique Centrale sont des agriculteurs tirant des ressources d'appoint de la chasse et de la pêche, honorant leurs dieux sans construire de temples, enterrant leurs morts le plus souvent sous les maisons. A partir de 800 av. J.C. , le site le plus représentatif est Tlalico qui reçoit l'influence des Olmèques (dont on ne connaît pas le vrai nom) dont la civilisation, plus brillante, coexiste avec celles des paysans. Les temples ne sont plus de simples cabanes mais des constructions de pierre. Cette civilisation de Tlalico se poursuit jusqu'en 300 av. J.C. alors que les Olmèques disparaissent.
Vers -2400 ans Av J.C., les manifestations d’une nouvelle culture apparaissent le long des côtes du golfe du Mexique, dans l’actuel État de Veracruz, pour s’épanouir vers l’an -1200. Une culture qui adorait le Jaguar, symbole solaire, et qui deviendra plus tard la fameuse civilisation fondatrice des Olmèques qui atteindra son apogée vers -1000 av J.C.. La période Pré-Classique commencera alors et l’on peut dire qu’il s’agit d’une véritable révolution. Les Olmèques nous ont laissé ces fameuse têtes sculptés, énormes et aux traits que l’on a longtemps cru négroïdes (les analyses des squelettes trouvés prouvent que ces peuples avaient un faciès assez épais (héritage africain lointain d'un peuple peu "mélangé" - mais assez semblables finalement aux sumos japonais par exemple - ?) mais étaient de même teinte corporelle que les autres indiens d'Amériques (même si leurs tatouages et peintures les recouvraient probablement). La pierre volcanique dont elles sont faites provient d’une carrière située à plus de 100 km de l’endroit où on les a trouvé, sur les sites religieux de La Venta ou de Tres Zapotes, dans l’état de Veracruz.
Le site de La Venta , fondé entre 1200 et 600 avant notre ère, fut un lieux de culte et de pèlerinage très actif mais ce n’était pas une véritable ville. Les habitations "en dur" étaient quasiment absentes et même si les archéologues ont pu mettre à jour les traces d’une pyramide d’une taille déjà respectable pour l’époque, il semble que rien ne subsiste de cette cité qui devait être construite en matériaux périssables. Les archéologues américains qui explorèrent le site dans les années 30 ont cependant retrouvés des vestiges et des fondations de bâtiments de grande taille. Il semble que vivaient là une caste religieuse, un clergé ayant réussit à étendre son pouvoir sur les communautés paysannes des alentours et qui pouvait en retour les entretenir.
Cela, semble-t-il, sans violence mais plus dans un mouvement religieux de participation volontaire aux mystères et aux secrets que connaissaient ces prêtres. Cette forte influence se répandit dans les populations semi-nomades plus lointaines qui peuplaient cette région tropicale relativement austère. N’oublions pas que tous les peuples amérindiens qui viendront par la suite seront des croyants fervents et des pratiquants disciplinés, et que les Olmèques ont probablement été les premiers à connaître un pouvoir théocratique. Mais précisons les choses. En fait, ils ont dû être les premiers à s’intéresser à l’astronomie, comme le laisse supposer certaines stèles gravées que l’on a retrouvé et qui portaient les signes d’un "comput" , d’un décompte des événements naturels et célestes. Un calendrier en somme qui devaient sûrement être ce savoir sacré qu’ils répandait auprès des agriculteurs et qui devait, peut-être, déjà régler le rythme des récoltes. Une telle science ne devait pas manquer de procurer un grand pouvoir à ces premiers prêtres sur des populations qui vivaient de manière assez précaire : "Ils pouvaient enfin dompter le temps...".
Il suffit de regarder les 10 figurines (Les figurines de "La Venta" ) ci-dessus, restaurées et remises dans leur position originales pour se convaincre de qu’il s’agit d’une scène de culte : est-ce des hommes, est-ce des Dieux ? On ne le sait pas mais cette mise en scène d’un rituel oublié, et figé pour l’éternité à travers ces statues si étranges, reste le seul cas connu de ce type de pratique en Amérique centrale, où il est très rare de retrouver des ensembles d’offrandes mortuaires si importants. Il est à noter aussi que l’un des personnages est fait d’une pierre différente des autres ce qui suggère qu’il serait comme un initié entouré de ses maîtres (ou l'inverse, un Maître entouré). On remarque aussi leurs crânes allongés (héritage génétique ou déformation volontaire ?), signe distinctif que l’on retrouvera constamment ensuite jusqu’à la civilisation des Mayas qui réserverons cette pratique aux seuls nobles (là, on sait que cette déformation était volontairement pratiqué sur les enfants en bas âge), mais aussi les civilisations du Pérou par exemple...
Yves Herbo : Cela ne vous rappelle-t-il pas du déjà-vu, du déjà-lu plutôt ? L'apparition de prêtres possédant une culture (astronomique, écrite, mesurée, métallurgique, architecte, chimique, médicinale, etc...) usant de ces connaissances comme pouvoir... Cela NE PEUT être le fruit du hasard si nous retrouvons les mêmes débuts de civilisations grâce à un petit groupe possédant déjà toutes ces connaissances... Mésopotamie, Egypte, Indus, Celtes, ancêtres des Mexicains etc... Une grosse différence cependant en ce qui concerne les Amériques : la non-introduction de l'argent comme moyen d'échanges, la connaissance de la roue mais sa non-utilisation (apparente ?) fonctionnelle. Et d'autres différences comportementales et artistiques pour la plupart par rapport au reste du monde. Plusieurs possibilités à ces différences, la plus simpliste (et rarement vérifiée) est que ces prêtres n'ont pas réussi à tirer tout les bénéfices de leurs savoirs (les prédécesseurs des Sumériens, eux, l'ont réussi donc), ont inventé la roue mais sans réussir à fabriquer les essieux nécessaires assez solides pour des charges importantes (théorie oficielle actuelle) : on n'a trouvé (comme aux débuts de l'Egypte antique) que des "jouets" ou "objets religieux" équipés de roues dans des tombes anciennes. Idem pour l'argent, le système d'écriture inventé serait trop différent (du cunéiforme) pour avoir l'idée d'inventer la monnaie d'échanges... et pourtant on a trouvé un système de comptage très efficace dans toutes ces cultures pré-colombiennes... Une autre possibilité est que ces "prêtres" ou "éducateurs" n'aient pas eu le temps de terminer leur labeur de longue haleine : plusieurs cataclysmes importants ont été recensés dans ces régions assez instables du côté tectonique et climatique... d'ailleurs, si on y regarde de plus près, tout cet apport de nouvelles connaissances ne précèdent-elles pas, par la suite, de forts cataclysmes bouleversant l'environnement des humains ? Ces nouvelles connaissances acquises ne permettent-elles pas aux survivants de mieux repartir, plus rapidement, au lieu de ressombrer dans la préhistoire la plus sombre ? (ce qui s'est d'ailleurs probablement produit auparavant, en des temps beaucoup plus reculés...). Et peut-être d'être en mesure un jour d'éviter ou de se protéger de ces cataclysmes naturels... Il pourrait donc s'agir d'une aide dans le Temps au niveau de la race humaine, afin qu'elle puisse par elle-même se protéger un jour, au fur et à mesure de ses renouvellements naturels assistés par des connaissances (de base mais toujours en avance par rapport où la société humaine se place lors de leurs interventions). On peut aussi penser à une autre expérience locale de la part de ces "prêtres" (qui proviennent peut-être de Sumer d'ailleurs, qui est plus ancien) : l'emploi de techniques un peu plus élaborées permettant localement de se passer de certains outils (la lévitation est mentionnée dans les anciennes légendes amérindiennes), mais la technologie est plus probable : ces solides routes pavées partout sur le continent n'ont pas été faites que pour les sandales des voyageurs... certains font remarquer que si véhicules il y avaient, ceux-ci étaient en bois, et on sait ce que les Espagnols ont fait dès leur arrivée : de grands feux de joie avec les objets sataniques, idoles et meubles et ustenciles qu'ils ne comprenaient pas... quoiqu'il en soit, il semble que ces "prêtres" ou "dieux" soient repartis brusquement d'après les légendes, en promettant de revenir un jour... Tous les grands glyphes seulement visibles du ciel auraient été faits par les survivants de ces catastrophes, pour indiquer le chemin aux "Dieux" quand ils reviendront... cette expérience de longue durée sans argent dans un peuple évolué (de - 2.500 ans à + 1500 ans environ !) semble avortée également, même si certains peuvent considérer une bonne stabilité d'ensemble sur la durée : le système a très peu évolué après le départ de ces "initiateurs", ne s'est pas développé en système collectif (comme cela était apparemment l'objectif initial : les indiens de l'époque ne pratiquaient pas de religion dans des temples mais en commun en plein air, partageaient tous leurs biens et connaissances, explorations en commun. Les objectifs étaient communs et, à l'aide des nouvelles connaissances et des technologies provisoirement présentes, d'énormes pierres ont servies de bases à beaucoup de très anciens temples. Mais étaient-ce des temples à l'origine (pourquoi les indiens ont-ils si vite changé d'avis ?) ou des aires de décollages pour un départ prévu ? Ne peut-on considérer le fait que ce soit le départ de ces Educateurs qui ait déclanché l'utilisation de ces structures comme des Temples (par la suite, toutes les autres pyramides ou Temples ont été construits avec des pierres plus petites : c'est là que les hommes se sont retrouvés à être esclaves d'autres homme ayant accaparé le départ des Dieux... créant une société communautaire bien nourrie au service d'une famille royale et de prêtres).
Continuons : A cette époque, la population vivant sur la côte est du Mexique ne pouvait pas être très nombreuse et, pourtant, il a bien fallu de nombreux bras pour transporter ces fameuses pierres volcaniques avec lesquelles les artistes olmèques ont sculptés ces statues colossales que l’on a retrouvé un peu partout dans la forêt profonde : pensez qu’elles pèsent en moyenne 10 tonnes, la plus grosse 30, et qu’elles proviennent d’un gisement volcanique situé avec certitude à 130 km de là ! Outre cet exploit, ils ont été les premiers à avoir sculpté le jade, représentant souvent leur dieu fétiche : l’enfant-jaguar. Ils élaborèrent par la suite un calendrier complexe et une écriture qui seront repris par leurs successeurs Mayas et une grande partie des peuples méso-américains. Ils sont, si l’on peut dire, les véritables ancêtres des mexicains.
Organisée en chefferies très hiérarchisées, la société olmèque évoluera vers la stratification en classes et la spécialisation professionnelle. L'économie sera basée sur l'intensification de la production, le stockage, l'innovation des moyens de production et la spécialisation des tâches. Les villages, rattachés à des centres cérémoniels, donneront naissance à des zones à forte concentration de population. La domestication des animaux (chiens et dindons) semble faire son apparition très tôt. Les Olmèques entreprendront les premiers travaux de systèmes de contrôle hydraulique de la Méso-Amérique préhispanique. Ils construiront des réseaux de canalisations souterrains, notamment à San Lorenzo et à La Venta.
Les édifices des centres cérémoniels olmèques, orientés en fonction des points cardinaux, respecteront des plans et des axes précis.
La culture olmèque disparaîtra définitivement vers le Vème siècle avant J.-C. avec la destruction de la cité de La Venta sous l’action d’un grand cataclysme dont on ne connaît pas l’origine (un tremblement de terre ?). Aujourd’hui encore, les Olmèques conservent une bonne part de leurs mystères et il n’est pas sûr que l’on en sache beaucoup plus car si La Venta fut découverte, ce fut par des géologues qui ne cherchaient pas la gloire mais simplement des gisements de pétrole. J’imagine leur surprise en découvrant ces têtes monstrueuses à demi enfouies sous la végétation. Victimes d’une exploitation intensives, les champs pétrolifères cernent désormais ces sites fondateurs de la culture mexicaine.
Les Zapotèques
La civilisation zapotèque s’est développée dans la région agricole fertile de la vallée d’Oaxaca dès 2000 av JC.
Vers 1400 av JC, les Zapotèques sont parmi les premiers à bâtir des édifices rituels recouverts de stuc. Entre 700 et 500 av JC, ils élaborent une première forme d’écriture pictographique. Vers 500 av JC, ils instituent une première forme d’État centralisé sur la majeure partie de la vallée d’Oaxaca. La capitale s’établit à Monte Albán qui devient entre 300 et 700 ap JC l’une des plus puissantes cités d’Amérique centrale. A son apogée, elle établit des liens avec Téotihuacan.
Après avoir été la capitale des Zapotèques pendant près de 1200 ans, Monte Albán est abandonnée lors des bouleversements sociaux et politiques qui marquent le début de la période postclassique (de 700 à 1521).
Née il y a plus de 6.000 ans, la langue zapotèque est aujourd’hui l’une des langues indiennes les plus parlées au Mexique.
Teotihuacan
Sur les hautes terres du Centre, la cité de Teotihuacan fut occupée dès le IIIe siècle av JC. On ne sait toujours rien de l’origine des hommes qui la peuplèrent, ni de leur disparition.
A partir du IVe siècle ap. JC, Teotihuacan contrôle les deux tiers des régions méridionales du Mexique et étend son influence sur le Guatemala et le Belize et jusqu’au Honduras et au Salvador.
L’apogée de la culture teotihuacanne (IVe au VIIe siècle) coïncide avec la période de splendeur de la civilisation maya, mais également avec l’essor de la civilisation Zapotèque.
La cité de Teotihuacan est détruite par des tribus barbares venues du Nord vers 650 ap JC et avec elle la civilisation du même nom.
Les Mixtèques, installés dans les régions d'Oaxaca, de Puebla, et partie de Guerrero, constitueront l'une des plus importantes communautés mexicaines précolombiennes.
Leurs origines restent mystérieuses. Leur codex, qui constitue la plus grande collection de manuscrits précolombiens connus à ce jour, constitue une biographie de souverains et d'aristocrates depuis 692.
Les Mixtèques, probablement influencés par les Olmèques, semblent avoir été les porteurs de la culture avancée de montagne.
Les Toltèques
Les ruines de la cité de Tula se situent à 80 km au nord de Mexico. Aux alentours de l’an 1000, Tula était la capitale mythique des Toltèques, un peuple de guerriers venus du nord et dont nous ne connaissons guère les origines, pour conquérir de nouvelles terres et qui fonda là sa capitale, sous le règne de leur chef dénommé Mixcoátl. Ces envahisseurs dont l’origine est certainement Chichimèque (terme qui désigne un ensemble assez large de groupes nomades plutôt qu’une tribu ou une ethnie précise). Ce sont donc les descendants de ces barbares qui accoucheront pourtant d’une culture à la vie et aux amours raffinés d’après les légendes et vestiges qu’ils nous ont laissés comme à Tula.
Ils passent pour avoir inventé la peinture et l’art de la fresque, la sculpture, la poésie et donc d’avoir été les premiers à avoir su maîtriser l’écriture. Il faut bien sûr modérer la vision d’une culture naissante, venue de nulle part, et déjà maîtresse d’elle-même. Les archéologues ont montré que la réalité était bien plus complexe et que, de tout temps, les différentes cultures de l’Amérique centrale se sont rencontrées, combattues, associées, mélangées (alors qu'elles provenaient toutes d'un même peuple provenant d'Asie à l'origine)... Toutes ces cultures n’ont d’ailleurs pas toujours laissé de traces. Le régime politique était féodal et les conflits fréquents. Lorsque les Toltèques arrivèrent à Teotihuacán, suite à leur migration, et pour nous vers l’an 1000, la cité était déjà abandonnée depuis près de trois siècles... On ne sait quelle guerre ou cataclysme a pu vider l’endroit de tous ses habitants. On a retrouvé récemment les traces d’un grand incendie dans la cité. Les Toltèques ont investi une ville fantôme et très vite lui ont redonné vie. Ils reconstituèrent en partie l’héritage de ces ancêtres prestigieux dont ils ne savaient presque rien. Ils fondèrent leur nouvelle capitale, Tula, 50 Km plus au nord-ouest, et, en deux siècles, bâtirent un empire puissant s’étendant sur tout le centre du Mexique.
L’histoire se répète. Plus tard, les Aztèques imiteront leur culture. Leur religion aussi. C’est d’eux qu’ils tiennent la croyance en "Quetzalcoátl" . Ce Dieu qui traverse toute la mythologie précolombienne et qui semble avoir vraiment existé : on pense qu’il s’agit du fils de Mixcoátl qui, devenu le maître spirituel des Toltèques, repris le nom de ce dieu déjà vénéré depuis des siècles mais sans importance particulière et qui par sa propre histoire, funeste d’ailleurs, fit renaître la légende du "Serpent à Plume" en créant involontairement la confusion dans l’esprit de ses contemporains. Renversé par ses ennemis qui adoraient des dieux sanguinaires, il dû s’exiler et se retrouva finalement dans le Yucatán où il fut accueilli puis vénéré, là aussi, par les Mayas... On peut le considérer comme une sorte de Bouddha ou de Jésus Christ qui réussit à focaliser sur lui toutes le respect et toutes les craintes de ses contemporains. Un mythe : il eut plusieurs vies... Et il a déjà détruit quatre fois ce monde ! Et la cinquième est proche... La comète de 1519 annonçait-elle son retour ? On le vénère surtout pour le don qu’il fit aux hommes de l’âme et de la morale.
Les Atlantes de Tula sont quatre géants de pierre alignés côte à côte. On les trouve sur la terrasse d’une pyramide basse à quatre degrés, un "Teocalli" , auquel on accède par un escalier monumental. Ils mesurent tous cinq mètres de haut et ce sont probablement les guerriers mythiques d’ "Aztlán" , la Cité-Mère, dont on a pu croire un temps qu’elle faisait référence à la fameuse Atlantide. La similitude des deux mots paraît troublante. Le site de Tula est étonnant de beauté d’autant plus qu’il est assez rare de trouver des représentations humaines d’une telle importance. Les statues, qui n’étaient en fait que des piliers, supportaient les superstructures d’un temple immense entouré d’une ville dont il ne reste plus rien. On imagine à peine la richesse des autres oeuvres qui devaient s’y trouver.
Comme Teotihuacán , la cité domina toute la vallée de Mexico et comme Teotihuacán, la cité fut envahie et détruite au XIIème siècle, par des barbares venus du Nord. On sait aujourd’hui que la ville fut brûlée et abandonnée.
Les Aztèques
Le 18 juillet 1325, la tribu nahua des Aztecas (ou Mexicas) venue du nord du Mexique (région du lac d’Aztlan) s’installe dans la vallée d’Anahuac et édifie une cité au milieu du lac Texcoco : Tenochtitlán . La légende veut que le dieu Huitzilopochtli ait désigné cet endroit : un rocher portant un cactus où se tenait perché un aigle.
Après avoir vaincu les Tépanèques, les Aztèques étendent leur empire depuis les steppes désertiques du nord jusqu’aux limites du pays maya au sud et depuis les côtes du golfe jusqu’à celles du Pacifique.
Tous les monuments de la capitale de l’empire aztèque Tenochtitlan (l’actuelle Mexico) ont été détruits en 1521 lors du siège de la ville. Nous ne les connaissons que par les descriptions et les dessins de l’époque que sont venues corroborer les fouilles archéologiques du Grand Temple. Hors de la cité ravagée, certains édifices construits par les Aztèques ont subsisté, comme les temples de Teopanzolco dans le Morelos actuel, de Huatusco et de Teayo (Veracruz). La pyramide de Tenayuca, non loin de Mexico, bien que bâtie à l’origine par d’autres peuples, a été complétée par les Aztèques.
les Aztèques , qui se prétendaient les fiers descendants des Toltèques, auront oublié qu’ils avaient d’abord été battus et soumis par ces mêmes Toltèques. Ils leurs doivent presque tous les raffinements de leur culture, système politique et religieux compris, et ils ont su perpétuer à leur manière leur art et leur architecture, à tel point que le mot "toltèque" sera le nom qu’ils utiliseront communément pour désigner "un artiste" . Etrange culture, étranges barbares ; capables de commettre les pires sacrifices humains pour des dieux cruels mais pour qui, dans le même temps, ils écrivaient les plus beaux poèmes des civilisations précolombiennes...
La société aztèque est très hiérarchisée. A sa tête se trouve l’Empereur ( tlatoani ) : il dirige tout et exprime la volonté des dieux ; c’est un personnage quasi-divin entouré d’une fascination religieuse. La succession sur le trône est héréditaire.
Le haut de la société est constitué par les pilli : ce sont des nobles de naissance appartenant à la lignée royale.
Les prêtres sont responsables des rituels religieux, de l’écriture, de la médecine et de l’astronomie.
Au-dessous se trouvent les macehualli , roturiers qui représentent la majeure partie de la population. Ils sont divisés en de nombreuses catégories sociales selon leur richesse ou leurs fonctions officielles, et peuvent, à la suite d’un haut fait, être élevés au rang de noble et en avoir tous les avantages.
A la base de la pyramide sociale se trouvent les mayeques : ce sont les paysans rattachés à un seigneur et à son domaine (serfs).
La vie quotidienne des Aztèques
Elle se déroule au milieu du grand lac Texcoco qui leur apporte une source importante de leur alimentation grâce à la pêche. Ils vivent également de la culture qu’ils pratiquent sur des chinampas , des jardins flottants formés de paniers remplis de feuilles, de terre et de cendres, et dans lesquels poussent du maïs, des légumes divers (haricots, courges, citrouilles, tomates, pommes de terre), des condiments (oignons, piments), ainsi que les cacahuètes (tlacacahuatl) et la vanille. Le lac fournit de l’eau douce et de l’eau salée, et permet d’irriguer les cultures grâce à des canaux d’irrigation.
Les hommes portent un pagne et des sandales ; ils ont les oreilles percées, les cheveux coupés courts et ne portent pas de toque, contrairement aux nobles. Les femmes marchent nu-pieds, et sont vêtues d’une jupe ample et d’une sorte de poncho dont la base est ornée de motifs décoratifs ; elles portent une coiffe imitant des tresses.
Quetzalcoatl ("le serpent à plumes") est le dieu de l’air et du commerce. ll est représenté avec un épis de maïs (la terre), un poisson (l’eau), un lézard (le feu) et un vautour (l’air). C’est le seul dieu Aztèque (hérité) qui ne demandait pas de sacrifice humain...
Pour écrire, les Aztèques se servent de glyphes ; ils n’arriveront que très tard à une forme d’écriture primitive. Pour ce qui est des chiffres, ils n’en connaissaient pas l’usage et représentaient leurs caractères numériques par des figures symboliques.
La plupart des codex réalisés avant la conquête espagnole ont été détruits, mais les Espagnols en firent exécuter un grand nombre par les scribes aztèques à leur arrivée au Mexique, à l’instar du codex Mendoza qui décrit en trois parties : la vie des Aztèques, l’histoire des seigneurs de Tenochtitlán et une liste des impôts payés par les villes à l’empereur Moctezuma. (Yves Herbo : Tout à fait exact, l'histoire entière des Aztèques a été réécrite à la demande du pape de l'époque et de la Reine d'Espagne, afin de ne pas contrarier les écrits chrétiens de n'importe quelle façon que ce soit, et aussi politiquement de prouver (les impôts) la cupidité de l'empereur au lieu de sa "divinité" - même si la liste est probablement vraie, sans pouvoir le prouver puisqu'écrite sous la contrainte. C'est tellement évident que les Aztèques vaincus (et constatant leur erreur quant au retour des Dieux) se sont révoltés et ont luttés des générations durant... leur propre histoire a été détournée et modifiée sous leurs yeux, sans qu'ils ne puissent rien y faire. L'Empire Aztèque a été éradiqué et son peuple a été l'un des plus massacré par les espagnols.
Les Mayas
En traversant les contrées d’Amérique centrale, les conquistadores espagnols sont passés à proximité des plus grands centres mayas sans en soupçonner l’existence. L’Empire aztèque était alors à son apogée, et la civilisation maya en pleine décadence, ses grandes citées ayant été abandonnées cinq siècles auparavant.
Reconstituer l’histoire des Mayas est une quête difficile, car les manuscrits hiéroglyphiques ont quasiment tous été détruits par les prêtres espagnols au XVIe siècle. Seuls quatre codex ont traversé les âges. L’étude de la civilisation maya a pu se faire grâce aux fouilles d’une centaine de sites archéologiques dégagés de la végétation tropicale et par l’observation ethnologique des populations actuelles telles que les Lacandons qui ont su préserver d’anciennes coutumes.
L’histoire de la civilisation maya est classiquement découpée en trois grandes périodes :
- Préclassique de - 600 AV J.C. à +300 : la formation (Kaminaljuyù, Uaxactùn, Izapa, ...),
- Classique de 300 à 900 : l’apogée (Copán, Tikal, Palenque, Uxmal, Bonampak, ...),
- Postclassique de 900 à 1500 : le déclin (Chichen Itza, Tulum, Mayapán, ...).
Les premiers peuplements mayas connus se situent dans l’actuel Belize vers 1000 av JC. Entre 600 et 500 av JC, ils s’installent dans une région comprise entre le Mexique et le Guatemala. C’est là, dans cette région à la végétation dévorante, où tout semblait hostile à l’homme que vont surgir les plus belles cités : Tikal et Palenque qui connaissent leur apogée entre 300 et 900.
Mais ce défi à la nature devait avoir une fin au IXe siècle lorsque les grand centres sont abandonnés pour le Yucatan et les cités de Chichen Itza et Uxmal. Plusieurs causes ont été évoquées pour expliquer cette migration : changement climatique, guerres intestines, épuisement du sol, lassitude des paysans à lutter contre l’emprise de la forêt. A la fin du Xe siècle, les vestiges de la civilisation maya sont largement fécondés par l’apport culturel des Toltèques récemment arrivés.
Vers la fin du XIIe siècle, des querelles intestines entraînent la décadence de Chichen Itza. La dernière cité maya indépendante tombera aux mains des espagnols en 1697.
Les mayas empruntèrent aux Olmèques le calendrier long, l’écriture avec des glyphes et les principes de base de leur religion. Ils furent également influencés par Teotihuacan qui contrôla les hautes terres du Mexique du Ier au VIIe siècles.
Après un âge d’or de près de cinq siècles (300 à 900), la civilisation maya déclina avant d’être fécondée par l’arrivée les Toltèques, chassés de Tula vers la fin du Xe siècle.
Organisation sociale et politique des Mayas
Pas de pouvoir politique centralisé chez les mayas, ils étaient organisés en états-cités autonomes collaborant souvent, s’entre-combattant parfois. Au centre de la cité, les temples, monastères, observatoires astronomiques et palais sont organisés autour de vastes places. Les habitations individuelles sont éparpillées dans les faubourgs. Les plus grandes villes regroupent 200.000 à 300.000 personnes.
L’organisation politique est de type " monarchie héréditaire " : la cité est gouvernée par le halac vinic qui dispose des pouvoirs religieux, militaires et civils. Il choisit, au sein d’une classe aristocratique héréditaire, les batabs (chefs locaux, responsables de bourgs ou de villages) chargés de percevoir les redevances et de veiller à l’exécution des ordres (prescriptions d’écobuage, par exemple). Les batabs et leurs proches forment la couche supérieure de la société : la noblesse.
Le clergé constitue également une classe nombreuse. Les prêtres ( Ah Kin ) se succèdent de père en fils. Leur responsabilité couvre de nombreux domaines : écriture, chronologie, almanach sacré, médecine, organisation des cérémonies, éducation des futurs prêtres, ... La classe des prêtres et des nobles est chargé de pourvoir à la nourriture quotidienne des divinités soit par l’autosacrifice, soit par la fourniture de victimes humaines, essentiellement des prisonniers de guerre. La guerre possède donc une fonction sociale précise : l’approvisionnement en victimes pour les sacrifices.
