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Environnement

Dette, crise, chômage : qui crée l'argent ?
09/05/2015
Dette, crise, chômage : qui crée l'argent ?
" La monnaie fait partie de notre quotidien. Elle est au cœur de nos économies : elle permet les échanges des biens et des services. Pourtant, personne ne sait vraiment qui la fabrique, ni comment elle fonctionne. En partant de ce que tout le monde connait, ce document explique les fondements des systèmes monétaire et bancaire, et en décrypte certaines conséquences. Car c'est bien l'incompréhension du système monétaire par la majorité des citoyens, des journalistes, des politiciens et de nos élites au sens large, qui permet à la finance et aux banques de régner sans entraves.
Ce document citoyen n'a aucune couleur politique. Par des exemples simples, didactiques, il décrit les mécanismes bancaires peu connus, énonce des faits et matérialise des liens avec les principaux enjeux de notre temps. Il débouche sur une critique des systèmes financier, politique et médiatique, et se termine par des objectifs et alternatives fondamentaux pour le monde de demain.
Avec la supervision de deux spécialistes du domaine que sont Gérard Foucher et André Jacques Holbecq, tous deux auteurs de nombreux ouvrages sur le système monétaire, ainsi que des analyses techniques précises comme celle de Jean Bayard, Gabriel RABHI a mit à profit ses compétences en imagerie. La sélection des informations et des principes à exposer, leur simplification sans induire d'erreurs, ainsi qu'une orientation critique de la création monétaire a nécessité six mois de travail. "
par Gabriel RABHI
A diffuser largement sous toute forme utile. A faire publier par les blogs et les sites de réinformation. D'autres vidéos, extraits, informations, bibliographie et liens : http://www.inter-agir.fr
Notions abordées :
La monnaie centrale / la monnaie scripturale / la banque centrale / les banques commerciales privées / le mythe du troc / le crédit à l'époque Sumérienne / l'invention de la monnaie / la monnaie papier et les orfèvres / la couverture partielle des dépôts / la monnaie fiduciaire / lien états - banques / le cours légale / conversion entre monnaie scripturale et centrale / définition d'un dépôt bancaire / transfert intra-bancaire / transfert interbancaire / le règlement bancaires / la compensation / les chambres de compensation / la disparition potentiel des dépôts / le trésor public / le risque systémique / les actifs / les créances / actifs financier, actifs matériels / bilan financier / bilan d'une banque / dépôts au passif / créances à l'actif / la monétisation / le crédit bancaire / la création monétaire ex-nihilo / destruction monétaire / le risque de contrepartie / la circulation de la monnaie / la masse monétaire / la croissance / un système de Ponzi / évolution exponentielle de la masse monétaire / les agrégats monétaires / variation des agrégats monétaires / le refinancement / prise en pension de titres par la banque centrale / le marché interbancaire / l'effet domino / crise de liquidité / crise de 2008 / les saisies bancaires / le sauvetage bancaire / l'assouplissement quantitatif / notions des endettements / l'usure / la concentration des richesses / rôle de la banque centrale / évasion fiscale / l'état et les marchés financiers / les intérêts de la dette / la planche à billet / inflation et déflation / l'hyperinflation / lien entre forces armées et monnaie / la réserve fédérale américaine / la banque des règlements internationaux / démocratie / aristocratie / oligarchie / le gouvernement représentatif / finance et médias / l'union européenne / le lobbying / la destruction de la planète / la décroissance / l'esclavage par la dette / la création de monnaie centrale / la monnaie du futur / intérêt général et intérêt particulier / la dictature parfaite / le conditionnement des peuples / le prêt à penser / les solutions et alternatives.
Un point de vue très réaliste et que j'approuve entièrement. Une autre notion que je développe grâce à mes recherches sur les anciennes civilisations et même celles des "chasseurs-cueilleurs" : contrairement à nos concepts actuels (très limités par notre jeune civilisation), il n'existe pas que deux solutions, l'argent (ou la monnaie d'échange) et le troc... il y a au moins une troisième solution, pratiquée pendant des dizaines, voir des centaines de milliers d'années, le communautarisme naturel disant qu'on ne se donne pas à soi-même, qu'on ne s'échange pas à soi-même, quand on considère qu'on fait vraiment partout d'un tout et d'une réelle communauté, d'un même peuple... juste une question de mentalité et d'organisation, en fait. Mentalité et organisation détruites et oubliées à cause... de l'égoïsme et de la corruption, bien sûr..., engendrés par l'invention de la monnaie, puis rapidement du commerce, il y a quelques millénaires maintenant ^^...
Yves Herbo Relai, MPSA, 2015

Jacque Fresco : un système monétaire obsolète 2-
05/02/2015
Jacque Fresco : un système monétaire obsolète - 2)
Le projet de l'américain Jacque Fresco sis dans la commune de Venus en Floride : The Venus Project. Ce projet offre non seulement de nombreux points de vue, constatations des réalités passées et présentes sur notre économie semblables aux miens, ainsi que des propositions très intéressantes (et toujours discutables) pour y remédier, pour trouver une solution, pour l'Humanité. Cette page présente plus le projet Venus en lui-même par rapport à la première page.
II)
The Venus Project prône une vision dont le but est d’établir une nouvelle civilisation mondiale, durable et différente de tous les systèmes sociaux existants. Bien que cette description soit grandement condensée, elle repose sur des années d’études et de recherches réalisées par de très nombreuses personnes dans plusieurs disciplines scientifiques.
Il y est proposé une nouvelle approche holistique et dédiée aux préoccupations humaines et environnementales. C’est une vision réalisable d’un meilleur futur, adapté à l’époque dans laquelle nous vivons tout en étant pratique et accessible, permettant ainsi d’assurer un avenir positif pour tous les peuples du monde.
The Venus Project en appelle à l’adoption d’une approche simple pour la refonte d’une culture dans laquelle les anciens maux que sont la guerre, la pauvreté, la faim, la dette, les dégradations environnementales et les souffrances humaines inutiles sont considérés non seulement comme évitables, mais aussi totalement inacceptables.
L’un des principes du « Projet Venus » est d’œuvrer à déclarer toutes les ressources de la Terre comme étant l’héritage commun de tous les peuples du monde. Les demi-mesures n’entraîneraient qu’une perpétuation du même ensemble de problèmes inhérents au système actuel.
Historiquement, le changement se produit à un rythme lent. Des groupes successifs de dirigeants incompétents ont remplacé ceux qui les avaient précédés, mais les problèmes sociaux et économiques sous-jacents persistent, car les systèmes de valeurs essentiels demeurent inaltérés. Les problèmes auxquels nous faisons face aujourd’hui ne peuvent pas être résolus politiquement ou financièrement parce qu’ils sont hautement techniques par nature. Il n’y a d’ailleurs sûrement pas assez d’argent disponible pour financer les changements nécessaires, mais il y a plus de ressources que nécessaire. C’est pourquoi The Venus Project préconise la transition d’une société monétaire vers la réalisation, à terme, d’une Économie mondiale Basée sur les Ressources.
Elle est consciente que la transition depuis notre culture actuelle, politiquement incompétente et obsolète, vers cette société nouvelle et bien plus humaine, nécessitera un véritable bond en avant, tant en matière d’idées que dans l’action.
Ce qu'il pense de l'argent et du système monétaire
Des objectifs dynamiques
Il est courant de lire et d’entendre les commentateurs dans nos médias de masse parler du nombre de problèmes sociaux auxquels nous faisons face, comme le réchauffement de la planète, la destruction de l’environnement, le chômage, la criminalité, la violence, la pauvreté, la faim et l’explosion démographique. Pourtant, est-il fréquent d’entendre parler de plans réalisables pour atténuer bon nombre de ces difficultés ? Tandis que la critique de la société est facile, l’identification et la résolution de ses problèmes le sont beaucoup moins.
The Venus Project est un véritable plan destiné à la création d’une nouvelle civilisation qui se reposerait sur les préoccupations humaines et la préservation environnementale.
Les plans de The Venus Project offrent à la société un plus large éventail de choix s’appuyant sur le potentiel de la science orienté vers une nouvelle ère de paix et de développement durable pour tous. Grâce à la mise en œuvre d’une économie basée sur les ressources et l’application au système social d’une multitude de technologies innovantes et respectueuses de l’environnement, les propositions de The Venus Project réduiront considérablement la criminalité, la pauvreté, la faim, le nombre de sans-abris et de nombreux autres problèmes à la fois urgents et communs à l’ensemble de la planète.
L’un des éléments essentiels des découvertes de The Venus Project provient du fait qu’une grande partie des comportements dysfonctionnels de notre société découlent directement de l’environnement déshumanisant que constitue le système monétaire. À cela s’ajoute l’automatisation qui remplace le travail humain par les machines. Il s’en suit, finalement, que la plupart des gens n’ont plus les moyens d’acheter les biens et services qui sont produits.
The Venus Project propose un système dans lequel l’automatisation et la technologie seraient intelligemment intégrées au sein d’une conception socio-économique holistique dont les principales fonctions seraient de maximiser la qualité de vie plutôt que les profits. Ce projet introduit également un ensemble de valeurs pratiques et réalisables.
C’est aussi en parfait accord avec les aspects spirituels et les idéaux trouvés dans la plupart des religions à travers le monde. Ce qui distingue le Projet Venus à part, cependant, est qu’il propose de traduire ces idéaux dans une réalité de travail.
The term and meaning of a Resource-Based Economy was originated by Jacque Fresco. (vostfr)
Première étape
La première phase des plans à long terme du Projet Venus est déjà en cours. Jacque Fresco, futuriste, inventeur, designer industriel et fondateur du Projet Venus et sa associés Roxanne Meadows ont achevé la construction d’un centre de recherche de 21 acres à Vénus, en Floride, pour aider à présenter les propositions de The Venus Project. Vidéos, CD, affiches, brochures, des modèles, des rendus et des livres, comme « Le meilleur que l’argent ne peut pas acheter: Au-delà de la politique, de la pauvreté, et la guerre », ont été créés pour aider à sensibiliser sur ce projet et ses nombreuses propositions.
Seconde étape
La deuxième étape consiste en la création d’un film de grande longueur, qui mettra en vedette le travail des innovations du projet proposé, en réunissant le monde entier. Le film va apporter à ses téléspectateurs une vision positive d’une société pacifique dans laquelle tous les êtres humains forment une famille unie sur la planète Terre – une civilisation où tous les peuples sont engagés dans la poursuite d’une meilleure compréhension du monde qu’ils partagent. Ce film est conçu pour être une expérience divertissante et informative pour les adultes comme pour les enfants.
Troisième étape
Afin de tester ses concepts et ses propositions, The Venus Project travaille à la construction d’une ville/centre de recherche expérimentale. Les objectifs pour la plupart des technologies initiales et des constructions ont déjà commencé à voir le jour. Des efforts de collecte de fonds sont en cours pour contribuer à la construction d’une ville expérimentale qui serait consacrée à accomplir les objectifs de The Venus Project, qui sont :
Réaliser la déclaration des ressources de la Terre comme étant l’héritage commun de tous les peuples ;
Transcender les frontières artificielles qui séparent arbitrairement les peuples.
Remplacer les économies monétaires nationalistes par une Économie mondiale Basée sur les Ressources ;
Contribuer à la stabilisation de la population mondiale grâce à l’éducation et à un choix libre en matière de régulation des naissances ;
Préserver et restaurer l’environnement naturel dans la mesure de nos capacités ;
Repenser nos villes, nos systèmes de transports, nos industries agricoles et nos installations industrielles afin qu’ils soient énergétiquement efficaces, propres, et capables de répondre convenablement aux besoins de toute la population ;
Dépasser progressivement les entités corporatives et les gouvernements (locaux, nationaux ou supranationaux) en tant que moyens de gestion sociale ;
Partager et appliquer l’ensemble des nouvelles technologies au service de toutes les nations ;
Développer et utiliser des sources d’énergie renouvelables et propres ;
Fabriquer des produits de la plus haute qualité possible au bénéfice de tous les peuples du monde ;
Effectuer des études d’impact environnemental avant la construction d’un grand projet, quel qu’il soit ;
Encourager toutes formes de créativité et de motivation dans la mesure où elles sont employées dans un projet constructif ;
Dépasser le nationalisme, la bigoterie et les préjugés par le biais de l’éducation ;
Éliminer tout type d’élitisme, technique ou autre ;
Arriver à des méthodologies par des recherches minutieuses plutôt que des opinions aléatoires ;
Améliorer la communication dans les écoles afin que notre langage soit pertinent vis-à-vis des éléments physiques du monde ;
Fournir non seulement les nécessités de la vie, mais aussi des défis qui stimulent l’esprit et valorisent l’initiative individuelle plutôt que l’uniformité ;
Enfin, préparer les gens intellectuellement et émotionnellement aux changements et aux défis qui nous attendent.
Adjacent à la ville expérimentale, un parc à thème est également prévu afin que les visiteurs puissent se divertir et s’informer au sujet des possibilités de modes de vie écologiquement durables prévus par The Venus Project. Il mettra en exergue les maisons intelligentes, la promotion d’un degré d’efficacité énergétique élevé, des systèmes de transports non polluants, une technologie informatique de pointe et un certain nombre d’autres innovations qui constituent autant de valeur ajoutée à la vie de toute la population, et ce, dans un laps de temps très court.
Une ville circulaire serait en elle-même une phase transitoire et pourrait évoluer d’une société semi-coopérative financière vers une économie basée sur les ressources. Cela pourrait être le prototype d’une série de villes qui seraient construites dans divers endroits à travers le monde. Le rythme des avancées dépendra de la disponibilité des fonds levés durant les premiers stades et des personnes qui s’identifient avec, participent aux et soutiennent les objectifs et les orientations de The Venus Project.
Au fur et à mesure que ces nouvelles communautés se développent et deviennent plus largement acceptées, elles peuvent très bien constituer le terreau d’une nouvelle civilisation, suivant de préférence un processus d’évolution plutôt que de révolution.
Personne ne peut prédire le futur. Nous ne pouvons qu’extrapoler les informations et les tendances actuelles. La croissance de la population, l’évolution technologique, les conditions environnementales planétaires et les ressources disponibles sont les principaux critères pour l’établissement de projections.
Il n’existe aucune philosophie ou aucun point de vue, soient-ils religieux, politiques, scientifiques ou idéologiques qui ne suscitent pas de débats. Nous sommes certains, cependant, que les seuls aspects de The Venus Project qui peuvent sembler menaçants sont purement issus de projections.
The Venus Project n’est ni utopique, ni orwellien, et ne reflète pas non plus les rêves impraticables d’idéalistes. Il présente des objectifs qui sont à la fois à notre portée et qui ne nécessitent que l’application intelligente de ce que nous connaissons déjà. Les seules limites sont celles que nous nous imposons.
Conférence complète Jacque Fresco à Paris 12/09/2010
Organisation supportrice en France :
Association Civilisation 2.0 - http://www.civilisation2.com
Sources : https://www.thevenusproject.com/en/store/official#!/~/product/category=1360103&id=5501756
https://www.thevenusproject.com/fr/about/resource-based-economy
Yves Herbo-MPSA, 05-02-2015

Jacque Fresco : un système monétaire obsolète 1-
13/01/2015
Jacque Fresco : un système monétaire obsolète - 1)
Ceci est un extrait de la présentation du projet de l'américain Jacque Fresco sis dans la commune de Venus en Floride : The Venus Project. Ce projet offre non seulement de nombreux points de vue, constatations des réalités passées et présentes sur notre économie semblables aux miens, ainsi que des propositions très intéressantes (et toujours discutables) pour y remédier, pour trouver une solution, pour l'Humanité. Une autre page présentera plus le projet Venus en lui-même.
I)
Un système monétaire obsolète
Le système monétaire s'est développé il y a des siècles. Tous les systèmes économiques du monde : le socialisme, le communisme, le fascisme et même le système tant vanté de libre entreprise perpétuent la stratification sociale. L'élitisme, le nationalisme et le racisme s'appuient essentiellement sur la disparité économique. Tant qu'un système social utilise l'argent ou le troc, les peuples et les nations chercheront à maintenir l'avantage concurrentiel économique qui, s’il ne peut être accompli par des moyens commerciaux, le sera par le biais d'interventions militaires. Nous utilisons encore ces mêmes méthodes arriérées.
Notre système monétaire actuel n'est pas apte à fournir un niveau de vie élevé pour tous, pas plus que d'assurer la protection de l'environnement, parce que la motivation principale est le profit. Des stratégies telles que la réduction des effectifs et les rejets de déchets toxiques augmentent les marges bénéficiaires. Avec les avancées en matière d'automatisation, de cybernétique, d'intelligence artificielle et de sous-traitance, les personnes seront toujours davantage remplacées par des machines. Par conséquent, de moins en moins de personnes seront capables d'acquérir des biens et des services alors que notre capacité à produire une abondance continuera d'exister.
Nos systèmes politiques et économiques actuels sont dépassés et incapables d'exploiter les véritables avantages des nouvelles technologies pour le bien commun, et d'aller outre les injustices qui nous sont imposées. Bien que notre technologie soit en plein essor, nos modèles sociaux sont restés relativement statiques. En d'autres termes, le changement culturel n'a pas suivi le rythme du changement technologique. Nous avons désormais les moyens de produire des biens et services en abondance pour tous.
Malheureusement, de nos jours, la science et la technologie ont dévié de l'objectif du bien commun au profit d'intérêts personnels et du gain monétaire par le biais de l'obsolescence planifiée parfois qualifiée de « retrait conscient d'efficacité ». Par exemple, le département de l’Agriculture des États-Unis, dont la fonction présumée est de mener des recherches sur les moyens d'obtenir le meilleur rendement par hectare, reverse en fait de l'argent aux fermiers pour qu'ils ne produisent pas à plein rendement. Le système monétaire tend à freiner l'application de ces méthodes dont nous savons qu'elles serviraient au mieux les intérêts de la population et de l'environnement.
Dans un système monétaire, le pouvoir d'achat n'est pas lié à notre capacité de produire des biens et services. Par exemple, pendant une dépression économique, il y a des ordinateurs et des DVDs dans les rayons des magasins et les parcs automobiles sont pleins, mais la plupart des personnes n'ont plus le pouvoir d'achat pour les acquérir. La Terre reste la même ; c'est simplement les règles du jeu qui sont obsolètes et qui créent conflits, privations et autres souffrances humaines inutiles.
Un système monétaire est en fait un dispositif destiné à contrôler le comportement humain dans un environnement aux ressources limitées. Aujourd'hui, l'argent est utilisé pour réguler l'économie ; non pas en faveur de la population dans son ensemble, mais pour ceux qui contrôlent la richesse financière des nations.
Une Économie Basée sur les Ressources
Tous les systèmes socio-économiques, indépendamment de la philosophie politique, des croyances religieuses ou des coutumes sociales, dépendent en définitive des ressources naturelles, à savoir un air et une eau purs, des terres arables, la technologie et le personnel nécessaires pour maintenir un haut niveau de vie.