En bas de l’échelle, le peuple est chargé de pourvoir aux besoins des classes non productives : alimentation, habillement, main d’oeuvre pour les travaux publics. Pour celà, ils ne disposent que d’outils en pierre ou en bois ; ils ne connaissent ni le métal, ni la traction animale, ni la roue (qui a pourtant été retrouvée sous forme miniature dans des tombes).
Les esclaves (délinquants de droit commun, prisonniers) constituent une classe à part. C’est souvent parmi eux qu’on cherche les victimes sacrificielles.
Le maïs, source de vie
Le maïs était cultivé selon le système du milpa (écobuage) : en avril, la végétation desséchée est brûlée ; en mai, avec l’arrivée des pluies, les paysans divisent leur champ en quatre parcelles et y répartissent les graines de maïs pour obtenir quatre récoltes en août, octobre, décembre et mars.
Quinze hectares et une cinquantaine de jours de travail sont nécessaires au paysan maya pour nourrir sa famille (10 personnes) pendant un an ; le reste du temps est consacré à entretenir les prêtres et les guerriers déchargés de travaux manuels.
Les Mayas tiraient le plus gros de leur subsistance d'une agriculture sur brûlis : on brûle les broussailles - la cendre constitue un excellent engrais - avant d'ensemencer au moyen d'un bâton pointu. La découverte de Cerén, un petit village maya enseveli par une éruption volcanique au VIe siècle, a permis aux archéologues d'observer in situ comment les Mayas de l'Époque classique cultivaient sur une même parcelle maïs, haricots et courges. Les grands arbres étaient laissés en place et contribuaient à la régénération de la parcelle. Après une ou plusieurs années, les éléments nutritifs contenus dans la cendre étant épuisés, il fallait laisser la parcelle en jachère pendant une période qui variait selon la qualité du sol : jusqu'à vingt ans dans le nord du Yucatán.
Les différents peuples mayas entretenaient de nombreuses relations commerciales avec des cités lointaines. Les fèves de cacao et les clochettes en cuivre servaient de monnaie d’échange avec les cités étrangères ; le cuivre était aussi utilisé à des fins décoratives, comme l’or, l’argent, le jade, les coquillages et les plumes de quetzal.
Le Nord de la Colombie - Côte de la mer des Caraïbes
C'est à Puerto Hormiga, site au sud-ouest de Carthagène, sur la côte ouest de la mer des Caraïbes, que l'on a retrouvé l'une des plus anciennes céramiques d'Amérique.
Elle daterait de 3000 av. J.C. et est particulièrement primitive. A Barlovento, site au nord-ouest de Carthagène, on a retrouvé des vases sphériques décorés de motifs curvilinéaires incisés, typiques de la région, que l'on date de 1500 av. J.C.
Enfin, une population d'agriculteur cultivant le manioc auraient vécu dans cette région aux alentours de l'an 1000 av. J.C.
Le parc archéologique de San Agustín est un ensemble de monuments religieux et de sculptures mégalithiques au cœur des Andes, à San Agustín dans le département de Huila en Colombie. 300 sculptures monumentales réalistes ou abstraites parsèment ce parc, témoignant de l’art d’une civilisation inconnue qui atteignit son apogée durant les huit premiers siècles de notre ère.
Certains archéologues les datent du 11e siècle avant J. C. tandis que d'autres estiment qu'elles ont été érigées juste avant la conquête espagnole.
L'origine des sculpteurs demeure mystérieuse car la plus grande partie du site n'a toujours pas été fouillée et aucune trace d'écriture n'a été trouvée à ce jour. Plusieurs statues représentent des animaux tels que des gorilles ou des éléphants d'Afrique (!) tandis que d'autres portent des turbans 1. Les statues ont des hauteurs différentes, la plus grande faisant 23 m de haut. Elles ont été sculptées dans le tuf et l’andésite volcanique, très durs.
Le littoral Pacifique du Sud de la Colombie et du Nord de l'Equateur est essentiellement composé de mangroves, prolongées par de denses forêts tropicales entrecoupées de marécages dont les limites donnent naissance à la Cordillère des Andes.
Cette région connaîtra plusieurs cultures entre de VIIème siècle avant Jésus-Christ, jusqu'à l'apparition des premiers colons européens au XVIème siècle. La culture Tolita Tumaco, qui s'épanouira en 300 avant et 300 après Jésus-Christ, succédera aux premières occupations humaines. La culture Tumaco La Tolita tire son nom de deux îles, celle de Tumaco, port situé au Sud de la Colombie, et celle de La Tolita, dans l´estuaire du rio Santiago, sur la côte Nord de l´Equateur. La nécropole de La Tolita, réservée aux élites, sera le théâtre de rites funéraires importants. Des fouilles clandestines détruiront malheureusement une partie de ce site qui livrera des céramiques et la plus ancienne orfèvrerie des Andes du Nord.
Les études récentes infirmeront l'hypothèse de l'origine méso-américaine à la culture Tumaco La Tolita et lui attribueront des racines équatoriales. La première phase d´occupation, comprise entre 700 et 300 avant Jésus-Christ., se rattache à la fin de la Période Formative tardive (IIIème-IIème millénaire avant Jésus-Christ). Les habitants de l´île de La Tolita construiront des temples et des édifices cérémoniels sur de grands monticules artificiels (tolas). L'autosuffisance alimentaire, assurée par la création d'un réseau de canaux dans les basses-terres, permettra l'apparition de potiers et d'orfèvres. Les céramistes assureront une production abondante de récipients utilitaires et cérémoniels aussi que de figurines anthropomorphes, zoomorphes ou anthropo-zoomorphes. Une grande quantité d'offrandes funéraires, composées de bijoux et ornements en or, sera retrouvée dans les sépultures de la nécropole de La Tolita.
L'occupation Tumaco-La Tolita de l'île d'el Morro donnera naissance à un port qui assurera les échanges maritimes vers les terres du Nord et renforcera l'hégémonie dans la région littorale. La culture Tumaco La Tolita disparaîtra mystérieusement vers 300 après Jésus-Christ. La région sera alors peuplée de groupes indigènes.
La culture Quimbaya
Cette ethnie préhispanique vivra dans la moyenne vallée du Cauca, au centre de la Colombie, entre 400 et 1400 après Jésus-Christ environ. Le "Trésor des Quimbaya" sera découvert en 1891 à Filandia, dans la région centrale du fleuve Cauca. Il sera composé de 120 pièces en or de style parfois différent, découvertes dans deux tombes, peut être des sépultures multiples. On mettra ainsi à jour un grand nombre de poporos ainsi que des sacs pour emballer des feuilles de cocas et des spatules.
La plupart des objets Quimbaya proviendront ensuite de fouilles clandestines. Les nombreuses sépultures livreront de pièces d'orfèvrerie réalisées selon des techniques très sophistiquées, notamment celle de la fonte à la cire perdue avec noyau qui sera utilisée dans la fabrication des poporos (récipients creux).
La culture Tolima
Les sommets les plus élevés de Colombie sont situés dans la Cordillère centrale (pic volcanique du Nevado del Huila (5 750 m) et celui du Tolima (5215 m). Les côtes de la Colombie s'étendent sur 1 610 km le long de la mer des Caraïbes, et sur 1 290 km le long du Pacifique.
La quasi totalité des objets connus provient de fouilles clandestines. L'orfèvrerie Tolima se distingue surtout par ses pendentifs et figurines géométriques, anthropomorphes ou zoomorphes. Des artéfacts étranges ont été trouvés dans ces hautes montagnes, leurs explications sont surprenantes de la part des archéologues : voici ce qui a été identifié comme des poissons volants (à hautes altitudes ^^) ou dessins anthropomorphiques (représentant l'être humain) :
Un monde sans argent 2
Toutes les théories, contes et philosphies sur la recherche de la société parfaite ont été et sont toujours discutées âprement et il faut bien se rendre compte, depuis ces quelques siècles d'écrits et d'idées saugrenues jusqu'à réalistes, que si aucune dans son ensemble n'a pu réellement trouver un consensus universel parmis nos philosophes, des parties d'entres elles, par ci par là, on bien été adaptées "naturellement" et paraissent évidentes de nos jours, alors qu'elles ne l'étaient pas du tout à l'époque. Les idées les meilleures sont aussi souvent les plus incomprises, surtout bien sûr si elles bousculent, même légèrement, des postulats solidement ancrés et appris de générations en générations... et non, malheureusement, tout l'héritage que transmet les parents aux enfants n'est pas "bénéfique" et "pour le bien de l'enfant", seule la partie amour et protection l'est à 100%, en quelque sorte. Le reste n'est souvent que transmissions d'erreurs de jugements, de postulats de l'époque concernées, peu souvent adaptés d'ailleurs et datant même parfois d'époques révolues... mais tenaces... et l'Education Nationale n'est pas en reste d'ailleurs dans la majorité des pays : les postulats et idées préconcues concernent toute personne et les instituteurs-professeurs n'en sont pas exclus...
Je ne pense pas utile de réétaler ici ces multiples débats et théories, déjà visibles et étudiables sur de nombreux sites internet (c'est l'un des avantages d'internet : une bibliothèque gratuite en permanence en quelque sorte), il suffit de faire des recherches sur Utopie, Utopies socialistes, même wikipedia a quelques bonnes sources : http://fr.wikipedia.org/wiki/Socialisme_utopique , le marxisme aussi bien sûr, plus réaliste et pragmatique dans son approche, et d'autres... mais je vais principalement me concentrer sur l'un des premiers dont l'esprit semble bien avoir été inspirée par une certaine conscience collective (précisément parce qu'il n'avait aucune source à se référer sur ce sujet précis), ce qui est à mon sens un signe particulier, une valeur particulière. Effectivement, Thomas More, en 1516, inventait le mot utopie... et en même temps décrivait une île ayant adopté un système proche de ce que nous avons appelé récemment (suite aux percées archéologiques et scripturales) le "socialisme inca"... alors même qu'il ne pouvait se douter de son existence passée. On peut dire aujourd'hui que More est à l'origine d'un vaste mouvement qui n'a pas fini de grandir, met très longtemps à faire son chemin, mais progresse au fil des décennies malgré tous les obstacles (y compris ceux des nouveaux "utopistes" d'ailleurs...).
L’île d’Utopie de Thomas More
Le mot "utopie" a été inventé en 1516 par l’anglais Thomas More. Il signifie, en grec "qui ne se trouve en aucun endroit". Ce diplomate humaniste, chancelier du royaume d’Angleterre, décrivit une île merveilleuse qu’il nomma Utopia et où règnait une société sans impôt, sans misère, sans vol.
"Avec « Utopia », le philosophe anglais conçoit en même temps un non-lieu et lieu de bonheur à l’abri de toute tyrannie. Un « Eloge de la sagesse » en écho à « L’Eloge de la folie » d’Erasme. Il pensait que la première qualité d’une société utopique était d’être une société de liberté. Il décrit ainsi sa société idéale : 100 000 habitants vivant sur une île. Les citoyens sont regroupés par familles. 50 familles forment un groupe qui élit son chef, le syphogrante. Les sygrophantes forment eux-mêmes un Conseil qui élit un prince sur une liste de quatres candidats.
Le prince est élu à vie mais on peut le démettre s’il devient tyran. Pour les guerres, l’île d’Utopia utilise des mercenaires : les Zapolètes. Ces soldats sont censés se faire massacrer avec leurs ennemis durant la bataille. Comme ça l’outil se détruit dès usage. Il n’y a pas de monnaie, chacun se sert au marché en fonction de ses besoins. Toutes les maisons sont pareilles. Il n’y a pas de serrure et tout le monde est obligé de déménager tous les dix ans pour ne pas s’enraciner. L’oisiveté est interdite. Pas de femmes au foyer, pas de prêtres, pas de nobles, pas de valets, pas de mendiants. Ce qui permet de reduire la journée de travail à 6h. Tout le monde doit accomplir un service agricole de deux ans. En cas d’adultère ou de tentative d’évasion d’utopia, le citoyen perd sa qualité d’homme libre et devient esclave. Il doit alors travailler beaucoup plus et obéir. En 1535, Thomas More est si sûr de lui qu’il se permet de critiquer dans un monde trop réel le divorce du roi d’Angleterre Henry VIII. Le monarque le fit aussitôt emprisonner et décapiter.
More, au fond, crée un genre nouveau sur un sujet connu depuis les Grecs, celui de la cité idéale. La question dès lors était de savoir comment réaliser sur terre une société égalitaire, juste et heureuse, fiction et politique formant une conjonction inédite. Le mot même Utopia est conçu par More lui-même à partir du grec : soit ou, préfixe privatif, et topos, lieu. Autrement dit : non-lieu, nulle part. D’ailleurs, le titre complet est-il à lire comme suit : « La nouvelle forme de communauté politique et la nouvelle île d’utopie ».
Mais attention ! Outopos, le non-lieu, peut se lire aussi bien eutopos, le lieu du bonheur. Paradoxe apparent puisque ce lieu de bonheur se réclamerait de nulle part, mais que ce nulle part n’en constituerait pas moins un topos. Est-ce bien clair ? Satire, humour, ironie relancent sans cesse la contradiction dans ce réquisitoire contre le mal. L’utopie, en effet, porte elle-même sa critique. Si l’île se nomme Utopie, le prince en est Adème (le prince sans peuple), la capitale Amaurote, la ville obscure, le fleuve An-hydre, sans eau, le narrateur Raphaël Hythloday, archange diseur de non-sens. Soit un monde à l’envers qui aurait pour dessein de nous faire croire que l’impossible, une société heureuse, a été réalisé ailleurs, dans une île.
« Utopia » se compose de deux livres. Le Livre I, qui est le second en fait, est un réquisitoire contre la société de l’époque et contre le mal. More imagine avoir rencontré à Anvers Raphaël Hythloday, un marin-philosophe portugais qui aurait suivi Amerigo Vespucci dans les trois derniers voyages de découverte. C’est le début d’un récit fantastique où le marin pose entre autres une question fondamentale sur la loi punissant les voleurs de la peine de mort. Elle est inique - et absurde - puisqu’elle punit de la même façon le voleur et le criminel ; elle est de surcroît inhumaine, puisqu’elle ne respecte pas la valeur de la vie ; et inutile en fin de compte puisqu’elle n’a pas réussi à diminuer le nombre des voleurs. C’est le fond même, en condensé, d’un discours beaucoup plus récent d’un certain Robert Badinter sur l’abolition de la peine de mort...
La pauvreté, d’autre part, aurait une cause clairement identifiée, la propriété privée, car le pouvoir est aux mains des économiquement forts qui oppriment les faibles. D’ailleurs, pour éviter les problèmes de propriété, on échangera les maisons tous les dix ans. Ce discours-là, comme on le sait, ne restera pas longtemps en déshérence... Puis vient le Livre II, écrit en Flandre, qui indique en somme comment peuvent être corrigées les mauvaises institutions de l’Europe. Les ressemblances de l’île avec l’Angleterre sont frappantes. Dieu serait exclu de la création de l’île, celle-ci procédant d’une décision humaine, celle du roi Utopus, qui fit creuser un isthme pour la séparer du continent. Passant de l’état de nature à celui de culture, l’île connaît un haut degré de civilisation et d’humanité qui, étant protégé du monde extérieur, ne peut être contaminé.
La cité est pensée comme un système établi dans la perspective du bien commun et dans le respect de l’individu. Fondées sur l’abolition de l’argent et de la propriété privée, elles garantissent l’efficacité de ce nouveau contrat social et la dignité humaine comme une citoyenneté, en évinçant toute forme de pouvoir personnel et, partant, toute espèce de tyrannie. Il suffirait certes que l’homme y mette un peu du sien. Car les institutions, lit-on par exemple dans le « Dictionnaire des Utopies », « sont déterminées par la volonté de tous. Les cités sont autonomes et gouvernent leurs propres affaires grâce à des magistrats élus à l’année, choisis parmi les Utopiens. »
La famille est la communauté de base. L’organisation de la vie collective planifie le nombre de personnes d’une famille, d’une phylarquie (groupe de trente familles), d’une Cité, mais n’impose pas un nombre limité d’enfants. L’individu solitaire ne jouit, lui, d’aucun statut privilégié. Afin que se maintienne l’équilibre nécessaire à la vie en Utopie, des mouvements sont prévus d’une cité à l’autre, mais aussi vers l’extérieur, pour y créer des colonies de peuplement ou, si l’on veut devenir Utopien. « La guerre, considérée comme une inutile boucherie, n’est admise que pour se défendre ou si les colonies refusent les nouvelles institutions. l’Utopie aspire fondamentalement à la paix. »
La vertu, prêchent encore les Utopiens, « c’est vivre selon la nature et Dieu nous a créés à cette fin ». L’Utopie n’est donc pas athée, au contraire : « s’il y a tolérance des pratiques religieuses les plus diverses, il y a cependant unité dans les principes fondamentaux de la croyance. » La spiritualité que More attribue aux Utopiens s’accorde sur l’existence d’un être suprême, créateur et protecteur du monde, qu’ils appellent Mythra. L’on voit avec clarté, en définitive, que les contours de l’Utopie se démarquent nettement de ceux du Léviathan de Thomas Hobbes (1651) où, si l’état de nature est celui de la guerre permanente (homo homini lupus), l’instinct de conservation (ou la crainte de la mort violente) conduit les hommes au pacte (ou contrat) social par lequel ils renoncent à leurs droits naturels et les transfèrent à la société, seul un pouvoir absolu - l’Etat Léviathan - pouvant en garantir l’exécution." par Zerfougnou
Bien évidemment, cette toute première utopie imaginée en cette fin de Moyen-Age n'est pas ce que nous aimerions appeler un idéal de société. Loin de là même, mais on y dénote certaines idée intéressantes, et surtout référence à un système qui a effectivement fonctionné pendant des siècles, et sur des distances considérables : celui de la civilisation Inca, qui est certainement l'un des plus aboutis des amériques précolombiennes (mais on remarquera que toutes les civilisations Mayas, Aztèques, etc, semblent avoir hérité plus ou moins de ce style de système sans argent, de là à imaginer une influence ancestrale commune d'un système de société très ancien, voir l'influence d'entités ou d'extra-terrestres, de dieux, comme certains le disent, il n'y a qu'un pas... inutile à franchir ici.
Dans notre troisième partie, nous décortiquerons les découvertes des spécialistes sur l'Empire Inca en matière économique et organisationnelle, (éventuellement quelques apports d'autres cultures proches), tout en maintenant notre relation avec l'île de More. La partie suivante consistera logiquement à démonter en quelque sorte les murs de cette île et de les remonter de la façon idéale, en fonction des réflexions et impératifs dictés par un objectif evident : un monde où chacun travaille effectivement avec ses talents et dons pour son épanouissement personnel et celui de la collectivité, sans argent, sans possibilité de vivre grâce au travail des autres mais par le don et l'utilisation de ses connaissances et possibilités propres envers les autres. Inutile de dire que le plus gros du travail, à mon avis, n'est pas économique mais d'ordre éducatif surtout... Ah, c'est ici le moment par contre de rétablir certaines contre-vérités historiques, voir des mensonges, perpétrés par certains théoriciens d'extrême-droite (surtout du FN récemment) : le libéralisme n'est pas une création "socialiste" et ne date pas de 15 ans du tout... c'est bien plus vieux et c'est bien une idée d'homme de droite dès la fin du 19ème siècle, et c'est bien un homme de droite (VGE dans les années 70 qui a permis le développement du libéralisme que l'on connaît actuellement... les socialistes n'ont par contre absolument rien fait pour l'empêcher, puisque n'importe comment ils sont pour que rien ne bouge non plus du point de vue économique : les socialistes adorent le capitalisme depuis longtemps maintenant...).
A lire : http://www.lemondepolitique.fr/cours/philosophie_politique/socialisme/socialisme_utopique.html
Part 1 : http://mpsa.e-monsite.com/blog/historique-manifeste/un-monde-sans-argent-1.html
Yves Herbo, MDPA - 01-11-2014 - part 2
Un monde sans argent 1
Suite logique de la série (9 pages) : http://mpsa.e-monsite.com/blog/historique-manifeste/incursion-dans-un-domaine-trop-reserve-la-monnaie-part-9.html
Suite des pages Un Monde Sans Argent : Page-1.html , Page-2.html , Page-3.html , Page-4.html , Page-5.html
Cette série d'articles montrera l'essentiel des reflexions humaines sur ses systèmes économiques passés et présents, le constat évident d'une fracture entre les "réalités" commerciales qui exhibent les élites et "ceux qui ont réussi" grâce au système (quelle que soit la manière " d'y être arrivé " d'ailleurs, qui n'est pas toujours très reluisante), faisant croire à une possibilité générale d'une telle réussite pour chacun (ce qui détruirait ce système - si tout le monde "réussi" dans son talent et métier, ça devient la norme banale et il n'y a plus de raison d'admirer ou d'imiter "les meilleurs" puisqu'on ne distingue plus la différence en fait avec la moyenne...). C'est d'ailleurs un peu ce qu'il se passe actuellement (à mon avis) en ce qui concerne les arts en général, qui sont le plus touchés par ce système basé sur la consommation au détriment de la recherche et l'innovation : on surexploite ce qui existe déjà et a fonctionné en multipliant les dérivés d'un seul produit (une chanson par exemple) pendant des générations en investissant au minimum sur les créations et inconnus : on investit deux fois plus sur une vieille chanson à succès a remixer que sur une chanson inconnue : la simple notion d'argent évoque bien un risque au détriment de la culture. Ce n'est qu'un exemple bien sûr.
Ce système (comme d'ailleurs tous les systèmes d'organisations politiques et économiques connus à ce jour (monnaie d'échanges et trocs) - car on refuse d'admettre le précédent, totalement égalitaire et communautaire, sans argent ni troc) repose donc avant tout sur l'illusion donnée à la "masse populaire" qu'elle peut elle-même accéder à des conditions identiques qu'elles voient chez les riches nantis avec leurs anciens châteaux ou leurs modernes buildings, ou tout au moins s'en approcher afin de "grandir" en possessions matérielles et trouver le bonheur dans l'opulence... le système exploitant donc ceux qui "veulent y arriver" par ceux qui "y sont arrivés" ou ont hérité, gagné de x façons des moyens de le faire sans passer par la case "il faut ou je veux y arriver" car déjà fait (à la naissance ou après). On voit donc que ce système est déjà biaisé d'entrée par l'existence de la notion d'héritage de pouvoirs (financiers, de successions, de titres...) qui créée automatiquement une élite dont une grande partie dure longtemps dans l'histoire humaine - les gens ne pensent pas que des familles puissent concerver un pouvoir au-delà de quelques années, ils se trompent et n'ont aucune idée des réelles dynasties qui régissent le monde pendant des générations entières d'humains - et influent sur celle-ci pour leur seul intéret.
Tout en n'oubliant pas que ces quelques familles qui influent et dirigent même discrètement le monde par leur poids financier n'ont aucun intérêt à ce que quoi que ce soit change en ce qui concerne ce système, en faisant en sorte d'ailleurs qu'il devienne (ou donne l'illusion) totalement indispensable et compréhensible à la majorité. La création de la monnaie scripturale - monnaie virtuelle - dématérialisée et la "délégation" du pouvoir des Etats sur cette monnaie vers le privé a aidé et aide évidemment cette élite à maintenir sa mainmise sur le réel pouvoir grâce précisémment à la possession de ces grandes banques privées mondiales qui crééent l'argent pour les Etats !
Premier constat : si vous interrogez quelqu'un dans la rue sur les necessités réelles de l'argent, il vous regardera en général avec des yeux ronds et vous répondra invariablement : " Heu comment faire sans ? Tu veux pas retourner à l'antiquité et au troc quand même ? Comment s'échanger les marchandises ? Pourquoi le meunier amènerait sa farine au boulanger s'il ne veut pas de pain par exemple ?... etc ". On constate donc tout d'abord que la notion "d'échange" est immédiate et que la société, assez rapidement et dès l'antiquité, a "formaté" les mentalités et raisonnements humains dans ce sens (et à l'avantage des premières élites bien sûr). Si je fabrique, cultive ou créé quelque chose, je veux l'échanger contre quelque chose que je veux ou qui m'aidera à fabriquer, cultiver, créer... logique incontestable d'ailleurs, mais est-ce bien la seule logique possible ? Nous verrons que non et que, contrairement aux idées réçues et même à certains "postulats" bien établis (notamment sur l'impossibilité d'un système sans argent autrement que très localisé), un tel système peut exister mondialement (il est même seulement optimal qu'au niveau mondial, tout comme le capitalisme l'est et tout comme l'économie marxiste devait l'être pour exister réellement un jour, ce qui n'a jamais été le cas).
On peut tout de même aussi noter que, depuis les Anciens Grecs et leur invention de pratiquement tous les régimes de gouvernement, encore pratiqués et adaptés de nos jours, en partant de la démocratie (très peu de pays concernés à ce jour sur Terre par ce type d'organisation, (et c'est pourtant celui sur lequel il faut travailler le plus à priori), l'olligarchie (le régime le plus pratiqué à ce jour sur Terre, y compris par des dictatures déguisées ou non, la tyrannie (et monarchies diverses, régime également bien pratiqué dans plusieurs régions, sous couvert ou non d'olligarchie détournée, l'anarchie (non-régime ayant existé avant les mêmes anciens grecs d'après eux, mais "réactualisé" au 19ème siècle. On peut considérer le marxisme économique allié au régime communiste, historiquement, comme étant la principale avancée de l'humanité depuis 2000 ans en matière "d'idées" concrètes sur une nouvelle société ou un nouvel idéal de vie communautaire, depuis les anciens Grecs (qu'on aime ou non l'idée, il faudrait tout de même que l'humanité en prenne conscience quelque part). Génie de Marx (que le monde considérerait probablement à l'heure actuelle comme le Einstein de l'organisation sociétaire si ses idées avaient été dans le sens des banquiers) que Staline a bien sûr trahi tôt ou tard, puis ses successeurs. Tout comme d'ailleurs toutes les olligarchies - élections de dirigeants rarement issus du peuple ou souvent corrompus, ont également toutes mené tôt ou tard à la tyrannie... (attention, je ne suis pas marxiste, mais il faut quand même voir certaines bonnes idées quand elles existent et ne pas détourner les yeux sur de faux principes hérités et dépassés...).
Tout est une question d'organisation et une telle organisation peut parfaitement se passer des intermédiaires (les commerçants qui ne produisent rien et jouent sur les plus-values) mais aussi régler le problèmes des échanges entre producteurs-consommateurs (un producteur EST aussi un consommateur et inversement). Dans ce système, le meunier remet sa farine au transporteur de l'Etat qui la répartie dans les différentes boulangeries locales qui en ont fait la demande. Quand le meunier a besoin de grains, il en fait la demande à l'Etat qui a prévu l'organisation en conséquence, et en fonction de chaque métier. Le principe est de répondre à la demande en temps réel et de prévoir en amont les fluctuations des marchandises, etc... chose qui est déjà faite à l'heure actuelle, mais par une multiplicité de gérants privés. Le principe est donc bien que l'Etat se rende maître de toutes les chaînes de fabrications ET de distributions, mais se rendre aussi maître par la suite réellement de son propre territoire (l'idéal étant un Etat mondial pouvant répartir les ressources mondiales selon les besoins locaux, et fabriquer à la demande, et non "pour grossir et devenir plus fort que d'autres"), pour régler les problèmes de logements et égaliser vers le haut les conditions d'existence de chacun. Autrement dit, la priorité doit être donnée dès la naissance à la sécurité et à la possibilité de s'épanouir dans la société, en éliminant toute notion d'argent préalable à cette possibilité. Autrement dit, si la société (représenté par l'Etat souvent) veut qu'un citoyen participe à la collectivité et utilise ses capacités, il doit tout d'abord lui assurer un logement et la nourriture nécessaire à son maintient sur son territoire. C'est à mon avis un préalable a l'engagement d'un citoyen envers l'endroit où il est (la naissance n'est pas un acte volontaire de l'individu mais de ses parents - à priori et hors notions religieuses) mais il est vrai que la notion d'un seul Etat mondial arrangerait tout de même sérieusement les choses...
Comme on le verra aussi par la suite (et que j'ai déjà mentionné dans un autre article sur l'économie des civilisations d'Amérique centrale), cette notion d'impossibilité d'une société sans argent sur de grandes distances - dont on parle dans les vidéos ci-dessous aussi - a été battue en brêche par les études sur les économies mayas, incas, toltèques : ces civilisations se sont bien étendues sur des milliers de kilomètres, sur des territoires immenses, très longtemps et pendant de nombreuses générations, sans aucun argent, ni même troc à leur apogée. Oui, bien que les scientifiques soient en discorde là-dessus apparemment (certains ne veulent pas admettre que les systèmes de comptages trouvés ne concernent pas des listes de troc de marchandise, mais seulement des listes de "demandes" de marchandises servant à l'entreposage dans les magasins de l'Etat). A l'époque, les producteurs ne troquaient pas leurs marchandises : ils la déposaient ou la faisaient déposer (plusieurs métiers liés à la distribution) dans les magasins/entrepôts de la communauté désignée, récupérait sa propre liste de marchandises demandées au même endroit (ou ailleurs) et tout cela "gratuitement", sans autre démarche et travail à faire que de répondre aux demandes affichées et à faire les siennes. Certes, cette organisation était stabilisée par une organisation menée par une élite alliant religion et pouvoir armé, mais c'est indéniablement une organisation viable pour une organisation de style oligarchique (la majorité des pays actuels, à commencer par la France et les USA ne sont pas des démocraties (terme détourné depuis les "révolutions" du 18ème siècle) mais des oligarchies - il n'y a pas d'élections dans une vraie démocratie - le peuple contrôle tout), ou démocratique.
Nous allons commencer naturellement par les dernières idées sur la question , les SEL ou les partages de temps comme échanges de services, mais aussi bien sûr les grandes idées dites "utopistes" (que certains voudraient évidemment qu'elles le demeurent et ne font rien pour trouver d'autres solutions), avec quelques vidéos explicatives selon les groupes de reflexions qui les ont produites (et qui sont plus assimilables pour le commun des mortels que des centaines de textes existants) - cette" liste" de vidéos et de groupes de réflexions n'est pas exhaustive ni exclusive et d'autres groupes complètent certainement et évidemment ce panel, notamment les groupes de Mr Mondialisation, Objectif Terre, Les créatifs culturels, etc... :
un monde sans argent ? from Al Autre on Vimeo.
L'Argent Dette de Paul Grignon (Money as Debt FR) from Bankster on Vimeo.
Yves Herbo, MDPA - 26-10-2014 - part 1
Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie - Part 9
Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie - Part 9
Part 1, Part 2, Part 3, Part 4, Part 5, Part 6, Part 7, Part 8
VI
Annexe : Quelques remarques pratiques
Le réseau bancaire
Sur le plan pratique, cette transformation de la monnaie ne soulève aucune difficulté, surtout à l’ère de l'informatique, logiciels de statistiques et de comptabilité étant maintenant d'usage courant.
Comme la monnaie scripturale l'est depuis longtemps, la nouvelle monnaie est créée par l'augmentation de l'avoir d'un compte, et, inversement, elle est annulée par la diminution de cet avoir. La nouveauté est que ces inscriptions, à quelque niveau que ce soit, ne peuvent être effectuées légalement que par des institutions publiques ayant pour seule fonction de tenir les comptes des individus et des entreprises. Cette monnaie n'étant qu'un pouvoir d'achat, et ne pouvant être placée ou créée afin de rapporter un intérêt, elle a une valeur nominale à sa création, elle n'est pas transférable d'un compte à un autre, elle reste sur le même compte jusqu'à son annulation. Les banques ne sont donc plus des intermédiaires de placement, elles n'ont plus le pouvoir de favoriser des clients en “multipliant le crédit“ contre remboursement avec prise d'intérêt à leur profit. En d'autres termes, elles ne gagnent pas d'argent en le manipulant : en gérant les comptes elles effectuent un service public, comme ceux, par exemple, de l'état civil ou de la sécurité sociale, et obéissent à une Banque centrale dont les décisions émanent du seul pouvoir politique.
Tout citoyen a un compte ouvert à son nom, tenu par la banque de son choix. Ce numéro de compte personnel peut être son numéro d'identité sociale, ce qui assure que tout le monde a un compte et un seul. Et cela dès la naissance, même si tant que le titulaire n'est pas adulte, celui qui en a la charge utilise son compte pour l'entretenir et veiller à son éducation.
Le financement de la production
Aujourd'hui, pour se procurer des moyens de production, un entrepreneur a recours au crédit, en général par l'intermédiaire d'une banque commerciale. Avec une monnaie “qui ne peut pas rapporter”, il n’y a plus d’investisseurs privés vivant de l’intérêt tiré de telles avances, et c'est aux pouvoirs publics qu'il incombe de fournir les moyens de production.
Quelles différences cette transformation de la monnaie entraîne-t-elle ?
Il n’y en a pas au premier stade : dans les deux cas, que ce soit à son banquier ou au service économique compétent, l'entrepreneur doit chiffrer ses besoins et convaincre que son projet est sérieux en estimant le résultat qu'il en escompte.
Mais dans le premier cas, le banquier est seul juge, et son seul souci est de s'assurer que s'il avance la somme demandée, il a assez de chances d'être remboursé et d'avoir en plus les intérêts qu'il exige. Alors que dans le second cas, le service économique, parce qu'il est public et non plus intéressé à titre privé, va pouvoir prendre en considération d'autres critères, comme les effets sur l'environnement, le bruit, la santé, les déchets, la pollution, et la préservation du patrimoine commun, etc. On peut donc imaginer la création dans chaque commune de conseils chargés de publier les projets et d'amener le public intéressé à venir en débattre. On voit que dans la mesure où il ne s'agit plus seulement de faire du profit, il devient possible de réfléchir ensemble aux conditions dans lesquelles la production s'effectue. Cette consultation publique peut mener à débattre des modes, des méthodes et des rythmes de production, de leurs impacts, du choix des sites, des énergies, des matières premières, de la nature des déchets et de la façon dont ils sont éliminés, etc. Et même de ce que devient l'entreprise si elle échoue, afin d'éviter ces friches industrielles déplorables qu'on voit trop souvent aujourd'hui et dont personne n'assume la responsabilité.
Dans les deux cas encore, lorsque le projet est accepté, la somme allouée est inscrite au compte de l'entreprise, compte qui sera débité au fur et à mesure que l'entrepreneur s'en servira pour acheter ses matières premières et pour produire comme prévu.
C'est ensuite que les choses changent.
Quand il s’agit d’un prêt en monnaie capitaliste, l'entrepreneur est réputé propriétaire des richesses produites et il faut qu’il trouve à les vendre car c'est avec l'argent de cette vente qu'il rembourse la somme prêtée, qu'il en paie les intérêts, qu'il acquitte des charges, des impôts et des taxes. Quand il réussit à tirer assez de sa vente pour que le solde soit positif, malgré, éventuellement la publicité qu'il paye aussi, il a un bénéfice. Sinon, c'est lui qui est le perdant.
Au contraire, si la somme lui a été allouée en monnaie distributive l'entrepreneur n'a pas à la rembourser, ni à payer des intérêts, ni de la publicité, ni des charges, ni des impôts, ni des taxes car il n'est pas propriétaire des richesses produites. Il s'est engagé par contrat à les livrer aux détaillants pour être mises en vente aux prix établis. Il rend donc un service public en produisant ce qu’il s’est engagé à produire.
Considérons maintenant le renouvellement des processus de production.
Avec la monnaie capitaliste, l'entrepreneur peut espérer accumuler assez de bénéfices pour pouvoir avancer une part de plus en plus importante de ses moyens de production, donc avoir de moins en moins besoin de prêts et, par conséquent, être de plus en plus libre de produire comme bon lui semble… à condition de pouvoir vendre de plus en plus. Quand elle a atteint une certaine taille, l'entreprise devient une affaire partagée entre des actionnaires qui sont en commun propriétaires des moyens de production et des richesses produites ; leur seul souci est donc sa rentabilité financière car l'entreprise est un placement, et toutes les questions telles que les méthodes de production, les conditions de travail et les pollutions engendrées ne sont, encore et toujours, considérées que dans l'optique de diminuer les coûts de production à seule fin d'augmenter d'autant le retour attendu des sommes investies. Même l'utilité des produits, voire les dangers qu'ils peuvent présenter, n'ont plus d'importance pourvu qu’une bonne “communication” publicitaire parvienne à séduire la clientèle ! Les clients, comme les employés, sont mis au service des investisseurs qui ont ainsi la main-mise sur la production.
La monnaie distributive permet de transformer cette logique, la relation entre producteurs et consommateurs ne reposant plus sur la soumission des uns aux autres, par intérêt. La compétition fait place à la coopération dont les conditions sont posées quand s'établit, par concertation, le contrat de production qui relie l'équipe des producteurs à la société dans laquelle ils vivent, et dont font aussi partie les clients pour lesquels ils s'engagent à produire.
Pendant la durée d'un contrat, le compte de l'entreprise est réalimenté automatiquement pour une production continue. À échéance, l'entrepreneur et son équipe sont amenés à présenter leur bilan afin que le public ait son mot à dire s'il y a demande de renouvellement, pour que certaines conditions puissent être, au besoin, modifiées.
La participation citoyenne
Le service économique habilité à créer la monnaie nécessaire pour que les entreprises de production puissent fonctionner joue donc, avec la nouvelle monnaie, le rôle que jouent seuls les investisseurs et les actionnaires quand la monnaie est capitaliste.
En créant de la même façon la monnaie nécessaire à faire marcher les services publics, cette institution se substitue au fisc : la monnaie distributive supprime tout prélèvement d'impôts ou de taxes quelconques puisque ce n'est plus nécessaire. Ce qui ne signifie pas que tout est possible, puisque le flux de monnaie distributive est défini, donc limité, par celui de la production.
Par l'intermédiaire de cette monnaie c'est donc la population dans son ensemble qui investit dans ses entreprises et met son patrimoine à leur disposition, et c'est elle qui décide des grandes orientations concernant la production et la distribution des richesses ainsi produites.
La société s’engage ainsi dans une voie diamétralement opposée à l’idéologie libérale qui exalte les égoïsmes en prétendant que lorsque chacun n’agit qu’en fonction de son seul intérêt personnel, il en résulte le bonheur pour tous grâce au miracle accompli par la fameuse et mythique “main invisible” … !
L'organisation démocratique rendue possible
Les tâches à remplir dépendent d’abord des grandes orientations de la politique économique. En ce qui concerne la production des biens, deux positions extrêmes risquent peu d'être adoptées dans une économie démocratisée : ni l’idéologie aberrante de la croissance, cette course en avant d’une société de consommation qui détruit les ressources non renouvelables et compromet la vie sur la planète, ni le retour à l’âge des cavernes par un refus systématique de l’emploi de toute technologie.
La sagesse des nations portera vraisemblablement vers un juste milieu entre l'utilisation optimale du patrimoine commun de sciences et de réserves naturelles pour permettre au maximum l'épanouissement de chacun, et le souci de ne pas compromettre la possibilité pour les générations futures de faire encore mieux, en développant les connaissances.
Rappelons en outre que la monnaie distributive ne favorise pas la prolifération de gadgets inutiles : quand la vente n’est pas motivée par le profit du fabricant et du vendeur, personne n’a plus intérêt à pousser le gogo à les accumuler.
Pour ces raisons, et la mise au point de machines programmées ne cessant de se perfectionner, la production des biens matériels, surtout au stade final, demandera de moins en moins d’heures de travail humain. Les emplois nécessaires se situeront donc surtout dans la recherche et dans le développement de services.
Comment se répartir ces tâches ?
La répartition actuelle est opérée par le marché : quiconque ne trouve pas une fortune inépuisable dans son berceau est contraint de vendre ses qualités personnelles et son énergie le plus cher possible sur le marché du travail, et sa vie en dépend. Ce système, on le constate, mène, dès que l’emploi devient rare, à la précarité et à l’exclusion pour une partie de plus en plus importante de la population. Parce qu’elle est basée sur l’égoïsme qu’elle encourage, cette pseudo-société est donc, là encore, un échec au point de vue humain. La monnaie distributive permet de refonder la société en la basant sur la solidarité, en remplaçant cette foire d’empoigne par un contrat à long terme entre la société et chacun de ses membres et qu'on peut ainsi résumer : la société garantit à tout citoyen un revenu décent pendant toute sa vie, celui-ci se sent obligé de contribuer, par son activité, dans la mesure de ses moyens et en fonction des nécessités, à faire que la société puisse garantir à tous ce niveau de vie suffisant.
S’appuyant sur un principe aussi clair, une démocratie moderne a les moyens, en définissant les modalités de son application, de laisser aux individus eux-mêmes le choix de leurs activités, pariant sur leur diversité et sur le fait qu’une tâche est d’autant mieux remplie qu’elle a été choisie et correspond donc aux aspirations et aux aptitudes de celui qui s’y engage.
La finalité de l’éducation, reflet de la société, en est radicalement transformée : il ne s’agit plus de former des employés disciplinés et des clients boulimiques, mais de futurs citoyens, capables de réfléchir, juger, critiquer et prendre des responsabilités, et, quel que soit le temps nécessaire pour cela, de les aider à révéler leurs talents, à trouver leur propre voie, puis de leur donner la formation dont ils ont besoin pour les développer, avec un maximum de culture générale, clé de leur autonomie de pensée. Conscient des besoins de la société qui lui a assuré une telle formation, un jeune deviendra citoyen à part entière en s’engageant dans l’activité de son choix. Il pourra pour cela s’associer à d’autres pour partager les tâches d’une entreprise agréée et dont les moyens seront par conséquent financés comme on l’a vu ci-dessus. Il faut admettre qu’un tel engagement puisse être pris pour une durée limitée, donc fasse l’objet d’un contrat “civique”, à l’issue duquel le citoyen aura la possibilité d’en demander le renouvellement ou de modifier son contrat, ou d’en proposer un autre, ou de prendre une année “sabbatique” pour convenance personnelle, ou pour suivre une nouvelle formation, éventuellement vers une activité différente.
Il est prévisible qu’au moins au début, l’opinion refusera l’idée que pleine liberté soit laissée à tous les individus et que tous les revenus soient égaux. Il appartiendra donc à chaque région de prévoir certains quotas, ou certaines normes, telles que des minima de services ou des maxima de vacances, annuels ou sur des périodes plus longues. N'entrons pas ici dans des détails, car il n'est pas question de figer quoi que ce soit. Notre propos n'est pas de présenter “un paquet tout ficelé” qui serait la panacée, mais de présenter ce qui paraît comme les clés d'un autre développement, d'une dynamique ouverte à toute évolution, débarrassée des dogmes et des impératifs qui sont aujourd'hui imposés alors qu'aucune éthique ne les justifie.
YH : il est à noter que les civilisations précolombiennes d'amériques centrale et du Sud ont, pendant plusieurs millénaires appliqué un système sans monnaie liquide (sauf éventuellement pour commercer avec "l'étranger") aucun, et sur des espaces immenses. Assez proche de ce système, les citoyens commandaient chaque mois leurs listes de besoins familiaux et professionnels, et chaque citoyen assurait sa tâche pour produire et fournir les besoins de tous, qui étaient regroupés en communautés et mis à disposition pour continuer à produire et vivre. Evidemment, une famille royale et des prêtres profitaient du système et dirigeaient, mais ce principe est assez facilement remplaçable par un gouvernement démocratique si on y réfléchit un peu... il est prouvé que la grande dynamique agricole des Incas par exemple, leur a permis d'améliorer leurs technicités et d'augmenter le nombre de personnes affectées à la recherche, astronomie, chimie, etc...
Bibliographie
Allais Maurice, La crise mondiale aujourd’hui, éd. Cl. Jouglar.
Bassoni Marc et A. Beltone, Monnaie. Théories et politiques, éd. Sirey, coll. synthése (1994).
Bernard Michel et M. Chartrand, Manifeste pour un revenu de citoyenneté, éd. du Renouveau
québécois (1999).
Béziade Monique, La monnaie et ses mécanismes, éd. La découverte, coll. Repéres, (1989).
Blanc Jérôme, Les monnaies parallèles, unité et diversité du fait monétaire, éd. L'Harmattan, coll.
Logiques économiques (2000).
Brown Lester R., Éco-économie. Une autre croissance est possible, écologique et durable, éd.
Seuil (2003).
calame Pierre et A. Talmant, L'État au coeur, éd. Desclées de Brower (1997).
Cartier Jean, La monnaie, éd. Flammarion Dominos (1996).
Castex Patrick, La monnaie : bâtarde de l'économie, enfant putatif du banquier, éd. L'Harmattan
(2003).
Chemineau Laurent (dirigé par), L'argent invisible. L'ère des flux électroniques, éd. Autrement
(1987).
Dévoluy Michel, Monnaie et problèmes financiers, éd. Hachette Supérieur, Les Fondamentaux,
(1994).
Dixon Keith, Les évangélistes du marché, éd. Raisons d'agir (1998).
Douglas C.H. Social credit, éd. Eyre & Spottiswood, Londres (1924 & 1933).
Duboin Jacques, Kou l'ahuri, ou la misère dans l'abondance, éd. Fustier (1935) et La Grande
Relève (1982).
Duboin Jacques, Libération, éd. Grasset (1937).
Duboin Jacques, Rareté et abondance, éd. Ocia (1944).
Duboin Jacques, L'économie politique de l'abondance, éd. Ocia, (1945).
Duboin Jacques, Les Yeux ouverts, éd. Jeheber, (1955).
Duboin Marie-Louise, Les affranchis de l'an 2000, éd. Syros (1982).
Fotopoulos Takis, Vers une démocratie générale, éd. Seuil (2002).
Galbraith John Keneth, L'argent traduction française de Money, whence it came, where it went, éd.
Gallimard, coll. folio Histoire, (1975).
Gauron André, Les remparts de l'argent, éd. Odile Jacob (1991).
Généreux Jacques, Les vraies lois de l'économie, éd. Seuil (2001).
Gorz André, Adieux au prolétariat, éd Galilée (1980).
Gorz André, Les chemins du Paradis. L'agonie du capital, éd. Galilée (1983).
Gorz André, Capitalisme, socialisme, écologie, éd. Galilée (1980).
Gorz André, Misère du présent, richesse du possible, éd. Galilée (1997).
Gorz André, L'immatériel, connaissance, valeur et capital, éd. Galilée (2003).
Gouverneur Jacques, Découvrir l'économie, éd. sociales (1998).
Hahnel Robin, La panique aux commandes, éd. Agone (2001).
Harribey Jean-Marie, La démence sénile du capital, fragments d'économie critique, éd. du Passant
(2002).
Himanen Pekka, L'éthique hacker et l'esprit de l'ère de l'information, éd. Exils (2001).
Issautier Marino-Bertil, Perspectives d'une révolution économique et monétaire, Revue Esprit-
Matière, (1961).
Jacquard Albert, J'accuse l'économie triomphante, éd. Calmann-Lévy (1998).
Keynes John-Maynard, The end of laissez-faire, essais traduits de l'anglais, éd. Agone, contre-feux
(1999).
Labarde Philippe et B. Maris, La Bourse ou la vie, éd. Albin Michel (2000).
Marcuse H., M. Barillon, A. Farrachi, T. Fotopoulos, M-L. Duboin, M.J. Frankman, J. Almendro, N.
Baillargeon, J. Luzi, P. Van Parijs, Utopies économiques éd. Agone N°21 (1999).
Maris Bernard, Antimanuel d'économie, éd. Bréal (2004).
Merlant P., R. Passet et J. Robin (sous la direction de) Sortir de l'économisme, éd. de l'atelier,
(2003)
Moulier-Boutang Yann, Garantir le revenu, Multitudes, N°8, (2002).
Papadia Francesco et C. Santini, La Banque centrale européenne, Banqueéditeur, 18 rue
Lafayette, 75009 Paris (1999).
Partant François, La fin du développement, Naissance d'une alternative ? éd. Maspéro, (1982).
Passet René, L'économique et le vivant, éd. Economica (1996).
Passet René, L'illusion néo-libérale, éd. Fayard (2000). et René, L'illusion néo-libérale, éd. Fayard (2000).
Passet René, Éloge du mondialisme, éd. Fayard (2001).
Passet René et J. Liberman Mondialisation financière et terrorisme, éd. indépendants, Enjeux-
planète (2002).
Pétrélla Ricardo, Le bien commun, Éloge de la solidarité, éd. Labor (1996).
Plihon Dominique, La monnaie et ses mécanismes, éd. La découverte, coll. Repéres (2000).
Plihon Dominique, Le nouveau capitalisme, éd. Flammarion, coll. Dominos, (2001).
Rizzo Pantaleo, L'économie sociale et solidaire face aux expérimentations monétaires, éd.
L'Harmattan (2003).
Robert Denis et E. Backes, Révélations, éd. Les arènes (2001).
Robin Jacques, Changer d'ère, éd. Seuil (1989).
Sapir Jacques, Les trous noirs de la science économique, Essai sur l'impossibilité de penser le
temps et l'argent, éd. Albin Michel (2000).
Sédillot Roger, Histoire morale et immorale de la monnaie, éd. Bordas culture, Paris (1989).
Soros George, Le défi de l'argent, éd. PLon (1996).
Soros George, La crise du capitalisme mondial, éd. PLon (1998).
Stiglitz Joseph E., Quand le capitalisme perd la tête, éd. Fayard (2003).
Sources : http://www.france.attac.org/
Yves Herbo 23-10-2014
Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie - Part 8
Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie - Part 8
Part 1, Part 2, Part 3, Part 4, Part 5, Part 6, Part 7
Deuxième partie
V b)
Liberation
« Qui dira la puissance incalculable de l'association lorsqu'elle se transforme en coopération… ?» Jacques Duboin (Libération)
On se souvient du surnom, TINA, attribué à Mrs Thatcher pour son refus d'envisager tout autre mesure que les réformes libérales qu'elle initia au début des années 1980 : quels que soient les arguments qui lui étaient présentés, elle répondait «There is no alternative», soit, en prenant les seules initiales, T.I.N.A. et en français «Il n'y a pas d'alternative». C'est ainsi que les chemins de fer britanniques, par exemple, furent privatisés et que les Anglais se demandent après chaque accident ferroviaire s'il n'existe vraiment pas de plus sûrs moyens de gérer les transports en commun que de faire passer le profit avant la sécurité… !
L'organisation économique des sociétés humaines n'a pourtant rien d'immuable. Les dénationalisations et le démantèlement de l'État, que l'idéologie néolibérale présente aujourd'hui comme la seule façon de garantir la prospérité, sont l'exact opposé des nationalisations et de l'élaboration de cet État-providence, c'est-à-dire redistributeur, qui furent préconisées pour organiser la paix à la fin de la seconde guerre mondiale !
Affirmer l'obligation d'organiser l'économie de telle ou telle façon, en vertu d'une loi qui serait immuable, n'est pas un argument, mais une méthode couramment employée par certains pouvoirs politiques pour imposer l'orientation qu'ils ont choisie, et empêcher toute discussion en coupant court à tout argument contraire. De sorte que l'opinion ne soit pas à même de peser le pour et le contre.
Deux obligations péremptoires sont ainsi affirmées. La première est la croissance : un simple ralentissement de croissance est une catastrophe économique. La seconde est la compétitivité, mot qui, dévoyé de son sens de “courir ensemble” désigne maintenant une rivalité de tous les instants qui serait inévitable.
N'étant pas spécialistes, laissons les économistes, les sociologues, les moralistes, les historiens débattre des fondements et des origines de ces impératifs idéologiques. (YH : fondamentalement, c'est avec l'idée préconcue (mais malheureusement réaliste) que la société actuelle créée (de par son système éducatif) des élites, et que seuls ceux-ci comprennent la réalité profonde des choses (Si vous écoutez un peu les affirmations de personnalités comme Mr Sarkozi par exemple (mais il n'y a pas que lui), il y a d'un côté une "élite" et de l'autre les "normaux". Au lieu de modifier en conséquence le système éducatif de façon à non pas à distinguer ceux qui s'en sortent le mieux intellectuellement (pour X raisons, dont financières) ou psychiquement, et ne garder que ces derniers pour "l'élite", mais au contraire détecter le plus tôt possible chez chacun ses talents particuliers (tout le monde en a et c'est les appliquer qui rend service, et à la société et à l'individu), qui ne sont pas obligatoirement dans les panels et choix de l'éducation actuelle. Le libéralisme sous-entend que seule cette petite élite peut comprendre réellement le système de fonctionnement de la société - à plusieurs niveaux - et peuvent donc créer de l'emploi, de la richesse, des affaires... Le libéralisme ne peut pas être "démocratisé" réellement et à la portée de tous les citoyens : il faudrait pour cela modifier complètement le système éducatif et faire accepter bien plus tôt aux parents les talents les plus potentiels de l'enfant. Je connais plusieurs professeurs de mathématiques qui m'ont dit qu'ils savaient dès l'âge de 10 ans si un enfant avait du potentiel question chiffres et logiques... bien sûr, même si l'enfant, avec beaucoup d'efforts (qu'il n'utilisera pas ailleurs) peut atteindre un niveau convenable, il ne donnera jamais le meilleur qu'il aurait pu donner de par ailleurs, et n'en sera pas plus heureux (et sûrement moins). Ces profs ne se sont jamais trompés d'après eux. Et puis, que se passerait-il si chaque citoyen créait sa propre entreprise ou affaire ? Des millions de marques ?, de la concurrence acharnée de blogs et services ? des millions de pubs dans les boîtes internet et physiques ? ça fait plutôt sourire mais c'est bien ce à quoi l'idéologie libérale "démocratisée" mène à l'extrême... sauf que ses théoriciens et exécuteurs (de "droite" comme de "gauche") ne font évidemment rien pour que le libéralisme devienne réellement "démocratique", en ne modifiant pas le système éducatif entre autres (plutôt en le privatisant !)...)
Par contre, il n'est pas nécessaire d'être économiste pour constater le résultat. La croissance sans limites est insoutenable, ses conséquences sont déjà telles que c'est l'équilibre biologique de la planète qui est compromis. Ce que n'entrevoyaient que quelques esprits lucides il y a quelques décennies apparaît aujourd'hui à l'évidence : on ne peut plus continuer cette course aveugle. “Aucun arbre ne peut monter jusqu'au ciel” !
Quant à la compétitivité, elle débouche sur un profond déséquilibre social. Cette guerre économique permanente qui impose d'être le meilleur en n'importe quoi, déshérite les perdants trop peu combatifs … ou qui n'ont pas eu la chance de naître parmi les privilégiés. À force de favoriser “les meilleurs" au détriment de tous les autres, le formidable progrès des connaissances et de leurs applications technologiques a été mis au service d'une infime minorité, tandis que près de 840 millions d'êtres humains (YH : en 2003) (55) souffrent de malnutrition, n'ayant même pas un lopin de terre à cultiver de leurs mains pour survivre.
Les deux pièges de la monnaie capitaliste
Alors que les effets catastrophiques de ces impératifs de croissance et de compétitivité sont de plus en plus évidents, on continue pourtant à les prétendre incontournables. Et avec des arguments aussi creux que : “c'est dans la nature des choses” ou “c'est ainsi que les hommes fonctionnent”, sans percevoir à quel point ces deux pièges, dans lesquels notre civilisation se perd, sont contenus dans les mécanismes actuels de la monnaie, qui, pourtant, ne sont évidemment pas des lois de la nature. En effet :
• L'obligation de croissance est contenue dans le mode de création de la monnaie : il faut qu'un investissement rapporte plus qu'il n'a coûté pour que puissent être payés les intérêts du crédit ou les “retours sur investissement”.