Plus simplement, une économie basée sur les ressources utilise les ressources existantes plutôt que de l'argent, elle fournit une méthode équitable pour répartir ces ressources de la manière la plus efficace pour toute la population. C'est un système dans lequel tous biens et services sont disponibles sans utilisation d'argent, de crédits, de troc ou toute autre forme de dette ou de servitude.
Les ressources terrestres sont abondantes. Aujourd'hui, nos pratiques de rationnement des ressources par le biais de méthodes monétaires sont à la fois non appropriées et contre-productives à notre survie. La société moderne a accès à des technologies avancées et peut produire de la nourriture, des vêtements, des habitations, des soins médicaux ainsi qu'un système d'éducation efficace. Elle est également en mesure de développer un approvisionnement illimité d'énergies renouvelables et non polluantes, telles que la géothermie, le solaire, l'éolien, l'énergie marémotrice, etc. Tout le monde peut profiter dès aujourd'hui d'un haut niveau de vie, disposant de toutes les infrastructures qu'une civilisation prospère peut offrir. Ceci peut être accompli grâce à l’application intelligente et humaine de la science et de la technologie.
Afin de mieux comprendre ce qu'est une économie basée sur les ressources, considérez le fait que la disparition totale de l'argent dans le monde ne nous empêcherait pas de construire tout ce dont nous avons besoin pour satisfaire la plupart des besoins humains, dans la mesure où les terres arables, les usines, le personnel et les autres ressources étaient laissés intacts. Les gens n'ont pas besoin d'argent. Ils ont en revanche besoin de satisfaire la plupart de leurs besoins. Dans une économie d'abondance basée sur les ressources, l'utilisation de l'argent perdrait de sa pertinence. Les ressources, la fabrication et la distribution des produits seraient les seuls prérequis.
Si tout le monde avait accès à l'éducation et aux ressources sans étiquette de prix, le potentiel humain ne connaîtrait pas de limites. Bien que cela soit difficile à imaginer, même les personnes les plus riches d'aujourd'hui vivraient beaucoup mieux dans une société basée sur les ressources, comme celle que The Venus Project propose. Aujourd'hui, les classes moyennes vivent mieux que les rois d'antan. Dans une économie basée sur les ressources, tout le monde vivrait mieux que les milliardaires d'aujourd'hui.
Dans une société basée sur les ressources, la mesure du succès reposerait sur l'accomplissement de ses quêtes personnelles plutôt que sur l'acquisition de richesses, de propriété et de pouvoir.
C'est à nous de choisir
Le comportement humain est sujet aux mêmes lois que tout autre phénomène naturel. Nos coutumes, nos comportements et nos valeurs ne sont que des sous-produits de notre culture. Personne n'est né dans l'avidité, les préjugés, le sectarisme, le patriotisme et la haine ; ce sont des modèles de comportement acquis. Si l'environnement n'est pas modifié, les mêmes comportements se reproduiront indéfiniment.
Aujourd'hui, la plupart des technologies nécessaires à l'aboutissement d'une économie globale basée sur les ressources existent. Si nous choisissons de nous conformer aux limites de notre système économique basé sur l'argent, il est très probable que nous continuerons à vivre avec ses conséquences inévitables : guerres, pauvreté, faim, carences, crimes, ignorance, stress, peur et inégalités. D'autre part, si nous adoptons le concept d'une économie basée sur les ressources à l'échelle mondiale, que nous en apprenons davantage à ce sujet et que nous partageons nos connaissances avec nos proches et notre entourage, nous aiderons l'humanité à évoluer et à s'extraire de l'état dans lequel elle se trouve actuellement.
Jacque Fresco - 1999, les prévisions : Ce que le nouveau millénaire nous réserve [VOstFR]
Organisation supportrice en France :
Association Civilisation 2.0 - http://www.civilisation2.com
Sources : https://www.thevenusproject.com/en/store/official#!/~/product/category=1360103&id=5501756
Yves Herbo-MPSA, 13-01-2015

16/11/2014
Un monde sans argent 5
Suite des pages : Page-1.html , Page-2.html , Page-3.html , Page-4.html
Le plus grand mystère de l'empire d'Inca est son économie étrange
Pendant les quinzième et seizième siècles, l'empire Inca était le plus grand que l'Amérique du Sud avait jamais connu. Centré au Pérou, il s'est étendu à travers les cîmes des montagnes des Andes et vers le rivage en bas, incorporant les régions de Colombie, du Chili, de Bolivie, de l'Equateur, de l'Argentine d'aujourd'hui et du Pérou - toutes reliées par un vaste réseau "autoroutier" dont la complexité a été rivalisée dans le Vieux Monde. Riches en produits alimentaires, textiles, or et coca, les Incas étaient des maîtres de la construction de villes mais n'ont néanmoins jamais eu aucun argent. En fait, ils n'ont eu aucun marché financier du tout.
L'empire d'Inca pourraît être la seule civilisation avancée dans l'histoire qui n'ait eut aucune classe de commerçants, et aucun commerce de quelque sorte dans ses limites. Comment ont-ils faits ?
Beaucoup d'aspects de la vie inca demeurent mystérieux, en partie parce que nos connaissances de la vie inca viennent des envahisseurs espagnols qui effectivement en ont témoignés. Célèbre, le conquérant Francisco Pizzaro a dirigé juste quelques hommes pour une défaite incroyable de l'armée inca au Pérou en 1532. Mais le vrai coup est venu rudement une décennie avant cela, quand les envahisseurs européens ont inconsciemment lâché une épidémie de variole que quelques épidémiologues croient qu'elle a pu avoir tué autant que 90 pour cent du peuple inca. Notre connaissance de ces événements, et notre compréhension de la culture inca de cette ère, venue juste de quelques observateurs - en grande partie des missionnaires espagnols, et un prêtre métis et historien des Incas appelé Blas Valera, qui était né au Pérou deux décennies après la chute de l'empire d'Inca.
Richesse sans argent
Les documents des missionnaires et de Valera décrivent l'Inca comme principalement des constructeurs et des planificateurs de terres, capables d'une agriculture extrêmement sophistiquée de montagnes et des villes - et de bâtiments correspondants. La société inca était si riche qu'elle pouvait se permettre d'avoir des centaines de personnes qui se sont spécialisées en prévoyant les utilisations agricoles des secteurs nouvellement conquis. Ils ont construit des fermes en terrasses sur les flancs de montagnes dont les cultures - des pommes de terre et du maïs aux arachides et à la courge - ont été soigneusement choisis pour prospérer dans les températures moyennes des différentes altitudes. Ils ont également cultivé des arbres pour garder le terrain végétal mince en bon état. Les architectes inca étaient également doués, concevant et soulevant d'énormes pyramides, les irriguant avec les usines hydrauliques sophistiquées comme celles trouvées à Tipon, et créant d'énormes temples comme Pachacamac avec des retraites de montagnes comme Machu Picchu. Les concepteurs avaient l'habitude d'utiliser un système de cordes nouées pour faire les mathématiques nécessaires pour construire sur des pentes.
Mais, en dépit de toute leur productivité, les Incas géraient et contrôlaient sans argent ou marchés. Dans The Incas: New Perspectives, Gordon Francis McEwan écrit :
" À seulement quelques exceptions trouvées dans des régimes politiques côtiers incorporés à l'Empire, il n'y avait aucune classe marchande dans la société Inca, et le développement de la richesse individuelle acquis par le commerce n'était pas possible… quelques produits considérés essentiels par les Incas ne pouvaient pas être produits localement et ont dû être importés. Dans ces cas plusieurs stratégies ont été utilisées, comme établir des colonies dans des zones spécifiques de production pour les marchandises particulières ou permettre le commerce de longue distance. La production, la distribution, et l'utilisation des marchandises étaient centralement commandées par le gouvernement des Incas. Chaque citoyen de l'empire publiait ses nécessités de la vie hors des entrepôts de l'état, y compris la nourriture, ses outils, ses matières premières, et habillements, et sans besoin de ne rien acheter. Sans magasins ou marchés, il n'y avait aucun besoin de devises ou d'argent standard, et il n'y avait nulle part pour dépenser de l'argent ou pour acheter ou commercer pour des besoins.
Ainsi les Incas se sont engagés dans le commerce, mais seulement avec des étrangers - pas entre eux.
Le secret de la grande richesse des Incas a pu avoir été leur fiscalité peu commune. Au lieu de payer des impôts en argent, chaque inca était mobilisable pour fournir du travail à l'état (et donc à la collectivité). En échange de ce travail, il leur était donné les nécessités de la vie.
Naturellement, tout le monde ne devait pas payer l'impôt du travail. Les nobles et leurs cours étaient exempts, de même que d'autres membres importants de la société inca. Dans un autre caprice de l'économie inca, les nobles qui étaient morts pouvaient encore posséder la propriété et leurs familles ou directeurs de domaine pouvaient continuer à amasser la richesse pour les nobles morts. En effet, le temple de Pachacamac était fondamentalement un domaine bien géré qui « a appartenu » à un noble inca mort. C'est un peu comme si les Incas étaient parvenus à inventer l'idée des corporations-pour le peuple en dépit de n'avoir pratiquement aucune économie de marché
Nourriture, sans marchés
Une des questions en suspens pour les scientifiques et les historiens qui étudient les Incas est pourquoi cette culture riche et sophistiquée, s'est développée scientifiquement et culturellement, sans jamais inventer les marchés. Une possibilité est qu'il était si difficile de maintenir la vie dans leur environnement que toutes leurs innovations étaient tournées autour de l'agriculture plutôt que vers les sciences économiques. En d'autres termes, l'Empire Inca a été optimisé pour empêcher la famine plutôt que pour stimuler le commerce. (YH : mais l'environnement n'a pas changé depuis... l'explication n'est pas convaincante...)
Il y a quelques années, un groupe d'archéologues a prélevé des échantillons de noyaux dans la vallée de Cuzco au Pérou, et a trouvé des preuves de milliers d'années d'agriculture dans le secteur, y compris la production animale, très probablement des lamas. Dans un papier récapitulant leurs résultats, l'archéologue A.J. Chepstow-Vigoureux et son équipe ont proposé que les Incas aient focalisé leurs établissements autour de la production alimentaire et gestion technologiques et culturelles de terres, plutôt que des économies de marché. Ceci a pu avoir été nécessaire dans une région où les sécheresses avaient vraisemblablement éliminé une civilisation précédente (les Waris), et où les fluctuations du climat étaient un risque constant. La montée de l'Empire d'Inca a coïncidé avec une période de stabilité relative du climat, mais les peuples dans le secteur étaient bien conscients du fait que ce charme tempéré pouvait finir à tout moment."
Chepstow-Vigoureux et ses collègues écrivent :
" L'échelle de la manipulation et de la transformation anthropologiques du paysage dans les Andes sud-centrales semble avoir augmenté après 1100 après J.C, probablement en réponse à un contexte climatique qui était relativement chaud, sec et essentiellement stable. Le développement de la technologie irriguée principale de terrassement a pu avoir été de plus en plus nécessaire dans ces régions pour optimiser les tombées saisonnières de l'eau, permettant de ce fait la production agricole à des altitudes plus élevées. Les résultats de ces stratégies étaient une plus grande sécurité à long terme de nourriture et la capacité d'alimenter de grandes populations. De tels développements ont été exploités par les Incas de la vallée de Cuzco, qui émergeaient en tant qu'ethnie dominante de la région dès 1200. Un excédent agricole sain a soutenu leur potentiel économico/politique, leur permettant de subjuguer d'autres États indépendants locaux et de centraliser effectivement la puissance dans la région de Cuzco vers 1400.
Ainsi comment devenez-vous un Empire dominant un continent sans argent liquide ? Dans le cas des Incas, il est probable que les technologies que leur ont accordé l'excédent agricole (les matériaux supplémentaires de nourriture et de textile, de mines) les ont aidés dans le renforcement de l'expansion de l'empire. La nourriture était leur pièce de monnaie ; le travail pur a structuré leur économie. (YH : mais on découvre aussi que, au fur et à mesure du temps, le moindre village a fini par lui-même cultiver en terrasses le moindre lot de terre possible, limitant finalement le besoin d'échanges, donc de "monnaie"... la nourriture perdait donc sa valeur d'échange, sauf pour les cités haut-perché dans les montagnes, à cultures limitées)
Certains ont argué du fait que l'Empire Inca était l'état socialiste idéal, alors que d'autres l'ont appelé une monarchie autoritaire. En vérité, les Incas ont probablement créé un empire comme beaucoup d'autres. Ses chefs ont été distraits par les guerres civiles et querelles fratricides parmi la noblesse. Et ses esclaves et travailleurs ont construit les œuvres rêvées par les ingénieurs civils précolombiens. Ce qui est remarquable est que ces preuves suggèrent que ces esclaves et travailleurs aient été probablement bien nourris. Peut-être plus remarquable, dans notre ère où les marchés sont associés à la civilisation, est l'idée qu'un empire pourrait réaliser tellement de choses sans dépenser jamais un dixième de dollar...
http://io9.com/archeology/ traduction Yves Herbo
Nous ne pouvons donc que constater qu'effectivement, une civilisation assez récente, s'étant étendue pendant des centaines d'années (et si on ajoute les Mayas et autres Olmèques, ça fait même des milliers d'années), n'a pas eu besoin d'argent pour exister et prospérer... avant l'arrivée des maladies et précisément la soif de l'or et de l'argent amenées par les conquistadors... et que cela a aussi très probablement été le cas pour nombres d'anciens empires ou cités-états avant l'invention de l'argent... Maintenant, d'autres découvertes scientifiques non mentionnées dans cet articles peuvent aussi suggérer d'autres théories sur les raisons de la non-utilisation d'un contrôle économique via la monnaie, pourtant connue : on sait par exemple que les Incas connaissaient parfaitement la roue mais qu'aucun char, charrette ou autre prouvant son utilisation quotidienne n'a été trouvé (officiellement et peut-être grâce aux conquistadors d'ailleurs) à ce jour : seuls des figurines ou "jouets" ou objets religieux (ou non) de petites dimensions ont été trouvés, porteurs de roues et d'essieux, et uniquement dans des tombes. Et pourtant il y a des routes énormes et très longues. Donc les Incas connaissaient la roue mais ne l'utilisaient qu'en de rares occasions (peut-être juste pour le transport des pierres en fait, ou celui des nobles ?), ils connaissaient aussi l'argent (via leur commerce avec l'étranger - il y a eu de longues périodes de paix entre les guerres, comme partout), mais ne l'utilisaient pas non plus... Tout cela dénote plus une volonté d'ensemble et réaliste : le non-besoin réel de ces "apports" car il y avait mieux... et non pas liée à une contrainte ou crainte connue depuis toujours par le climat et volcanisme de ces régions (toujours habitées pour la plupart).
Le troc, l'échange, par l'entremise du Maïs ou des denrées propres aux régions est la seule explication logique trouvée par la majorité des économistes modernes pour expliquer un fonctionnement si long sans moyen intermédiaire comme l'argent. Les listes de denrées et d'objets trouvés en quantité, associées à un système de comptage, ont été attribuées selon notre propre logique à un système de troc et de gestion économique liés comme le nôtre à la notion d'échange : gestion d'entrées et de sorties des stocks d'un magasin en fonction de la demande et de la production, les producteurs amenant leur production en échange de productions d'autres producteurs. Les spécialistes ont tenté de déduire le "prix" ou la "valeur" d'une nourriture par rapport à l'autre ou de tel outil, pierre précieuse, sans grand succès. La déduction la plus commune est que le maïs était la monnaie de base, en tant que principale nourriture cultivée et commune à la plupart des peuples et civilisations présentes dans toutes ces régions.
YH : Une autre déduction (que je me permets allègrement) serait qu'en fait, toutes ces listes et ces comptes ne soient bien que ça, et rien d'autre. Une gestion de stock centralisée, effectivement. Car est-il vraiment logique de continuer pendant des centaines d'années ou plus, à s'échanger du maïs et des outils contre du maïs, du travail contre du maïs ? Une autre possibilité, plus facile et logique dans l'esprit local est que les Rois pré-colombiens (ou leurs professeurs ?) aient privilégié la suppression de l'échange, du troc, au contraire. Comment ? C'est très simple : la notion d'échange comporte obligatoirement au minimum deux individus : il suffit donc de considérer son royaume et ses sujets comme une seule et même entité. On ne peut s'échanger à soi-même. Et d'adapter un système centralisé dans lequel toute les productions (et idées, inventions, arts) sont gérées en fonctions des demandes, nécessités et plaisirs (du roi d'abord puis de ses sujets dans ces cas). Il y a bien centralisation dans des grands magasins des différentes denrées amenées par les villes et villages et établissement de listes de stocks/productions/prévisions chiffrés (astrales aussi d' ailleurs), et aussi des listes de "courses" de la part des familles qui amènent leur propre production (qui doit répondre aux demandes chiffrées du magasin central). Chaque talent contribue à la communauté et les choix de métier des citoyens sont respectés si leur talent ou efforts contribuent à la communauté. Pareillement, les créateurs, artistes et "ingénieurs", chercheurs, sont censés apporter innovations ou plaisirs, joies, réflexions à la communauté (les prêtres de l'époque bénéficiant de ce type d'approche), et leur utilité suffit à ce qu'ils puissent faire leur liste de fournitures régulièrement également. Nul besoin d'argent donc pour faire fonctionner un tel système, d'autant plus que certains rois n'ont pas hésité à utiliser la force et leurs troupes (nombreuses et bien nourries) pour s'assurer que le système fonctionne à leur avantage (et celui des nobles et famille auxquels il déléguait ses provinces).
Et si les Mayas et autres peuples amérindiens ont été assez intelligents pour le faire, il n'y a aucune raison pour qu'on ne réfléchisse pas à une éventuelle erreur avec la création et main-mise de l'argent sur le fonctionnement de la société. Cet outil (éventuellement nécessaire ou accompagnateur d'une certaine évolution (assez négative vu les dégâts) de l'intellect humain) qu'est l'argent n'est pas une finalité pour le genre humain ni un moyen définitif de faire fonctionner une société moderne. En suivant ce modèle de centralisation des productions et distributions mais en le faisant contrôler de façon démocratique et égalitaire, on ne peut que constater qu'il y a une possibilité d'organisation libérée du détournement des vraies valeurs occasionné par l'utilisation d'une valeur fictive (et définie tout aussi fictivement) par un simple courant, un flux interne à notre société : pas d'échanges mais des courants d'approvisionnements et de consommations : ce que nous faisons actuellement mais non pas pour rendre service à la société consciemment et avec plaisir, mais uniquement pour avoir de l'argent, ce qui ne dépend même pas obligatoirement de nos propres talents ou possibilités physiques ou intellectuelles à l'heure actuelle, mais uniquement si quelqu'un (un autre humain patron par exemple, votre banquier) peut lui-même tirer de l'argent de notre simple existence... Évidemment, le principal effort à faire est sur le mental et la façon de voir les choses et aussi bien sûr une forte remise en cause de la notion de "commerce" et de "profit" financier (ou pouvoir) individuel... mais c'est bel et bien l'avenir de la planète (et donc de toute l'humanité) qui est en jeu et en péril. Notamment à cause de cette mauvaise mentalité, ces mauvaises valeurs liées à la croissance à tout prix, à cette idiotie de vouloir toujours plus...