• Le creusement du fossé entre les riches et les pauvres est contenu dans le choix des clients auxquels les crédits sont ouverts, parce qu'un organisme de crédit, pour éviter d'être mis en faillite, exige des garanties, une hypothèque, une assurance. On ne prête donc qu'aux riches et par
l'effet “boule-de-neige” de la capitalisation, seuls les riches ont ainsi les moyens de s'enrichir.
Alors que l'opinion est en train, peu à peu, de prendre conscience des dangers de la croissance à tout prix et s'indigne de voir que cette exploitation des richesses ne réduit pas, bien au contraire, la misère en ce monde, force est de constater que les mécanismes monétaires sont tellement mal connus que leur relation avec ce productivisme et avec cet individualisme n'est généralement pas dénoncée. À croire qu'elle n'est même pas perçue.
Ce lien se manifeste pourtant. Il se manifeste par exemple par la réaction du public contre l'argent en cas de crise économique : on constate que c'est bien en créant leur propre monnaie que des minorités cherchent alors à survivre. Les expériences qui furent lancées pour réagir à la grande crise des années 1930, celles, par exemple, de la monnaie fondante de Gesell, ou les cercles WIR, de même que celles qui naissent un peu partout depuis le tournant libéral des années 1980, par exemple en Argentine depuis 2002, sont bien des manifestations de rejet de la monnaie officielle. Mais ces monnaies parallèles, parce qu'elles sont à usage local, restreint, marginal, ne peuvent, au mieux, qu'épargner, mais pour les seuls membres des associations qui les créent, certains des effets néfastes qu'ils constatent.
Et, d'autre part, comment ne pas s'apercevoir qu'on retrouve partout l'argent comme mobile quand on déplore de grandes catastrophes humaines comme l'affaire du sang contaminé, ou des désastres écologiques comme les marées noires ou les gégazages en mer, quand on prend conscience des effets de la marchandisation des services publics et du brevetage du vivant, ou quand on découvre le pouvoir et le rôle des fonds de pension, de la spéculation monétaire et des paradis fiscaux sur les choix économiques, etc. ? L'argent est le dénominateur commun de tous ces comportements inhumains, il est bel et bien à l'origine commune de ces catastrophes qui n'ont rien de naturel.
Ceci devrait amener à comprendre que chercher à réparer, quand c'est possible, les effets de ces mécanismes, ne résout rien, puisqu'ils se renouvellent indéfiniment, voire s'amplifient, tant que demeure leur cause commune.
Supprimer cette cause n'est certainement pas simple, mais il faut prendre conscience que c'est devenu inévitable, que c'est la condition nécessaire pour donner à la société d'autres bases que celles qui sont en train de la détruire. Or cette reconstruction passe par une nouvelle transformation de la monnaie : pour qu'elle n'oblige plus la croissance, il faut que sa création n'impose plus paiement d'intérêts, et qu'elle tienne compte d'autres critères que la rentabilité financière pour qu'il soit possible de produire, dans le respect les Droits de l'Homme et de son environnement, des biens et des services accessibles à tous, sans exclusion. Aucun coup d'État ne devrait, cette fois, être nécessaire pour réaliser une telle transformation puisque, à l'inverse des précédentes, elle vise à faire passer l'intérêt général avant l'intérêt de quelques-uns. Mais il est urgent d'y réfléchir, et c'est dans ce but que nous formulons les trois propositions suivantes.
Première proposition : Revenir au droit régalien
À l'évidence, la monnaie immatérielle correspond à l'état actuel de la technologie, la monnaie-marchandise appartient au passé. Il serait donc absurde de vouloir refuser la monnaie virtuelle en rêvant au retour des louis d'or. L'informatique existe, elle est pratique, admettons donc, sans nous y attarder, que la monnaie de demain sera sous forme scripturale, comme elle l'est presque totalement aujourd'hui, les cartes à puce et les transactions transmises par internet allant encore se développer.
Mais il faut prendre conscience du danger que présente cette forme moderne de la monnaie du seul fait qu'elle est naturellement, matériellement, illimitée !
Sa création est si facile qu'avoir abandonné le droit de créer la monnaie à des entreprises privées ayant leur propre intérêt pour objectif, apparaît comme une véritable aberration, source évidente de multiples abus aux conséquences imprévisibles, incalculables. On a vu que lorsque des orfèvres signèrent plus de reçus qu'ils n'avaient d'or dans leurs caves, leur seule limite fut… la peur que leurs clients s'aperçoivent qu'ils avaient exagéré. Méthode peu efficace, puisque plusieurs paniques ont marqué l'Histoire. On se souvient aussi que lorsque trop de banquiers ont suivi l'exemple des orfèvres, c'est parce qu'ils se sont aperçus que cela leur faisait du tort que certains d'entre eux ont intrigué pour en obtenir le monopole. Et l'histoire des Banques centrales montre que c'est encore pour éviter des abus, des paniques ou des faillites qu'elles ont reçu un certain pouvoir, non pour fixer une limite à la masse monétaire, mais seulement pour tenter, par l’intermédiaire de leurs taux d’escompte, d'accélérer ou de ralentir la croissance de cette masse, espérant que ces variations auraient, à terme, une influence sur l'économie. Et depuis que ces taux n'obéissent plus qu’aux marchés, on ne compte plus le nombre de pays ruinés par des crises monétaires… On voit bien que le pouvoir politique ne doit pas se contenter d'imaginer des digues pour éviter des abus ou en colmater les conséquences, il lui appartient de déterminer la masse monétaire nécessaire à l'économie.
Ce n'est pas sans raison que le “droit de battre monnaie” était, par excellence, une des prérogatives du souverain et qu'il ait fait partie, sous la monarchie, des “droits régaliens”, avec ceux de lever l'impôt, de commander la police et l'armée, de rendre la justice, de déclarer une guerre ou d'en signer la fin. Pourquoi l'un de ces droits du Prince a-t-il fait exception quand le peuple a conquis la souveraineté ? On ne comprend pas que les démocraties aient abandonné à quelques nouveaux privilégiés l'un de ces droits essentiels qui décident de la vie d'une nation. Le droit de créer monnaie est trop important pour qu'il puisse être dissocié des autres attributs qui permettent de décider pour tous en leur nom. (parce que ce ne sont pas des démocraties !)
Il doit être réintégré au pouvoir politique parce qu'une société évoluée, telle qu'on peut la concevoir au XXI ème siècle, doit être en mesure de décider des besoins qu'elle va satisfaire, en fonction des moyens dont elle peut disposer, en respectant les droits des êtres humains, vivants et à venir. Dans une telle perspective, le choix si essentiel de l'orientation générale de l'économie est une décision politique fondamentale qui ne peut donc pas être abandonnée à des intérêts privés.
Aujourd'hui, la société est au service de la finance, qui dicte sa politique aux gouvernements. Remettre aux pouvoirs publics la responsabilité de toute création monétaire, c'est renverser les rôles : les choix économiques deviennent alors des choix politiques et la finance leur est subordonnée.
Mais ceci ne suffit pas. Dans une vraie démocratie, confier l'économie au pouvoir politique serait la confier au peuple, mais toute société, même au XXIème siècle, n'est pas assurée d'être démocratique et de le rester. Pour remettre l'économie au service de tous et l’y maintenir, il faut des règles qui empêchent tout abus de la part des responsables du pouvoir d'émission, et pour cela, imposer à la masse monétaire une limite concrète, objective.
Deuxième proposition : Fixer objectivement la masse monétaire
Une telle limite naturelle résulte simplement de deux des aspects de la monnaie : elle est un droit de tirage sur les richesses produites et une reconnaissance de dette commune puisque la loi oblige à l'accepter en paiement. De ces deux faits découle la règle suivante : les représentants d'une population qui, en ayant le monopole de la création de sa monnaie, s'engagent en son nom, ne peuvent émettre que la masse monétaire équivalente aux richesses que cette population produit et met en vente.
La création monétaire étant ainsi un engagement à produire, toute nouvelle production entraîne automatiquement la création de son équivalent en monnaie. Et, inversement, lorsqu'un produit parvient à son consommateur, la monnaie qui lui sert à l'acheter a rempli son rôle et n'a plus ensuite de raison d'exister, elle est donc annulée au moment de la vente. En d'autres termes, la monnaie devient un flux parallèle et équivalent à celui des richesses produites afin d’être vendues. Il s'agit évidemment d'une équivalence de principe, qui donnera lieu, dans la pratique, à des ajustements par des calculs analogues à ceux que les ordinateurs boursiers font aujourd'hui pour afficher les cours de façon continue et permanente.
Mais il faut insister sur un autre aspect. Pour que cette équivalence soit à l'origine de la création monétaire, il faut que le prix d'un bien ou d'un service mis en vente soit évalué au moment où est pris l'engagement de sa production, et non plus après, quand il a déjà été produit. Ceci présente l'inconvénient de bouleverser les habitudes, et le réflexe sera probablement de croire, mais un peu vite, qu'il est question de supprimer le marché. Que tous ceux qui vantent sans cesse ses mérites irremplaçables se rassurent, il ne s'agit pas du tout de le supprimer, mais bien au contraire, de lui restituer ses vertus (56), c’est-à-dire de permettre que le prix de vente d'un bien ou d'un service résulte vraiment d'un débat entre producteurs-vendeurs et consommateurs-acheteurs.
Or ce n'est que si cette évaluation démocratique a lieu en amont, donc avant qu'il soit trop tard, qu'il est possible de discuter des modes de production, de les encourager ou de les proscrire.
Précisons, si besoin, que ces discussions sont destinées à définir des bases et non à fixer chaque prix, un à un, et qu'il faut prévoir des marges d'erreur et des aléas, par exemple pour la production agricole, qui donneront lieu aux ajustements mathématiques nécessaires évoqués ci-dessus. Et ajoutons que cela n'a rien d'utopique, comme le prouvent les Seikatsu, ces associations producteurs-consommateurs qui fonctionnent ainsi au Japon depuis déjà plus de 20 ans, ou bien les Community supported agriculture (CSA), ces associations de consommateurs (57) qui passent contrats avec des agriculteurs et qui achètent ainsi, avant la saison, une part de leur récolte fermière.
Par rapport à la situation actuelle, la monnaie conserve donc son rôle d'unité de compte et de moyen de paiement, même différé. Elle est un pouvoir d'achat qui ne sert qu'une fois car il est périmé quand il a servi, comme un titre de transport ou un timbre, tout en laissant à son titulaire la possibilité de l'utiliser pour n'importe quel achat de son choix. Par contre, cette monnaie réformée cesse d'être un facteur d'enrichissement et d'inégalité, donc de domination, dès lors qu'une ouverture de crédits n'implique plus versement d'intérêts.
Assainie sur de telles bases, la monnaie apparaît comme le moyen de répartir entre tous les consommateurs les biens et les services que produit l'économie d'une région. La logique de capitalisation, c'est-à-dire d'accumulation, fait place à une logique de répartition, de distribution.
Cette réforme, bien plus simple et plus objective que celles qui ont jalonné l'Histoire, conduit à un retournement de situation : à la loi de la jungle financière qui règne aujourd'hui, elle substitue un contrôle social de la production, les décisions économico-financières sont enfin soumises à la réflexion et au débat politique, éclairés par des enquêtes objectivement menées.
Mais tant qu'un tel débat préalable ne permettra pas de considérer d'autres aspects que la rentabilité, les avertissements d'experts et les cris d'alerte contre les dangers du productivisme actuel pourront indéfiniment se multiplier, ils ne seront que vœux pieux. (voir l'Histoire 2007-2016)
En ce qui concerne le commerce international, si la monnaie d'un pays (58) est la manifestation comptable de ce que ses résidents s'engagent à y produire (en utilisant les connaissances humaines acquises pour faire fructifier les richesses du sol et du sous-sol), les relations commerciales entre deux régions ne sont plus que des contrats de troc entre leurs deux populations, les échanges internationaux de marchandises sont à somme nulle et il n'y a alors plus de dette financière internationale. Il va de soi que ces contrats peuvent inclure des délais, que leur équité et leur exécution peuvent être soumises à un contrôle supranational, etc. L'important est que cette transformation des bases du commerce extérieur permettrait aux populations de retrouver le droit de disposer d'elles-mêmes, celui d'assurer en priorité leur propre suffisance vitale, de “vivre au pays” et de s'y épanouir en développant leur culture.
Notre troisième proposition est inspirée par ce que nous avons observé à propos de la notion de valeur :
Troisième proposition : Séparer la gestion des biens de celle des gens
Nous avons rappelé que lorsque les économistes parlent de valeur, il s'agit de valeur d'échange et que celle-ci est, de fait, le prix de vente d'une marchandise. Outre que ce prix, tel qu'il est fixé aujourd'hui, ne résulte nullement d'un débat comme le prétend l'économie classique, mais plutôt de la loi du plus fort, financièrement parlant, cette façon de comparer à l'étalon unique qu'est la monnaie, ce qui est mesurable et ce qui ne l'est pas, conduit à considérer le travail humain comme une marchandise, une matière première parmi d'autres, et finalement l'être humain comme un objet remplaçable, ce qui va jusqu'à traiter des employés “comme des kleenex” en cas de “licenciement économique”, "licenciements de fausses faillites".
D'autre part, un tant soit peu de lucidité permet de prévoir que la production de demain sera de plus en plus une oeuvre collective et intellectuelle (59), qui fera de moins en moins appel à de la main d'oeuvre, mesurable (à la rigueur) en temps de travail, et de plus en plus à une participation humaine impondérable, liée à la personnalité, à la culture, à l'expérience, à l'imagination et à la créativité, qualités par essence non mesurables. De sorte que prétendre pouvoir estimer la participation individuelle afin de l'acheter à un “juste prix”, le “salaire”, devient une absurdité, voire une escroquerie.
Pour éviter pareille aberration, il faut séparer la gestion des gens de celle des biens. Ne plus mélanger dans une même comptabilité l'être et l'avoir, c'est ramener l'économie à sa place naturelle, celle de l'intendance. Cessons d'oublier que le rôle d'une entreprise de production est de transformer des matières premières pour mettre à la disposition des gens les objets dont ils ont besoin, et que ce n'est pas de fournir du travail, ce n'est pas de créer des emplois pour justifier des revenus. Le fait que la transformation de la matière nécessite une intervention humaine n'oblige pas à traiter “une ressource humaine” comme une matière première, et c'est en séparant la comptabilité des matières de celle des humains que cette distinction redeviendra possible et qu'on se rappellera que travail et emplois ne sont pas des buts, mais des moyens. Alors seulement le revenu reçu par un être humain ne sera plus le prix auquel il se vend à une entreprise. On ne parlera plus de salaire, de prix de la sueur, mais de revenus individuels, fondés sur les besoins personnels et dont le but sera de fournir à chacun les moyens de développer ses qualités propres pour exercer au mieux les activités par lesquelles il assume sa participation à la société. Alors cette contribution pourra parfaitement ne pas être mesurable et produire de la qualité, même pour le long terme. Même si cela implique que le revenu soit versé par l'ensemble de la société et pendant toute la vie, et non plus par les entreprises, à ceux qu'elles emploient, et seulement pendant la durée de cet emploi.
Dans l'économie actuelle, la monnaie de profit est utilisée pour “marchandiser” le domaine de l'immatériel. En empiétant ce domaine de liberté, la finance le soumet au profit et en contrôle ou en réserve l'accès. L'Accord Général sur le Commerce des Services, l'AGCS, est en train d'installer cette appropriation de tout un patrimoine commun de l'humanité, fait de connaissances lentement élaborées au cours de l'Histoire. L'art et une certaine culture sont déjà standardisés, il ne sera bientôt plus possible aux agriculteurs de renouveler leurs récoltes, comme ils l'ont fait pendant tant de générations, sans acheter de nouvelles semences à Monsanto. À quand l'obligation d'acheter le droit d'avoir sa propre progéniture ?
La réforme que nous proposons permet de rendre impossible cette appropriation, en faisant de la monnaie l'instrument de la seule gestion du réel. De séparer ce qui est naturellement du domaine de l'économie, qui est mesurable et qui doit, dans certains cas, être “économisé” donc compté, d'avec ce qui est du domaine du non mesurable, de l’impondérable et l’immatériel, celui de la connaissance, de la culture, de l’information qu’on donne sans s’en défaire et dont l'usage, loin de devoir être limité s'il n'est pas utilisé pour nuire, doit pouvoir être diffusé sans compter, et par conséquent être gratuit.
Ces deux domaines ne sont évidemment pas indépendants, puisqu'il y a un lien entre eux, l'Homme, qui vit dans le domaine du réel et doit pouvoir s'épanouir librement dans le domaine de l'immatériel qui lui est propre. Mais dans la mesure où l'économie produit des biens et non pas des profits financiers, où la monnaie est un flux qui se consume en même temps que les biens produits, il devient possible de décider objectivement de l'économie. Alors les gens peuvent se grouper en un réseau de coopératives de toutes tailles et y prendre ensemble les décisions objectives qui les concernent directement, puisqu’il s’agit d’abord de décider de ce qu’ils veulent produire pour consommer et dans quelles conditions, ce qui définit en même temps leur activité et la masse monétaire totale dont ils disposent. Il leur appartient ensuite de faire, dans le budget ainsi fixé, la part destinée à payer les moyens matériels de leur production, celle qui est nécessaire à faire fonctionner les services publics et celle qui constitue leurs revenus personnels.
Les débats sont ainsi largement ouverts au public et portent sur des critères d’intérêt général. C’est donc une extension de la démocratie à l’économie qui est proposée, permettant à tout résident de participer, sinon toujours directement, au moins par délégation, à ces prises de décisions qui sont à la fois sociales et économiques.
(55) Lire René Passet, Mondialisation financière et terrorisme
(56) Alors même qu'au contraire, c'est la financiarisation de l'économie qui a eu pour conséquence de réserver les vertus du marché aux seuls professionnels des “Marchés” (Bourses des valeurs et autres marchés des changes ou des matières premières, etc.) et de les supprimer pour le reste du monde, qui se voit offrir des marchandises à des prix fixés au préalable par les vendeurs : c'est “à prendre ou à laisser”, on ne marchande pas...
(57) on peut citer la CSA modèle de Poughkeepsie, installée en zone pré-urbaine à une centaine de km au nord de New-York et en France le réseau Alliance paysans écologistes consommateurs qui regroupe des associations qui travaillent ensemble pour promouvoir le développement de produits d'agriculture écologique de qualité.
(58) ou d'une région, ou d'un groupe de régions dont les résidents décident de s'associer économiquement.
(59) lire à ce sujet les profondes analyses d'André Gorz, par exemple dans L'immatériel, connaissance, valeur et capital.
Sources : http://www.france.attac.org/
A suivre pour la dernière partie : Annexe et Bibliographie
Yves Herbo 17-10-2014
Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie - Part 7
Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie - Part 7
Part 1, Part 2, Part 3, Part 4, Part 5, Part 6
V)
Les monnaies parallèles
Par définition, tout moyen de paiement est une monnaie. Mais la monnaie nationale d'un pays étant la seule que tout ressortissant est tenu par la loi d'accepter en paiement, toute autre monnaie utilisée est une monnaie parallèle (44), quels que soient la raison pour laquelle elle a été créée, les modalités de sa création et de distribution, son unité de compte, l'extension de son usage et quelles que soient ses méthodes de contrôle.
Les bons d'achat et autres monnaies “affectées”
La plus répandue des monnaies parallèles, et de très loin, est constituée par les bons d'achat.
Ces monnaies affectées à un usage précis, et restreint, peuvent être créées sous forme de bons destinés par un gouvernement à une catégorie de population. Ce mode de distribution sélective introduit donc une discrimination entre les membres de la société et fait apparaître qu'elle est “à plusieurs vitesses”.
Ces bons peuvent être remis aux pauvres, c'est le cas des "Food stamps" aux États-Unis. Cette distribution, destinée à leur apporter un secours alimentaire, impose donc aux pauvres une démarche humiliante : ils doivent faire une demande d'aide et la justifier en faisant état de leur trop modestes revenus (ou d'absence de revenus) ; elle peut même être pernicieuse, par exemple Milton Friedman eut l'idée de distribuer des bons d'enseignement grâce auxquels l'État assure aux enfants des familles pauvres l'accès aux écoles les moins chères, donc un enseignement au rabais, et la sélection se fait sur les droits d'inscription, seules les familles riches pouvant payer les meilleures écoles. De tels bons permettent de privatiser l'école tout en proclamant que tous les enfants y ont accès.
Au contraire, des bons d'achat peuvent être distribués, en cas de pénurie, à des privilégiés pour leur réserver l'accès à certains produits devenus rares. Par exemple, des bons d'essence ont été émis en Italie, à l'intention des étrangers, à un prix plus bas que le prix à la pompe, quand celui-ci était particulièrement élevé. Il s'agissait d'attirer des touristes aisés.
Des sociétés spécialisées peuvent fabriquer et vendre un autre type de monnaies affectées, c'est le cas par exemple des tickets-restaurant. Ces sociétés en font l'avance aux employeurs qui versent une partie des salaires sous cette forme. Les employés qui les reçoivent ne peuvent donc pas dépenser leur salaire en se privant de nourriture. L'avantage pour les employeurs est double : d'une part, ils bénéficient de réductions fiscales et sociales quand ils les utilisent, et d'autre part, leurs employés ne peuvent pas se plaindre que leur salaire ne leur suffit pas pour se nourrir. Ces bons sont utilisés par 5 millions de salariés en France.
Internet permet maintenant l'utilisation de systèmes de points qui sont, de fait, des monnaies propres à certains sites dont les revenus proviennent d'une part des ressources publicitaires et d'autre part de la vente d'informations concernant les clients.
Mais les plus répandus des bons d'achat sont ceux que distribuent les commerçants à des clients qu'ils veulent attirer ou “fidéliser”. Pour “capter” le client (ou le duper ?), leur science du marketing leur fait inventer toutes formes de bons d'achat : chéques-cadeaux, tirages au sort, cartes de fidélité, avantages promis après plusieurs achats, etc. Presque toutes les enseignes de la grande distribution proposent des cartes de fidélité gratuites et tous les achats (ou seulement certains achats) donnent droit à des points qui s'ajoutent sur ces cartes et ouvrent ultérieurement un droit soit à des réductions, soit à des cadeaux, selon des barèmes qui varient avec la chaîne commerciale. Dans tous les cas il s'agit d'orienter la clientèle vers certains produits ou de la fidéliser à certaines marques ; il s'agit toujours de la pousser à l'achat, par exemple si les points acquis cessent d'être validés après un délai, fixé évidemment par la chaîne. Mais il peut arriver que le cadeau promis ne soit pas “disponible”…
Comme exemple de bons d'achat, examinons brièvement le cas des “miles” aériens, si répandus depuis peu qu'ils sont qualifiés de nouvelle monnaie mondiale (45). Créés en 1981 par la compagnie American Airlines, ces points sont portés sur des cartes personnelles de fidélité, offertes par des compagnies aériennes à leurs clients, et leur permettent d'obtenir des billets gratuits, proportionnellement aux distances parcourues sur leurs lignes. Par exemple, un vol Paris New-York en classe économique rapporte 7.280 miles (la distance parcourue exprimée en miles nautiques) et pour gagner ce même vol il faut avoir acquis sur sa carte 50.000 miles. Les compagnies aériennes ayant complètement intégré cet usage dans leur politique commerciale, elles vendent ces “miles” à leurs partenaires au sol (chaînes d'hôtel, loueurs de voitures, opérateurs téléphoniques, etc.) qui en distribuent, eux aussi, à leurs clients ; ceci permet d'évaluer le prix du stock actuel à quelque 765 milliards de dollars, soit plus que le montant total des pièces et des billets d'euros actuellement en circulation ! Autrement dit, ces miles constituent la deuxième monnaie mondiale en usage, après le dollar ! On a calculé que si cette création de monnaie parallèle continue à croître au même rythme, soit 20% par an depuis 1995, il dépassera le stock de billets verts (dollars américains) d'ici deux ans. (en 2003...)
Epandage pour faire pleuvoir
Notons une particularité de cette monnaie mondiale : elle ne circule pas. Quand elle a servi une fois, elle est annulée.
Elle est tellement passée dans les moeurs aux États-Unis que des associations de consommateurs réclament le versement d'intérêt sur leurs miles, que le fisc songe à imposer ce complément de salaire dont bénéficient les salariés qui voyagent pour leurs entreprises (et qui sont souvent les mieux payés) et que dans certains procès en divorce les époux se partagent le compte de miles familial. Il y a même maintenant un marché noir de miles. Mais comme toute monnaie dont l'émission n'est pas confrontée avec une valeur physique, elle constitue une sorte de bombe à retardement : les compagnies ont beau faire des provisions sur les miles qu'elles émettent, pour anticiper ce que ces miles leur coûteront en billets gratuits, on a beau prévoir que la majorité des titulaires de bons n'en ont pas accumulé assez pour avoir droit à des billets gratuits, il n'empêche que le stock mondial de miles détenus sous cette forme par les quelque 89 millions de clients des compagnies aériennes était évalué par The Economist à 8.500 milliards en 2001. On peut calculer qu'il faudrait 23 ans pour vider toutes les cartes… et à condition de cesser d'en émettre !
L'usage des bons d'achat commerciaux, sous une forme ou sous une autre fausse le marché au moins de trois façons :
D'abord cette pratique neutralise la concurrence. Par exemple, un programme de miles aériens peut conférer à une compagnie une position dominante.
Ensuite cet usage brouille l'information sur les prix finalement payés : quel est le prix d'une minute de téléphone avec un portable qui fonctionne avec une carte qui vous fait tel et tel tarif dans certaines conditions et tel tarif tant telles autres ? Quel est le prix du litre d'essence quand tout achat de plus de 10 litres donne droit à un bon et que tant de bons donnent droit à un nettoyage gratuit et rien si le nombre de bons est insuffisant ? Et quel est le prix d'un vol payé par une société à tel de ses salariés qui va profiter de sa carte pour se payer un surclassement en classe affaires ? Plus grave : qui bénéficie des billets gratuits acquis grâce aux miles gagnés sur des billets professionnels payés par l'employeur ? Une telle question va encore plus loin quand l'employeur est l'État et le voyageur un député : deux députés allemands ont été poussés à la démission pour avoir utilisé ces miles gratuits pour des déplacements en famille.
Enfin l'usage de ces bons a un impact immatériel, voire moral : la clientèle devient une part du capital (immatériel) des entreprises et ces dernières calculent la valeur actuelle nette (VAN) d'un client par les profits qu'elles anticipent des achats qu'il fera s'il est ainsi fidélisé, par exemple, il est connu en “mercatique” qu'«augmenter de 5% le taux de fidélisation d'un client augmente sa VAN de 35 à 95 %»…
Les monnaies locales
Quand l'économie d'un pays est défaillante, la monnaie, que les économistes présentent comme un moyen d'échange, est perçue par ses habitants comme un frein à l'échange. Ce qui les conduit à chercher comment "s'en tirer” et ils réagissent au plan local, faute de pouvoir le faire à plus grande échelle. Dans pratiquement tous les cas, leur première initiative consiste à se passer de monnaie officielle (qui leur fait défaut) en inventant une monnaie privée, une monnaie parallèle qui leur est propre, qui n'est émise et contrôlée que par eux-mêmes, et qui n'a pas d'autre objectif que de leur permettre de vivre mieux, voire de survivre.