Yves Herbo pour MPSA - 16-11-2014

12/11/2014
Un monde sans argent 4
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Une publication récente sur l'effondrement de la civilisation Maya apporte certains éléments intéressants tant du point de vue historique que celui de l'économie qui est ici le sujet principal... Jusqu'à présent, la théorie la plus acceptée pour expliquer l'effondrement apparemment rapide de la civilisation maya et de sa disparition politique et économique est celle de catastrophes volcaniques et séismiques assorties de sécheresses répétitives, mais les preuves décelées dès la période du 9ème siècle après J.C. (les Mayas n'étaient déjà plus une civilisation dominante quand les Conquistadores sont arrivés au 16ème siècle) montrent déjà un changement négatif assez important, suite aux bouleversements des routes commerciales de l'obsidienne notamment :
Le succès du livre de Jared Diamond, Effondrement, montre à quel point la précarité des civilisations humaines intrigue. Un exemple : les Mayas. Après avoir occupé pendant plusieurs millénaires une vaste portion de l'Amérique centrale, du Sud du Mexique jusqu'au Honduras, ils ont disparu avec l'arrivée des conquistadors espagnols au cours du XVIe siècle. Mais bien avant cette invasion, vers 900, la civilisation maya a connu un grave déclin qui a touché en premier lieu les cités des Basses-Terres. Des anthropologues de l'université de l'Illinois et du Muséum Field, basés à Chicago (États-Unis), s'intéressant à cette période de transition brutale, ont reconstruit les routes de commerce de l'obsidienne, une roche volcanique très utilisée par les Mayas (qui ne maîtrisaient pas la métallurgie). À partir de procédés utilisés pour l'analyse des réseaux sociaux, ils ont suivi l'évolution des échanges de cette pierre : elle indiquerait des changements économiques et politiques plus profonds, allant à l'encontre de la théorie selon laquelle cet effondrement serait dû uniquement à des bouleversements écologiques.
Cette roche volcanique noire, l'obsidienne, nous renseigne sur la chute de la civilisation maya.
L'étude américaine se fonde sur des échantillons d'obsidienne retrouvés sur une centaine de sites mayas, datant de 250 à 1520. La composition chimique des roches (obtenue par spectrométrie de fluorescence X ou analyse chimique par activation neutronique) permet de remonter au lieu de leur extraction. Les archéologues ont notamment identifié trois gisements mayas à San Martín Jilotepeque, El Chayal et Ixtepeque, dans les hauteurs guatémaltèques, qui auraient irrigué une grande partie du marché de l'obsidienne pendant les périodes dites classique et postclassique.
Pour chaque période, les archéologues ont déterminé les relations commerciales entre les différents sites en mesurant la similarité des approvisionnement en obsidienne via un indice, le coefficient de similarité de la matrice Brainerd-Robinson, utilisé en archéologie pour comparer deux ensembles de données (ici les proportions d'obsidienne des différentes carrières). Le graphe reliant les sites entre eux fait ainsi apparaître des "factions" rassemblant les sites s'approvisionnant aux mêmes sources, selon une représentation très visuelle utilisée pour l'étude des réseaux sociaux.
Il apparaît que, si pendant la période classique (250/300–800), la quasi totalité de la zone est arrosée par l'obsidienne extraite dans les mines d'El Chayal, le marché se diversifie à la période classique terminale (800–1050), avec l'apparition de différentes "factions" commerciales. Parmi elles, une filière mexicaine, témoignant de l'ouverture d'une route commerciale au nord du Yucatán , et l'émergence du gisement d'Ixtepeque qui irrigue principalement les régions côtières, comme au niveau de la baie de Chetumal . "La fréquence de l'obsidienne d'Ixtepeque augmente de façon significative sur les sites occupés pendant les périodes classique et terminale, détaille l'étude. À San José (au Belize), par exemple, la fréquence de l'obsidienne d'Ixtepeque est passé de 13 % à 27 %." Cette distinction entre les régions intérieures, qui dépendent des routes partant des mines d'El Chayal, et les zones côtières, alimentées par un réseau de transport fluvial depuis Ixtepeque, se poursuit pendant la période postclassique ancien (1050–1300), alors que certaines cités mayas ont déjà périclité. Enfin, la situation commerciale pendant la période postclassique tardif (1300–1520) devient plus éclatée, avec cinq "factions" d'approvisionnement distinctes, avant l'effondrement définitif de la civilisation maya.
Le site de Copán, situé à l'ouest du Honduras actuel, a été abandonné vers 820.
Pour les anthropologues américains, le résultat marquant est que " l'essor du commerce côtier aux dépens des routes intérieures a commencé avant la chute urbaine et démographique des Basses-Terres mayas ". Sans suggérer que le changement des routes commerciales ait causé à lui seul l'effondrement de la civilisation maya, il précède nettement ces transformations plus globales. Ce bouleversement de la structure économique régionale a donc pu, en toute hypothèse, contribuer à la réorganisation interne entre les centres urbains des Hautes-Terres et les régions côtières du Yucatán qui a suvi. L'étude des réseaux commerciaux de l'obsidienne, qui doit être confirmée par une analyse similaire des échanges de chaille ou de jade, met ainsi à mal la théorie selon laquelle un changement climatique soudain serait responsable du déclin démographique de cette civilisation mésoaméricaine. Reste, pour percer le secret des Mayas, à comprendre maintenant pourquoi ils ont modifié leurs réseaux commerciaux...
Source : M. Golitko et al., Complexities of collapse: the evidence of Maya obsidian as revealed by social network graphical analysis , Antiquity, 23 mai 2012.
via : http://blog.science-infuse.fr/post/Effondrement-maya-sur-la-route-de-l-obsidienne
Personnellement, en me fiant aux autres faits historiques et aux autres découvertes concernant les Mayas (et encore très récemment à Calakmul !), je dirai qu'il me paraît évident qu'un évènement important s'est passé au 9ème siècle et que les premières routes déservant certaines cités Mayas en denrées importantes ont été coupées, obligeant ces dernières à tenter de se débrouiller localement (cultures en terrasses étendues) ou à entrer en guerre contre d'autres cités (alliées ou non) pour survivre. Ces coupures de routes ou arrêts de livraisons ont perduré et augmenté avec le temps jusqu'à l'éclatement et la division totale d'une civilisation qui étaient composées de Cités-Etats créées par la même tribu d'origine, solidaire et unie tant que les circuits commerciaux étaient assurés par une faction (ou des "spécialistes"), qui a tenté de diversifier ses entrées de matières (ou y a été obligée) mais de ce fait à créé une ou plusieurs autres factions de "spécialistes" (se concurrençant ? - nouveau en économie pour les mayas !). La localisation de ces nouvelles mines (détenues donc pas de nouvelles factions) et la facilité pour le transport des pierres par eau fait que les régions côtières sont privilégiées par rapport aux régions intérieures, un déséquilibre inexistant avant se créé entre régions...
Calakmul
L'explication paraît logique mais bien des questions demeurent : si une Cité voit soudainement son circuit d'approvisionnement disparaître ou diminuer, on imagine que les responsables de celle-ci vont tâcher de s'arranger pour aller chercher eux-mêmes ce qu'on ne leur livre plus... ce qu'aucune n'a réussie si on regarde la suite... mystère donc sur ces coupures de routes ou de non livraisons de matières premières, alors précisémment qu'il y a une augmentation (à priori !) des-dites matières premières... dans d'autres régions. Juste une décision d'une faction commerciale qui a décidé de ne plus livrer certaines régions, ou d'un roi local ? Ou est-ce la disparition de ceux qui pouvaient transporter régulièrement et facilement ces matières premières très lourdes (l'obsidienne !) des mines côtières jusqu'aux hautes montagnes ?
Certains archéologues disent autre chose : les mayas, à leur arrivée dans la région, auraient apparemment rencontré un peuple venu des étoiles, installé depuis un moment sur les lieux (et imprégnant de leur savoir les précédents peuples rencontrés) et ils auraient passé des accords avec ce peuple. Ce seraient eux qui leur auraient appris les mathématiques, l'astronomie et l'architecture, et les aidaient à transporter les lourdes pierres faites pour durer le long des routes pavées construites. Ils leur ont aussi appris comment créer une économie vraiment commune et dans l'intérêt de tous sans exacerber la notion de propriété privée. Une société sans monnaie locale mais juste ses ressources et son esprit de partage au début, initiée par cette rencontre. Ces données sur la rencontre avec cette civilisation probablement extra-terrestre ont réellement été écrites par les mayas, découvertes il y a peu et décrites dans un rapport des archéologues Adriana I. Sanchez Lopez et José Agustin Anaya Cancino. Que s'est-il passé ensuite ? Si on suit ce qu'il s'est passé en Mésopotamie et en particulier à Sumer, on a des traces indiquant qu'une civilisation ou des "dieux" nouveaux a inspiré les Sumériens, les Annunakis, et a assez probablement influencé l'humanité pour que soit créé un moyen d'échange facile à contrôler : l'argent, la monnaie, apparu comme par hasard juste en-dessous des ruines de Sumer... a l'inverse donc de cette civilisation d'Amérique Centrale qui connaissait le principe de la monnaie (les échanges avec d'autres civilisations sont prouvées et ils se faisaient à l'aide de bijoux ou de denrées et pierres rares) mais ne l'appliquait pas chez elle... d'après les gravures découvertes et leurs amis des étoiles, les mayas devaient être les guides de l'humanité pour des millénaires... mais une suite d'évènements inconnus fait que la civilisation maya disparue presque d'elle-même avant d'être achevée par les Espagnols... et l'arrivée de l'argent imposé de force très rapidement aux Incas et Mayas survivants... la victoire des Annunakis sur un autre peuple de l'espace ou d'une autre dimension (les deux théories se sont rejointes question possibilité scientifique à mon avis), celui qui aidait le mieux l'Humanité ?... quoiqu'il en soit, les amis des Mayas sont partis (en guerre contre les Annunakis, qui avaient déjà été chassés par Guilgamesh (le précédent "Jésus") 3000 ans plus tôt, et qui avaient alors pris la direction de l'Egypte ?) et ne sont jamais revenus, contrairement à leurs dires... La civilisation des mayas a survécu à ce départ (prévu et des robots/aliens sont peut-être restés sur place pour continuer à aider les mayas) mais elle s'est transformée en olligarchie aristocratique, privilégiant ceux qui étaient en rapport direct avec les frères de l'espace (devenant des "dieux" avec le temps et leur non-retour), créant des honneurs sanguins et des rois d'un côté, des prêtres de l'autre, issus de ceux qui étaient les étudiants des aliens, un peuple mi-soldat mi-paysan pour le reste. Néanmoins, l'idée générale enseignée par les aliens perdurera jusqu'au bout quant à l'organisation commune de la société maya : travailler en commun pour un objectif et des bénéfices communs, et non individuels (sauf pour l'Elite rendue individualiste, et c'est ce qui provoquera tôt ou tard l'écroulement de l'édifice). Autrement dit, la défection de cette société, si elle a un responsable, ne peut être dûe qu'à une rupture de ce contrat par une de ces élites, et non par le peuple dans lequelle cette idée de partage est demeurée. On peut imaginer qu'au 9ième siècle, les dernières machines servant au transport (je rappelle que les mayas connaissaient le principe de la roue, voir les jouets trouvés dans plusieurs tombes...) sont tombées en panne (ou que les derniers aliens sont partis ou sont morts) et que l'alimentation des cités en denrées ont chuté complètement... les stocks amassés éventuellement en prévision et en attendant le retour des alliés a été épuisé, le peuple a douté des "dieux", ils avaient perdu certaines connaissances avec le temps, etc...
Cette notion de circuits de distributions est très importante donc pour la survie d'une civilisation à long terme, en voici une preuve éclatante. On constate même qu'une économie utilisant un seul contrôle de tous les circuits de distribution a pu survivre des millénaires (et la civilisation des Incas est encore plus explicite on le verra, puisque encore plus centralisée que celle des Mayas), alors que l'ajout de plusieurs autres centres de décision (y inclus individuel probablement) à entraîné sa chute sur quelques centaines d' années... Je signale que notre propre civilisation a suivi le même processus de "libéralisation" des circuits de distributions, plus lentement, mais on peut considérer que l'avènement du capitalisme moderne, puis du libéralisme correspond au même type de choc négatif que celle qui a mené à sa fin celle des mayas : la perte de la maîtrise des circuits de distributions par un pouvoir (démocratique, olligarchique ou tyranique, peu importe) entraîne obligatoirement la perte du bénéfice commun du service rendu, ce bénéfice revient à celui qui maîtrise le ou les circuits en question... c'est la même chose d'ailleurs en ce qui concerne la maîtrise de la monnaie ou tout autre service... les Etats représentent les peuples, et bien, dites-vous bien que les français, comme la grande majorités des peuples de la planète, ont accepté depuis longtemps de ne plus gérer l'argent qui leur sert à vivre, mais ont délégué cette gestion à d'autres, dont ils n'ont pas le contrôle... quant aux circuits de distributions ? regardez l'Energie - primordiale pour le peuple français comme tous les autres, qui a déjà payé de ses impôts depuis des dizaines d'années la création de ces circuits (EDF-GDF, etc...), achats de terrains, recherches, etc pour posséder une sécurité et, en tant que propriétaire, voir logiquement les coûts et mêmes bénéfices tomber un jour... mais étrangement, ces circuits de distributions importants sont également revendus au privé (bientôt à la Chine ? - je plaisante à peine), il y a à peine quelques dizaines de mois... A méditer donc sur les réels objectifs de vos chers "dirigeants" quels qu'ils soient d'ailleurs...
A suivre pour l'Economie Inca dont nous connaissons mieux l'organisation.
Yves Herbo pour MPSA - 12-11-2014

08/11/2014
Un monde sans argent 3
Mausolée Olmèque
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Avant de nous pencher un peu plus sur les économies des dernières civilisations d'amérique latine et centrale, les plus connues, celles des Mayas et des Incas, qui sont peu différentes à leurs apogées respectives, nous allons tout de même tenter d'estimer la durée de cet interval durant lequel des communautés humaines se sont débrouillées autrement qu'avec de la monnaie fabriquée exprès pour. Je vais aussi continuer à chercher des traces d'artéfacts, notamment ceux qui auraient survécus aux Conquistadors et religieux espagnols qui ont fondu tout l'or et l'argent trouvé à l'époque (voir tous les métaux transportables en barres), et brûlés tous les aspects et objets ne correspondant pas à leur idée de ce que devait être le monde (et ne comprenaient pas) et ses habitants : de bons chrétiens (maléables si possible).
La toute première civilisation connue :
Difficile de répondre à cette question car plusieurs sociétés et civilisations réparties à des endroits très éloignés peuvent revendiquer la place. Le manque de données et de datation de beaucoup d'endroits et de pièces archéologiques amplifie peut-être le fait qu'il n'y a pas un mais plusieurs groupes, tribus ou peuples qui aient émergé ou débarqué (certains des plus anciens objets trouvés sont près des côtes) à peu près à la même époque.
L'amérique Centrale :
La présence de l'homme au Mexique est attestée il y a 30.000 ans grâce aux peintures rupestres trouvées ; ils vivent de cueillette et de chasse.
La culture la plus importante d’Amérique du Sud de cette époque est la culture Viscachani.
Les viscachanis ont vécus avec les grands animaux de cette époque comme le mastodonte (mammouth), le mégathérium (paresseux géant) et le smilodon (tigre aux dents de sabre) mais aussi des cerfs et des camélidés (guanacos et vigognes) qu'ils chassaient. Certains de ces animaux ont évolué mais la plupart n’ont pas survécus et ont disparus environ 10 000 ans avant notre ère.
La population, alors nomade fuyant les conditions climatiques du nord, arriva dans les Andes. Ces hommes s’installèrent définitivement dans cette zone développant une première culture de la période lithique. Les pointes en pierre sont de type feuille de laurier et sont travaillées par percussion. Elles servaient pour la chasse comme pointe de lances.
Par après ils développèrent l’art de la pêche et des embarcations en Totora. Ces pratiques se trouvent encore aujourd’hui sur le lac Titicaca et sur les côtes du Pacifique. On pense que les Urus sont des descendants des Viscachanis car c’est un peuple lacustre, dépendant de la pêche et d’autres ressources produites par le lac comme la Totora...
Vers 7.500 av JC, un bouleversement climatique transforme les grands espaces de prairies en désert inculte et oblige ces nomades à se déplacer au sud vers les endroits plus humides. Vers 4.000 av JC, un événement capital se produit qui va entraîner la sédentarisation des populations : l’acclimatation du maïs.
Le plus ancien objet de pierre taillé a été découvert près de la ville de Durango, au nord-ouest du Mexique, et peut être daté sans trop de doutes de 10 000 avant J. C.
Le plus ancien maïs découvert provient d'un lieu nommé Bat Cave, au sud du Mexique (2 500 av. J.C.)
Durant l'ère suivante (1 500 av. J.C. - 800 av. J.C.), les habitants de l' Amérique Centrale sont des agriculteurs tirant des ressources d'appoint de la chasse et de la pêche, honorant leurs dieux sans construire de temples, enterrant leurs morts le plus souvent sous les maisons. A partir de 800 av. J.C. , le site le plus représentatif est Tlalico qui reçoit l'influence des Olmèques (dont on ne connaît pas le vrai nom) dont la civilisation, plus brillante, coexiste avec celles des paysans. Les temples ne sont plus de simples cabanes mais des constructions de pierre. Cette civilisation de Tlalico se poursuit jusqu'en 300 av. J.C. alors que les Olmèques disparaissent.
Vers -2400 ans Av J.C., les manifestations d’une nouvelle culture apparaissent le long des côtes du golfe du Mexique, dans l’actuel État de Veracruz, pour s’épanouir vers l’an -1200. Une culture qui adorait le Jaguar, symbole solaire, et qui deviendra plus tard la fameuse civilisation fondatrice des Olmèques qui atteindra son apogée vers -1000 av J.C.. La période Pré-Classique commencera alors et l’on peut dire qu’il s’agit d’une véritable révolution. Les Olmèques nous ont laissé ces fameuse têtes sculptés, énormes et aux traits que l’on a longtemps cru négroïdes (les analyses des squelettes trouvés prouvent que ces peuples avaient un faciès assez épais (héritage africain lointain d'un peuple peu "mélangé" - mais assez semblables finalement aux sumos japonais par exemple - ?) mais étaient de même teinte corporelle que les autres indiens d'Amériques (même si leurs tatouages et peintures les recouvraient probablement). La pierre volcanique dont elles sont faites provient d’une carrière située à plus de 100 km de l’endroit où on les a trouvé, sur les sites religieux de La Venta ou de Tres Zapotes, dans l’état de Veracruz.
Le site de La Venta , fondé entre 1200 et 600 avant notre ère, fut un lieux de culte et de pèlerinage très actif mais ce n’était pas une véritable ville. Les habitations "en dur" étaient quasiment absentes et même si les archéologues ont pu mettre à jour les traces d’une pyramide d’une taille déjà respectable pour l’époque, il semble que rien ne subsiste de cette cité qui devait être construite en matériaux périssables. Les archéologues américains qui explorèrent le site dans les années 30 ont cependant retrouvés des vestiges et des fondations de bâtiments de grande taille. Il semble que vivaient là une caste religieuse, un clergé ayant réussit à étendre son pouvoir sur les communautés paysannes des alentours et qui pouvait en retour les entretenir.
Cela, semble-t-il, sans violence mais plus dans un mouvement religieux de participation volontaire aux mystères et aux secrets que connaissaient ces prêtres. Cette forte influence se répandit dans les populations semi-nomades plus lointaines qui peuplaient cette région tropicale relativement austère. N’oublions pas que tous les peuples amérindiens qui viendront par la suite seront des croyants fervents et des pratiquants disciplinés, et que les Olmèques ont probablement été les premiers à connaître un pouvoir théocratique. Mais précisons les choses. En fait, ils ont dû être les premiers à s’intéresser à l’astronomie, comme le laisse supposer certaines stèles gravées que l’on a retrouvé et qui portaient les signes d’un "comput" , d’un décompte des événements naturels et célestes. Un calendrier en somme qui devaient sûrement être ce savoir sacré qu’ils répandait auprès des agriculteurs et qui devait, peut-être, déjà régler le rythme des récoltes. Une telle science ne devait pas manquer de procurer un grand pouvoir à ces premiers prêtres sur des populations qui vivaient de manière assez précaire : "Ils pouvaient enfin dompter le temps...".
Il suffit de regarder les 10 figurines (Les figurines de "La Venta" ) ci-dessus, restaurées et remises dans leur position originales pour se convaincre de qu’il s’agit d’une scène de culte : est-ce des hommes, est-ce des Dieux ? On ne le sait pas mais cette mise en scène d’un rituel oublié, et figé pour l’éternité à travers ces statues si étranges, reste le seul cas connu de ce type de pratique en Amérique centrale, où il est très rare de retrouver des ensembles d’offrandes mortuaires si importants. Il est à noter aussi que l’un des personnages est fait d’une pierre différente des autres ce qui suggère qu’il serait comme un initié entouré de ses maîtres (ou l'inverse, un Maître entouré). On remarque aussi leurs crânes allongés (héritage génétique ou déformation volontaire ?), signe distinctif que l’on retrouvera constamment ensuite jusqu’à la civilisation des Mayas qui réserverons cette pratique aux seuls nobles (là, on sait que cette déformation était volontairement pratiqué sur les enfants en bas âge), mais aussi les civilisations du Pérou par exemple...
Yves Herbo : Cela ne vous rappelle-t-il pas du déjà-vu, du déjà-lu plutôt ? L'apparition de prêtres possédant une culture (astronomique, écrite, mesurée, métallurgique, architecte, chimique, médicinale, etc...) usant de ces connaissances comme pouvoir... Cela NE PEUT être le fruit du hasard si nous retrouvons les mêmes débuts de civilisations grâce à un petit groupe possédant déjà toutes ces connaissances... Mésopotamie, Egypte, Indus, Celtes, ancêtres des Mexicains etc... Une grosse différence cependant en ce qui concerne les Amériques : la non-introduction de l'argent comme moyen d'échanges, la connaissance de la roue mais sa non-utilisation (apparente ?) fonctionnelle. Et d'autres différences comportementales et artistiques pour la plupart par rapport au reste du monde. Plusieurs possibilités à ces différences, la plus simpliste (et rarement vérifiée) est que ces prêtres n'ont pas réussi à tirer tout les bénéfices de leurs savoirs (les prédécesseurs des Sumériens, eux, l'ont réussi donc), ont inventé la roue mais sans réussir à fabriquer les essieux nécessaires assez solides pour des charges importantes (théorie oficielle actuelle) : on n'a trouvé (comme aux débuts de l'Egypte antique) que des "jouets" ou "objets religieux" équipés de roues dans des tombes anciennes. Idem pour l'argent, le système d'écriture inventé serait trop différent (du cunéiforme) pour avoir l'idée d'inventer la monnaie d'échanges... et pourtant on a trouvé un système de comptage très efficace dans toutes ces cultures pré-colombiennes... Une autre possibilité est que ces "prêtres" ou "éducateurs" n'aient pas eu le temps de terminer leur labeur de longue haleine : plusieurs cataclysmes importants ont été recensés dans ces régions assez instables du côté tectonique et climatique... d'ailleurs, si on y regarde de plus près, tout cet apport de nouvelles connaissances ne précèdent-elles pas, par la suite, de forts cataclysmes bouleversant l'environnement des humains ? Ces nouvelles connaissances acquises ne permettent-elles pas aux survivants de mieux repartir, plus rapidement, au lieu de ressombrer dans la préhistoire la plus sombre ? (ce qui s'est d'ailleurs probablement produit auparavant, en des temps beaucoup plus reculés...). Et peut-être d'être en mesure un jour d'éviter ou de se protéger de ces cataclysmes naturels... Il pourrait donc s'agir d'une aide dans le Temps au niveau de la race humaine, afin qu'elle puisse par elle-même se protéger un jour, au fur et à mesure de ses renouvellements naturels assistés par des connaissances (de base mais toujours en avance par rapport où la société humaine se place lors de leurs interventions). On peut aussi penser à une autre expérience locale de la part de ces "prêtres" (qui proviennent peut-être de Sumer d'ailleurs, qui est plus ancien) : l'emploi de techniques un peu plus élaborées permettant localement de se passer de certains outils (la lévitation est mentionnée dans les anciennes légendes amérindiennes), mais la technologie est plus probable : ces solides routes pavées partout sur le continent n'ont pas été faites que pour les sandales des voyageurs... certains font remarquer que si véhicules il y avaient, ceux-ci étaient en bois, et on sait ce que les Espagnols ont fait dès leur arrivée : de grands feux de joie avec les objets sataniques, idoles et meubles et ustenciles qu'ils ne comprenaient pas... quoiqu'il en soit, il semble que ces "prêtres" ou "dieux" soient repartis brusquement d'après les légendes, en promettant de revenir un jour... Tous les grands glyphes seulement visibles du ciel auraient été faits par les survivants de ces catastrophes, pour indiquer le chemin aux "Dieux" quand ils reviendront... cette expérience de longue durée sans argent dans un peuple évolué (de - 2.500 ans à + 1500 ans environ !) semble avortée également, même si certains peuvent considérer une bonne stabilité d'ensemble sur la durée : le système a très peu évolué après le départ de ces "initiateurs", ne s'est pas développé en système collectif (comme cela était apparemment l'objectif initial : les indiens de l'époque ne pratiquaient pas de religion dans des temples mais en commun en plein air, partageaient tous leurs biens et connaissances, explorations en commun. Les objectifs étaient communs et, à l'aide des nouvelles connaissances et des technologies provisoirement présentes, d'énormes pierres ont servies de bases à beaucoup de très anciens temples. Mais étaient-ce des temples à l'origine (pourquoi les indiens ont-ils si vite changé d'avis ?) ou des aires de décollages pour un départ prévu ? Ne peut-on considérer le fait que ce soit le départ de ces Educateurs qui ait déclanché l'utilisation de ces structures comme des Temples (par la suite, toutes les autres pyramides ou Temples ont été construits avec des pierres plus petites : c'est là que les hommes se sont retrouvés à être esclaves d'autres homme ayant accaparé le départ des Dieux... créant une société communautaire bien nourrie au service d'une famille royale et de prêtres).
Continuons : A cette époque, la population vivant sur la côte est du Mexique ne pouvait pas être très nombreuse et, pourtant, il a bien fallu de nombreux bras pour transporter ces fameuses pierres volcaniques avec lesquelles les artistes olmèques ont sculptés ces statues colossales que l’on a retrouvé un peu partout dans la forêt profonde : pensez qu’elles pèsent en moyenne 10 tonnes, la plus grosse 30, et qu’elles proviennent d’un gisement volcanique situé avec certitude à 130 km de là ! Outre cet exploit, ils ont été les premiers à avoir sculpté le jade, représentant souvent leur dieu fétiche : l’enfant-jaguar. Ils élaborèrent par la suite un calendrier complexe et une écriture qui seront repris par leurs successeurs Mayas et une grande partie des peuples méso-américains. Ils sont, si l’on peut dire, les véritables ancêtres des mexicains.
Organisée en chefferies très hiérarchisées, la société olmèque évoluera vers la stratification en classes et la spécialisation professionnelle. L'économie sera basée sur l'intensification de la production, le stockage, l'innovation des moyens de production et la spécialisation des tâches. Les villages, rattachés à des centres cérémoniels, donneront naissance à des zones à forte concentration de population. La domestication des animaux (chiens et dindons) semble faire son apparition très tôt. Les Olmèques entreprendront les premiers travaux de systèmes de contrôle hydraulique de la Méso-Amérique préhispanique. Ils construiront des réseaux de canalisations souterrains, notamment à San Lorenzo et à La Venta.
Les édifices des centres cérémoniels olmèques, orientés en fonction des points cardinaux, respecteront des plans et des axes précis.
La culture olmèque disparaîtra définitivement vers le Vème siècle avant J.-C. avec la destruction de la cité de La Venta sous l’action d’un grand cataclysme dont on ne connaît pas l’origine (un tremblement de terre ?). Aujourd’hui encore, les Olmèques conservent une bonne part de leurs mystères et il n’est pas sûr que l’on en sache beaucoup plus car si La Venta fut découverte, ce fut par des géologues qui ne cherchaient pas la gloire mais simplement des gisements de pétrole. J’imagine leur surprise en découvrant ces têtes monstrueuses à demi enfouies sous la végétation. Victimes d’une exploitation intensives, les champs pétrolifères cernent désormais ces sites fondateurs de la culture mexicaine.
Les Zapotèques
La civilisation zapotèque s’est développée dans la région agricole fertile de la vallée d’Oaxaca dès 2000 av JC.
Vers 1400 av JC, les Zapotèques sont parmi les premiers à bâtir des édifices rituels recouverts de stuc. Entre 700 et 500 av JC, ils élaborent une première forme d’écriture pictographique. Vers 500 av JC, ils instituent une première forme d’État centralisé sur la majeure partie de la vallée d’Oaxaca. La capitale s’établit à Monte Albán qui devient entre 300 et 700 ap JC l’une des plus puissantes cités d’Amérique centrale. A son apogée, elle établit des liens avec Téotihuacan.
Après avoir été la capitale des Zapotèques pendant près de 1200 ans, Monte Albán est abandonnée lors des bouleversements sociaux et politiques qui marquent le début de la période postclassique (de 700 à 1521).
Née il y a plus de 6.000 ans, la langue zapotèque est aujourd’hui l’une des langues indiennes les plus parlées au Mexique.
Teotihuacan
Sur les hautes terres du Centre, la cité de Teotihuacan fut occupée dès le IIIe siècle av JC. On ne sait toujours rien de l’origine des hommes qui la peuplèrent, ni de leur disparition.
A partir du IVe siècle ap. JC, Teotihuacan contrôle les deux tiers des régions méridionales du Mexique et étend son influence sur le Guatemala et le Belize et jusqu’au Honduras et au Salvador.
L’apogée de la culture teotihuacanne (IVe au VIIe siècle) coïncide avec la période de splendeur de la civilisation maya, mais également avec l’essor de la civilisation Zapotèque.
La cité de Teotihuacan est détruite par des tribus barbares venues du Nord vers 650 ap JC et avec elle la civilisation du même nom.
Les Mixtèques, installés dans les régions d'Oaxaca, de Puebla, et partie de Guerrero, constitueront l'une des plus importantes communautés mexicaines précolombiennes.
Leurs origines restent mystérieuses. Leur codex, qui constitue la plus grande collection de manuscrits précolombiens connus à ce jour, constitue une biographie de souverains et d'aristocrates depuis 692.
Les Mixtèques, probablement influencés par les Olmèques, semblent avoir été les porteurs de la culture avancée de montagne.
Les Toltèques
Les ruines de la cité de Tula se situent à 80 km au nord de Mexico. Aux alentours de l’an 1000, Tula était la capitale mythique des Toltèques, un peuple de guerriers venus du nord et dont nous ne connaissons guère les origines, pour conquérir de nouvelles terres et qui fonda là sa capitale, sous le règne de leur chef dénommé Mixcoátl. Ces envahisseurs dont l’origine est certainement Chichimèque (terme qui désigne un ensemble assez large de groupes nomades plutôt qu’une tribu ou une ethnie précise). Ce sont donc les descendants de ces barbares qui accoucheront pourtant d’une culture à la vie et aux amours raffinés d’après les légendes et vestiges qu’ils nous ont laissés comme à Tula.
Ils passent pour avoir inventé la peinture et l’art de la fresque, la sculpture, la poésie et donc d’avoir été les premiers à avoir su maîtriser l’écriture. Il faut bien sûr modérer la vision d’une culture naissante, venue de nulle part, et déjà maîtresse d’elle-même. Les archéologues ont montré que la réalité était bien plus complexe et que, de tout temps, les différentes cultures de l’Amérique centrale se sont rencontrées, combattues, associées, mélangées (alors qu'elles provenaient toutes d'un même peuple provenant d'Asie à l'origine)... Toutes ces cultures n’ont d’ailleurs pas toujours laissé de traces. Le régime politique était féodal et les conflits fréquents. Lorsque les Toltèques arrivèrent à Teotihuacán, suite à leur migration, et pour nous vers l’an 1000, la cité était déjà abandonnée depuis près de trois siècles... On ne sait quelle guerre ou cataclysme a pu vider l’endroit de tous ses habitants. On a retrouvé récemment les traces d’un grand incendie dans la cité. Les Toltèques ont investi une ville fantôme et très vite lui ont redonné vie. Ils reconstituèrent en partie l’héritage de ces ancêtres prestigieux dont ils ne savaient presque rien. Ils fondèrent leur nouvelle capitale, Tula, 50 Km plus au nord-ouest, et, en deux siècles, bâtirent un empire puissant s’étendant sur tout le centre du Mexique.
L’histoire se répète. Plus tard, les Aztèques imiteront leur culture. Leur religion aussi. C’est d’eux qu’ils tiennent la croyance en "Quetzalcoátl" . Ce Dieu qui traverse toute la mythologie précolombienne et qui semble avoir vraiment existé : on pense qu’il s’agit du fils de Mixcoátl qui, devenu le maître spirituel des Toltèques, repris le nom de ce dieu déjà vénéré depuis des siècles mais sans importance particulière et qui par sa propre histoire, funeste d’ailleurs, fit renaître la légende du "Serpent à Plume" en créant involontairement la confusion dans l’esprit de ses contemporains. Renversé par ses ennemis qui adoraient des dieux sanguinaires, il dû s’exiler et se retrouva finalement dans le Yucatán où il fut accueilli puis vénéré, là aussi, par les Mayas... On peut le considérer comme une sorte de Bouddha ou de Jésus Christ qui réussit à focaliser sur lui toutes le respect et toutes les craintes de ses contemporains. Un mythe : il eut plusieurs vies... Et il a déjà détruit quatre fois ce monde ! Et la cinquième est proche... La comète de 1519 annonçait-elle son retour ? On le vénère surtout pour le don qu’il fit aux hommes de l’âme et de la morale.
Les Atlantes de Tula sont quatre géants de pierre alignés côte à côte. On les trouve sur la terrasse d’une pyramide basse à quatre degrés, un "Teocalli" , auquel on accède par un escalier monumental. Ils mesurent tous cinq mètres de haut et ce sont probablement les guerriers mythiques d’ "Aztlán" , la Cité-Mère, dont on a pu croire un temps qu’elle faisait référence à la fameuse Atlantide. La similitude des deux mots paraît troublante. Le site de Tula est étonnant de beauté d’autant plus qu’il est assez rare de trouver des représentations humaines d’une telle importance. Les statues, qui n’étaient en fait que des piliers, supportaient les superstructures d’un temple immense entouré d’une ville dont il ne reste plus rien. On imagine à peine la richesse des autres oeuvres qui devaient s’y trouver.
Comme Teotihuacán , la cité domina toute la vallée de Mexico et comme Teotihuacán, la cité fut envahie et détruite au XIIème siècle, par des barbares venus du Nord. On sait aujourd’hui que la ville fut brûlée et abandonnée.
Les Aztèques
Le 18 juillet 1325, la tribu nahua des Aztecas (ou Mexicas) venue du nord du Mexique (région du lac d’Aztlan) s’installe dans la vallée d’Anahuac et édifie une cité au milieu du lac Texcoco : Tenochtitlán . La légende veut que le dieu Huitzilopochtli ait désigné cet endroit : un rocher portant un cactus où se tenait perché un aigle.
Après avoir vaincu les Tépanèques, les Aztèques étendent leur empire depuis les steppes désertiques du nord jusqu’aux limites du pays maya au sud et depuis les côtes du golfe jusqu’à celles du Pacifique.
Tous les monuments de la capitale de l’empire aztèque Tenochtitlan (l’actuelle Mexico) ont été détruits en 1521 lors du siège de la ville. Nous ne les connaissons que par les descriptions et les dessins de l’époque que sont venues corroborer les fouilles archéologiques du Grand Temple. Hors de la cité ravagée, certains édifices construits par les Aztèques ont subsisté, comme les temples de Teopanzolco dans le Morelos actuel, de Huatusco et de Teayo (Veracruz). La pyramide de Tenayuca, non loin de Mexico, bien que bâtie à l’origine par d’autres peuples, a été complétée par les Aztèques.
les Aztèques , qui se prétendaient les fiers descendants des Toltèques, auront oublié qu’ils avaient d’abord été battus et soumis par ces mêmes Toltèques. Ils leurs doivent presque tous les raffinements de leur culture, système politique et religieux compris, et ils ont su perpétuer à leur manière leur art et leur architecture, à tel point que le mot "toltèque" sera le nom qu’ils utiliseront communément pour désigner "un artiste" . Etrange culture, étranges barbares ; capables de commettre les pires sacrifices humains pour des dieux cruels mais pour qui, dans le même temps, ils écrivaient les plus beaux poèmes des civilisations précolombiennes...
La société aztèque est très hiérarchisée. A sa tête se trouve l’Empereur ( tlatoani ) : il dirige tout et exprime la volonté des dieux ; c’est un personnage quasi-divin entouré d’une fascination religieuse. La succession sur le trône est héréditaire.
Le haut de la société est constitué par les pilli : ce sont des nobles de naissance appartenant à la lignée royale.
Les prêtres sont responsables des rituels religieux, de l’écriture, de la médecine et de l’astronomie.
Au-dessous se trouvent les macehualli , roturiers qui représentent la majeure partie de la population. Ils sont divisés en de nombreuses catégories sociales selon leur richesse ou leurs fonctions officielles, et peuvent, à la suite d’un haut fait, être élevés au rang de noble et en avoir tous les avantages.