C’est donc en périodes de difficultés économiques que naissent des expériences de monnaies locales.
Un premier exemple est celui de la grande crise qui débuta par la chute de la Bourse de New York en 1929 et se prolongea par la Grande dépression jusqu'à la Seconde guerre mondiale.
Elle fut qualifiée de crise de surproduction ce qui, pour les économistes, ne signifie pas que tout le monde était pourvu de l’essentiel, mais que de grandes quantités de produits ne trouvaient pas d'acheteurs solvables, parce que les millions de chômeurs et leurs familles, qui en avaient grand besoin, n’avaient pas d’argent. C’était la première manifestation de ce que Jacques Duboin dénonça comme “la misère dans l'abondance” (46).
Jacques Duboin
La seconde a suivi la grande transformation néolibérale qui installa la dictature des marchés financiers sur l'économie.
L'après “grande crise”
Pour accélérer la consommation, Silvio Gesell imagina une monnaie fondante, c'est-à-dire des billets dont le pouvoir d'achat, s'il n'était pas dépensé au bout d'un certain temps, était systématiquement dévalué au rythme de 0,5% par mois, soit 6% l'an. Des expériences ont été entreprises, dont la première à Wörgel, un village montagnard d'Autriche, et la seconde en France, à Lignères-en-Berry, après la guerre. Toutes les deux se sont traduites par une remarquable relance de l'économie par la consommation et toutes deux ont reçu l'ordre de stopper sous prétexte que cette monnaie fondante était illégale.
Il n'est pas étonnant que la recrudescence du chômage dans les pays industrialisés ait suscité la réapparition de mouvements revendiquant une telle monnaie fondante pour relancer l'économie. Un système fonctionnant avec une telle monnaie a été expérimenté, par exemple, à Saint Quentin en Yvelines à partir du 1er janvier 1997.
*
Pour les fondateurs, en octobre 1934, du cercle économique WIR (Wirtshaft Ring Gesellschaft), cette même Grande Dépression était due à un manque d'approvisionnement en monnaie légale et il fallait éviter aux petites et moyennes entreprises d'en subir les conséquences. Il s'agit donc d’un système d'échange de marchandises entre entreprises, organisé dans un but lucratif par une sorte de chambre de compensation qui prélève une taxe sur chaque échange et se fait aussi payer ses services comme des informations, des facilités de crédit et même des activités de lobbying auprès des gouvernements afin de défendre les intérêts des entreprises adhérentes.
La monnaie de ce cercle de soutien mutuel ne peut être échangée qu'entre les entreprises qui en sont membres.
L'après “Trente Glorieuses”
Frappé par le nombre de personnes qui ne peuvent pas participer à la vie économique et sociale parce qu’ils manquent d’argent, Michael Linton crée avec quelques amis, en 1982, le premier système d’échanges locaux, en anglais Local Exchange Trading Systems (LETS) à Vancouver (Canada). Il sera imité d'abord en Australie, puis en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni, etc. Il y a d'autant plus d'échanges dans un LETS qu'il a beaucoup d'adhérents, de sorte que l'enjeu est d'y attirer du monde.
Un denier sous l'Empire
En France, les SEL (système d'échanges local) se sont peu à peu éloignés du système des LETS, depuis la création du premier, qui eut lieu en Ariège en 1994. Ce sont des associations de personnes qui comptabilisent, à l'aide d'une unité de compte qui leur est propre, les transactions qu'elles font entre elles, transactions qui portent aussi bien sur des travaux ménagers, des réparations, des gardes d'enfants, la confection de plats cuisinés ou des cours de langue.
Offres et demandes sont recensées dans un catalogue auquel tous les membres d’un SEL ont accès. Il n'y a pas de billets en circulation, la comptabilité se fait dans une monnaie imaginaire, chaque SEL a la sienne, dont la valeur unitaire, parfois liée à la monnaie nationale mais le plus souvent au temps passé, fait l'objet d'un accord mutuel. Si Aurélie souhaite repeindre sa cuisine alors que Pierre offre de faire des travaux de peinture, elle lui confie le travail et ils conviennent entre eux qu'il y consacrera, par exemple, 10 heures. Si leur monnaie a pour unité de compte la minute, quand la cuisine sera repeinte, le SEL devra retrancher 600 unités du compte d’Aurélie et augmenter d’autant celui de Pierre. Il appartiendra alors à Aurélie de fournir un travail à un membre du SEL, pas forcément Pierre, et celui-ci aura droit à une aide de 10 heures de la part d’un membre du SEL. L'heure est comptabilisée sans tenir compte du niveau social ou professionnel de la personne qui rend le service. Rien ne garantit que le travail sera bien fait. Aucun recours n’est possible. Les membres sont invités à limiter leur endettement, mais un compte déficitaire n’est pas pénalisé d’un intérêt. Les comptes démarrent en général à zéro et les membres doivent limiter leur endettement à l'équivalent de -3.000 minutes, par exemple. Dans d'autres SEL, on offre d'emblée 5 heures au départ (300 unités) aux membres afin de leur éviter de démarrer sur un endettement.
Malgré l'existence de programmes informatiques adaptés, la comptabilisation des unités d'échange dans les SEL leur pose un problème vital car cette comptabilité s'avère très lourde et leurs responsables sont contraints à un travail répétitif. Or les travaux échangés dans un SEL sont par principe occasionnels, sinon il s'agirait de travail “au noir”. Le débat est de choisir entre convertir cette tâche en travail salarié, donc déclaré, ou inventer des systèmes moins lourds à gérer. Dans certains SEL, une grande partie des échanges n'est pas comptabilisée, et le système se dissout alors dans la bande de copains, mais perd aussi sa capacité d'accueillir régulièrement de nouveaux adhérents “en nombre", à la différence des SEL qui “comptent” dans les SEL leur pose un problème vital car cette comptabilité s'avère très lourde et leurs responsables sont contraints à un travail répétitif. Or les travaux échangés dans un SEL sont par principe occasionnels, sinon il s'agirait de travail “au noir”. Le débat est de choisir entre convertir cette tâche en travail salarié, donc déclaré, ou inventer des systèmes moins lourds à gérer. Dans certains SEL, une grande partie des échanges n'est pas comptabilisée, et le système se dissout alors dans la bande de copains, mais perd aussi sa capacité d'accueillir régulièrement de nouveaux adhérents “en nombre", à la différence des SEL qui “comptent”.
En 2003, en France, on estime à 350 le nombre de SEL et à 30.000 le nombre total de leurs membres, lesquels y trouveraient, non pas les moyens de vivre, mais le plus souvent un appoint, la possibilité d'acquérir un service auquel ils n’auraient pas accès sinon, et dont ils s’acquittent à la bonne franquette.
Le système des jardins d'échange universel (JEU) fonctionne à partir de carnets sur lesquels les membres notent leurs transactions, en binômes autonomes, ces carnets ne sont montrés qu'à la personne avec qui se fait l'échange, il n'y a aucun contrôle.
L'Ithaca-hour ou time-dollar est une monnaie locale née du refus des 30.000 habitants de la ville d'Ithaca (état de New-York) de se voir soumis aux effets de décisions prises de loin par de grands groupes ne se souciant guère de la survie des petites localités. Son but est donc de réorganiser localement l'économie marchande, de créer des emplois locaux et de faire circuler localement les revenus de sa population. Dans 30 villes des États-Unis, des communautés se sont formées pour bénéficier de ces time-dollars, monnaie non imposable qui permet d'avoir une aide d'une heure contre une heure passée à aider quelqu'un. Celui qui reçoit un service signe un certificat à celui qui le lui rend, l'ensemble de ces certificats est géré par une banque du temps (time bank) qui centralise les offres et les demandes de temps.
Sur le même principe, un groupe de femmes italiennes a créé à Bologne, en 1991, la première banque de temps italienne. Celle-ci comptabilise, en crédit ou en débit, les heures de femmes qui entendent valoriser leurs activités au quotidien, elle organise leurs emplois du temps en fonction des offres, des demandes et de leurs compétences. Ces banques du temps ont des liens très forts avec les administrations locales, qui sont même souvent à leur origine et qui leur fournissent au besoin finances et locaux.
Plus étendus sont les systèmes de troc en Amérique du Sud. En Argentine, dont les richesses naturelles sont immenses, les habitants se sont retrouvés, presque du jour au lendemain, sans pouvoir d'achat parce que leurs avoirs en monnaie nationale, sur leurs comptes en banque, leur ont été confisqués. Un très grand nombre d'entre eux ne survivent que grâce à ces systèmes de troc de biens, qu'ils avaient heureusement organisé avant la faillite. En 1995, à Bernal, une banlieue de Buenos Aires, des voisins échangent les surplus de leur potagers. Ils redécouvrent le troc. D’abord local, le système devient régional, puis national. En trois ans des milliers d’Argentins, victimes de la crise, et qui ne bénéficient ni d’assurance-chômage, ni d’allocations familiales, ni d’un équivalent du RMI, adhèrent à des clubs de troc où s’échangent des produits ou des services.
À la fois producteurs et consommateurs, les adhérents reçoivent de leur club un certain nombre de “creditos” (47), sorte de monnaie locale qui leur permet d’échanger les productions et services du club. Les échanges effectués en 1999 sont estimés à plus de 500 millions de dollars au total. Aujourd’hui, ces clubs s’appellent “noeuds” parce qu’ils se sont rassemblés en réseaux (Red de Trueque) étendus à toute l’Argentine et même à des pays voisins (Uruguay, Brésil, Nicaragua, Pérou, …). Ce ne sont pas des structures fermées : les gens peuvent passer d’un noeud à un autre. Ils sont de tailles diverses, de quelques dizaines d’adhérents à plus de mille. Au début, ils étaient issus de la classe moyenne, qui s'est muée en une classe de nouveaux pauvres. Avec l’extension de la crise, et pour en amortir sur eux les effets, ce serait plus de 6 millions d’Argentins qui, en 2002, auraient participé aux activités d’environ 8.000 noeuds.
Deux grands réseaux coexistent : le Réseau de troc solidaire (RTS) qui regroupe dix-sept provinces et le Réseau global de troc (RGT) qui compte le plus grand nombre d’adhérents.
Les pouvoirs publics ont dû tenir compte de l’importance de ces réseaux, si bien qu’en 2000 le troc a été déclaré d’intérêt national par le gouvernement. Qui plus est, de nombreuses municipalités acceptent maintenant que leurs administrés paient leurs impôts en créditos. Dans certaines villes des commerçants ou des fournisseurs de services classiques acceptent aussi des règlements en créditos. Leur principe est le suivant : au départ, un club émet un certain volume de monnaie “alternative” et la répartit équitablement entre ses membres, qui s'en servent pour faire des échanges entre eux. Si ces échanges se multiplient au point que les membres estiment qu'ils ont besoin de plus de monnaie, ils votent une augmentation, par exemple de 10 unités par membre.
Un contrôle attentif de cette inflation s'est avéré nécessaire, afin d'éviter que l'unité monétaire se trouve dévaluée. Les pouvoirs publics, en particulier ceux de la ville de Buenos Aires, ont accepté d'appuyer ce système à condition que sa monnaie ne soit pas convertible en monnaie officielle.
Mais on s'est aperçu que les participants avaient du mal à ne pas confondre la monnaie des “nodos” avec la monnaie traditionnelle et il faut insister sur la non-pertinence de la valeur numéraire dans le système d'échange, qui, en fait, correspond surtout à la valeur du travail. Enfin, pour éviter les inconvénients des contrefaçons, il est recommandé que les grands échanges interclubs se fassent en produits plutôt qu'à l'aide de monnaies différentes. On s'interroge sur l'intérêt de systèmes mixtes alliant paiement alternatif et paiement traditionnel.
La multiplication des monnaies locales ne va pas sans inconvénient : elle facilite la falsification massive des billets (48) par des réseaux mafieux, et émettre inconsidérément des créditos conduit à une inflation galopante comme celle que connaît l’économie classique.
C’est ce qui se passe dans le RGT. Heloisa Primavera (49), qui travaille avec les réseaux depuis 1996, dénonce surtout une «falsification de principe» car l’inflation que connaît le RGT «est le résultat de la sur-émission de créditos dans ce réseau qui provoque une sur-liquidité sur le marché». Elle reproche au RGT de «détruire la dynamique économique et sociale du troc en inondant le pays de ses billets afin de créer un réseau national centralisé, à la monnaie incontournable. Le résultat est fâcheux : la monnaie est déconnectée de l’économie réelle. Comme un certain peso… La juste correspondance entre niveau de production et volume de créditos en circulation est rompue, le crédito perd alors de sa valeur et surtout la confiance des usagers»(50). C’est pourquoi elle mène campagne auprès des maires pour qu’ils n’acceptent pas n’importe quelle monnaie locale. Pour elle, l’urgence est de consolider le potentiel alternatif du troc «qui doit devenir le terrain d’une économie de l’abondance où le jeu n’est plus gagne/perd, comme dans le capitalisme, mais gagne/gagne, grâce à un partage efficace des richesses». «Le troc est pour la première fois, un chemin pour sortir les pauvres de l’exclusion sans faire la guerre, sans prendre les armes […] C’est un phénomène d’avant-garde et pas de régression». «Nous sommes à un point de sortie du paradigme de la rareté pour entrer dans celui de l’abondance. Il n’y a pas de rareté. Elle est artificielle»(51).
*
Bien d'autres monnaies locales ont été inventées, elles sont trop nombreuses pour être toutes citées, depuis le tabac et les cartes à jouer remplaçant la monnaie légale chez les colonisateurs aux Etats-Unis, jusqu'à celles qui foisonnent actuellement dans le monde entier. Par exemple «Au Brésil, la municipalité de Braga a décidé de payer ses employés en imprimant ses propres bank-notes. Baptisés “Bonus”, les billets peuvent servir à payer les impôts locaux et ils sont acceptés dans les magasins de la ville»(52). Ou bien «En Russie, dans la région de Novossibirsk, une entreprise imprime sa propre monnaie. Plus de 800.000 billets d’une valeur faciale d’un rouble ont été édités, puis distribués aux employés Cette émission a permis de payer trois mois de salaire en retard… Seuls trois magasins et une station-service, appartenant d’ailleurs à l’entreprise en question, pourront échanger des denrées contre ces billets, qui sont également acceptés par les autorités locales en paiement des impôts locaux, les municipalités payant alors leurs fonctionnaires avec ces billets»(53). Et aussi en Italie (Rete di economia locale), en Allemagne (Tauschring), au Japon, en Thaïlande (Thailand Community currency systems), en Nouvelle Guinée, en Indonésie etc.
*
Ces réseaux d'échanges recréent du lien social, et s'opposent ainsi, de fait, au système économique actuel qui exalte et développe l'individualisme du “chacun pour soi”, voire même le gratifie. Les gouvernements néolibéraux pourraient donc être tentés de voir dans leur développement le moyen de se débarrasser sur eux du problème de la survie des exclus de la compétition. Mais ils les guettent plutôt avec le piège du “travail au noir”, puisque les services échangés entre eux par les membres d'un réseau d'échanges ne donnent pas lieu à paiement d'impôts, et surtout parce que les professionnels de services marchands se plaignent qu'ils leur font concurrence et les considèrent comme des manques à gagner.
Un autre prétexte invoqué pour les condamner consiste à dire que les monnaies qu'ils créent sont illégales. Ce qui est rigoureusement vrai, mais alors pourquoi toutes les monnaies privées, toutes les autres monnaies parallèles, dont les plus nombreuses sont celles qu'émettent les chaînes commerciales, ne sont-elles pas interdites depuis longtemps en vertu de ce même argument ? Il paraît étonnant qu'aucun juriste n'ait été capable de dénoncer le déni de justice qui consiste à dire qu'une monnaie illégale est tolérable quand elle est à but exclusivement lucratif mais devient intolérable quand son seul objectif est de créer de la solidarité.
monnaie d'argent de la tribu des Eduens
Passer du local au global
Tous ces recours à des monnaies locales sont nés quasi spontanément, dans l’urgence :
un grave problème économique et social se révèle, alors des expériences sont lancées pour tenter de le surmonter localement, de façon immédiate et pragmatique. Mais même si leur conception n'a rien d’universel, s’agissant toujours d’accords ponctuels pour quelques heures d’un travail qui reste limité au domaine de l’artisanat, et même si la relance qu'ils permettent reste autocentrée, ces réseaux sont très efficaces sur le plan social : en rompant l’anonymat véhiculé par la monnaie capitaliste, ils créent des relations entre leurs membres alors que le marché, au contraire, développe l'égoïsme du “chacun pour soi”. Donc, quelle que soit la façon dont elle va évoluer, il est important que l'économie de demain adopte leur slogan : “le lien vaut mieux que le bien” et qu'elle s'organise pour encourager et développer au plan local ces “échanges de bons procédés”, qu'ils soient comptabilisés ou qu'ils ne le soient pas.
Mais l'économie de la société humaine ne se limite pas au niveau local. Non seulement il y a des services (transports, eau, énergie, soins médicaux lourds, recherche fondamentale, information, culture, entretien du patrimoine, etc., sans oublier la justice, car la vie en société nécessite un code qu'il faut pouvoir faire respecter sans que ceci tourne au règlement de compte…) qui doivent rester organisés à une échelle publique bien plus large, au minimum régionale. Voire nationale, comme la prise en charge d'une population qui vieillit. À l’échelle internationale, les SEL ne peuvent pas, par exemple, empêcher le commerce de la drogue, ni limiter le développement de la violence qu’engendre la misère créée par le système capitaliste. Et même en restant à petite échelle, on produit souvent bien mieux qu'individuellement quand on accepte de travailler en équipes pour que l'ensemble profite des compétences de tous, librement associés pour organiser intelligemment leur coopération. Toute une infrastructure est donc nécessaire, qui relève d'une organisation à plus large échelle, prenant en charge d'autres besoins que ceux qui se règlent par des échanges individuels, même multilatéraux.
Il est une autre raison, encore plus importante, qui fait qu'il y a urgence à avoir le courage d’innover, comme l'ont fait les SEL au plan local, mais en pensant et en agissant globalement pour toute la société. C'est que l'humanité se trouve plongée dans une véritable mutation ; héritiers de savoir-faire et de connaissances accumulées pendant des millénaires, nous savons aujourd'hui tout produire, et même le pire. Or c'est souvent le pire que produit l'économie actuelle, mise par les marchés au service d'une minorité qui se sent libre d'accaparer toutes les ressources. Et en outre elle produit n'importe comment. Il est donc urgent de réfléchir à une autre transformation de la monnaie qui orienterait les économies modernes de façon à assurer à l'humanité un avenir plus digne et plus sûr. Tel est bien le sens des conclusions qu’Héloïsa Primavera tire de sa propre expérience en Argentine quand elle met l’accent sur le fait que le capitalisme correspond à une économie de rareté mais se révèle incapable de partager les richesses alors que nous entrons dans une ère d’abondance.
C'est dans cette aspiration véritablement humaniste, car porteuse d'un projet pour l'ensemble de la société, que se situent les deux types de propositions suivants.
Le dividende social
Au début des années 1930, les propositions du Major écossais C.H.Douglas avaient une portée sociale nationale, sinon universelle. Mettant l'arbitraire de la création monétaire par les banques à l'origine du manque de pouvoir d'achat des populations pauvres, d'ailleurs condamnées au chômage par le machinisme, il fit remarquer que la véritable richesse d'un pays n'est pas celle qu'indique son système financier mais bien ses possibilités réelles de produire : ses terres, ses mines, ses routes et son savoir-faire. Ce patrimoine étant commun à tous les citoyens d'un pays, il estimait légitime que chacun d'eux en touche régulièrement le dividende, sous la forme d'une somme versée annuellement par un organisme national de crédit émettant pour cela une nouvelle monnaie. Encore appliqué en Alaska ce principe a valu à tous les habitants de cet État américain, homme, femme ou enfant, de recevoir en 2002 un dividende de 1.540 dollars gagé sur le pétrole du sous-sol.
Le projet SOL
Le projet d'une monnaie solidaire, le SOL, est conçu pour favoriser une société solidaire ayant l'humain et non plus le profit pour objectif.
Concrètement, un citoyen recevrait des SOL soit en achetant certains biens et services de l'économie sociale et solidaire (ESS : mutuelles, coopératives par exemple), soit en ayant un comportement civique en s'impliquant dans la vie sociale (alphabétisation par des bénévoles, par exemple). Ces SOL permettraient d'acheter des biens et services de l'ESS (commerce équitable, assurances ou même placements financiers), d'accéder à des biens collectifs (équipements sportifs d'une commune, par exemple) et culturels ou encore de soutenir des initiatives locales ou de grandes causes communautaires.
Cette initiative entre dans le cadre des nombreuses expérimentations actuelles dans la recherche d'une économie sociale et solidaire, analysées par Pantaleo Rizzo (54). Elle est la démonstration flagrante de la nécessité d'échapper aux impératifs du capitalisme qui domine aujourd'hui le monde, mais elle se heurte à ses propres limites s'il s'agit de s'accommoder de ce système et non pas de chercher comment le remplacer.
(44) Jérôme Blanc, Les monnaies parallèles, unité et diversité du fait monétaire.
(45) Voir Le Monde du 20 août 2002, page 11.
(46) sous-titre de son livre “Kou, l'ahuri”, qui fut publié la première fois en 1934 et, 62 ans plus tard, tant la misère dans l'abondance qu'il décrivait était, hélas, encore d'actualité, il fut mis en scène au théâtre par Christine Delmotte en Belgique puis à Paris. Jacques Duboin, grand humaniste, a été amené lors de la grande crise de 1929, à expliquer la nature du changement de civilisation qui s’amorçait alors, et à conclure à la nécessité d’une économie de répartition qu’il définit ensuite sous le nom d’Économie Distributive.
(47) En fait, il existe plusieurs versions du crédito correspondant aux régions d’origine, mais ils circulent sans problème dans tout le pays.
(48) Certains creditos portent maintenant des filigranes et des numéros de série.
(49) Professeur d’administration publique à l’Université de Buenos Aires.
(50) dans Témoignage Chrétien, N° 3030, 3/10/2002.
(51) Heloisa Primavera, Rencontre internationale “Reconsidérons la richesse”, Paris, 1-2 /3/2002.
(52) Marianne, semaine 25-31/1/1999.
(53) Le Midi Libre, du 13/3/1999.
(54) P. Rizzo, L'économie sociale et solidaire face aux expérimentations monétaires. http://www.docstoc.com/docs/91268733/Pantaleo-RIZZO
Sources : http://www.france.attac.org/
A suivre pour la partie 2
Yves Herbo 14-10-2014
Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie - Part 6
Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie - Part 6
Deuxième partie Part IV
Part 1, Part 2, Part 3, Part 4, Part 5
«Viens m'aider ! Celui qui fit comprendre à son semblable le sens de ces mots est le fondateur inconnu de toutes les sociétés humaines.»
Jacques Duboin (Libération)
IV b
Monnaie et société
Les conséquences d'une monnaie de dette.
Quel que soit l'aspect considéré, et contrairement à l'affirmation libérale selon laquelle la monnaie est neutre, la réalité montre que le fait d'utiliser des monnaies de dette non gagées sur une richesse manifeste et créées par des sociétés privées ayant leur seul profit pour objectif, est extrêmement lourd de conséquences, même si celles-ci ne sont généralement pas perçues comme telles :
Au plan national : un engagement commun.
On a vu plus haut que la loi (35) faisant obligation à tous les ressortissants d'une nation (ou d'un groupe de pays, tel que “l'Euroland" (36), d'accepter en paiement sa monnaie, celle-ci est devenue la reconnaissance d'une dette collective : elle engage tous les ressortissants de cette nation à fournir l'équivalent de la somme mentionnée à quiconque présente cette monnaie et qui a, de ce fait, un droit de tirage sur les biens et services mis en vente par cette nation.
La monnaie constitue donc un lien national (ou communautaire) entre les citoyens du pays (ou du groupe de pays) qui l'émet : ils sont unis, note Benjamin J. Cohen (37), par l'engagement commun que constitue leur monnaie comme ils sont unis, par exemple, par l'usage d'une langue nationale commune.
Alors une question se pose : qui peut prendre un tel engagement au nom d'un État ? Il nous semble évident que dans une démocratie ce ne peut être que les représentants élus du peuple, et c'est cette évidence qui fait que la plupart des gens croient, en toute bonne foi, faites-en l'expérience en interrogeant votre entourage, que ce sont les autorités publiques qui ont le monopole de la création de la monnaie et de son contrôle.
On a vu que le contrôle des gouvernements sur leur monnaie nationale s'est institué au début du XIXéme siècle et qu'il a eu son apogée au milieu du XXéme. Mais qu'au cours des années 1980, dans la foulée du fameux “tournant libéral” précédemment décrit, il a été abandonné.
Et les conséquences sont lourdes, sinon bien perçues : en abandonnant ce pouvoir, qui nous paraît pourtant légitime, les gouvernements ne se sont pas seulement privés de la possibilitépour l'État de recourir à la création monétaire pour faire face, en cas d'urgence, à des dépenses publiques nécessaires et imprévues. Ils ont aussi renoncé à un outil essentiel de gestion de l'économie, par la fiscalité (dont dépend la redistribution) et par l'intermédiaire des taux d'intérêt ou des taux de change : en créant plus de monnaie, l'État pouvait décider d'accepter l'inflation qui, en diminuant le poids des dettes, favorisait les débiteurs au détriment des prêteurs, ou, au contraire, en décidant de limiter la création monétaire, le gouvernement rassurait les créanciers. La dévaluation d'une monnaie était un avantage concurrentiel immédiat offert aux exportateurs du pays.
Enfin, le monopole public sur la monnaie renforce naturellement l'autorité du politique : il est évident que plus un gouvernement est capable d'assurer son monopole, moins sa politique est soumise à des influences étrangères. Or depuis que la libre circulation des capitaux a supprimé ces monopoles nationaux sur les monnaies, celles-ci peuvent être utilisées en dehors de leur territoire (entre autres, dans les paradis fiscaux) et elles s'offrent ainsi aux transactions et aux placements. Les gagnants sont les acteurs privés qui peuvent échapper aux contraintes de toute politique monétaire, et les perdants sont les gouvernements, donc ceux qui les ont élus.
Tant que la majorité des monnaies étaient convertibles en or, étalon universel de référence, les taux de change entre monnaies résultaient d'un simple calcul, purement mathématique, celui des rapports entre leurs poids respectifs d'or. Les transactions se réglaient dans n'importe quelle monnaie et seuls les soldes débiteurs entre pays étaient réglés par référence à l'or.
Depuis l'abandon de cette référence, les échanges commerciaux internationaux peuvent s'établir dans n'importe quelle monnaie ; le pays exportateur peut fixer son prix dans sa propre monnaie, le pays importateur peut exiger de payer avec sa monnaie nationale, ou, si l'acheteur et le vendeur le décident, ils peuvent utiliser la monnaie d'un pays non concerné par leur transaction.
En résumé : il n'y a pas de monnaie internationale, il n'y a plus de référence universelle définissant un taux de change entre monnaies, qui sont toutes des monnaies de dette dont la valeur fluctue en fonction des marchés.