A la base de la pyramide sociale se trouvent les mayeques : ce sont les paysans rattachés à un seigneur et à son domaine (serfs).
La vie quotidienne des Aztèques
Elle se déroule au milieu du grand lac Texcoco qui leur apporte une source importante de leur alimentation grâce à la pêche. Ils vivent également de la culture qu’ils pratiquent sur des chinampas , des jardins flottants formés de paniers remplis de feuilles, de terre et de cendres, et dans lesquels poussent du maïs, des légumes divers (haricots, courges, citrouilles, tomates, pommes de terre), des condiments (oignons, piments), ainsi que les cacahuètes (tlacacahuatl) et la vanille. Le lac fournit de l’eau douce et de l’eau salée, et permet d’irriguer les cultures grâce à des canaux d’irrigation.
Les hommes portent un pagne et des sandales ; ils ont les oreilles percées, les cheveux coupés courts et ne portent pas de toque, contrairement aux nobles. Les femmes marchent nu-pieds, et sont vêtues d’une jupe ample et d’une sorte de poncho dont la base est ornée de motifs décoratifs ; elles portent une coiffe imitant des tresses.
Quetzalcoatl ("le serpent à plumes") est le dieu de l’air et du commerce. ll est représenté avec un épis de maïs (la terre), un poisson (l’eau), un lézard (le feu) et un vautour (l’air). C’est le seul dieu Aztèque (hérité) qui ne demandait pas de sacrifice humain...
Pour écrire, les Aztèques se servent de glyphes ; ils n’arriveront que très tard à une forme d’écriture primitive. Pour ce qui est des chiffres, ils n’en connaissaient pas l’usage et représentaient leurs caractères numériques par des figures symboliques.
La plupart des codex réalisés avant la conquête espagnole ont été détruits, mais les Espagnols en firent exécuter un grand nombre par les scribes aztèques à leur arrivée au Mexique, à l’instar du codex Mendoza qui décrit en trois parties : la vie des Aztèques, l’histoire des seigneurs de Tenochtitlán et une liste des impôts payés par les villes à l’empereur Moctezuma. (Yves Herbo : Tout à fait exact, l'histoire entière des Aztèques a été réécrite à la demande du pape de l'époque et de la Reine d'Espagne, afin de ne pas contrarier les écrits chrétiens de n'importe quelle façon que ce soit, et aussi politiquement de prouver (les impôts) la cupidité de l'empereur au lieu de sa "divinité" - même si la liste est probablement vraie, sans pouvoir le prouver puisqu'écrite sous la contrainte. C'est tellement évident que les Aztèques vaincus (et constatant leur erreur quant au retour des Dieux) se sont révoltés et ont luttés des générations durant... leur propre histoire a été détournée et modifiée sous leurs yeux, sans qu'ils ne puissent rien y faire. L'Empire Aztèque a été éradiqué et son peuple a été l'un des plus massacré par les espagnols.
Les Mayas
En traversant les contrées d’Amérique centrale, les conquistadores espagnols sont passés à proximité des plus grands centres mayas sans en soupçonner l’existence. L’Empire aztèque était alors à son apogée, et la civilisation maya en pleine décadence, ses grandes citées ayant été abandonnées cinq siècles auparavant.
Reconstituer l’histoire des Mayas est une quête difficile, car les manuscrits hiéroglyphiques ont quasiment tous été détruits par les prêtres espagnols au XVIe siècle. Seuls quatre codex ont traversé les âges. L’étude de la civilisation maya a pu se faire grâce aux fouilles d’une centaine de sites archéologiques dégagés de la végétation tropicale et par l’observation ethnologique des populations actuelles telles que les Lacandons qui ont su préserver d’anciennes coutumes.
L’histoire de la civilisation maya est classiquement découpée en trois grandes périodes :
- Préclassique de - 600 AV J.C. à +300 : la formation (Kaminaljuyù, Uaxactùn, Izapa, ...),
- Classique de 300 à 900 : l’apogée (Copán, Tikal, Palenque, Uxmal, Bonampak, ...),
- Postclassique de 900 à 1500 : le déclin (Chichen Itza, Tulum, Mayapán, ...).
Les premiers peuplements mayas connus se situent dans l’actuel Belize vers 1000 av JC. Entre 600 et 500 av JC, ils s’installent dans une région comprise entre le Mexique et le Guatemala. C’est là, dans cette région à la végétation dévorante, où tout semblait hostile à l’homme que vont surgir les plus belles cités : Tikal et Palenque qui connaissent leur apogée entre 300 et 900.
Mais ce défi à la nature devait avoir une fin au IXe siècle lorsque les grand centres sont abandonnés pour le Yucatan et les cités de Chichen Itza et Uxmal. Plusieurs causes ont été évoquées pour expliquer cette migration : changement climatique, guerres intestines, épuisement du sol, lassitude des paysans à lutter contre l’emprise de la forêt. A la fin du Xe siècle, les vestiges de la civilisation maya sont largement fécondés par l’apport culturel des Toltèques récemment arrivés.
Vers la fin du XIIe siècle, des querelles intestines entraînent la décadence de Chichen Itza. La dernière cité maya indépendante tombera aux mains des espagnols en 1697.
Les mayas empruntèrent aux Olmèques le calendrier long, l’écriture avec des glyphes et les principes de base de leur religion. Ils furent également influencés par Teotihuacan qui contrôla les hautes terres du Mexique du Ier au VIIe siècles.
Après un âge d’or de près de cinq siècles (300 à 900), la civilisation maya déclina avant d’être fécondée par l’arrivée les Toltèques, chassés de Tula vers la fin du Xe siècle.
Organisation sociale et politique des Mayas
Pas de pouvoir politique centralisé chez les mayas, ils étaient organisés en états-cités autonomes collaborant souvent, s’entre-combattant parfois. Au centre de la cité, les temples, monastères, observatoires astronomiques et palais sont organisés autour de vastes places. Les habitations individuelles sont éparpillées dans les faubourgs. Les plus grandes villes regroupent 200.000 à 300.000 personnes.
L’organisation politique est de type " monarchie héréditaire " : la cité est gouvernée par le halac vinic qui dispose des pouvoirs religieux, militaires et civils. Il choisit, au sein d’une classe aristocratique héréditaire, les batabs (chefs locaux, responsables de bourgs ou de villages) chargés de percevoir les redevances et de veiller à l’exécution des ordres (prescriptions d’écobuage, par exemple). Les batabs et leurs proches forment la couche supérieure de la société : la noblesse.
Le clergé constitue également une classe nombreuse. Les prêtres ( Ah Kin ) se succèdent de père en fils. Leur responsabilité couvre de nombreux domaines : écriture, chronologie, almanach sacré, médecine, organisation des cérémonies, éducation des futurs prêtres, ... La classe des prêtres et des nobles est chargé de pourvoir à la nourriture quotidienne des divinités soit par l’autosacrifice, soit par la fourniture de victimes humaines, essentiellement des prisonniers de guerre. La guerre possède donc une fonction sociale précise : l’approvisionnement en victimes pour les sacrifices.
En bas de l’échelle, le peuple est chargé de pourvoir aux besoins des classes non productives : alimentation, habillement, main d’oeuvre pour les travaux publics. Pour celà, ils ne disposent que d’outils en pierre ou en bois ; ils ne connaissent ni le métal, ni la traction animale, ni la roue (qui a pourtant été retrouvée sous forme miniature dans des tombes).
Les esclaves (délinquants de droit commun, prisonniers) constituent une classe à part. C’est souvent parmi eux qu’on cherche les victimes sacrificielles.
Le maïs, source de vie
Le maïs était cultivé selon le système du milpa (écobuage) : en avril, la végétation desséchée est brûlée ; en mai, avec l’arrivée des pluies, les paysans divisent leur champ en quatre parcelles et y répartissent les graines de maïs pour obtenir quatre récoltes en août, octobre, décembre et mars.
Quinze hectares et une cinquantaine de jours de travail sont nécessaires au paysan maya pour nourrir sa famille (10 personnes) pendant un an ; le reste du temps est consacré à entretenir les prêtres et les guerriers déchargés de travaux manuels.
Les Mayas tiraient le plus gros de leur subsistance d'une agriculture sur brûlis : on brûle les broussailles - la cendre constitue un excellent engrais - avant d'ensemencer au moyen d'un bâton pointu. La découverte de Cerén, un petit village maya enseveli par une éruption volcanique au VIe siècle, a permis aux archéologues d'observer in situ comment les Mayas de l'Époque classique cultivaient sur une même parcelle maïs, haricots et courges. Les grands arbres étaient laissés en place et contribuaient à la régénération de la parcelle. Après une ou plusieurs années, les éléments nutritifs contenus dans la cendre étant épuisés, il fallait laisser la parcelle en jachère pendant une période qui variait selon la qualité du sol : jusqu'à vingt ans dans le nord du Yucatán.
Les différents peuples mayas entretenaient de nombreuses relations commerciales avec des cités lointaines. Les fèves de cacao et les clochettes en cuivre servaient de monnaie d’échange avec les cités étrangères ; le cuivre était aussi utilisé à des fins décoratives, comme l’or, l’argent, le jade, les coquillages et les plumes de quetzal.
Le Nord de la Colombie - Côte de la mer des Caraïbes
C'est à Puerto Hormiga, site au sud-ouest de Carthagène, sur la côte ouest de la mer des Caraïbes, que l'on a retrouvé l'une des plus anciennes céramiques d'Amérique.
Elle daterait de 3000 av. J.C. et est particulièrement primitive. A Barlovento, site au nord-ouest de Carthagène, on a retrouvé des vases sphériques décorés de motifs curvilinéaires incisés, typiques de la région, que l'on date de 1500 av. J.C.
Enfin, une population d'agriculteur cultivant le manioc auraient vécu dans cette région aux alentours de l'an 1000 av. J.C.
Le parc archéologique de San Agustín est un ensemble de monuments religieux et de sculptures mégalithiques au cœur des Andes, à San Agustín dans le département de Huila en Colombie. 300 sculptures monumentales réalistes ou abstraites parsèment ce parc, témoignant de l’art d’une civilisation inconnue qui atteignit son apogée durant les huit premiers siècles de notre ère.
Certains archéologues les datent du 11e siècle avant J. C. tandis que d'autres estiment qu'elles ont été érigées juste avant la conquête espagnole.
L'origine des sculpteurs demeure mystérieuse car la plus grande partie du site n'a toujours pas été fouillée et aucune trace d'écriture n'a été trouvée à ce jour. Plusieurs statues représentent des animaux tels que des gorilles ou des éléphants d'Afrique (!) tandis que d'autres portent des turbans 1. Les statues ont des hauteurs différentes, la plus grande faisant 23 m de haut. Elles ont été sculptées dans le tuf et l’andésite volcanique, très durs.
Le littoral Pacifique du Sud de la Colombie et du Nord de l'Equateur est essentiellement composé de mangroves, prolongées par de denses forêts tropicales entrecoupées de marécages dont les limites donnent naissance à la Cordillère des Andes.
Cette région connaîtra plusieurs cultures entre de VIIème siècle avant Jésus-Christ, jusqu'à l'apparition des premiers colons européens au XVIème siècle. La culture Tolita Tumaco, qui s'épanouira en 300 avant et 300 après Jésus-Christ, succédera aux premières occupations humaines. La culture Tumaco La Tolita tire son nom de deux îles, celle de Tumaco, port situé au Sud de la Colombie, et celle de La Tolita, dans l´estuaire du rio Santiago, sur la côte Nord de l´Equateur. La nécropole de La Tolita, réservée aux élites, sera le théâtre de rites funéraires importants. Des fouilles clandestines détruiront malheureusement une partie de ce site qui livrera des céramiques et la plus ancienne orfèvrerie des Andes du Nord.
Les études récentes infirmeront l'hypothèse de l'origine méso-américaine à la culture Tumaco La Tolita et lui attribueront des racines équatoriales. La première phase d´occupation, comprise entre 700 et 300 avant Jésus-Christ., se rattache à la fin de la Période Formative tardive (IIIème-IIème millénaire avant Jésus-Christ). Les habitants de l´île de La Tolita construiront des temples et des édifices cérémoniels sur de grands monticules artificiels (tolas). L'autosuffisance alimentaire, assurée par la création d'un réseau de canaux dans les basses-terres, permettra l'apparition de potiers et d'orfèvres. Les céramistes assureront une production abondante de récipients utilitaires et cérémoniels aussi que de figurines anthropomorphes, zoomorphes ou anthropo-zoomorphes. Une grande quantité d'offrandes funéraires, composées de bijoux et ornements en or, sera retrouvée dans les sépultures de la nécropole de La Tolita.
L'occupation Tumaco-La Tolita de l'île d'el Morro donnera naissance à un port qui assurera les échanges maritimes vers les terres du Nord et renforcera l'hégémonie dans la région littorale. La culture Tumaco La Tolita disparaîtra mystérieusement vers 300 après Jésus-Christ. La région sera alors peuplée de groupes indigènes.
La culture Quimbaya
Cette ethnie préhispanique vivra dans la moyenne vallée du Cauca, au centre de la Colombie, entre 400 et 1400 après Jésus-Christ environ. Le "Trésor des Quimbaya" sera découvert en 1891 à Filandia, dans la région centrale du fleuve Cauca. Il sera composé de 120 pièces en or de style parfois différent, découvertes dans deux tombes, peut être des sépultures multiples. On mettra ainsi à jour un grand nombre de poporos ainsi que des sacs pour emballer des feuilles de cocas et des spatules.
La plupart des objets Quimbaya proviendront ensuite de fouilles clandestines. Les nombreuses sépultures livreront de pièces d'orfèvrerie réalisées selon des techniques très sophistiquées, notamment celle de la fonte à la cire perdue avec noyau qui sera utilisée dans la fabrication des poporos (récipients creux).
La culture Tolima
Les sommets les plus élevés de Colombie sont situés dans la Cordillère centrale (pic volcanique du Nevado del Huila (5 750 m) et celui du Tolima (5215 m). Les côtes de la Colombie s'étendent sur 1 610 km le long de la mer des Caraïbes, et sur 1 290 km le long du Pacifique.
La quasi totalité des objets connus provient de fouilles clandestines. L'orfèvrerie Tolima se distingue surtout par ses pendentifs et figurines géométriques, anthropomorphes ou zoomorphes. Des artéfacts étranges ont été trouvés dans ces hautes montagnes, leurs explications sont surprenantes de la part des archéologues : voici ce qui a été identifié comme des poissons volants (à hautes altitudes ^^) ou dessins anthropomorphiques (représentant l'être humain) :

01/11/2014
Un monde sans argent 2
Toutes les théories, contes et philosphies sur la recherche de la société parfaite ont été et sont toujours discutées âprement et il faut bien se rendre compte, depuis ces quelques siècles d'écrits et d'idées saugrenues jusqu'à réalistes, que si aucune dans son ensemble n'a pu réellement trouver un consensus universel parmis nos philosophes, des parties d'entres elles, par ci par là, on bien été adaptées "naturellement" et paraissent évidentes de nos jours, alors qu'elles ne l'étaient pas du tout à l'époque. Les idées les meilleures sont aussi souvent les plus incomprises, surtout bien sûr si elles bousculent, même légèrement, des postulats solidement ancrés et appris de générations en générations... et non, malheureusement, tout l'héritage que transmet les parents aux enfants n'est pas "bénéfique" et "pour le bien de l'enfant", seule la partie amour et protection l'est à 100%, en quelque sorte. Le reste n'est souvent que transmissions d'erreurs de jugements, de postulats de l'époque concernées, peu souvent adaptés d'ailleurs et datant même parfois d'époques révolues... mais tenaces... et l'Education Nationale n'est pas en reste d'ailleurs dans la majorité des pays : les postulats et idées préconcues concernent toute personne et les instituteurs-professeurs n'en sont pas exclus...
Je ne pense pas utile de réétaler ici ces multiples débats et théories, déjà visibles et étudiables sur de nombreux sites internet (c'est l'un des avantages d'internet : une bibliothèque gratuite en permanence en quelque sorte), il suffit de faire des recherches sur Utopie, Utopies socialistes, même wikipedia a quelques bonnes sources : http://fr.wikipedia.org/wiki/Socialisme_utopique , le marxisme aussi bien sûr, plus réaliste et pragmatique dans son approche, et d'autres... mais je vais principalement me concentrer sur l'un des premiers dont l'esprit semble bien avoir été inspirée par une certaine conscience collective (précisément parce qu'il n'avait aucune source à se référer sur ce sujet précis), ce qui est à mon sens un signe particulier, une valeur particulière. Effectivement, Thomas More, en 1516, inventait le mot utopie... et en même temps décrivait une île ayant adopté un système proche de ce que nous avons appelé récemment (suite aux percées archéologiques et scripturales) le "socialisme inca"... alors même qu'il ne pouvait se douter de son existence passée. On peut dire aujourd'hui que More est à l'origine d'un vaste mouvement qui n'a pas fini de grandir, met très longtemps à faire son chemin, mais progresse au fil des décennies malgré tous les obstacles (y compris ceux des nouveaux "utopistes" d'ailleurs...).
L’île d’Utopie de Thomas More
Le mot "utopie" a été inventé en 1516 par l’anglais Thomas More. Il signifie, en grec "qui ne se trouve en aucun endroit". Ce diplomate humaniste, chancelier du royaume d’Angleterre, décrivit une île merveilleuse qu’il nomma Utopia et où règnait une société sans impôt, sans misère, sans vol.
"Avec « Utopia », le philosophe anglais conçoit en même temps un non-lieu et lieu de bonheur à l’abri de toute tyrannie. Un « Eloge de la sagesse » en écho à « L’Eloge de la folie » d’Erasme. Il pensait que la première qualité d’une société utopique était d’être une société de liberté. Il décrit ainsi sa société idéale : 100 000 habitants vivant sur une île. Les citoyens sont regroupés par familles. 50 familles forment un groupe qui élit son chef, le syphogrante. Les sygrophantes forment eux-mêmes un Conseil qui élit un prince sur une liste de quatres candidats.
Le prince est élu à vie mais on peut le démettre s’il devient tyran. Pour les guerres, l’île d’Utopia utilise des mercenaires : les Zapolètes. Ces soldats sont censés se faire massacrer avec leurs ennemis durant la bataille. Comme ça l’outil se détruit dès usage. Il n’y a pas de monnaie, chacun se sert au marché en fonction de ses besoins. Toutes les maisons sont pareilles. Il n’y a pas de serrure et tout le monde est obligé de déménager tous les dix ans pour ne pas s’enraciner. L’oisiveté est interdite. Pas de femmes au foyer, pas de prêtres, pas de nobles, pas de valets, pas de mendiants. Ce qui permet de reduire la journée de travail à 6h. Tout le monde doit accomplir un service agricole de deux ans. En cas d’adultère ou de tentative d’évasion d’utopia, le citoyen perd sa qualité d’homme libre et devient esclave. Il doit alors travailler beaucoup plus et obéir. En 1535, Thomas More est si sûr de lui qu’il se permet de critiquer dans un monde trop réel le divorce du roi d’Angleterre Henry VIII. Le monarque le fit aussitôt emprisonner et décapiter.
More, au fond, crée un genre nouveau sur un sujet connu depuis les Grecs, celui de la cité idéale. La question dès lors était de savoir comment réaliser sur terre une société égalitaire, juste et heureuse, fiction et politique formant une conjonction inédite. Le mot même Utopia est conçu par More lui-même à partir du grec : soit ou, préfixe privatif, et topos, lieu. Autrement dit : non-lieu, nulle part. D’ailleurs, le titre complet est-il à lire comme suit : « La nouvelle forme de communauté politique et la nouvelle île d’utopie ».
Mais attention ! Outopos, le non-lieu, peut se lire aussi bien eutopos, le lieu du bonheur. Paradoxe apparent puisque ce lieu de bonheur se réclamerait de nulle part, mais que ce nulle part n’en constituerait pas moins un topos. Est-ce bien clair ? Satire, humour, ironie relancent sans cesse la contradiction dans ce réquisitoire contre le mal. L’utopie, en effet, porte elle-même sa critique. Si l’île se nomme Utopie, le prince en est Adème (le prince sans peuple), la capitale Amaurote, la ville obscure, le fleuve An-hydre, sans eau, le narrateur Raphaël Hythloday, archange diseur de non-sens. Soit un monde à l’envers qui aurait pour dessein de nous faire croire que l’impossible, une société heureuse, a été réalisé ailleurs, dans une île.
« Utopia » se compose de deux livres. Le Livre I, qui est le second en fait, est un réquisitoire contre la société de l’époque et contre le mal. More imagine avoir rencontré à Anvers Raphaël Hythloday, un marin-philosophe portugais qui aurait suivi Amerigo Vespucci dans les trois derniers voyages de découverte. C’est le début d’un récit fantastique où le marin pose entre autres une question fondamentale sur la loi punissant les voleurs de la peine de mort. Elle est inique - et absurde - puisqu’elle punit de la même façon le voleur et le criminel ; elle est de surcroît inhumaine, puisqu’elle ne respecte pas la valeur de la vie ; et inutile en fin de compte puisqu’elle n’a pas réussi à diminuer le nombre des voleurs. C’est le fond même, en condensé, d’un discours beaucoup plus récent d’un certain Robert Badinter sur l’abolition de la peine de mort...
La pauvreté, d’autre part, aurait une cause clairement identifiée, la propriété privée, car le pouvoir est aux mains des économiquement forts qui oppriment les faibles. D’ailleurs, pour éviter les problèmes de propriété, on échangera les maisons tous les dix ans. Ce discours-là, comme on le sait, ne restera pas longtemps en déshérence... Puis vient le Livre II, écrit en Flandre, qui indique en somme comment peuvent être corrigées les mauvaises institutions de l’Europe. Les ressemblances de l’île avec l’Angleterre sont frappantes. Dieu serait exclu de la création de l’île, celle-ci procédant d’une décision humaine, celle du roi Utopus, qui fit creuser un isthme pour la séparer du continent. Passant de l’état de nature à celui de culture, l’île connaît un haut degré de civilisation et d’humanité qui, étant protégé du monde extérieur, ne peut être contaminé.
La cité est pensée comme un système établi dans la perspective du bien commun et dans le respect de l’individu. Fondées sur l’abolition de l’argent et de la propriété privée, elles garantissent l’efficacité de ce nouveau contrat social et la dignité humaine comme une citoyenneté, en évinçant toute forme de pouvoir personnel et, partant, toute espèce de tyrannie. Il suffirait certes que l’homme y mette un peu du sien. Car les institutions, lit-on par exemple dans le « Dictionnaire des Utopies », « sont déterminées par la volonté de tous. Les cités sont autonomes et gouvernent leurs propres affaires grâce à des magistrats élus à l’année, choisis parmi les Utopiens. »
La famille est la communauté de base. L’organisation de la vie collective planifie le nombre de personnes d’une famille, d’une phylarquie (groupe de trente familles), d’une Cité, mais n’impose pas un nombre limité d’enfants. L’individu solitaire ne jouit, lui, d’aucun statut privilégié. Afin que se maintienne l’équilibre nécessaire à la vie en Utopie, des mouvements sont prévus d’une cité à l’autre, mais aussi vers l’extérieur, pour y créer des colonies de peuplement ou, si l’on veut devenir Utopien. « La guerre, considérée comme une inutile boucherie, n’est admise que pour se défendre ou si les colonies refusent les nouvelles institutions. l’Utopie aspire fondamentalement à la paix. »
La vertu, prêchent encore les Utopiens, « c’est vivre selon la nature et Dieu nous a créés à cette fin ». L’Utopie n’est donc pas athée, au contraire : « s’il y a tolérance des pratiques religieuses les plus diverses, il y a cependant unité dans les principes fondamentaux de la croyance. » La spiritualité que More attribue aux Utopiens s’accorde sur l’existence d’un être suprême, créateur et protecteur du monde, qu’ils appellent Mythra. L’on voit avec clarté, en définitive, que les contours de l’Utopie se démarquent nettement de ceux du Léviathan de Thomas Hobbes (1651) où, si l’état de nature est celui de la guerre permanente (homo homini lupus), l’instinct de conservation (ou la crainte de la mort violente) conduit les hommes au pacte (ou contrat) social par lequel ils renoncent à leurs droits naturels et les transfèrent à la société, seul un pouvoir absolu - l’Etat Léviathan - pouvant en garantir l’exécution." par Zerfougnou
Bien évidemment, cette toute première utopie imaginée en cette fin de Moyen-Age n'est pas ce que nous aimerions appeler un idéal de société. Loin de là même, mais on y dénote certaines idée intéressantes, et surtout référence à un système qui a effectivement fonctionné pendant des siècles, et sur des distances considérables : celui de la civilisation Inca, qui est certainement l'un des plus aboutis des amériques précolombiennes (mais on remarquera que toutes les civilisations Mayas, Aztèques, etc, semblent avoir hérité plus ou moins de ce style de système sans argent, de là à imaginer une influence ancestrale commune d'un système de société très ancien, voir l'influence d'entités ou d'extra-terrestres, de dieux, comme certains le disent, il n'y a qu'un pas... inutile à franchir ici.
Dans notre troisième partie, nous décortiquerons les découvertes des spécialistes sur l'Empire Inca en matière économique et organisationnelle, (éventuellement quelques apports d'autres cultures proches), tout en maintenant notre relation avec l'île de More. La partie suivante consistera logiquement à démonter en quelque sorte les murs de cette île et de les remonter de la façon idéale, en fonction des réflexions et impératifs dictés par un objectif evident : un monde où chacun travaille effectivement avec ses talents et dons pour son épanouissement personnel et celui de la collectivité, sans argent, sans possibilité de vivre grâce au travail des autres mais par le don et l'utilisation de ses connaissances et possibilités propres envers les autres. Inutile de dire que le plus gros du travail, à mon avis, n'est pas économique mais d'ordre éducatif surtout... Ah, c'est ici le moment par contre de rétablir certaines contre-vérités historiques, voir des mensonges, perpétrés par certains théoriciens d'extrême-droite (surtout du FN récemment) : le libéralisme n'est pas une création "socialiste" et ne date pas de 15 ans du tout... c'est bien plus vieux et c'est bien une idée d'homme de droite dès la fin du 19ème siècle, et c'est bien un homme de droite (VGE dans les années 70 qui a permis le développement du libéralisme que l'on connaît actuellement... les socialistes n'ont par contre absolument rien fait pour l'empêcher, puisque n'importe comment ils sont pour que rien ne bouge non plus du point de vue économique : les socialistes adorent le capitalisme depuis longtemps maintenant...).
A lire : http://www.lemondepolitique.fr/cours/philosophie_politique/socialisme/socialisme_utopique.html
Part 1 : http://mpsa.e-monsite.com/blog/historique-manifeste/un-monde-sans-argent-1.html
Yves Herbo, MDPA - 01-11-2014 - part 2

26/10/2014
Un monde sans argent 1
Suite logique de la série (9 pages) : http://mpsa.e-monsite.com/blog/historique-manifeste/incursion-dans-un-domaine-trop-reserve-la-monnaie-part-9.html
Suite des pages Un Monde Sans Argent : Page-1.html , Page-2.html , Page-3.html , Page-4.html , Page-5.html
Cette série d'articles montrera l'essentiel des reflexions humaines sur ses systèmes économiques passés et présents, le constat évident d'une fracture entre les "réalités" commerciales qui exhibent les élites et "ceux qui ont réussi" grâce au système (quelle que soit la manière " d'y être arrivé " d'ailleurs, qui n'est pas toujours très reluisante), faisant croire à une possibilité générale d'une telle réussite pour chacun (ce qui détruirait ce système - si tout le monde "réussi" dans son talent et métier, ça devient la norme banale et il n'y a plus de raison d'admirer ou d'imiter "les meilleurs" puisqu'on ne distingue plus la différence en fait avec la moyenne...). C'est d'ailleurs un peu ce qu'il se passe actuellement (à mon avis) en ce qui concerne les arts en général, qui sont le plus touchés par ce système basé sur la consommation au détriment de la recherche et l'innovation : on surexploite ce qui existe déjà et a fonctionné en multipliant les dérivés d'un seul produit (une chanson par exemple) pendant des générations en investissant au minimum sur les créations et inconnus : on investit deux fois plus sur une vieille chanson à succès a remixer que sur une chanson inconnue : la simple notion d'argent évoque bien un risque au détriment de la culture. Ce n'est qu'un exemple bien sûr.
Ce système (comme d'ailleurs tous les systèmes d'organisations politiques et économiques connus à ce jour (monnaie d'échanges et trocs) - car on refuse d'admettre le précédent, totalement égalitaire et communautaire, sans argent ni troc) repose donc avant tout sur l'illusion donnée à la "masse populaire" qu'elle peut elle-même accéder à des conditions identiques qu'elles voient chez les riches nantis avec leurs anciens châteaux ou leurs modernes buildings, ou tout au moins s'en approcher afin de "grandir" en possessions matérielles et trouver le bonheur dans l'opulence... le système exploitant donc ceux qui "veulent y arriver" par ceux qui "y sont arrivés" ou ont hérité, gagné de x façons des moyens de le faire sans passer par la case "il faut ou je veux y arriver" car déjà fait (à la naissance ou après). On voit donc que ce système est déjà biaisé d'entrée par l'existence de la notion d'héritage de pouvoirs (financiers, de successions, de titres...) qui créée automatiquement une élite dont une grande partie dure longtemps dans l'histoire humaine - les gens ne pensent pas que des familles puissent concerver un pouvoir au-delà de quelques années, ils se trompent et n'ont aucune idée des réelles dynasties qui régissent le monde pendant des générations entières d'humains - et influent sur celle-ci pour leur seul intéret.
Tout en n'oubliant pas que ces quelques familles qui influent et dirigent même discrètement le monde par leur poids financier n'ont aucun intérêt à ce que quoi que ce soit change en ce qui concerne ce système, en faisant en sorte d'ailleurs qu'il devienne (ou donne l'illusion) totalement indispensable et compréhensible à la majorité. La création de la monnaie scripturale - monnaie virtuelle - dématérialisée et la "délégation" du pouvoir des Etats sur cette monnaie vers le privé a aidé et aide évidemment cette élite à maintenir sa mainmise sur le réel pouvoir grâce précisémment à la possession de ces grandes banques privées mondiales qui crééent l'argent pour les Etats !
Premier constat : si vous interrogez quelqu'un dans la rue sur les necessités réelles de l'argent, il vous regardera en général avec des yeux ronds et vous répondra invariablement : " Heu comment faire sans ? Tu veux pas retourner à l'antiquité et au troc quand même ? Comment s'échanger les marchandises ? Pourquoi le meunier amènerait sa farine au boulanger s'il ne veut pas de pain par exemple ?... etc ". On constate donc tout d'abord que la notion "d'échange" est immédiate et que la société, assez rapidement et dès l'antiquité, a "formaté" les mentalités et raisonnements humains dans ce sens (et à l'avantage des premières élites bien sûr). Si je fabrique, cultive ou créé quelque chose, je veux l'échanger contre quelque chose que je veux ou qui m'aidera à fabriquer, cultiver, créer... logique incontestable d'ailleurs, mais est-ce bien la seule logique possible ? Nous verrons que non et que, contrairement aux idées réçues et même à certains "postulats" bien établis (notamment sur l'impossibilité d'un système sans argent autrement que très localisé), un tel système peut exister mondialement (il est même seulement optimal qu'au niveau mondial, tout comme le capitalisme l'est et tout comme l'économie marxiste devait l'être pour exister réellement un jour, ce qui n'a jamais été le cas).
On peut tout de même aussi noter que, depuis les Anciens Grecs et leur invention de pratiquement tous les régimes de gouvernement, encore pratiqués et adaptés de nos jours, en partant de la démocratie (très peu de pays concernés à ce jour sur Terre par ce type d'organisation, (et c'est pourtant celui sur lequel il faut travailler le plus à priori), l'olligarchie (le régime le plus pratiqué à ce jour sur Terre, y compris par des dictatures déguisées ou non, la tyrannie (et monarchies diverses, régime également bien pratiqué dans plusieurs régions, sous couvert ou non d'olligarchie détournée, l'anarchie (non-régime ayant existé avant les mêmes anciens grecs d'après eux, mais "réactualisé" au 19ème siècle. On peut considérer le marxisme économique allié au régime communiste, historiquement, comme étant la principale avancée de l'humanité depuis 2000 ans en matière "d'idées" concrètes sur une nouvelle société ou un nouvel idéal de vie communautaire, depuis les anciens Grecs (qu'on aime ou non l'idée, il faudrait tout de même que l'humanité en prenne conscience quelque part). Génie de Marx (que le monde considérerait probablement à l'heure actuelle comme le Einstein de l'organisation sociétaire si ses idées avaient été dans le sens des banquiers) que Staline a bien sûr trahi tôt ou tard, puis ses successeurs. Tout comme d'ailleurs toutes les olligarchies - élections de dirigeants rarement issus du peuple ou souvent corrompus, ont également toutes mené tôt ou tard à la tyrannie... (attention, je ne suis pas marxiste, mais il faut quand même voir certaines bonnes idées quand elles existent et ne pas détourner les yeux sur de faux principes hérités et dépassés...).
Tout est une question d'organisation et une telle organisation peut parfaitement se passer des intermédiaires (les commerçants qui ne produisent rien et jouent sur les plus-values) mais aussi régler le problèmes des échanges entre producteurs-consommateurs (un producteur EST aussi un consommateur et inversement). Dans ce système, le meunier remet sa farine au transporteur de l'Etat qui la répartie dans les différentes boulangeries locales qui en ont fait la demande. Quand le meunier a besoin de grains, il en fait la demande à l'Etat qui a prévu l'organisation en conséquence, et en fonction de chaque métier. Le principe est de répondre à la demande en temps réel et de prévoir en amont les fluctuations des marchandises, etc... chose qui est déjà faite à l'heure actuelle, mais par une multiplicité de gérants privés. Le principe est donc bien que l'Etat se rende maître de toutes les chaînes de fabrications ET de distributions, mais se rendre aussi maître par la suite réellement de son propre territoire (l'idéal étant un Etat mondial pouvant répartir les ressources mondiales selon les besoins locaux, et fabriquer à la demande, et non "pour grossir et devenir plus fort que d'autres"), pour régler les problèmes de logements et égaliser vers le haut les conditions d'existence de chacun. Autrement dit, la priorité doit être donnée dès la naissance à la sécurité et à la possibilité de s'épanouir dans la société, en éliminant toute notion d'argent préalable à cette possibilité. Autrement dit, si la société (représenté par l'Etat souvent) veut qu'un citoyen participe à la collectivité et utilise ses capacités, il doit tout d'abord lui assurer un logement et la nourriture nécessaire à son maintient sur son territoire. C'est à mon avis un préalable a l'engagement d'un citoyen envers l'endroit où il est (la naissance n'est pas un acte volontaire de l'individu mais de ses parents - à priori et hors notions religieuses) mais il est vrai que la notion d'un seul Etat mondial arrangerait tout de même sérieusement les choses...
Comme on le verra aussi par la suite (et que j'ai déjà mentionné dans un autre article sur l'économie des civilisations d'Amérique centrale), cette notion d'impossibilité d'une société sans argent sur de grandes distances - dont on parle dans les vidéos ci-dessous aussi - a été battue en brêche par les études sur les économies mayas, incas, toltèques : ces civilisations se sont bien étendues sur des milliers de kilomètres, sur des territoires immenses, très longtemps et pendant de nombreuses générations, sans aucun argent, ni même troc à leur apogée. Oui, bien que les scientifiques soient en discorde là-dessus apparemment (certains ne veulent pas admettre que les systèmes de comptages trouvés ne concernent pas des listes de troc de marchandise, mais seulement des listes de "demandes" de marchandises servant à l'entreposage dans les magasins de l'Etat). A l'époque, les producteurs ne troquaient pas leurs marchandises : ils la déposaient ou la faisaient déposer (plusieurs métiers liés à la distribution) dans les magasins/entrepôts de la communauté désignée, récupérait sa propre liste de marchandises demandées au même endroit (ou ailleurs) et tout cela "gratuitement", sans autre démarche et travail à faire que de répondre aux demandes affichées et à faire les siennes. Certes, cette organisation était stabilisée par une organisation menée par une élite alliant religion et pouvoir armé, mais c'est indéniablement une organisation viable pour une organisation de style oligarchique (la majorité des pays actuels, à commencer par la France et les USA ne sont pas des démocraties (terme détourné depuis les "révolutions" du 18ème siècle) mais des oligarchies - il n'y a pas d'élections dans une vraie démocratie - le peuple contrôle tout), ou démocratique.
Nous allons commencer naturellement par les dernières idées sur la question , les SEL ou les partages de temps comme échanges de services, mais aussi bien sûr les grandes idées dites "utopistes" (que certains voudraient évidemment qu'elles le demeurent et ne font rien pour trouver d'autres solutions), avec quelques vidéos explicatives selon les groupes de reflexions qui les ont produites (et qui sont plus assimilables pour le commun des mortels que des centaines de textes existants) - cette" liste" de vidéos et de groupes de réflexions n'est pas exhaustive ni exclusive et d'autres groupes complètent certainement et évidemment ce panel, notamment les groupes de Mr Mondialisation, Objectif Terre, Les créatifs culturels, etc... :
un monde sans argent ? from Al Autre on Vimeo.
L'Argent Dette de Paul Grignon (Money as Debt FR) from Bankster on Vimeo.
Yves Herbo, MDPA - 26-10-2014 - part 1

Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie - Part 9
23/10/2014
Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie - Part 9
Part 1, Part 2, Part 3, Part 4, Part 5, Part 6, Part 7, Part 8
VI
Annexe : Quelques remarques pratiques
Le réseau bancaire
Sur le plan pratique, cette transformation de la monnaie ne soulève aucune difficulté, surtout à l’ère de l'informatique, logiciels de statistiques et de comptabilité étant maintenant d'usage courant.