Or nous avons vu que le fait d'utiliser, dans une transaction commerciale, une monnaie de dette introduit un délai et un risque pour le vendeur : celui-ci se retrouve, après avoir fourni sa marchandise, avec un titre de crédit qu'il va lui falloir ensuite faire accepter en paiement d'autres marchandises. Il est donc pour lui très important d'être payé dans une monnaie dont il pense qu'elle a et qu'elle va garder, ou mieux qu'elle va gagner du pouvoir d'achat. Une monnaie est dite forte parce que son pouvoir d'achat est en hausse : c'est la tendance qui est importante, plutôt que la valeur instantanée. De sorte qu’il se passe pour la valeur des monnaies ce qui se passe en Bourse pour la valeur des actions : un gros investisseur international peut agir sur les cours :
lorsqu'il mise sur une monnaie ou un titre en l'achetant en masse, la valeur de cette monnaie ou de ce titre monte et alors tout le monde en veut, et sa cote continue à monter. Et si brusquement, en sens inverse, un investisseur décide de se débarrasser d'un titre, ou de devises, ses semblables,
comme les moutons de Panurge, pensent qu'il a des raisons de penser que ce titre va perdre de sa valeur, alors ils vendent aussi, et, effectivement, le titre baisse. Les cours des monnaies, comme ceux des actions, peuvent donc être amplifiés par la spéculation. Ainsi, depuis qu'elle obéit à l'idéologie libérale, l'économie mondiale, et avec elle les monnaies du monde, n'est pas pilotée dans l'intérêt général, mais vogue à la merci d'emballements ou de vents de panique dont il est impossible de prévoir l'amplitude et la portée.
L'hégémonie pour le pays dont la monnaie est utilisée
Le commerce international a pris l’habitude d'utiliser le dollar pour les échanges extérieurs, au cours de la période 1933-1971 pendant laquelle cette monnaie est restée la seule à être théoriquement indexée à l'or. Cet usage fut conforté après la seconde guerre mondiale parce que l'économie des États-Unis était la première du monde, son industrie florissante était en pointe dans pratiquement tous les domaines, ses entreprises, qui, elles, n’avaient pas été bombardées, ont profité d'énormes marchés de reconstruction dans le monde entier.
Le déséquilibre de la balance des paiements des États-Unis avec l'échec de leur guerre contre le Vietnam a menacé ce rôle du dollar quand il était devenu évident que les banques américaines n’avaient pas en dépôt de quoi honorer de telles dettes. Mais à cette époque, aucune autre devise n’était parvenue à inspirer plus confiance que le dollar.
Depuis, l’Union européenne se construit au plan économique, la société Airbus en est un exemple : ses avions concurrencent ceux de l’Américain Boeing. Et pourtant Airbus, devenue EADS, établit encore ses prix en dollars, le comble est qu’elle se fait payer en dollars même lorsqu’elle vend ses produits en Europe. Il est vrai que la généralisation de l’usage de l’euro dans l’euroland est encore récente…
Une telle hégémonie se traduit par un formidable avantage : dès lors qu'il s’agit d’une monnaie scripturale (pour laquelle, nous l’avons vu, il n'existe pas de limite matérielle à sa création ex nihilo), et que tous les pays en demandent pour leur commerce extérieur, le pays qui l’émet peut en fabriquer à sa guise.
Les Etats-Uniens en profitent donc et, signant sans vergogne ces reconnaissances de dettes que personne ne leur ramène en demandant de les honorer, ils vivent depuis plusieurs décennies aux frais des autres populations, achetant le monde à crédit. Professeur d’économie politique de l’Université de Californie, Benjamin J. Cohen est bien placé pour l’expliquer : «Un pays dont la monnaie bénéficie d'un statut international finance ses déficits extérieurs en émettant sa propre monnaie: «Un pays dont la monnaie bénéficie d'un statut international finance ses déficits extérieurs en émettant sa propre monnaie (38)», en prenant les chiffres de 1999, il a estimé que ceci était équivalent à un prêt sans intérêt de 25 à 30 milliards de dollars par an consenti aux États-Unis par le reste du monde.
Cette évaluation doit être depuis revue à la hausse, non seulement à cause du ralentissement de l’économie américaine, mais aussi parce que le budget fédéral, qui était excédentaire en 1999, a été mis en déficit par la politique de G.W. Bush (baisse des impôts de 637 milliards en 10 ans et énorme augmentation du budget militaire, qui atteint 400 milliards). On le prévoyait de plus de 300 milliards de dollars pour 2003 et de plus de 400 pour 2004 avant de prendre en compte les suppléments pour la guerre contre l'Irak. Ainsi le déficit commercial accumulé par les États-Unis est tel qu'ils doivent au reste du monde l'équivalent d'environ le quart de leur Produit intérieur brut (PIB). Pareille dette est impensable de la part de tout autre pays, qui serait, bien avant d'en arriver à de tels excès, sanctionné par la chute de sa devise… et l'intervention du FMI.
Exemple récent :
tous les comptes exprimés en Argentine en pesos y ont été brusquement amputés de plus du tiers de leur pouvoir d'achat exprimé en dollars.
Ce qui ne peut pas arriver aux comptes américains en dollars quand la référence est le dollar américain ! Donc aux États-Unis, personne n'épargne, ni l'État, ni les ménages, ni les entreprises et il y est devenu normal de vivre à crédit. La montée de leur niveau d'endettement a donc été foudroyante, triplant entre 1964 et 2002, jusqu'à atteindre près du tiers du PIB mondial (39).
La dette des ménages est passée de 200 à 7.200 milliards de dollars et celle des entreprises, avec leur frénésie de fusions et d'acquisitions financées par emprunts, est passée de 53 à 7.620 milliards (soit presque 7 fois le PIB). Un économiste américain a calculé (40) qu'entre 1995 et 2002, le déficit de leur balance commerciale avait permis aux États-unis de confisquer 96 % de la croissance mondiale.
L'exploitation du risque
Le risque inhérent, comme nous l'avons vu, à la nature de la monnaie de dette est à l'origine d'une transformation de l'économie sinon à son dévoiement.
D'abord le risque a développé un commerce lucratif, celui des assurances. On peut juger du poids pris dans la société par les compagnies d'assurance en constatant la pression qu'elles exercent pour se voir confier la gestion des retraites (41). Certains scandales récents au Royaume-Uni et aux Etats-Unis ont montré les dangers de cette gestion privée.
Le risque est aussi à l'origine de nouveaux instruments financiers, basés sur la spéculation : marchés à terme, options, appels de marge, fonds de couverture, etc., qui sont appelés produits dérivés parce que ce sont des paris sur des variations de cours, ou d'indices, ou de taux d'intérêt. Ces nouveaux “produits” se sont mis à proliférer parce que dans tous les cas, que les cours montent ou bien qu'ils baissent, leur manipulation peut rapporter très gros… Toutes ces créations aboutissent soit à élargir la gamme de ce que les spéculateurs peuvent acheter et vendre, soit à utiliser l'effet multiplicateur du crédit pour permettre aux spéculateurs de payer à crédit (mais sans utiliser leurs fonds personnels) ce qu'ils espèrent revendre plus cher, en encaissant la différence.
Cette expansion augmente considérablement les dangers du système de crédit :
fragilisation de la monnaie, accroissement du nombre des rouages qui peuvent défaillir, et, si le système s'effondre, extension de la portée du désastre. Plus grand est cet "effet de levier", plus cette explosion prend de l'envergure.
Et tout ceci se fait à très grande vitesse et entre initiés. Pour ces derniers, c'est une aubaine, mais le fait que les produits dérivés permettent de déplacer beaucoup d'argent d'un bout à l'autre de la planète «sans qu'aucun radar ne le signale» (42) fait courir des risques imprévisibles à tous ceux qui produisent les richesses réelles. D'où les multiples crises, krach, etc. qui ruinent brutalement des États. Par exemple, alors qu'un rapport de la Banque mondiale affirmait, en 1997, que la libéralisation des marchés se traduirait par un boom économique général y compris en Asie, ce fut la catastrophe des économies et des monnaies asiatiques qui commença dès l'année suivante : chute des indices boursiers : de 80% en Indonésie, de 74% en Malaisie, de 42% en Thaïlande, de 29% en Corée du sud, et effondrements de 73% de la roupie indonésienne, de 33% du won sud-coréen, et de 12% du baht thaïlandais, suivis par celui du ringgit malais, et qui précédèrent de peu celui du dollar de Singapour, après quoi ce fut le krach du marché boursier de Hongkong. Le yen était réputé sain parce que le Japon avait la plus grande réserve en devises du monde, mais le yen s'effondra aussi. De telles crises ne sont pas l'apanage des pays de l'est asiatique : la Russie eut la sienne en 1998, puis ce fut le tour du Brésil, et celle de l'Argentine fait des ravages depuis décembre 2001.
Les pouvoirs de la monnaie
La monnaie nationale constitue un lien entre les citoyens en conciliant deux contraires qui sont nécessaires pour qu'une société existe et fonctionne : l'affirmation d'une autorité, celle qui émet la monnaie, et l'affirmation d'une liberté personnelle, celle de la façon de dépenser la monnaie dont on dispose.
L'autorité qui émet la monnaie a donc le pouvoir d'exiger des membres de la société, d'une part qu'ils croient en la valeur cette monnaie puisque celle-ci n'est plus gagée sur le réel, et d'autre part qu'ils reconnaissent le droit d'acheter leurs biens ou leurs productions à tous ceux qui disposent de cette monnaie, puisqu'elle a cours forcé.
Au-delà de ce pouvoir de l'autorité, on constate un véritable fétichisme lié à la monnaie et dont l'origine remonte peut-être à la fascination exercée par l'or des pièces utilisées pendant des millénaires.
Enfin l'argent est un vecteur de domination qui affiche les inégalités. Et il devient moyen d'accaparement, donc de violence, quand il est prêté contre intérêt.
Prêter : rendre service ou faire un placement ?
De tout temps, la plupart des religions ont prêché contre le prêt à intérêt, considéré sous son aspect moral : donner aux pauvres est une vertu, mais prêter un bien, ce n'est pas tout à fait le donner, c'est accepter de s'en priver momentanément, donc offrir un service. Or la société qui se dit “moderne” a détourné le mot service de son sens premier et tend à rendre payant tout service, même le plus banal. Tous les services qui étaient naturellement gratuits deviennent payants, au point que ce qui devient anormal, au contraire, est qu'un prêt soit gratuit.
Il convient cependant de distinguer entre :
— un prêt, pendant un certain laps de temps, qui est un service rendu contre paiement,
— un placement d'argent dont on n'a pas l'usage immédiat, il ne s'agit plus là de rendre service à quelqu'un dont on connaît le besoin, mais de faire “fructifier” son épargne
— une ouverture de crédits par une banque grâce à “l'effet multiplicateur”.
Dans le deuxième cas, l'argent est placé, en général par l'intermédiaire d'une banque, qui s'engage alors à verser un certain pourcentage sur les sommes qui lui sont confiées, pour une durée déterminée et dans ce but.
Dans le troisième cas, par contre, la banque encaisse l'avoir des clients dont elle gère les comptes et qu'elle ne rémunère pas. Ces dépôts lui permettent d'ouvrir des crédits, par jeux d'écriture et effet multiplicateur, et c'est elle qui perçoit des intérêts sur ces crédits ex nihilo. Or ces derniers empiètent sérieusement sur le pouvoir d'achat de l'emprunteur qui doit rembourser beaucoup plus qu'il ne lui a été prêté. Par exemple, s'il a emprunté au taux de 15%, il devra, en moins de 5 ans, rembourser le double de la somme qui lui a été créditée.
Effet boule-de-neige du prêt à intérêt :
Le petit épargnant qui place ses économies sur un livret pour acheter plus tard sa voiture dépensera son épargne, augmentée d'intérêts, au moment de cet achat.
Il n'en est pas de même pour le gros épargnant, car son épargne lui rapporte de quoi vivre de ses rentes et même de placer toujours plus. Prenons un exemple chiffré pour voir l'importance de cet effet boule-de-neige qui est la nature-même du capitalisme. Imaginons que quelqu'un dispose d'un million d'euros et le place à 10%. Au bout d'un an, il reçoit 100.000 euros d'intérêts ce qui lui permet de vivre et d'augmenter son capital. Supposons qu'il dépense 40.000 euros pour vivre, il peut placer au bout d'un an 60.000 euros en plus de son premier capital et c'est 1.060.000 euros qui vont lui rapporter la seconde année.
S'il place toujours son capital à 10 % et vit sur ses intérêts, voici les chiffres :
capital au 1er janvier - dépenses annuelles - capital à placer en fin d'année
première année 1.000.000 40.000 1.060.000
deuxième 1.166.000 42.400 1.123.600
troisième 1.235.960 44.944 1.191.016
quatrième 1.310.117 47.640 1.262.477
cinquième 1.388.725 50.498 1.338.227
sixième 1.418.222 53.528 1.472.050
septième 1.560.374 56.740 1.503.634
huitième 1.653.997 60.144 1.593.852
neuvième 1.753.237 63.753 1.689.484
dixième 1.858.432 67.578 1.790.854
onzième 1.969.939 71.632 11.898.307
douzième 2.088.138
On voit que son capital aura doublé en une douzaine d'années, tout en lui permettant de vivre en augmentant son train de vie de 6% par an.
La dette dans le monde
Ce mécanisme des intérêts fait comprendre le problème de la dette du Tiers monde : les pays qu'on dit en développement et qui ont emprunté aux pays riches doivent en retour leur fournir beaucoup plus qu'ils n'ont reçu d'eux. Certains sont même obligés d'emprunter à nouveau pour payer l'intérêt dû pour des prêts précédents dont ils ont déjà remboursé le capital : c'est une spirale infernale, orchestrée par le FMI, dont nous avons évoqué le rôle.
Voici quelques chiffres éloquents sur la dette extérieure du Tiers monde :
En 1979, l'augmentation brutale des taux d'intérêt (passant de 5 à 20 %) oblige les pays du sud à emprunter à des taux usuraires pour payer les intérêts de leurs dettes précédentes. En trente ans environ, cette dette passe de 50 à 2.500 milliards de dollars, soit une multiplication par 50.
À elle seule, l'Amérique latine, entre 1980 et 2000, a déboursé un supplément de 106 milliards de dollars sur ce qu'elle devait. De façon générale, au cours de ces 20 ans, les pays du sud ont transféré vers les pays du Nord 3.450 milliards de dollars, ce qui correspond à six fois la dette (567 milliards) qu'ils avaient en 1981.
En 1998, les 41 pays les plus endettés du Tiers monde ont versé aux pays riches du Nord 1,680 milliard de dollars de plus que ce qu'ils ont reçu.
En 1999, les pays en voie de développement ont dù verser 350 milliards de dollars pour le service de leur dette (remboursement + intérêts), en particulier l'État brésilien a dù payer 95 milliards de réals d'intérêts alors que son budget de santé publique n'était que de 19,5 milliards.
La dette des pays du Tiers monde (hors pays de l'Est) est aujourd'hui de 2.000 milliards de dollars (43). L'Afrique subsaharienne rembourse chaque année quatre fois plus qu'elle ne dépense pour la santé et l'éducation.
À quoi sert de donner au pauvre si les règles financières l'attachent à sa pauvreté ?
Taux d'intérêt et taux d'inflation
L'inflation, par contre, allège la dette. Prenons l'exemple d'un prêt de dix millions à 10%.
Contracté aujourd'hui, cela signifie qu'il faudra rembourser en un peu plus de sept ans, 20 millions. Mais si d'ici là la monnaie a été dévaluée de 5%, ces 20 millions à payer auront, dans sept ans, un pouvoir d'achat équivalant à celui d'un peu moins de 14 millions d'aujourd'hui.
Celui qui fait crédit est favorisé par l'élévation des taux d'intérêt.
Celui qui est obligé d'emprunter est favorisé quand le taux d'inflation augmente.
Au cours des Trente glorieuses, le taux d'inflation était très élevé, il a dépassé les 15%, ce qui a favorisé de gros investissements et permis à tous ceux qui bénéficiaient alors de gros revenus de se constituer un patrimoine. Ensuite, le mot d'ordre a été de “juguler” l'inflation, ce qui a permis de maintenir la valeur de ces patrimoines. La politique imposée par le traité de Maastricht à la Banque centrale européenne, en lui donnant pour seule directive d'empêcher que l'inflation des prix dépasse 2%, va dans ce sens : elle protège les détenteurs de capitaux au détriment de tous ceux qui sont amenés à emprunter. Quand les taux d'intérêts des prêts sont supérieurs au taux d'inflation des prix, les intérêts des "bancassurances” sont assurés et le nombre de ménages surendettés augmente.
(35) “cours forcé ” et “cours légal” de la monnaie nationale.
(36) ensemble des pays européens ayant adopté l'euro.
(37) Benjamin J. Cohen est Professeur d'économie politique de l'Université de Californie
(38) dans le numéro hors série sur la monnaie, N°45 de la revue Alternatives économiques, (3 ème trimestre 2000).
(39) Voir, par exemple, les chiffres rappelés par Frédéric Clairmont dans Le Monde Diplomatique d'avril 2003.
(40) Voir Monde du 20/11/2003.
(41) Nous l'avons compris en étudiant le problème des retraites. Lire à ce sujet le N°989, intitulé “Retraites, l'intox pour les fonds de pension”, et les numéros 1008, 1017, 1022, 1026, 1028, 1032 du mensuel La Grande Relève, BP 108, 78115 Le Vésinet, cedex.
(42) R. Hahnel, “La panique aux commandes.
(43) Tribunal des Peuples, Porto Alegre, Attac info 312, du 8 mars 2002.
Sources : http://www.france.attac.org/
A suivre pour la partie V : les monnaies parallèles
Yves Herbo 12-10-2014
Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie - Part 5
Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie - Part 5
Part 1, Part 2, Part 3, Part 4
IV)
1 : Les grandes théories monétaires
Ce qui frappe quand on se plonge dans la littérature consacrée à la monnaie, c'est le nombre de grandes théories qui y sont assénées avec une parfaite assurance alors même qu'elles se contredisent. On ne peut absolument pas prétendre que ce domaine soit une science, on a plutôt l'impression que les économistes sont vis-à-vis de la monnaie dans la situation de l'apprenti sorcier : leur instrument leur échappe.
Pour nous y retrouver, nous avons fait confiance à la synthèse qu'a présentée Jean-Marie Harribey (29) dans une université d'été sur ces questions (30), puis nous nous sommes demandé ce qu'il reste des théories monétaires classique, keynésienne et marxiste quand elles sont confrontées à la réalité actuelle.
Les conceptions classique et néoclassique.
Ces deux conceptions, qui sont à la base du libéralisme, ont une position commune sur la monnaie, fondée sur quatre idées :
• 1. la monnaie, simple intermédiaire, ne fait que dissimuler qu'en fait ce sont toujours des marchandises qui s'échangent entre elles.
• 2. toute variation de la quantité de monnaie en circulation entraîne une variation proportionnelle de tous les prix.
Ce credo du monétarisme, qui est la base de la théorie quantitative de la monnaie, repose lui-même sur trois hypothèses : a) la vitesse de circulation de la monnaie est constante, b) le volume des transactions est constant et c) l'équilibre du marché assure le plein emploi de toutes les capacités de production (donc il n'y a pas de chômage). (hum...)
Il n'est pas nécessaire d'être un économiste diplômé pour constater à quel point ces hypothèses sont peu réalistes.
• 3. par conséquent toute variation de la masse monétaire n'a aucune influence sur la production ou sur l'emploi, elle est donc dite neutre par rapport à l'activité économique réelle.
Ce qui n'a pas empêché l'économiste Milton Friedman d'en tirer une conclusion paradoxale mais qui fait loi depuis le traité de Maastricht sur la Banque Centrale européenne : bien que la variation de la masse monétaire soit "sans effet" sur l'économie, la politique monétaire doit consister à limiter l'émission, parce que celle-ci risque d'entraîner l'inflation… (elle a donc bien une influence).
L'actualité ne manque pourtant pas d'exemples du rôle de la monnaie sur l'économie : entre 1994 et 1999 dix pays en voie de développement connurent au moins une crise financière de grande ampleur. De tels “accidents”, qui mirent leurs banques en faillite, annulèrent les gains économiques accumulés au cours de plusieurs années de réformes douloureuses et provoquèrent même souvent de graves troubles sociaux (31). Le cas de la crise Argentine depuis décembre 2001 est peut-être le plus éloquent sur les méfaits de ces dogmes imposant des préceptes, ceux du consensus de Washington que nous avons rappelés ci-dessus à propos du FMI, sur la discipline fiscale, les taux de change compétitifs etc., malgré l'évidence du désastre de leurs conséquences.
Remarquons que l'affirmation de la neutralité de la monnaie vis-à-vis de l'économie a d'autant plus de chances d'être crue par le public qu'au contraire des transactions simples (achats et ventes par des particuliers) qui sont faciles à identifier, les vastes mouvements monétaires qui font vraiment bouger les marchés, sont des transactions complexes effectuées sur ordinateur et élaborées dans le secret des tours d'ivoire des sociétés financières et autres fonds spéculatifs.
Elles ne sont accessibles qu'aux initiés du “monde souterrain de la finance (32)", lequel s'ingénie à les rendre secrètes.
• 4. autre conséquence du fait que tout échange n'est, sous le voile de la monnaie, qu'échange entre marchandises, la loi des débouchés de J-B Say selon laquelle «tout offre de marchandise crée sa propre demande». Autrement dit, le montant des revenus distribués par la production est équivalent à la valeur de cette production et l'équilibre général de tous les marchés, affirmé par Léon Walras, se rétablit automatiquement (?) par la flexibilité des prix.
Cette loi des débouchés a été critiquée, par exemple par Jacques Duboin (33) : «la loi des débouchés se résume simplement dans la constatation que les produits achètent les produits, ou, pour mieux dire, que les marchandises se servent mutuellement de débouchés. C'est peu discutable, puisqu'on s'en est aperçu dès le temps reculé où l'on pratiquait le troc, marchandise contre marchandise… Mais Jean-Baptiste Say en tire cette conséquence imprévue, à savoir que la surproduction ne peut exister que dans une partie seulement de l'économie, et qu'il est facile d'y
porter remède en augmentant la production dans les autres secteurs afin que les articles surproduits trouvent immédiatement un débouché. D'où il conclut que la crainte d'un engorgement général des marchés est pure chimère. En foi de quoi il faut toujours produire davantage, ce qui est le vrai moyen d'en terminer avec ce qu'on appelle improprement les crises économiques, car il ne s'en produira jamais si l'on sacrifie au dieu de la “productivité”. Ce refrain est entonné aujourd'hui par tous les libéraux impénitents, car la loi des débouchés garantit, non seulement l'éternité au régime capitaliste, mais l'amélioration progressive de la condition de tous les êtres humains. Il n'y a qu'à produire davantage»…
En effet, cette façon de voir écarte d'office certains problèmes majeurs : d'abord la misère, qui est le lot de tous ceux qui n'ayant accès à aucun pouvoir d'achat sont écartés du marché, ensuite les retombées du productivisme, qui dans cette idéologie apparaît comme la panacée, et enfin les conséquences de la croissance, supposée sans dégâts et sans limites. (mais qui détruisent obligatoirement les ressources non ou peu renouvelables rapidement (dont animaux et végétaux, denrées rares et détruisent la planète en final (pollution, épuisement des sols)...
Ce sont pourtant ces dogmes sur lesquels ont été fondées les institutions européennes…
Karl Marx.
La monnaie est pour K. Marx un porte-valeur, lié à la marchandise. Car ce n'est pas l'utilité d'un bien qui intéresse le capitaliste, donc pas sa valeur d'usage, mais sa valeur d'échange, parce qu'elle est susceptible de grossir le capital, une fois la marchandise vendue. La monnaie étant ainsi liée à la marchandise, et étant acceptée comme équivalent général de toutes les marchandises, il faut la considérer elle-même comme une marchandise. Ainsi Marx s'accorde avec les classiques pour donner à la monnaie le rôle d'instrument d'échange, sans incertitude.
Selon J-M Harribey, l'apport le plus novateur et le plus fécond de Marx en ce domaine est d'avoir montré le rôle que joue la monnaie dans l'accumulation du capital : il part de l'idée que la monnaie n'a pas la même signification quand elle sert à acheter du pain ou du travail humain. Dans le premier cas, elle est seulement un pouvoir d'achat. Dans le second, elle est un droit d'appropriation sur la capacité du salarié de créer de la valeur, et en cela, elle fonctionne comme un capital : elle dissimule donc un rapport social d'aliénation du travail. En effet, le travail acheté au salarié produit un fruit, et celui-ci devient la propriété de celui qui a payé le salaire. Si ce dernier parvient à vendre ce fruit plus cher qu'il n'a dépensé, c'est lui qui perçoit la plus-value, donc ce profit semble né de son capital alors qu'il vient du travail du salarié. De plus, en matérialisant la valeur créée par le travail, la monnaie réduit celui-ci à un acte vénal, elle le vide de son caractère créatif. Enfin, si le salaire suffit à peine au travailleur pour vivre, celui-ci est obligé de revenir travailler, donc d'enrichir l'employeur. Détenir plus ou moins de monnaie distingue celui qui détient un capital du pauvre bougre (terme de Bourdieu) qui n'a que sa force de travail.
Ainsi la plus-value est la source de toutes les sortes de profits, y compris les intérêts perçus par les créanciers, car ce n'est pas le sur-travail qui intéresse le capitaliste (contrairement au seigneur exigeant le travail de ses serfs), ni les marchandises produites, c'est leur valeur monétaire, c'est-à-dire la plus-value quand elle est transformée, par la vente, en valeur monétaire Et c'est ainsi que les rapports sociaux, dans le système capitaliste, débouchent sur la marchandisation, la réduction de tous les actes humains à un acte marchand, la réduction de toute valeur humaine à une valeur marchande.
John Maynard Keynes.
Au cours des années 1930, Keynes constate que les préceptes libéraux sont impuissants à agir contre la montée du chômage. Il pense que c'est une erreur de ne pas tenir compte de l'incertitude qui pèse sur toute décision économique : on ne connaît pas l'avenir et celui-ci dépend aussi des décisions des autres. Il en déduit quatre idées :
1. la monnaie est une forme de richesse plus liquide que toute autre : elle est immédiatement disponible, contrairement à un bien mobilier, un terrain, une machine, etc. Elle peut donc être conservée de façon passive (thésaurisée) et offre à son détenteur un choix d'anticipations. Notons que cette qualité suppose que la monnaie ne se déprécie pas.
2. la préférence pour la liquidité qu'offre la monnaie dépend du taux d'intérêt auquel elle peut être placée : si ce taux est faible, on préfère la liquidité, d'autant qu'on peut supposer qu'il va remonter. Comme on n'est sûr de rien, cette disponibilité est une garantie, et on peut considérer l'intérêt comme une prime de renoncement à la liquidité.
On voit que la monnaie, parce qu'elle constitue l'actif le plus liquide de tous, donne à son détenteur la possibilité de spéculer. La monnaie source d'instabilité et d'incertitude est un moyen de spéculation.
Pour Keynes, tout “agent économique” (vous, moi, une entreprise, etc.) a deux décisions à prendre quant à l'utilisation de ce qu'il reçoit : a) quelle part va-t-il consommer, b) quelle forme va-t-il choisir pour ce qu'il épargne. Lorsque le taux d'intérêt baisse, les gens pariant qu'il va remonter, ne placent pas leur argent : il y a demande de spéculation. Et ce taux varie en fonction des décisions de la Banque centrale.
3. à l'opposé de la vision classique d'une sphère monétaire complètement séparée de la sphère de l'économie réelle ou productive, Keynes pense que la monnaie est active, qu'elle joue un rôle sur la production et sur l'emploi, il réfute donc la théorie quantitative de la monnaie, qui ne serait vérifiée que si tous les facteurs de productions étaient employés (aucun chômage) et s'il n'était donc plus possible d'augmenter la production. Il en déduit que lorsque l'économie souffre de sous-emploi, les autorités monétaires peuvent accroître la masse monétaire en circulation en baissant le taux d'intérêt, ce qui aura un double effet : rendre plus rentables des projets d'investissements, qui, par un effet multiplicateur, augmenteront le revenu global.
Notons que la solution de Keynes pour mettre fin au chômage est l'augmentation de la production. C'est un point de vue purement économique, en ce sens qu'il n'envisage aucune limite à cette croissance, aucun obstacle, d'ordre écologique par exemple (ou humanistes). On ne se demandait pas, à son époque, si le développement était “soutenable”…
4. Enfin, comme il constate que l'incertitude qu'il a soulignée au départ ne débouche pas sur le chaos général, Keynes en déduit que la stabilité est due à une sorte d'accord implicite : un certain mimétisme conduit bien chacun des agents économiques à adopter l'attitude du plus grand nombre, mais des conventions en sens inverses jouent en permanence, de sorte que c'est la stabilité qui l'emporte.
Pour résumer cette théorie, J-M Harribey conclut en suivant P.Combemale (34) que selon Keynes, l'action budgétaire de l'État (et la politique de l'autorité monétaire) d'un côté, et la détention de la monnaie de l'autre, constituent des sortes de “digues” qui protègent de l'incertitude radicale mais sans toutefois l'éliminer.
*
Comparant ces divers points de vue, J-M Harribey a souligné que c'est Marx qui a dénoncé le premier le processus capitaliste qui réduit l'être humain à une marchandise dont l'utilisation doit procurer un profit au capital. Cette marchandisation s'étend aujourd'hui à tous les domaines, ce dont témoigne la convoitise des grandes entreprises capitalistes sur l'ensemble des richesses, d'abord les richesses naturelles (la terre, puis l'eau, le pétrole et le gaz, bientôt l'air…?), puis le génome des espèces (brevetage sur le vivant), sur la science, sur la santé, sur l'éducation, etc. Le prétexte invoqué est que les mécanismes du marché seraient les seuls en mesure de satisfaire tous les besoins humains, sans la moindre aliénation de leurs libertés. C'est oublier que le marché ne s'intéresse qu'aux besoins solvables, c'est-à-dire à ceux des seuls humains qui arrivent à se procurer de l'argent, de quelque façon que ce soit. (C'est l'une des raisons pour lesquelles les mafias, la pègre, qui détournent et réinjectent une bonne partie de l'économie, sont devenues si importantes et même protégées par les institutions économiques (achetées elles-mêmes) depuis l'entre deux-guerres et la grosse crise économique de 1929, devenant un acteur incontournable du système !)...
Keynes et Marx ont en commun d'avoir montré le rôle de la monnaie dans l'économie capitaliste en soulignant que, sans création monétaire l'accumulation serait impossible : en effet, d'un point de vue macroéconomique, au cours d'une période donnée, le capital ne pourrait pas récupérer, en vendant la production, plus que les avances faites (salaires et autres moyens de production). Pour réaliser un profit cumulable, à l'échelle globale, il faut que soit mise en circulation une quantité de monnaie supérieure à ce qui correspond à ces avances de production, et c'est cette création monétaire qui permet aux propriétaires des moyens de production de transformer en capital la plus-value produite par le travail. Ainsi, par le crédit, le système bancaire anticipe le profit monétaire et permet au capital de se l'approprier au moment de la vente des produits.
Comme le souligne J-M Harribey, l'analyse de Marx éclaire la spéculation financière en montrant que le capital tire des profits de deux façons. D'une part, les actionnaires s'approprient la plus-value du travail des salariés et d'autre part, ils peuvent tirer une plus-value purement financière en revendant leurs actions plus cher qu'ils ne les ont payées, et ceci dans trois cas :
— si les profits de l'entreprise ont augmenté son capital,
— si les acheteurs anticipent des profits à venir,
— et grâce à la croyance répandue que la tendance à la hausse des cours financiers se poursuivra longtemps.
Ce dernier cas est purement spéculatif : le gonflement correspondant de la bulle financière ne représente en effet aucune richesse réelle puisqu'il suffit que tous les boursicoteurs cherchent à vendre simultanément les mêmes actions pour que leur cours s'effondre. Mais tant que la bulle enfle, tant que les cours montent, les actionnaires voient grossir leur capital à un rythme qui est même devenu très supérieur à l'accroissement de la production réelle. Il ne s'agit évidemment pas d'un miracle, mais de la manifestation de l'optimisme des capitalistes, par exemple à la perspective de “restructurations” (licenciements, délocalisations, flexibilité et précarité accrues) qui leur font escompter une compression des coûts salariaux, donc plus de profits, ils parient donc que les cours vont monter : l'exploitation capitaliste est tapie derrière la spéculation boursière.
Ceci montre du même coup pourquoi vendre est un impératif pour le capital, et que, par conséquent, le capitalisme implique une société de consommation où l'art de vendre est une qualité suprême, au mépris, le cas échéant, des droits de l'homme ou de l'environnement, dès lors que ces droits sont susceptibles de rendre la vente moins profitable.
Concluons qu'il est vain de chercher à réparer les effets de la course au profit, par exemple sur l’environnement. Autant vouloir remplir le tonneau sans fond des Danaïdes, car tant que perdureront les motivations de cette course, d’autres effets semblables se multiplieront. Si on veut que l'environnement soit respecté, et si on souhaite d'autres aspirations à la société humaine, tel que le souci de ne pas léser les générations futures en épuisant les ressources non renouvelables de la planète, il faut oser inventer un système économique qui place en tête des motivations d'autres considérations que l'obsession de rentabilité, de rapport, de retour sur investissement, etc.
(29) Maître de conférences en sciences économiques à l'Université Montesquieu-Bordeaux IV.
(30) à l'Université d'été d'Attac, en Arles et en août 2001.
(31) Lire à ce sujet l'article de M. Naïm dans Le Monde Diplomatique de mars 2000.
(32) Lire à ce sujet l'article d'I.Warde dans Le Monde Diplomatique de novembre 2001.
(33) Jacques Duboin, L'économie politique de l'abondance, éd. OCIA, (1945).
(34) Introduction à Keynes, éd.La découverte.
Sources : http://www.france.attac.org/
A suivre pour la partie 2 de la partie IV
Yves Herbo 09-10-2014
Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie - Part 4
Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie - Part 4
Je reviens sur une très bonne étude faite par le groupe indépendant ATTAC qui non seulement revient sur l'historique fondamental qui nous a mené à la situation économique actuelle de la planète entière, mais avait largement expliqué et anticipé les risques qui sont survenus depuis cet ouvrage qui date de 2004... Le groupe continue ses observations et interventions, et je suis personnellement assez en accord avec leurs conclusions, ainsi que l'historique :
Voir début Part 1, Part 2, Part 3
III )
De l'échange à la vente - La valeur - Les fonctions de la monnaie
De l'échange à la vente
Pour comprendre comment a évolué l'échange économique, revenons aux trois façons d'échanger des biens ou des services. Soit on les échange directement, immédiatement, sans monnaie, soit on se sert d'une monnaie-marchandise comme bien intermédiaire, soit on utilise la monnaie de crédit actuelle.
*
L'échange direct, sans monnaie, est la façon la plus simple d'échanger biens ou services : Alice donne des carottes à Brigitte et Brigitte donne des pommes à Alice, elles se mettent d'accord sur les quantités pour estimer que l'échange est équitable. Dès que cet échange a eu lieu, les deux parties sont quittes. Alice peut manger ses pommes et Brigitte, ses carottes. Un tel échange direct entre personnes qui se connaissent et qui ont justement, par hasard, de quoi échanger, ne peut pas s'appliquer à l'ensemble des économies depuis que la production y a cessé d'être artisanale.
Il ne reste possible qu'à deux niveaux extrêmes.
— Soit entre individus qui se connaissent assez pour se faire confiance, il s'agit alors d'échanges de services entre amis, ou entre proches qui s’entre aident.
C'est un peu cet “échange de bons procédés” que les systèmes d'échanges locaux (SEL) organisent : leur objectif est de créer des relations d'échange entre personnes qui vivent à proximité mais qui, au départ, ne se connaissent pas. Elles n'ont donc aucune garantie que l'échange sera équitable, d'où la nécessité d'établir une véritable comptabilité des échanges, tout en laissant une totale initiative aux membres du SEL. Ce qui n'est pas simple.
— Soit entre pays, mais il s'agit alors de contrats d'échanges, impliquant une préparation, des négociations, des clauses et des modalités établies par les deux parties conformément à une juridiction au niveau international… qui pourraient être organisés par une Organisation Mondiale des Échanges pour en assurer l'équité.
*
Le second procédé consiste à utiliser l'intermédiaire d'une monnaie-marchandise.
Dans un premier temps, Alice donne des carottes à Brigitte, qui, n'ayant pas les pommes que cherche Alice, lui donne en contre-partie un autre bien ayant une valeur marchande dont elles estiment toutes les deux que sa valeur est équivalente à celle des carottes fournies par Alice.
Après ce premier temps, Brigitte peut manger les carottes. Par contre, Alice s'est séparée de ses carottes et se retrouve avec un objet dont elle n'a pas forcément l'usage, mais dont elle a l'assurance de pouvoir l’échanger plus tard, en sens inverse, contre, par exemple, les pommes de valeur équivalente dont elle a besoin. Quand elle aura trouvé à faire ce second échange, mais alors seulement, elle aussi sera quitte et pourra manger ses pommes.
Il y a donc un laps de temps pendant lequel celui qui a reçu la monnaie-marchandise à la place de ce qu'il cherchait n'est pas vraiment quitte parce qu'il faut qu'il trouve ensuite à l'échanger contre la marchandise dont il a besoin. Pendant ce temps, il peut perdre sa monnaie, se la faire voler, le prix des pommes peut augmenter, il peut y avoir pénurie de pommes ou seulement baisse de la valeur de l'objet intermédiaire, par exemple s'il est devenu plus abondant, etc.
L'intervention d'une monnaie-marchandise retarde le moment où les deux parties qui échangent sont quittes. Mais en attendant elles possèdent toutes les deux un bien qui garde une valeur réelle, même si elle peut varier.
Ce type d'échange a disparu en même temps que la monnaie-marchandise.
*
Le troisième cas comporte l'utilisation d'un reçu : Christian vend des pommes à Denise, qui n'a pas en contre-partie une marchandise de valeur équivalente. Elle remet à Christian un reçu par lequel elle s'engage à lui régler sa dette plus tard : Denise reste débitrice, Christian reste créditeur, ils ne sont pas quittes.
Bien que Christian ait fourni sa part, la vente continue à le concerner aussi longtemps que Denise n'aura pas produit la marchandise équivalant au reçu. Il peut avoir besoin de ce que sa débitrice lui doit. Quelle garantie a-t-il que Denise tiendra son engagement ? Elle peut être empêchée de le tenir par un accident, mourir ou perdre son emploi, et elle peut être malhonnête et disparaître sans avoir réglé sa dette. Et quelle garantie a Christian que quelqu'un acceptera d'accorder de la valeur à ce morceau de papier qui n'a aucune valeur propre ? Et s'il trouve quelqu'un qui l'accepte, est-ce que ce sera bien contre l'équivalent de ce qu'il a fourni ?
Au retard introduit par la monnaie-marchandise la monnaie de crédit, par son absence de tout lien avec une richesse concrète clairement définie, non seulement ajoute un risque, car la question se pose de savoir ce que vaut cet engagement à payer, mais en plus elle modifie doublement la nature de la transaction. D'une part, l'un des termes de l'échange a changé de nature, il s'est dématérialisé et pas l'autre. D'autre part, les deux échangeurs jouent maintenant des rôles différents, l'un, le vendeur, cède à l'autre un bien réel (ou un service) dont la valeur est ainsi concrétisée, alors qu'il ne reçoit de l'acheteur ni marchandise utilisable, ni service équivalent, donc incontestable : le vendeur est payé par une promesse symbolique, dont l'utilisation ensuite pour une opération en sens inverse reste aléatoire.
Le bien (ou le service) ne va plus que dans un seul sens, du producteur vers le consommateur. En sens inverse c'est un symbole qui est transféré. Il n'y a plus échange mais vente et achat.
*
En fait d'échange, on ne rencontre plus dans nos économies, que cet achat-vente à l'aide de la monnaie de crédit qui est aujourd'hui en circulation : le métal des pièces est sans valeur, les billets n'ont jamais eu de valeur intrinsèque et la monnaie scripturale est faite par jeux d'écriture.
Le système actuel est donc une généralisation de la vente avec monnaie de crédit. Il y a généralisation du débiteur : tous les ressortissants du pays sont débiteurs, puisque la loi les oblige à accepter la monnaie nationale en paiement et qu'ils sont ainsi tenus d’honorer cette dette collective. Il y a généralisation du créditeur : quiconque possède de cette monnaie-reconnaissance de dette est créditeur de la nation puisqu’il a une créance sur elle.
Nous reviendrons plus loin sur les conséquences de ce système.
La valeur.
La valeur est une notion très générale, puisqu’elle va de la désignation d'un caractère abstrait quand il s’agit d’une valeur morale, celle d'un acte courageux par exemple, ou du talent manifesté par un artiste, jusqu'à une mesure aussi concrète que le prix du kilo de terre. Il faudrait au moins distinguer la valeur d'usage de la valeur d'échange.
La valeur d'usage d'un bien est très personnelle puisqu'elle relève de l'appréciation de celui qui est susceptible de l'utiliser et, comme l'a montré Ricardo, chaque homme a «un étalon personnel pour apprécier la valeur de ses jouissances» (27). Celle-ci dépend donc aussi de son environnement et de ses moyens personnels. Il en résulte qu'il n'est pas possible de définir une mesure de la valeur d'usage.
La conséquence est énorme au plan humain… car lorsque marchants, commerçants et économistes emploient le mot valeur, sans préciser, et c’est courant, chacun de nous a tendance, instinctivement, à penser à la valeur d’usage pour lui-même. Alors que c’est toujours de la valeur d'échange d’un bien qu’il s’agit. Et depuis que l'échange entre marchandises a disparu, cette valeur est devenue, de fait, le prix auquel un objet ou un service peut être vendu. Donc quand on entend parler de valeur en économie, il faut traduire par prix du marché.
… Et se demander comment ce prix est établi. Car la réalité est fort loin de la théorie classique du marché selon laquelle le prix serait la manifestation d'un équilibre établi en toute connaissance de cause par la confrontation de l'offre et de la demande venant d'agents économiques parfaitement informés et agissant de façon toujours rationnelle. En réalité, les prix sont affichés par le vendeur, et il n'y a que très rarement débat : quand un client éventuel tente de lui faire modifier son prix, on parle de marchandage et non plus de marché. La confrontation entre offre et demande ne se produit que sur les marchés des capitaux (à la Bourse des titres mobiliers ou à celle des matières premières) où le comportement des acteurs qui fixent les cours est celui des moutons de Panurge : se fiant à leurs impressions personnelles, ils cherchent à anticiper sur ce qu'ils appellent la tendance, à seule fin de profiter, en pariant à la hausse ou à la baisse, sur ce que va être, à leur avis, le comportement des autres. On ne saurait trouver témoignage plus compétent pour décrire cette attitude que celui du Directeur de la Fed (la Banque centrale desÉtats-Unis) : Alan Greenspan évoque «l'exubérance irrationnelle des marchés» !
De sorte que l'utilité générale, la finalité éthique, la qualité humaine et tous autres aspects sociaux sont des considérations qui n'entrent pas dans les préoccupations de ceux qui fixent la “valeur” économique d'une entreprise ou d'un bien.
N'est-il pas temps de réfléchir à la façon de fixer le prix de vente d'un bien plus sérieusement que les boursicoteurs… ?
(27) L'Anglais David Ricardo (1772-1823), un des premiers théoriciens de l'économie classique, est àl'origine de la “loi” de la rente foncière, et fut le premier à affirmer que le travail humain est la source de toute valeur.
Les fonctions de la monnaie.
Dans quelle mesure peut-on encore admettre ce que tout manuel d'économie énonce comme étant les trois fonctions de la monnaie ?
*
La première de ces fonctions est d'être étalon de valeur et unité de compte parce que la monnaie est interchangeable contre un bien, quel qu'il soit. On dit pour cette raison que la monnaie est un “équivalent général” ce qui conduit à ne pas voir l'uniformisation, la perte d'identité que cela implique quand on sait que cette expression un “bien, quel qu'il soit” inclut le temps de travail humain.
En effet, et quel que soit son nom, franc, grain de sel, euro ou unité de valeur (“UV”), l'unité de compte est, par définition, le moyen de tout ramener à une référence commune de valeur. Cela mène à l'absurde car c'est prétendre mesurer “à la même aune” des biens aussi peu comparables qu'un dessin de Léonard de Vinci et plusieurs tonnes de riz.
Il faudrait, au moins, distinguer ce qui est mesurable, quantifiable, de ce qui ne l'est pas. Une tonne de riz vaut sans doute mille fois plus qu'un seul kilo de ce riz, mais la qualité d'une peinture ou celle d'un logiciel de traitement de texte ne se compare pas à celle d'une pâtisserie.
Ces qualités ne sont pas mesurables et il n'est pas possible de les comparer de façon objective. Même avec des grandeurs de même nature !
Un étalon, par définition, est universel et invariable. Comment peut-on employer pour la monnaie le terme d'étalon de valeur alors que même quand l'étalon monétaire était défini par une masse d'or, il n'a jamais cessé de varier, et de façon officielle ? Alors, à plus forte raison, comment l'admettre depuis qu'il n'existe plus du tout de référence réelle et que la valeur d'échange nos euros actuels, par exemple, varie à chaque instant ? Pour mesurer une richesse, il faut la comparer à une richesse de même nature, comme pour mesurer une longueur, il faut une longueur universellement reconnue et le mètre a été défini pour cela. Imagine-t-on mesurer les longueurs avec un mètre élastique ?
Compte tenu de ce que nous avons rappelé sur l'évolution de l'échange, il serait donc plus correct de dire que la première fonction de la monnaie est d'être, non pas un étalon de valeur, mais un moyen de paiement.
Et si l'on voulait cesser de mélanger l'être et l'avoir, c'est-à-dire distinguer les biens matériels et tout ce qui est impondérable, il faudrait que l'économie cessât de vouloir tout rapporter à la monnaie, mais seulement ce qui est mesurable.
*
Nous avons vu qu'en perdant toute valeur intrinsèque et toute référence à une richesse réelle et disponible, la monnaie a fait disparaître des économies modernes l'échange de biens ou de services. Donc, contrairement à une expression très courante, nous ne sommes plus, à proprement parler, dans une économie d'échanges. Les manuels d'économie énoncent pourtant que la seconde fonction de la monnaie est d'être un intermédiaire des échanges et ils ajoutent que cet instrument d'échange est «admis partout et par tout le monde, en toutes circonstances dans nos économies monétaires [ce qui suppose] qu'il existe un consensus social et la croyance que l'on peut obtenir à tout moment n'importe quel bien en échange de monnaie (28)». Confiance… ou bien obligation quand l'État impose le cours forcé et le cours légal d'une monnaie nationale sans valeur de référence ?
*
La troisième fonction de la monnaie serait d'être une réserve de valeur. Ce qui suppose que la monnaie a une valeur, pour pouvoir la garder en réserve. Alors que, depuis qu'elle a cessé d'en avoir, elle a évidemment cessé du même coup d'en être une réserve…
Il est évident que pour toutes les personnes qui ne disposent que de faibles revenus, la monnaie ne constitue pas une réserve de valeur puisqu'elle est vite et entièrement dépensée !
Quant à celles qui gagnent plus qu'elles ne dépensent, elles s'empressent de “placer” leur argent… justement pour éviter qu'il ne perde sa valeur !
De ces trois fonctions classiques, on peut conclure que seule la première subsiste, mais à condition d'être énoncée en disant que la monnaie est un pouvoir d'achat et que dans le système actuel, il varie constamment.
Des deux autres, nous avons retenu que lorsque l'économie n'est plus faite d'échanges individuels, une monnaie reste nécessaire pour permettre le transferts des biens entre les producteurs et les consommateurs, pour en assurer la gestion, éviter les gâchis, adapter la production aux besoins, etc. et aussi pour permettre de différer le moment d'opérer un achat, pourvu que la valeur nominale de la monnaie soit garantie pendant ce délai.
*
Mais la monnaie actuelle a, de fait, d'autres fonctions, alors que les manuels classiques ne les énoncent généralement pas…:
L'une de ces autres fonctions de la monnaie “moderne” est celle de “fructifier” : en ouvrant un crédit à un de ses clients, la banque offre au titulaire du prêt le moyen d'échanger sur les marchés financiers son titre de crédit contre un capital financier, par exemple contre un titre de propriété en actions ou bien contre des obligations, susceptibles de lui rapporter régulièrement un revenu. On voit donc que la monnaie de dette actuelle a la capacité de produire une rente, donc qu'elle a pour fonction supplémentaire d'être un facteur d'enrichissement.
Il faudra se demander qui fait les frais de cette rente.
Mais ce n'est pas tout. Puisqu'“on ne prête qu'aux riches”, cette fonction d'enrichissement ne joue qu'en faveur des (déjà) riches, ceux qui peuvent offrir une “garantie” à l'organisme de crédit, notre monnaie a donc aussi une fonction de renforcement des inégalités.
*
Concluons que la monnaie actuelle, capitaliste et moderne, est :
• pour les faibles revenus, seulement une monnaie de consommation,
• pour les hauts revenus, en plus, un moyen de s’enrichir sans rien fournir.
(28) Voir l'introduction du livre de D. Plihon “La monnaie et ses mécanismes”.
Sources : http://www.france.attac.org/
A suivre pour la partie IV
Yves Herbo 06-10-2014
Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie - Part 3
Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie - Part 3
Je reviens sur une très bonne étude faite par le groupe indépendant ATTAC qui non seulement revient sur l'historique fondamental qui nous a mené à la situation économique actuelle de la planète entière, mais avait largement expliqué et anticipé les risques qui sont survenus depuis cet ouvrage qui date de 2004... Le groupe continue ses observations et interventions, et je suis personnellement assez en accord avec leurs conclusions, ainsi que l'historique :
II) suite
Liquidités et agrégats, un autre monde
La monnaie scripturale s'étant considérablement développée, on distingue maintenant les moyens de paiement courants, que tout le monde utilise au quotidien, et tout ce qui permet de constituer un capital financier, par exemple les actions d'une société cotée en Bourse ou un livret d'épargne. Ce qui a conduit à la définition des agrégats monétaires, liés à la liquidité, c'est-à-dire à la disponibilité des moyens de paiement.
L'agrégat le plus "liquide”, appelé M1, ou ensemble de la monnaie circulante, regroupe tous les moyens de paiement immédiatement disponibles, c'est-à-dire la monnaie fiduciaire et les comptes à vue.
Le second agrégat, M2, est constitué de M1 auquel on ajoute tout le crédit à court terme, c'est-à-dire les sommes déposées sur des livrets ou sur des comptes à terme et disponibles en moins de deux ans. Une somme donnée peut passer d'un agrégat à l'autre, par exemple un dépôt de billets déposé au guichet pour être mis sur un livret passe de M1 à M2. Et si, étant dans M2, la banque le prête, elle le met sur un compte de dépôt et il repasse dans M1.
Pour former l'agrégat M3, on ajoute à M2 d'autres titres de créance et des titres du marché monétaire, qui sont de purs crédits.
L'endettement intérieur total regroupe tous les crédits, que ce soit sous forme de prêts bancaires ou d'émission de titres, et qu'il s'agisse de crédits aux entreprises, aux administrations publiques ou aux particuliers.
Quelques chiffres font comprendre que la monnaie circulante, celle qu'on manipule tous les jours, et à laquelle on pense quand il s'agit de monnaie, n'est en réalité presque plus rien en comparaison de tous ces crédits dont dépend l'économie, c'est-à-dire par rapport à l'ensemble des moyens de paiements : en 1999, l'agrégat M1 était évalué, en France, à 358 milliards d'euros alors que l'endettement intérieur total était près de six fois plus grand, presque 2.100 milliards d'euros, … soit plus d'une fois et demie le produit intérieur brut du pays !
Les moyens de paiement qui servent aux transactions sur les marchés financiers sont donc d'un montant bien plus considérable que la seule monnaie circulante. D'autant que ces transactions portent sur toutes sortes de titres négociables, non seulement les obligations émises par des entreprises pour financer leurs investissements, et qui sont du crédit, mais aussi sur les actions qui sont des titres de propriété. Nous y reviendrons.
Il y a ainsi beaucoup plus d’argent qui est dû aux banques que celui qui est en circulation. Il est évident que la dette ne peut jamais être complètement remboursée : si tous ceux (particuliers, industriels, commerçants ou État) qui ont un crédit dans une banque décidaient de rembourser leur banque, non seulement tout l’argent disponible serait nécessaire et il n’y en aurait donc plus du tout en circulation, mais, en plus, cela serait loin de suffire, il en manquerait encore beaucoup plus. Or, comment rembourser quand on n’a pas l’argent nécessaire ? — En empruntant à une banque, à qui il faudra payer des intérêts, etc. C’est un cercle vicieux, une spirale ouverte vers l’infini.
Le système bancaire, un garde-fous ?
La Banque de France a été chargée d'apporter un certain sérieux à cette organisation.
Nous avons évoqué le fait qu'elle est l'Institut d'émission de la monnaie légale, c'est-à-dire que c'est elle qui commande la fabrication des pièces et des billets. C’est par paiements aux guichets des banques commerciales que ces “espèces” entrent en circulation : lorsque ces banques manquent de “cash” pour leurs clients, ou bien elles se procurent des “liquidités” déjà en circulation en “se refinançant” auprès d’institutions financières privées (le marché interbancaire), sinon elles s’adressent à la Banque centrale. Celle-ci joue alors pour elles le rôle de “prêteur en dernier recours” en leur fournissant de la monnaie centrale en échange de titres de créances qu'elles avaient “en pension” et qui sont dits alors “réescomptés”. La monnaie centrale ainsi créée en contre-partie de titres de créance est dite monnaie de crédit de premier niveau.
D’autre part c’est la Banque centrale qui tient des comptes courants de toutes les banques commerciales (qu'on dit secondaires pour les distinguer dans cette hiérarchie) y compris celui du Trésor public. Elle est donc “la banque des banques” dont elle exige qu'elles lui déposent des réserves obligatoires en monnaie fiduciaire, qu'elle porte sur leurs comptes et qu'elle inscrit à son passif. Ces réserves, dont le montant dépend de la taille de chaque banque, c'est-à-dire des crédits que cette banque émet, ont été, à l'origine, instituées pour obliger les banques à se garantir en cas de demandes massives de monnaie légale de la part de leurs clients.
Cette fonction est le moyen qui a été trouvé de permettre à la Banque centrale d'exercer une pression sur la création monétaire ex nihilo par les banques secondaires et autres institutions financières. Mais remarquons bien qu'il ne s'agit que d'une pression indirecte, la variation du taux de réserves ne permettant à la Banque centrale que d'encourager ou de freiner la création de monnaie par les banques commerciales.
Et y regardant de plus près, on découvre qu'il existe deux types de taux d'intérêts, suivant celui qui prête et celui qui emprunte.
Quand ce sont les clients qui prêtent aux banques (comptes courants, livrets d'épargne, plans d'épargne-logement), il s'agit de taux créditeurs. Pour attirer l'épargne populaire, ces taux sont garantis et souvent réglementés, mais ils sont peu élevés ou même nuls dans le cas des comptes courants traditionnels. La marge de manoeuvre des banques sur ces taux créditeurs est donc faible.