Comme la monnaie scripturale l'est depuis longtemps, la nouvelle monnaie est créée par l'augmentation de l'avoir d'un compte, et, inversement, elle est annulée par la diminution de cet avoir. La nouveauté est que ces inscriptions, à quelque niveau que ce soit, ne peuvent être effectuées légalement que par des institutions publiques ayant pour seule fonction de tenir les comptes des individus et des entreprises. Cette monnaie n'étant qu'un pouvoir d'achat, et ne pouvant être placée ou créée afin de rapporter un intérêt, elle a une valeur nominale à sa création, elle n'est pas transférable d'un compte à un autre, elle reste sur le même compte jusqu'à son annulation. Les banques ne sont donc plus des intermédiaires de placement, elles n'ont plus le pouvoir de favoriser des clients en “multipliant le crédit“ contre remboursement avec prise d'intérêt à leur profit. En d'autres termes, elles ne gagnent pas d'argent en le manipulant : en gérant les comptes elles effectuent un service public, comme ceux, par exemple, de l'état civil ou de la sécurité sociale, et obéissent à une Banque centrale dont les décisions émanent du seul pouvoir politique.
Tout citoyen a un compte ouvert à son nom, tenu par la banque de son choix. Ce numéro de compte personnel peut être son numéro d'identité sociale, ce qui assure que tout le monde a un compte et un seul. Et cela dès la naissance, même si tant que le titulaire n'est pas adulte, celui qui en a la charge utilise son compte pour l'entretenir et veiller à son éducation.
Le financement de la production
Aujourd'hui, pour se procurer des moyens de production, un entrepreneur a recours au crédit, en général par l'intermédiaire d'une banque commerciale. Avec une monnaie “qui ne peut pas rapporter”, il n’y a plus d’investisseurs privés vivant de l’intérêt tiré de telles avances, et c'est aux pouvoirs publics qu'il incombe de fournir les moyens de production.
Quelles différences cette transformation de la monnaie entraîne-t-elle ?
Il n’y en a pas au premier stade : dans les deux cas, que ce soit à son banquier ou au service économique compétent, l'entrepreneur doit chiffrer ses besoins et convaincre que son projet est sérieux en estimant le résultat qu'il en escompte.
Mais dans le premier cas, le banquier est seul juge, et son seul souci est de s'assurer que s'il avance la somme demandée, il a assez de chances d'être remboursé et d'avoir en plus les intérêts qu'il exige. Alors que dans le second cas, le service économique, parce qu'il est public et non plus intéressé à titre privé, va pouvoir prendre en considération d'autres critères, comme les effets sur l'environnement, le bruit, la santé, les déchets, la pollution, et la préservation du patrimoine commun, etc. On peut donc imaginer la création dans chaque commune de conseils chargés de publier les projets et d'amener le public intéressé à venir en débattre. On voit que dans la mesure où il ne s'agit plus seulement de faire du profit, il devient possible de réfléchir ensemble aux conditions dans lesquelles la production s'effectue. Cette consultation publique peut mener à débattre des modes, des méthodes et des rythmes de production, de leurs impacts, du choix des sites, des énergies, des matières premières, de la nature des déchets et de la façon dont ils sont éliminés, etc. Et même de ce que devient l'entreprise si elle échoue, afin d'éviter ces friches industrielles déplorables qu'on voit trop souvent aujourd'hui et dont personne n'assume la responsabilité.
Dans les deux cas encore, lorsque le projet est accepté, la somme allouée est inscrite au compte de l'entreprise, compte qui sera débité au fur et à mesure que l'entrepreneur s'en servira pour acheter ses matières premières et pour produire comme prévu.
C'est ensuite que les choses changent.
Quand il s’agit d’un prêt en monnaie capitaliste, l'entrepreneur est réputé propriétaire des richesses produites et il faut qu’il trouve à les vendre car c'est avec l'argent de cette vente qu'il rembourse la somme prêtée, qu'il en paie les intérêts, qu'il acquitte des charges, des impôts et des taxes. Quand il réussit à tirer assez de sa vente pour que le solde soit positif, malgré, éventuellement la publicité qu'il paye aussi, il a un bénéfice. Sinon, c'est lui qui est le perdant.
Au contraire, si la somme lui a été allouée en monnaie distributive l'entrepreneur n'a pas à la rembourser, ni à payer des intérêts, ni de la publicité, ni des charges, ni des impôts, ni des taxes car il n'est pas propriétaire des richesses produites. Il s'est engagé par contrat à les livrer aux détaillants pour être mises en vente aux prix établis. Il rend donc un service public en produisant ce qu’il s’est engagé à produire.
Considérons maintenant le renouvellement des processus de production.
Avec la monnaie capitaliste, l'entrepreneur peut espérer accumuler assez de bénéfices pour pouvoir avancer une part de plus en plus importante de ses moyens de production, donc avoir de moins en moins besoin de prêts et, par conséquent, être de plus en plus libre de produire comme bon lui semble… à condition de pouvoir vendre de plus en plus. Quand elle a atteint une certaine taille, l'entreprise devient une affaire partagée entre des actionnaires qui sont en commun propriétaires des moyens de production et des richesses produites ; leur seul souci est donc sa rentabilité financière car l'entreprise est un placement, et toutes les questions telles que les méthodes de production, les conditions de travail et les pollutions engendrées ne sont, encore et toujours, considérées que dans l'optique de diminuer les coûts de production à seule fin d'augmenter d'autant le retour attendu des sommes investies. Même l'utilité des produits, voire les dangers qu'ils peuvent présenter, n'ont plus d'importance pourvu qu’une bonne “communication” publicitaire parvienne à séduire la clientèle ! Les clients, comme les employés, sont mis au service des investisseurs qui ont ainsi la main-mise sur la production.
La monnaie distributive permet de transformer cette logique, la relation entre producteurs et consommateurs ne reposant plus sur la soumission des uns aux autres, par intérêt. La compétition fait place à la coopération dont les conditions sont posées quand s'établit, par concertation, le contrat de production qui relie l'équipe des producteurs à la société dans laquelle ils vivent, et dont font aussi partie les clients pour lesquels ils s'engagent à produire.
Pendant la durée d'un contrat, le compte de l'entreprise est réalimenté automatiquement pour une production continue. À échéance, l'entrepreneur et son équipe sont amenés à présenter leur bilan afin que le public ait son mot à dire s'il y a demande de renouvellement, pour que certaines conditions puissent être, au besoin, modifiées.
La participation citoyenne
Le service économique habilité à créer la monnaie nécessaire pour que les entreprises de production puissent fonctionner joue donc, avec la nouvelle monnaie, le rôle que jouent seuls les investisseurs et les actionnaires quand la monnaie est capitaliste.
En créant de la même façon la monnaie nécessaire à faire marcher les services publics, cette institution se substitue au fisc : la monnaie distributive supprime tout prélèvement d'impôts ou de taxes quelconques puisque ce n'est plus nécessaire. Ce qui ne signifie pas que tout est possible, puisque le flux de monnaie distributive est défini, donc limité, par celui de la production.
Par l'intermédiaire de cette monnaie c'est donc la population dans son ensemble qui investit dans ses entreprises et met son patrimoine à leur disposition, et c'est elle qui décide des grandes orientations concernant la production et la distribution des richesses ainsi produites.
La société s’engage ainsi dans une voie diamétralement opposée à l’idéologie libérale qui exalte les égoïsmes en prétendant que lorsque chacun n’agit qu’en fonction de son seul intérêt personnel, il en résulte le bonheur pour tous grâce au miracle accompli par la fameuse et mythique “main invisible” … !
L'organisation démocratique rendue possible
Les tâches à remplir dépendent d’abord des grandes orientations de la politique économique. En ce qui concerne la production des biens, deux positions extrêmes risquent peu d'être adoptées dans une économie démocratisée : ni l’idéologie aberrante de la croissance, cette course en avant d’une société de consommation qui détruit les ressources non renouvelables et compromet la vie sur la planète, ni le retour à l’âge des cavernes par un refus systématique de l’emploi de toute technologie.
La sagesse des nations portera vraisemblablement vers un juste milieu entre l'utilisation optimale du patrimoine commun de sciences et de réserves naturelles pour permettre au maximum l'épanouissement de chacun, et le souci de ne pas compromettre la possibilité pour les générations futures de faire encore mieux, en développant les connaissances.
Rappelons en outre que la monnaie distributive ne favorise pas la prolifération de gadgets inutiles : quand la vente n’est pas motivée par le profit du fabricant et du vendeur, personne n’a plus intérêt à pousser le gogo à les accumuler.
Pour ces raisons, et la mise au point de machines programmées ne cessant de se perfectionner, la production des biens matériels, surtout au stade final, demandera de moins en moins d’heures de travail humain. Les emplois nécessaires se situeront donc surtout dans la recherche et dans le développement de services.
Comment se répartir ces tâches ?
La répartition actuelle est opérée par le marché : quiconque ne trouve pas une fortune inépuisable dans son berceau est contraint de vendre ses qualités personnelles et son énergie le plus cher possible sur le marché du travail, et sa vie en dépend. Ce système, on le constate, mène, dès que l’emploi devient rare, à la précarité et à l’exclusion pour une partie de plus en plus importante de la population. Parce qu’elle est basée sur l’égoïsme qu’elle encourage, cette pseudo-société est donc, là encore, un échec au point de vue humain. La monnaie distributive permet de refonder la société en la basant sur la solidarité, en remplaçant cette foire d’empoigne par un contrat à long terme entre la société et chacun de ses membres et qu'on peut ainsi résumer : la société garantit à tout citoyen un revenu décent pendant toute sa vie, celui-ci se sent obligé de contribuer, par son activité, dans la mesure de ses moyens et en fonction des nécessités, à faire que la société puisse garantir à tous ce niveau de vie suffisant.
S’appuyant sur un principe aussi clair, une démocratie moderne a les moyens, en définissant les modalités de son application, de laisser aux individus eux-mêmes le choix de leurs activités, pariant sur leur diversité et sur le fait qu’une tâche est d’autant mieux remplie qu’elle a été choisie et correspond donc aux aspirations et aux aptitudes de celui qui s’y engage.
La finalité de l’éducation, reflet de la société, en est radicalement transformée : il ne s’agit plus de former des employés disciplinés et des clients boulimiques, mais de futurs citoyens, capables de réfléchir, juger, critiquer et prendre des responsabilités, et, quel que soit le temps nécessaire pour cela, de les aider à révéler leurs talents, à trouver leur propre voie, puis de leur donner la formation dont ils ont besoin pour les développer, avec un maximum de culture générale, clé de leur autonomie de pensée. Conscient des besoins de la société qui lui a assuré une telle formation, un jeune deviendra citoyen à part entière en s’engageant dans l’activité de son choix. Il pourra pour cela s’associer à d’autres pour partager les tâches d’une entreprise agréée et dont les moyens seront par conséquent financés comme on l’a vu ci-dessus. Il faut admettre qu’un tel engagement puisse être pris pour une durée limitée, donc fasse l’objet d’un contrat “civique”, à l’issue duquel le citoyen aura la possibilité d’en demander le renouvellement ou de modifier son contrat, ou d’en proposer un autre, ou de prendre une année “sabbatique” pour convenance personnelle, ou pour suivre une nouvelle formation, éventuellement vers une activité différente.
Il est prévisible qu’au moins au début, l’opinion refusera l’idée que pleine liberté soit laissée à tous les individus et que tous les revenus soient égaux. Il appartiendra donc à chaque région de prévoir certains quotas, ou certaines normes, telles que des minima de services ou des maxima de vacances, annuels ou sur des périodes plus longues. N'entrons pas ici dans des détails, car il n'est pas question de figer quoi que ce soit. Notre propos n'est pas de présenter “un paquet tout ficelé” qui serait la panacée, mais de présenter ce qui paraît comme les clés d'un autre développement, d'une dynamique ouverte à toute évolution, débarrassée des dogmes et des impératifs qui sont aujourd'hui imposés alors qu'aucune éthique ne les justifie.
YH : il est à noter que les civilisations précolombiennes d'amériques centrale et du Sud ont, pendant plusieurs millénaires appliqué un système sans monnaie liquide (sauf éventuellement pour commercer avec "l'étranger") aucun, et sur des espaces immenses. Assez proche de ce système, les citoyens commandaient chaque mois leurs listes de besoins familiaux et professionnels, et chaque citoyen assurait sa tâche pour produire et fournir les besoins de tous, qui étaient regroupés en communautés et mis à disposition pour continuer à produire et vivre. Evidemment, une famille royale et des prêtres profitaient du système et dirigeaient, mais ce principe est assez facilement remplaçable par un gouvernement démocratique si on y réfléchit un peu... il est prouvé que la grande dynamique agricole des Incas par exemple, leur a permis d'améliorer leurs technicités et d'augmenter le nombre de personnes affectées à la recherche, astronomie, chimie, etc...
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Yves Herbo 23-10-2014

Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie - Part 8
17/10/2014
Incursion dans un domaine trop réservé : la monnaie - Part 8
Part 1, Part 2, Part 3, Part 4, Part 5, Part 6, Part 7
Deuxième partie
V b)
Liberation
« Qui dira la puissance incalculable de l'association lorsqu'elle se transforme en coopération… ?» Jacques Duboin (Libération)
On se souvient du surnom, TINA, attribué à Mrs Thatcher pour son refus d'envisager tout autre mesure que les réformes libérales qu'elle initia au début des années 1980 : quels que soient les arguments qui lui étaient présentés, elle répondait «There is no alternative», soit, en prenant les seules initiales, T.I.N.A. et en français «Il n'y a pas d'alternative». C'est ainsi que les chemins de fer britanniques, par exemple, furent privatisés et que les Anglais se demandent après chaque accident ferroviaire s'il n'existe vraiment pas de plus sûrs moyens de gérer les transports en commun que de faire passer le profit avant la sécurité… !
L'organisation économique des sociétés humaines n'a pourtant rien d'immuable. Les dénationalisations et le démantèlement de l'État, que l'idéologie néolibérale présente aujourd'hui comme la seule façon de garantir la prospérité, sont l'exact opposé des nationalisations et de l'élaboration de cet État-providence, c'est-à-dire redistributeur, qui furent préconisées pour organiser la paix à la fin de la seconde guerre mondiale !
Affirmer l'obligation d'organiser l'économie de telle ou telle façon, en vertu d'une loi qui serait immuable, n'est pas un argument, mais une méthode couramment employée par certains pouvoirs politiques pour imposer l'orientation qu'ils ont choisie, et empêcher toute discussion en coupant court à tout argument contraire. De sorte que l'opinion ne soit pas à même de peser le pour et le contre.
Deux obligations péremptoires sont ainsi affirmées. La première est la croissance : un simple ralentissement de croissance est une catastrophe économique. La seconde est la compétitivité, mot qui, dévoyé de son sens de “courir ensemble” désigne maintenant une rivalité de tous les instants qui serait inévitable.
N'étant pas spécialistes, laissons les économistes, les sociologues, les moralistes, les historiens débattre des fondements et des origines de ces impératifs idéologiques. (YH : fondamentalement, c'est avec l'idée préconcue (mais malheureusement réaliste) que la société actuelle créée (de par son système éducatif) des élites, et que seuls ceux-ci comprennent la réalité profonde des choses (Si vous écoutez un peu les affirmations de personnalités comme Mr Sarkozi par exemple (mais il n'y a pas que lui), il y a d'un côté une "élite" et de l'autre les "normaux". Au lieu de modifier en conséquence le système éducatif de façon à non pas à distinguer ceux qui s'en sortent le mieux intellectuellement (pour X raisons, dont financières) ou psychiquement, et ne garder que ces derniers pour "l'élite", mais au contraire détecter le plus tôt possible chez chacun ses talents particuliers (tout le monde en a et c'est les appliquer qui rend service, et à la société et à l'individu), qui ne sont pas obligatoirement dans les panels et choix de l'éducation actuelle. Le libéralisme sous-entend que seule cette petite élite peut comprendre réellement le système de fonctionnement de la société - à plusieurs niveaux - et peuvent donc créer de l'emploi, de la richesse, des affaires... Le libéralisme ne peut pas être "démocratisé" réellement et à la portée de tous les citoyens : il faudrait pour cela modifier complètement le système éducatif et faire accepter bien plus tôt aux parents les talents les plus potentiels de l'enfant. Je connais plusieurs professeurs de mathématiques qui m'ont dit qu'ils savaient dès l'âge de 10 ans si un enfant avait du potentiel question chiffres et logiques... bien sûr, même si l'enfant, avec beaucoup d'efforts (qu'il n'utilisera pas ailleurs) peut atteindre un niveau convenable, il ne donnera jamais le meilleur qu'il aurait pu donner de par ailleurs, et n'en sera pas plus heureux (et sûrement moins). Ces profs ne se sont jamais trompés d'après eux. Et puis, que se passerait-il si chaque citoyen créait sa propre entreprise ou affaire ? Des millions de marques ?, de la concurrence acharnée de blogs et services ? des millions de pubs dans les boîtes internet et physiques ? ça fait plutôt sourire mais c'est bien ce à quoi l'idéologie libérale "démocratisée" mène à l'extrême... sauf que ses théoriciens et exécuteurs (de "droite" comme de "gauche") ne font évidemment rien pour que le libéralisme devienne réellement "démocratique", en ne modifiant pas le système éducatif entre autres (plutôt en le privatisant !)...)
Par contre, il n'est pas nécessaire d'être économiste pour constater le résultat. La croissance sans limites est insoutenable, ses conséquences sont déjà telles que c'est l'équilibre biologique de la planète qui est compromis. Ce que n'entrevoyaient que quelques esprits lucides il y a quelques décennies apparaît aujourd'hui à l'évidence : on ne peut plus continuer cette course aveugle. “Aucun arbre ne peut monter jusqu'au ciel” !
Quant à la compétitivité, elle débouche sur un profond déséquilibre social. Cette guerre économique permanente qui impose d'être le meilleur en n'importe quoi, déshérite les perdants trop peu combatifs … ou qui n'ont pas eu la chance de naître parmi les privilégiés. À force de favoriser “les meilleurs" au détriment de tous les autres, le formidable progrès des connaissances et de leurs applications technologiques a été mis au service d'une infime minorité, tandis que près de 840 millions d'êtres humains (YH : en 2003) (55) souffrent de malnutrition, n'ayant même pas un lopin de terre à cultiver de leurs mains pour survivre.
Les deux pièges de la monnaie capitaliste
Alors que les effets catastrophiques de ces impératifs de croissance et de compétitivité sont de plus en plus évidents, on continue pourtant à les prétendre incontournables. Et avec des arguments aussi creux que : “c'est dans la nature des choses” ou “c'est ainsi que les hommes fonctionnent”, sans percevoir à quel point ces deux pièges, dans lesquels notre civilisation se perd, sont contenus dans les mécanismes actuels de la monnaie, qui, pourtant, ne sont évidemment pas des lois de la nature. En effet :
• L'obligation de croissance est contenue dans le mode de création de la monnaie : il faut qu'un investissement rapporte plus qu'il n'a coûté pour que puissent être payés les intérêts du crédit ou les “retours sur investissement”.
• Le creusement du fossé entre les riches et les pauvres est contenu dans le choix des clients auxquels les crédits sont ouverts, parce qu'un organisme de crédit, pour éviter d'être mis en faillite, exige des garanties, une hypothèque, une assurance. On ne prête donc qu'aux riches et par
l'effet “boule-de-neige” de la capitalisation, seuls les riches ont ainsi les moyens de s'enrichir.
Alors que l'opinion est en train, peu à peu, de prendre conscience des dangers de la croissance à tout prix et s'indigne de voir que cette exploitation des richesses ne réduit pas, bien au contraire, la misère en ce monde, force est de constater que les mécanismes monétaires sont tellement mal connus que leur relation avec ce productivisme et avec cet individualisme n'est généralement pas dénoncée. À croire qu'elle n'est même pas perçue.
Ce lien se manifeste pourtant. Il se manifeste par exemple par la réaction du public contre l'argent en cas de crise économique : on constate que c'est bien en créant leur propre monnaie que des minorités cherchent alors à survivre. Les expériences qui furent lancées pour réagir à la grande crise des années 1930, celles, par exemple, de la monnaie fondante de Gesell, ou les cercles WIR, de même que celles qui naissent un peu partout depuis le tournant libéral des années 1980, par exemple en Argentine depuis 2002, sont bien des manifestations de rejet de la monnaie officielle. Mais ces monnaies parallèles, parce qu'elles sont à usage local, restreint, marginal, ne peuvent, au mieux, qu'épargner, mais pour les seuls membres des associations qui les créent, certains des effets néfastes qu'ils constatent.
Et, d'autre part, comment ne pas s'apercevoir qu'on retrouve partout l'argent comme mobile quand on déplore de grandes catastrophes humaines comme l'affaire du sang contaminé, ou des désastres écologiques comme les marées noires ou les gégazages en mer, quand on prend conscience des effets de la marchandisation des services publics et du brevetage du vivant, ou quand on découvre le pouvoir et le rôle des fonds de pension, de la spéculation monétaire et des paradis fiscaux sur les choix économiques, etc. ? L'argent est le dénominateur commun de tous ces comportements inhumains, il est bel et bien à l'origine commune de ces catastrophes qui n'ont rien de naturel.
Ceci devrait amener à comprendre que chercher à réparer, quand c'est possible, les effets de ces mécanismes, ne résout rien, puisqu'ils se renouvellent indéfiniment, voire s'amplifient, tant que demeure leur cause commune.
Supprimer cette cause n'est certainement pas simple, mais il faut prendre conscience que c'est devenu inévitable, que c'est la condition nécessaire pour donner à la société d'autres bases que celles qui sont en train de la détruire. Or cette reconstruction passe par une nouvelle transformation de la monnaie : pour qu'elle n'oblige plus la croissance, il faut que sa création n'impose plus paiement d'intérêts, et qu'elle tienne compte d'autres critères que la rentabilité financière pour qu'il soit possible de produire, dans le respect les Droits de l'Homme et de son environnement, des biens et des services accessibles à tous, sans exclusion. Aucun coup d'État ne devrait, cette fois, être nécessaire pour réaliser une telle transformation puisque, à l'inverse des précédentes, elle vise à faire passer l'intérêt général avant l'intérêt de quelques-uns. Mais il est urgent d'y réfléchir, et c'est dans ce but que nous formulons les trois propositions suivantes.
Première proposition : Revenir au droit régalien
À l'évidence, la monnaie immatérielle correspond à l'état actuel de la technologie, la monnaie-marchandise appartient au passé. Il serait donc absurde de vouloir refuser la monnaie virtuelle en rêvant au retour des louis d'or. L'informatique existe, elle est pratique, admettons donc, sans nous y attarder, que la monnaie de demain sera sous forme scripturale, comme elle l'est presque totalement aujourd'hui, les cartes à puce et les transactions transmises par internet allant encore se développer.
Mais il faut prendre conscience du danger que présente cette forme moderne de la monnaie du seul fait qu'elle est naturellement, matériellement, illimitée !
Sa création est si facile qu'avoir abandonné le droit de créer la monnaie à des entreprises privées ayant leur propre intérêt pour objectif, apparaît comme une véritable aberration, source évidente de multiples abus aux conséquences imprévisibles, incalculables. On a vu que lorsque des orfèvres signèrent plus de reçus qu'ils n'avaient d'or dans leurs caves, leur seule limite fut… la peur que leurs clients s'aperçoivent qu'ils avaient exagéré. Méthode peu efficace, puisque plusieurs paniques ont marqué l'Histoire. On se souvient aussi que lorsque trop de banquiers ont suivi l'exemple des orfèvres, c'est parce qu'ils se sont aperçus que cela leur faisait du tort que certains d'entre eux ont intrigué pour en obtenir le monopole. Et l'histoire des Banques centrales montre que c'est encore pour éviter des abus, des paniques ou des faillites qu'elles ont reçu un certain pouvoir, non pour fixer une limite à la masse monétaire, mais seulement pour tenter, par l’intermédiaire de leurs taux d’escompte, d'accélérer ou de ralentir la croissance de cette masse, espérant que ces variations auraient, à terme, une influence sur l'économie. Et depuis que ces taux n'obéissent plus qu’aux marchés, on ne compte plus le nombre de pays ruinés par des crises monétaires… On voit bien que le pouvoir politique ne doit pas se contenter d'imaginer des digues pour éviter des abus ou en colmater les conséquences, il lui appartient de déterminer la masse monétaire nécessaire à l'économie.
Ce n'est pas sans raison que le “droit de battre monnaie” était, par excellence, une des prérogatives du souverain et qu'il ait fait partie, sous la monarchie, des “droits régaliens”, avec ceux de lever l'impôt, de commander la police et l'armée, de rendre la justice, de déclarer une guerre ou d'en signer la fin. Pourquoi l'un de ces droits du Prince a-t-il fait exception quand le peuple a conquis la souveraineté ? On ne comprend pas que les démocraties aient abandonné à quelques nouveaux privilégiés l'un de ces droits essentiels qui décident de la vie d'une nation. Le droit de créer monnaie est trop important pour qu'il puisse être dissocié des autres attributs qui permettent de décider pour tous en leur nom. (parce que ce ne sont pas des démocraties !)
Il doit être réintégré au pouvoir politique parce qu'une société évoluée, telle qu'on peut la concevoir au XXI ème siècle, doit être en mesure de décider des besoins qu'elle va satisfaire, en fonction des moyens dont elle peut disposer, en respectant les droits des êtres humains, vivants et à venir. Dans une telle perspective, le choix si essentiel de l'orientation générale de l'économie est une décision politique fondamentale qui ne peut donc pas être abandonnée à des intérêts privés.
Aujourd'hui, la société est au service de la finance, qui dicte sa politique aux gouvernements. Remettre aux pouvoirs publics la responsabilité de toute création monétaire, c'est renverser les rôles : les choix économiques deviennent alors des choix politiques et la finance leur est subordonnée.
Mais ceci ne suffit pas. Dans une vraie démocratie, confier l'économie au pouvoir politique serait la confier au peuple, mais toute société, même au XXIème siècle, n'est pas assurée d'être démocratique et de le rester. Pour remettre l'économie au service de tous et l’y maintenir, il faut des règles qui empêchent tout abus de la part des responsables du pouvoir d'émission, et pour cela, imposer à la masse monétaire une limite concrète, objective.
Deuxième proposition : Fixer objectivement la masse monétaire
Une telle limite naturelle résulte simplement de deux des aspects de la monnaie : elle est un droit de tirage sur les richesses produites et une reconnaissance de dette commune puisque la loi oblige à l'accepter en paiement. De ces deux faits découle la règle suivante : les représentants d'une population qui, en ayant le monopole de la création de sa monnaie, s'engagent en son nom, ne peuvent émettre que la masse monétaire équivalente aux richesses que cette population produit et met en vente.
La création monétaire étant ainsi un engagement à produire, toute nouvelle production entraîne automatiquement la création de son équivalent en monnaie. Et, inversement, lorsqu'un produit parvient à son consommateur, la monnaie qui lui sert à l'acheter a rempli son rôle et n'a plus ensuite de raison d'exister, elle est donc annulée au moment de la vente. En d'autres termes, la monnaie devient un flux parallèle et équivalent à celui des richesses produites afin d’être vendues. Il s'agit évidemment d'une équivalence de principe, qui donnera lieu, dans la pratique, à des ajustements par des calculs analogues à ceux que les ordinateurs boursiers font aujourd'hui pour afficher les cours de façon continue et permanente.
Mais il faut insister sur un autre aspect. Pour que cette équivalence soit à l'origine de la création monétaire, il faut que le prix d'un bien ou d'un service mis en vente soit évalué au moment où est pris l'engagement de sa production, et non plus après, quand il a déjà été produit. Ceci présente l'inconvénient de bouleverser les habitudes, et le réflexe sera probablement de croire, mais un peu vite, qu'il est question de supprimer le marché. Que tous ceux qui vantent sans cesse ses mérites irremplaçables se rassurent, il ne s'agit pas du tout de le supprimer, mais bien au contraire, de lui restituer ses vertus (56), c’est-à-dire de permettre que le prix de vente d'un bien ou d'un service résulte vraiment d'un débat entre producteurs-vendeurs et consommateurs-acheteurs.
Or ce n'est que si cette évaluation démocratique a lieu en amont, donc avant qu'il soit trop tard, qu'il est possible de discuter des modes de production, de les encourager ou de les proscrire.
Précisons, si besoin, que ces discussions sont destinées à définir des bases et non à fixer chaque prix, un à un, et qu'il faut prévoir des marges d'erreur et des aléas, par exemple pour la production agricole, qui donneront lieu aux ajustements mathématiques nécessaires évoqués ci-dessus. Et ajoutons que cela n'a rien d'utopique, comme le prouvent les Seikatsu, ces associations producteurs-consommateurs qui fonctionnent ainsi au Japon depuis déjà plus de 20 ans, ou bien les Community supported agriculture (CSA), ces associations de consommateurs (57) qui passent contrats avec des agriculteurs et qui achètent ainsi, avant la saison, une part de leur récolte fermière.
Par rapport à la situation actuelle, la monnaie conserve donc son rôle d'unité de compte et de moyen de paiement, même différé. Elle est un pouvoir d'achat qui ne sert qu'une fois car il est périmé quand il a servi, comme un titre de transport ou un timbre, tout en laissant à son titulaire la possibilité de l'utiliser pour n'importe quel achat de son choix. Par contre, cette monnaie réformée cesse d'être un facteur d'enrichissement et d'inégalité, donc de domination, dès lors qu'une ouverture de crédits n'implique plus versement d'intérêts.
Assainie sur de telles bases, la monnaie apparaît comme le moyen de répartir entre tous les consommateurs les biens et les services que produit l'économie d'une région. La logique de capitalisation, c'est-à-dire d'accumulation, fait place à une logique de répartition, de distribution.
Cette réforme, bien plus simple et plus objective que celles qui ont jalonné l'Histoire, conduit à un retournement de situation : à la loi de la jungle financière qui règne aujourd'hui, elle substitue un contrôle social de la production, les décisions économico-financières sont enfin soumises à la réflexion et au débat politique, éclairés par des enquêtes objectivement menées.
Mais tant qu'un tel débat préalable ne permettra pas de considérer d'autres aspects que la rentabilité, les avertissements d'experts et les cris d'alerte contre les dangers du productivisme actuel pourront indéfiniment se multiplier, ils ne seront que vœux pieux. (voir l'Histoire 2007-2016)
En ce qui concerne le commerce international, si la monnaie d'un pays (58) est la manifestation comptable de ce que ses résidents s'engagent à y produire (en utilisant les connaissances humaines acquises pour faire fructifier les richesses du sol et du sous-sol), les relations commerciales entre deux régions ne sont plus que des contrats de troc entre leurs deux populations, les échanges internationaux de marchandises sont à somme nulle et il n'y a alors plus de dette financière internationale. Il va de soi que ces contrats peuvent inclure des délais, que leur équité et leur exécution peuvent être soumises à un contrôle supranational, etc. L'important est que cette transformation des bases du commerce extérieur permettrait aux populations de retrouver le droit de disposer d'elles-mêmes, celui d'assurer en priorité leur propre suffisance vitale, de “vivre au pays” et de s'y épanouir en développant leur culture.
Notre troisième proposition est inspirée par ce que nous avons observé à propos de la notion de valeur :
Troisième proposition : Séparer la gestion des biens de celle des gens
Nous avons rappelé que lorsque les économistes parlent de valeur, il s'agit de valeur d'échange et que celle-ci est, de fait, le prix de vente d'une marchandise. Outre que ce prix, tel qu'il est fixé aujourd'hui, ne résulte nullement d'un débat comme le prétend l'économie classique, mais plutôt de la loi du plus fort, financièrement parlant, cette façon de comparer à l'étalon unique qu'est la monnaie, ce qui est mesurable et ce qui ne l'est pas, conduit à considérer le travail humain comme une marchandise, une matière première parmi d'autres, et finalement l'être humain comme un objet remplaçable, ce qui va jusqu'à traiter des employés “comme des kleenex” en cas de “licenciement économique”, "licenciements de fausses faillites".
D'autre part, un tant soit peu de lucidité permet de prévoir que la production de demain sera de plus en plus une oeuvre collective et intellectuelle (59), qui fera de moins en moins appel à de la main d'oeuvre, mesurable (à la rigueur) en temps de travail, et de plus en plus à une participation humaine impondérable, liée à la personnalité, à la culture, à l'expérience, à l'imagination et à la créativité, qualités par essence non mesurables. De sorte que prétendre pouvoir estimer la participation individuelle afin de l'acheter à un “juste prix”, le “salaire”, devient une absurdité, voire une escroquerie.
Pour éviter pareille aberration, il faut séparer la gestion des gens de celle des biens. Ne plus mélanger dans une même comptabilité l'être et l'avoir, c'est ramener l'économie à sa place naturelle, celle de l'intendance. Cessons d'oublier que le rôle d'une entreprise de production est de transformer des matières premières pour mettre à la disposition des gens les objets dont ils ont besoin, et que ce n'est pas de fournir du travail, ce n'est pas de créer des emplois pour justifier des revenus. Le fait que la transformation de la matière nécessite une intervention humaine n'oblige pas à traiter “une ressource humaine” comme une matière première, et c'est en séparant la comptabilité des matières de celle des humains que cette distinction redeviendra possible et qu'on se rappellera que travail et emplois ne sont pas des buts, mais des moyens. Alors seulement le revenu reçu par un être humain ne sera plus le prix auquel il se vend à une entreprise. On ne parlera plus de salaire, de prix de la sueur, mais de revenus individuels, fondés sur les besoins personnels et dont le but sera de fournir à chacun les moyens de développer ses qualités propres pour exercer au mieux les activités par lesquelles il assume sa participation à la société. Alors cette contribution pourra parfaitement ne pas être mesurable et produire de la qualité, même pour le long terme. Même si cela implique que le revenu soit versé par l'ensemble de la société et pendant toute la vie, et non plus par les entreprises, à ceux qu'elles emploient, et seulement pendant la durée de cet emploi.
Dans l'économie actuelle, la monnaie de profit est utilisée pour “marchandiser” le domaine de l'immatériel. En empiétant ce domaine de liberté, la finance le soumet au profit et en contrôle ou en réserve l'accès. L'Accord Général sur le Commerce des Services, l'AGCS, est en train d'installer cette appropriation de tout un patrimoine commun de l'humanité, fait de connaissances lentement élaborées au cours de l'Histoire. L'art et une certaine culture sont déjà standardisés, il ne sera bientôt plus possible aux agriculteurs de renouveler leurs récoltes, comme ils l'ont fait pendant tant de générations, sans acheter de nouvelles semences à Monsanto. À quand l'obligation d'acheter le droit d'avoir sa propre progéniture ?
La réforme que nous proposons permet de rendre impossible cette appropriation, en faisant de la monnaie l'instrument de la seule gestion du réel. De séparer ce qui est naturellement du domaine de l'économie, qui est mesurable et qui doit, dans certains cas, être “économisé” donc compté, d'avec ce qui est du domaine du non mesurable, de l’impondérable et l’immatériel, celui de la connaissance, de la culture, de l’information qu’on donne sans s’en défaire et dont l'usage, loin de devoir être limité s'il n'est pas utilisé pour nuire, doit pouvoir être diffusé sans compter, et par conséquent être gratuit.
Ces deux domaines ne sont évidemment pas indépendants, puisqu'il y a un lien entre eux, l'Homme, qui vit dans le domaine du réel et doit pouvoir s'épanouir librement dans le domaine de l'immatériel qui lui est propre. Mais dans la mesure où l'économie produit des biens et non pas des profits financiers, où la monnaie est un flux qui se consume en même temps que les biens produits, il devient possible de décider objectivement de l'économie. Alors les gens peuvent se grouper en un réseau de coopératives de toutes tailles et y prendre ensemble les décisions objectives qui les concernent directement, puisqu’il s’agit d’abord de décider de ce qu’ils veulent produire pour consommer et dans quelles conditions, ce qui définit en même temps leur activité et la masse monétaire totale dont ils disposent. Il leur appartient ensuite de faire, dans le budget ainsi fixé, la part destinée à payer les moyens matériels de leur production, celle qui est nécessaire à faire fonctionner les services publics et celle qui constitue leurs revenus personnels.
Les débats sont ainsi largement ouverts au public et portent sur des critères d’intérêt général. C’est donc une extension de la démocratie à l’économie qui est proposée, permettant à tout résident de participer, sinon toujours directement, au moins par délégation, à ces prises de décisions qui sont à la fois sociales et économiques.
(55) Lire René Passet, Mondialisation financière et terrorisme
(56) Alors même qu'au contraire, c'est la financiarisation de l'économie qui a eu pour conséquence de réserver les vertus du marché aux seuls professionnels des “Marchés” (Bourses des valeurs et autres marchés des changes ou des matières premières, etc.) et de les supprimer pour le reste du monde, qui se voit offrir des marchandises à des prix fixés au préalable par les vendeurs : c'est “à prendre ou à laisser”, on ne marchande pas...
(57) on peut citer la CSA modèle de Poughkeepsie, installée en zone pré-urbaine à une centaine de km au nord de New-York et en France le réseau Alliance paysans écologistes consommateurs qui regroupe des associations qui travaillent ensemble pour promouvoir le développement de produits d'agriculture écologique de qualité.
(58) ou d'une région, ou d'un groupe de régions dont les résidents décident de s'associer économiquement.
(59) lire à ce sujet les profondes analyses d'André Gorz, par exemple dans L'immatériel, connaissance, valeur et capital.
Sources : http://www.france.attac.org/
A suivre pour la dernière partie : Annexe et Bibliographie
Yves Herbo 17-10-2014