Mais quand au contraire ce sont les intermédiaires financiers qui ouvrent des crédits à leurs clients, ils leur appliquent des taux dits débiteurs, et bien que l'argent, dit-on, n'ait pas d'odeur, ces taux sont fixés cette fois “à la tête du client”, ils dépendent de la “qualité de l'emprunteur”, c'est-à-dire de ses capacités de paiement. En fait il existe un taux débiteur de référence, dit taux de base, qui est lié aux taux directeurs, ceux du refinancement des banques auprès de la Banque centrale. Ce taux de base est le même pour tous mais il ne correspond qu'à ce qui est demandé aux emprunteurs “de première catégorie”, ceux dont leur banque juge qu'ils “ont les reins solides”. Pour les autres clients, les banques appliquent une marge au-delà du taux de base, marge d'autant plus grande que le client est jugé moins sûr. Et en plus de ces taux d'intérêts débiteurs, les banques font en général payer à leurs clients des frais divers, frais de commission, frais de gestion de dossiers, etc., qui sont rarement affichés, et qui peuvent beaucoup varier d'une banque à l'autre. Ces taux libres peuvent être très élevés; on dit simplement qu'un intermédiaire financier prend un taux “usuraire” quand, commissions comprises, il dépasse de 33 % du taux moyen tel qu'estimé par des enquêtes !
La démocratie confisquée
Jusqu'au début des années 1980, l'essentiel du financement de l'économie était ainsi assuré par des crédits octroyés par les banques et les institutions financières. Or celles-ci appartenaient en majeure partie au secteur public. En France, en 1984, les banques nationalisées
contrôlaient 87% des dépôts à vue et 76% des crédits distribués. C'est ce qu'on a appelé "l'économie d'endettement administré".
Ce régime, au cours des "Trente glorieuses", a permis de créer un environnement adapté aux besoins de l'économie en favorisant la croissance rapide des investissements productifs. Pouvant octroyer à certains secteurs des financements privilégiés, grâce à des prêts à taux bonifiés, inférieurs aux cours du marché, la politique avait un peu de pouvoir sur l'économie. Bien qu'abandonnée aux banques depuis longtemps, la création monétaire était, en majeure partie et de façon indirecte, régulée par la Banque centrale, qui assurait ainsi “l'encadrement du crédit”. Et l'État conservait, par cet intermédiaire, un "certain" contrôle sur l'activité financière du pays.
Et puis, patatras, en quelques années, tout ceci a été bouleversé, au nom d'une idéologie qui s'est imposée à toutes les économies dites “développées, les unes après les autres :
Au milieu des années 80, sous la pression des Think Tanks (20) inspirés des économistes tels que ceux de l'école de Chicago, dans le sillage du monétariste Milton Friedman, ou de Friedrich von Hayek, ce régime a fait place au régime "d'économie de marchés financiers libéralisés".
(20) Lire à ce sujet Les évangélistes du marché, par Keith Dixon.
Dès 1985 la part des crédits à taux administrés a été progressivement réduite.En 1987 c'est l'encadrement du crédit qui a été supprimé. Et en 1989 ce fut le tour du contrôle des changes.
Parallèlement, à partir de 1986, les banques nationalisées et les principales institutions financières ont été privatisées. (YH : historiquement, c'est bien la "gauche" qui a fait le travail que la "droite" n'avait pu faire avant avec le président Valery Giscard d'Estaing, bien que le mouvement ait été enclanché par les modifications de lois du président Pompidou...)
À la même époque a été créé le “marché unique des capitaux”, ce qui signifie que toutes les transactions, qu'elles soient au comptant, à court ou à long terme, sont maintenant accessibles à tous les agents économiques, qu'ils soient ou non financiers, qu'ils soient nationaux ou étrangers.
Le grand, le super-, l’hyper-marché des capitaux
Cette création du marché “unique” des capitaux fût l’explosion d’un marché… multiple, qui consacra la mainmise de la finance sur l’économie, mainmise d’autant plus totale que même l’État fut soumis à ce marché par la loi de 1993 (voir ci-dessus “quand l’État est contraint d’emprunter au privé").
Énumérons, sans insister, ses multiples facettes.
Citons d’abord le marché interbancaire qui permet aux banques de s’arranger entre elles, les unes pouvant avoir des liquidités disponibles dont les autres ont besoin. Il revient à la Banque centrale d’en fixer ce qu’on appelle les taux directeurs : le taux “de refinancement du marché interbancaire”, qui y sert de référence, et les deux taux dits “de facilité”, les taux plafond et plancher entre lesquels les taux d’intérêt peuvent évoluer. En fait, ces taux varient au jour le jour, de sorte que ce n’est pas la politique monétaire qui les impose au marché interbancaire, mais la loi de l’offre et de la demande, c’est-à-dire la loi du marché.
Le marché dont le public entend le plus souvent parler est le marché financier, c’est-à-dire la Bourse. Deux sortes de titres (ou “valeurs mobilières”) s’y achètent et s’y vendent : les actions des entreprises “cotées” et les obligations.
Acheter des actions d’une entreprise c’est acheter une fraction de son capital. Cela comporte évidemment un risque : si l’entreprise prospère, sa cote, ou plutôt la cote de ses actions, monte et il est possible de réaliser une plus-value si on réussit à les vendre plus cher qu’on les a achetées. Il peut même arriver, si les bénéfices sont très élevés, que l’assemblée générale des actionnaires décide d’en verser une fraction (un dividende) à tous les actionnaires. Mais rien n’est garanti et l’entreprise peut voir ses actions baisser, par exemple si un bruit qui court permet de penser qu’elle rencontre des difficultés. En échange de ce risque qu’ils partagent ainsi, les actionnaires ont le droit de participer à l’élection du Conseil d’administration de l’entreprise qui en désigne le patron et est censé le contrôler. Mais tout ceci se passe en général entre “gros” actionnaires, initiés, et les petits ne font pas le poids (une exception récente fera date : les petits actionnaires d’Eurotunnel viennent de réussir à s’entendre pour changer la direction, dont le comportement s’était révélé vraiment catastrophique).
En achetant les obligations émises par une entreprise, il ne s’agit plus d’en devenir copropriétaire, mais de lui prêter de l’argent. En effet, quand une entreprise a besoin d’un crédit et qu’elle ne souhaite pas le demander à une banque, elle émet des obligations en s’engageant sur la durée et le taux d’intérêt de cet emprunt. Ainsi assuré d’une rémunération et d’un remboursement à date fixée, l’acheteur de ces titres de dettes prend beaucoup moins de risque qu’en achetant une action et il n’a, par conséquent, aucun droit d’intervention dans la politique interne de l’entreprise.
Les marchés financiers servent ainsi à pomper l’épargne vers les grandes entreprises. Et cette pompe marche si fort qu’en 2003 elle avait pompé dans le monde la bagatelle de 19.554 milliards de dollars (à comparer avec le PIB mondial qui était de l’ordre de 30.000 milliards).
L’explosion des marchés financiers s’est aussi manifestée par la naissance d’un nouveau commerce, celui des contrats qui se négocient sur le marché des produits dérivés et qui servent aux entreprises à se protéger contre toutes sortes de risques financiers, tels que la variation des taux d’intérêt, la fluctuation des cours des monnaies et même le pris des matières premières.
Pour tous ces “produits financiers”, on distingue le marché du neuf du marché de l’occasion. C’est sur le premier, dit aussi marché primaire, que les nouveaux titres mobiliers sont offerts au public, alors que sur le marché secondaire sont négociés les titres émis antérieurement et revendus (éventuellement par des spéculateurs professionnels).
Depuis 1991, le marché bousier national est aussi organisé en compartiments : il y a le premier marché, l’officiel, où les valeurs sont déterminées au jour le jour, le second marché, créé en 1983, destiné aux PME (petites et moyennes entreprises), le nouveau marché, ouvert en 1996, orienté vers le financement des “jeunes pousses” technologiques, et le marché hors-cote concernant les entreprises qui ne sont pas encore ou ne sont plus cotées au marché officiel.
Citons pour finir le marché hypothécaire, qui facilite le financement de l’immobilier en donnant aux établissements de crédit la possibilité de vendre leurs créances hypothécaires. Ce marché a donné lieu à une innovation aux Etats-Unis, appelée la titrisation des créances. En gros, disons qu’elle permet aux prêteurs (banques et autres organismes de crédit) de se refinancer en vendant leurs créances à des investisseurs non bancaires et donc de gérer plus sûrement les risques liés à ces prêts.
Le but affiché de toutes ces transformations, qui constituent ce qui s'appelle une révolution, était de faciliter la confrontation mondiale de toutes les offres et demandes de capitaux, sous quelque forme que ce soit. De ne plus réserver aux banques le choix d'investir pour qu'il soit désormais exercé par “la main invisible du marché” sous prétexte qu'un tel marché à l'échelle planétaire était la clé du développement et de la prospérité, que les pays pauvres allaient avoir ainsi accès à celle des pays riches. C'était la fin de la pauvreté…
Or la réalité est à l'opposé de ces promesses : ce sont les grandes entreprises des pays riches qui ont profité de ce type de développement, au détriment des populations pauvres. Parce que le fonctionnement de cette “main” est une fable, comme l'explique un témoin, J.E.Stiglitz, et on
peut lui faire confiance puisqu'il fut chargé de la politique du développement en tant que Vice-président de la Banque mondiale, en 1997-1999.
Voici ce qu'en dit cet expert, Professeur dans cinq universités prestigieuses (Yale, Oxford, Stanford, Princeton et Columbia) : «La fameuse “main
invisible”, régulatrice du marché ? Elle est invisible parce qu'elle n'existe pas. Le marché ne se régule pas de lui-même. La “théorie du ruissellement”, chère à Reagan, pour qui l'enrichissement des riches “ruisselle” toujours sur les pauvres ? C'est tout simplement faux.» (21)
La monnaie est devenue… capital (e)
En 1999, presque toutes les banques, en France comme dans tous les pays industrialisés, étaient revenues au secteur privé, et les marchés des capitaux avaient pris, dans le pilotage de l'économie, une part croissante par rapport aux financements bancaires. Qu’on se rassure, les banques n’y ont rien perdu, elles ont tout simplement élargi leurs activités pour participer autrement à l'économie mondiale, en y jouant un rôle supplémentaire grâce aux marchés financiers. Par exemple, qu’il s’agisse de la mise en vente de nouvelles actions lors d’une introduction en Bourse ou d’une augmentation de capital, ou d’une émission d’obligations, les sociétés sont obligées de passer par l’intermédiaire d’une banque, à qui elles doivent alors, bien entendu, verser une commission correspondante. Ce qui ne signifie pas que les banques ont renoncé pour autant à leur privilège d'ouvrir des crédits ex nihilo. En ce domaine, le taux de couverture (22), en leur fixant une limite, est en quelque sorte une bride sur leur cou. Les banques admettent que cette réserve obligatoire soit pour elles une garantie contre la faillite, mais si la bride est trop serrée, elles craignent de voir leurs clients investisseurs aller chercher ailleurs, c’est-à-dire sur les marchés financiers, leurs financements. On voit donc que les investissements, c’est-à-dire le dynamisme de l’économie, dépendent encore plus de ce taux depuis le grand tournant vers “l’économie de marchés financiers libéralisés”. De plus, les grandes banques américaines ont établi des systèmes d’évaluation de leurs risques, ce qui leur permet de déterminer elles-mêmes leur taux de réserve ce qui n’est évidemment pas sans conséquence sur la concurrence entre banques. Et c’est ainsi que l’ère du “ratio Cooke” (c = 0,8) vient de se terminer par un accord conclu à Bâle le 11 mai 2003 : le ratio “Bâle II” ne sera pas universel, il sera plus souple. Et s’il aidera, comme le dit un Professeur à Dauphine (ancien PDG de Paribas) “les meilleurs investissements” en faisant “payer les risques un à un”, il augmentera encore la marge de manoeuvre des géantes américaines. (YH : prouvé de nos jours (2014) : Goldman Saks et JP Morgan par exemple, même avec quelques déboires... tiennent le monde entre leurs mains !)
Même sans comprendre le sens et la portée de toutes ces réformes, le grand public peut constater dans les bulletins quotidiens d'information, et depuis plusieurs années, que les mouvements de la Bourse ont la vedette, et même en général avant ceux du football, ce qui n'est pas peu dire ! On voit qu'il s'agit d'inciter le commun des mortels à jouer son avenir à la Bourse, de le persuader que rien ne vaut le marché pour lui faire gagner la fortune dont il faut qu'il rêve.
Ces bouleversements financiers ont effectivement laissé aux capitaux la bride sur le cou et l'économie a ainsi été mise à leur service. Mais les bienfaits annoncés de cette manne se répandant sur les pays dits en voie de développement ne sont pas au rendez-vous. Les mouvements altermondialistes demandent un moratoire pendant lequel il serait possible de faire le point sur ces retombées. Ce moratoire est toujours refusé, et pendant ce temps, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) constate que 840 millions de personnes souffrent toujours de malnutrition, dans un monde qui n'a jamais tant produit… (en 2003). - 1 milliard en 2010...
Du crédit “à l'ancienne” au crédit “moderne”
Toutes ces transformations témoignent donc d'un changement radical dans les habitudes monétaires. Mais ce changement est insidieux parce que la grande majorité de la population continue à ne voir dans la monnaie qu'une valeur servant à acheter des biens économiques réels, et éventuellement une réserve pour différer ses achats. Effectivement, et nous y reviendrons, il n'y a plus d'échanges de marchandises, l'échange économique est devenu la vente-achat d'un bien ou d'un service contre de la monnaie, dont la nature est différente. Parmi ces transactions, les plus nombreuses, au quotidien, sont d'un montant relativement peu élevé, de sorte que le public ne voit de monnaie que la monnaie circulante. Il n'est pas conscient que la monnaie est devenue un symbole que les experts appellent la contrepartie du capital financier. Or ce symbole cache un pouvoir immense sur l'économie réelle, et il est un outil de décision utilisé pourtant de façon irrationnelle, car on sait bien que sur LE marché, devenu unique, la motivation rappelle plutôt celle
de joueurs au casino que celle de responsables de l'avenir du monde.
Sans que soient changés les mécanismes de la création monétaire, les attributions des banques ont donc été élargies, diversifiées et étendues à d'autres organismes financiers, également privés, et agissant magistralement sur l'économie en général, mais toujours avec pour seul objectif leur propre intérêt. Et le capitalisme a pu déployer son imagination, inventer de nouveaux marchés sur lesquels il est maintenant possible de faire fortune ou de se ruiner en vendant ou en achetant du risque, des options, etc. La spéculation est un art, réservé aux initiés, dont le menu peuple peut faire les frais, mais il ne peut pas le savoir.
Ainsi, pendant des millénaires, des Assyriens jusqu'à la Dame de Fer, soit, en gros, de 2.000 ans avant à 2.000 ans après J-C, le crédit a correspondu au délai entre le choix d'un achat et son paiement ; mais, comme l'exprime F. Rachline (23), «au départ comme à l'arrivée, indépendamment de la durée du crédit, une matière fait le poids», soulignant par ces termes le fait que les opérations bancaires sont toujours restées liées à des activités commerciales ou agricoles, qu'elles n'aboutissaient alors jamais à un commerce autonome, purement spéculatif, comme c'est le cas maintenant. Ce “crédit à l'ancienne” vient de faire place à un crédit pur qui «n'est fondé sur rien d'autre que sur lui-même», une avance comme une tête de pont qui serait lancée par-dessus un fleuve dont l'autre rive, si elle existe, est invisible.
Du franc à l'euro
Le principe de concurrence ayant été placé au coeur de la construction de la Communauté européenne, il était fatal que, dès sa création, l'euro soit placé sous un seul “contrôle”, celui du Marché. La création de l'euro n'a donc pas non plus changé l'essentiel du mode de création monétaire. Pire, le contrôle public tend un peu plus à disparaître. La Banque centrale européenne (BCE) décide maintenant du taux d'escompte de l'euro, mais elle n'est pas plus dirigée par des élus que ne l'était la Banque de France et il est moins possible que jamais de maîtriser l'évolution de la masse monétaire. Son Président est tenu à une complète indépendance vis-à-vis des gouvernements, il ne doit pas obéir à leurs directives, il n'a même pas à leur rendre compte.
Un seul objectif lui a été imposé par le traité de Maastricht : éviter que l'inflation dépasse environ 2% par an… pour ne pas pénaliser les investisseurs.
Tout se passe donc comme si les financiers, et les “économistes” à leur service, constituaient un monde à part, une espèce d'État international exerçant sa politique propre. Cet État a une organisation qui lui est propre et il gère ses affaires de façon autonome (24). En Europe, par exemple, son gouvernement est le directoire de la BCE, il établit ses lois financières, il a ses préfets, ce sont les banques centrales nationales, ses grands électeurs, ce sont les Ministres des finances des États, et ses administrés sont les opérateurs financiers.
Notons toutefois une nuance entre le rôle attribué à la BCE et celui de son homologue états-unien, la FED. En Europe, le traité de Maastricht impose respectivement et indépendamment à la BCE de veiller sur l'inflation et aux gouvernements de limiter leur déficit, quelles que soient les circonstances. Alors qu'aux États-Unis, les relations entre la FED et l'administration sont plus souples, c'est ce qui a permis au président G.W.Bush de diminuer les impôts tout en augmentant ses dépenses militaires pour atteindre le record de déficit déjà évoqué. Ainsi l'Europe copie sa révolution néolibérale sur les États-Unis, mais en y ajoutant une rigueur, sur ce point, qui entrave a priori sa compétitivité face à sa plus grande rivale !
«Votre argent m'intéresse !»
Ce développement sans précédent de la finance internationale a bouleversé l'économie mondiale. Alors qu'avant «la fonction du système financier international était d'assurer le financement du commerce mondial et des balances de paiement, les flux financiers internationaux ont connu une progression explosive, sans commune mesure avec les besoins de l'économie mondiale» (25). En 1998, par exemple, 1.600 milliards de dollars, soit l'équivalent du PIB annuel de la France, ont transité, chaque jour, par les marchés des changes. Ces opérations financières sont en moyenne 50 fois plus importantes que celles qui sont liées au commerce des biens et services.
La finance internationale a dérivé du financement de l'économie pour suivre maintenant sa propre logique, comme le dénonce René Passet : «Quand le banquier nous fait savoir, dans une publicité qui eut son heure de gloire, que notre argent "l'intéresse", c'est bien de notre argent qu'il s'agit, mais c'est lui qui en retire puissance et influence. On peut en dire autant de toutes les institutions qui concentrent nos moyens de paiement : banques et sociétés de courtage, fonds de pension gérant l'épargne par laquelle les salariés entendent financer leur future retraite, hedge funds ou fonds de performance, constitués à des fins purement spéculatives, mutual funds, fonctionnant comme nos SICAV. Ces institutions concentrent une "puissance de feu" redoutable, très supérieure à celle des états» (26). Les institutions financières (banques, assurances, fonds de placement et autres fonds de pension) n'ont pour objectif que la recherche du meilleur rendement, passant d'une monnaie à l'autre, d'euros en dollars, de dollars en yens, d'une action à l'autre, d'une obligation à une autre. Et c'est pour mettre ces mouvements financiers à l'abri des fiscalités nationales, protégeant ainsi la criminalité financière, qu'ont été créés les paradis fiscaux.
Anonymat de l'argent et secret bancaire permettent le blanchiment et le placement lucratif de l'argent, propre ou sale (celui de la drogue, des armes, des mafias, etc.), de sorte que les entreprises et les terroristes utilisent les mêmes moyens pour faire prospérer leurs finances.
La taxe proposée par le libéral Tobin pour remettre un peu de régulation ne pénaliserait que les transferts spéculatifs sur le marché des changes et non pas ceux qui sont nécessités par les échanges du commerce international, car les premiers se distinguent des seconds par leur fréquence : «Le long terme, dit un de ces spéculateurs, c'est pour moi dix minutes !»
Évolution du FMI : protéger les investisseurs, pas les populations.
En 1944 à Bretton Woods, quand fut créé le Fonds monétaire international (FMI) pour réguler le marché monétaire international, le droit des particuliers et des entreprises à investir leurscapitaux à l'étranger avait été limité par la plupart des pays, dont les États-Unis, pour éviter que la
spéculation nuise aux relations commerciales. Mais les gestionnaires de capitaux ont fait pression sur les gouvernements républicains soutenus par un électorat fortuné (Reagan, puis Bush), pour que soient levées de telles barrières. Après quoi c'est l'administration démocrate (Clinton) qui a saisi cette initiative républicaine pour financer ses campagnes électorales ; et la charte du FMI fut amendée… Elle est alors devenue, aux dires des plus modérés, le manager du système de crédit, ayant pour objectif, à court terme d'assister les créditeurs internationaux, et, à long terme, d'augmenter le rendement de leurs capitaux. Par contre, le FMI n'est pas concerné par la dette intérieure, par exemple celle du consommateur états-unien, qui en moyenne, à la fin de 2002, devait 40 % de son revenu.
Ceci nous amène au problème de la Dette du Tiers monde. En effet, que se passe-t-il quand l'économie d'un pays, en général du Tiers monde, est malade et que ses entreprises locales sont amenées à emprunter à l'étranger ? — Le FMI intervient car «en dehors d'un accord conditionné avec le FMI, il n'y a pas de prêt international possible» et il oblige les gouvernements des pays emprunteurs à prendre, sous le nom de "pactes d'ajustement structurel" (PAS) les mesures nécessaires pour assurer le plus vite possible le remboursement des créditeurs internationaux, c'est-à-dire pour maintenir le cours de la devise locale. Ces mesures, qui impliquent privatisations, austérité pour limiter les importations et faciliter les exportations, réduction des dépenses publiques et interruption des investissements productifs, ce qui entraîne une aggravation du chômage et la baisse de la production, donc des revenus, etc. forment ce qu'on appelle le consensus de Washington. Elles sont dans la logique du système de crédit, même si elles sont désastreuses pour les populations. Parce que le FMI n'a pas été conçu pour venir en aide aux habitants des pays en difficulté, mais pour éviter aux prêteurs internationaux d'être lésés, c'est-à-dire de ne pas être remboursés intégralement et avec intérêt.
Les investisseurs invoquent ce risque pour exiger des intérêts d'autant plus élevés qu'il paraît possible que le pays emprunteur ne soit pas en mesure de les rembourser. Mais le comble est que ce n'est pas eux qui assument ce risque, parce que si, malgré les PAS, un pays ne peut pas payer, c'est le FMI qui paie, et aux frais des contribuables !
(21) Joseph E. Stiglitz, dans Quand le capitalisme perd la tête, éd Fayard, 2003
(22) Voir ci-dessus “la création ex nihilo par les banques
(23) François Rachline, «Que l'argent soit. Capitalisme et alchimie de l'avenir».
(24) On trouvera des précisions sur l'organisation de la BCE dans l'ouvrage La Banque centrale européenne, par Francesco Papadia et Carlo Santini. Mais ce petit livre, publié par Banqueéditeur et rédigé par deux banquiers, le premier de la Banque centrale européenne, le second de la Banque d'Italie, est surtout une défense, sans la moindre critique, des directives données à la BCE par le traité de Maastricht. Pour l'analyse et la critique, lire L'euro sans l'Europe, manière de voir N°61, janvier-février 2002, éd le Monde diplomatique.
(25) D.Plihon, Le nouveau capitalisme.
(26) Dans René Passet, Eloge du mondialisme. Chapitre I, Les véritables maîtres du monde, pages 31-32.
Premières conclusions
À ce stade de notre étude, nous pouvons conclure qu'au moins deux idées fausses sont très répandues. D'abord on raisonne le plus souvent comme s'il existait une quantité d'argent fixée et qu'il faudrait “faire avec”. Alors qu’en fait, une telle contrainte ne s'exerce plus que sur l'État. Il semble également que beaucoup de gens soient persuadés que c'est le gouvernement d'un pays qui décide de la masse de sa monnaie en circulation, alors que ce sont au contraire des banques d'intérêt privé qui émettent la monnaie scripturale, qui en tirent profit et ont, en plus, le pouvoir de choisir les bénéficiaires de cette manne.
Nous avons compris que depuis qu'elle peut être créée très facilement, par de simples jeux d'écritures, la monnaie-symbole a perdu la garantie que constituait son lien avec une richesse matérialisée. L'évolution, d'abord progressive, insidieuse, mais qui s'est accélérée au cours des dernières décennies, fait qu'on constate aujourd'hui (écrit en 2003 et inchangé depuis...) :
• que la création monétaire échappe à toute décision politique, qu'elle n’a pas l'intérêt général pour objectif et qu'elle augmente les inégalités;
• que ce mode de création ne permet pas, par exemple, de financer une entreprise d'utilité publique mais non "rentable", parce qu'elle ne pourrait pas rembourser, ni, à plus forte raison, payer les intérêts liés à la création bancaire. On peut citer mille exemples de conséquences dramatiques de la nécessité de rentabilité de tout financement. Par exemple, la recherche fondamentale : il n'y a que l'État qui puisse financer une recherche scientifique fondamentale, qui ne débouche pas immédiatement ou même jamais, sur une application marchande et rentable. Dans le cas particulier de la médecine, des laboratoires pharmaceutiques privés, de plus en plus gros, financent la recherche de médicaments dits “porteurs”, attendus par une clientèle riche, et ils en exigent l'exclusivité du marché par des brevets ; par contre, la recherche concernant les maladies dites “orphelines”, parce que rares, est abandonnée, la clientèle potentielle n'étant pas suffisante pour attirer l'investissement ! On rencontre en permanence des situations analogues dans tous les domaines : une commune, ou une région, se trouve en face d'un besoin manifeste, par exemple la construction d'un pont, d'une crèche ou d'une route, pour lesquels existent les compétences, les architectes, les ouvriers disponibles, et tous les matériaux et les machines nécessaires. Ne manque que le crédit. La construction ne peut pas se faire parce que les besoins humains ne commandent pas la création monétaire et que les pouvoirs publics sont soumis à ces contraintes ;
• que ce mode de création monétaire ne pèse pas seulement de cette façon directe sur la société dans tous les domaines publics : il oblige toute entreprise qui a besoin de crédits à rembourser plus qu’elle n’a emprunté. Cette obligation oriente les choix des entreprises qui sont ainsi amenées soit à compenser cette augmentation de leurs coûts par des “économies” faites sur les conditions de travail ou à négliger “par économie” certaines précautions jugées trop coûteuses, soit à adapter leurs prix de vente pour pouvoir payer les intérêts de leurs emprunts, auquel cas ce sont les clients qui paient ces intérêts, et donc qui versent une rente au système bancaire.
Impossibilité de financer des entreprises non rentables, obligation de croissance des bénéfices, nécessité de réduire les coûts, ce mode de création monétaire pèse sur la société dans tous les domaines : santé, conditions de travail, environnement, connaissance, évolution, culture…
Ce qui devrait amener l'opinion à poser quelques questions :
• D'où vient ce choix du mode de création monétaire ?
— Nul débat politique n'est à son origine.
• A-t-il été spontané ?
— L'histoire a montré, en plusieurs circonstances (dont, en France, deux coups d'État napoléoniens) la pression exercée sur le pouvoir en place pour imposer les privilèges dont les banques jouissent encore.
• Ce choix est-il immuable ?
— Rien ne l'est, et surtout pas la monnaie, elle a changé tout au long de son histoire… (YH : et il y a même eu, il y a seulement 450 ans encore, des civilisations entières qui s'en passaient...)
Sources : http://www.france.attac.org/
A suivre pour la partie III
Yves Herbo, 04-10-2014
Nouveau site Internet pour Votre organisation MPSA
Ce nouveau mouvement en pleine organisation se dote d'un nouveau site internet : MPSA. Ce site vous permettra de suivre ou découvrir le mouvement et de rester en contact avec nous. Il permettra également aux adhérents d'être informé des prochains événements, assemblées générales et de toute l'actualité du mouvement !
Ce site est actuellement en construction, mais nous travaillons activement pour que Votre organisation se dote d'un site web complet et utile pour le futur Parti politique, car il s'agit bien de cela !
Nous vous souhaitons une bonne visite sur notre site Internet !
Yves Herbo, fondateur, théoricien